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Jours tranquilles à Paris
serge gainsbourg
7 février 2020

Flashback : Gainsbourg, Deneuve, une amitié orageuse

gainbsourg deneuve

Derrière la chanson « Dieu est un fumeur de havanes », une longue histoire, celle de l’amitié (orageuse) entre deux amateurs de volutes : Serge Gainsbourg et Catherine Deneuve. Par Christophe Conte.

Avant de croiser la route de Serge Gainsbourg, Catherine Deneuve avait beaucoup chanté au cinéma­ – beaucoup chanté en play-back. Dans les trois films « en-chantés » de Jacques Demy qui lui ont valu de passer de quasi inconnue à princesse du celluloïd, sa voix est doublée suc­ces­si­vement par Danielle Licari (Les Para­pluies de Cherbourg) et Anne Germain (Les Demoiselles de Rochefort, Peau d’âne), l’horlogerie de précision des orchestrations de Michel Legrand ne laissant guère de place aux approximations des actrices chantantes (si ce n’est Danielle Darrieux dans Les Demoiselles et Delphine Seyrig dans Peau d’âne). Le désir de chanter de Catherine Deneuve est pourtant bien déterminé et la moindre occasion de faire entendre son propre timbre de voix est saisie au vol. Dans Zig-Zig de László Szabó (1975), qu’elle a produit elle-même, elle joue une chanteuse cabaret dans un numéro­ de duettistes avec Bernadette Laffont et interprète deux chansons composées par ­Karl-Heinz Schäfer, par ailleurs orchestrateur de Christophe et de Bernard Lavilliers. Un an avant Je vous aime et l’offrande enfumée de Gainsbourg (Dieu est un fumeur de havane), elle interprète du Vladimir Cosma dans Courage fuyons d’Yves Robert, le temps d’un « Lady from Amsterdam » où elle slalome avec aisance de l’anglais au français et, en bonus, une halte en parlé-chanté qui ne pouvait que séduire son futur chaperon.

Idée fumeuse

L’envie de chanter, du moins de faire entendre à l’écran sa véritable voix, qu’elle estime être un composant essen­tiel de son intégrité d’actrice, est devenue condition sine qua non. Au point que Deneuve a renoncé à Une chambre en ville, le film entiè­rement chanté sur fond de lutte ouvrière à Nantes que Jacques Demy tente de monter durant des années, entraînant avec elle Gérard Depardieu subitement désireux lui aussi d’envoyer paître les doubleurs. Le film sortira finalement en 1982, avec Richard Berry et Dominique Sanda à la place du couple qui venait de briller dans Le Dernier Métro et Demy encais­sera en miroir au triomphe de Truffaut l’échec le plus cruel de sa carrière. Je vous aime de Claude Berri (1980) est un objet plus léger et insignifiant dans la cinéphilie française du début des eighties et il a pour principal inté­rêt de réunir sur pellicule et sur bande magnétique Catherine Deneuve et Serge Gainsbourg. Ce dernier y campe un auteur-compositeur, Simon, et la distance entre lui et le personnage est plus mince qu’une feuille de Gitane. Une rumeur tenace voudrait même que certaines scènes auraient été tournées rue de Verneuil, au propre domicile de l’homme à tête de chou – ce qu’a démenti formellement Catherine D dans l’entretien qu’elle a donné à Vanity Fair : « Non, rien n’a été tourné chez Gainsbourg. Il ne l’aurait pas autorisé : il était tellement maniaque ! »

Si Depardieu, qui joue un saxophoniste, a lui aussi le droit de chanter du Gainsbourg (« Je vous salue, Marie » et « La P’tite Agathe », accompagné par le groupe Bijou), c’est évidemment « Dieu est un fumeur de havanes » qui laissera les volutes les plus durables chez les gainsbourophiles. D’une remarque vexante d’Alice/Catherine dans le film (« Tu n’es qu’un fumeur de Gitanes »), Simon/Serge transforme la blessure d’orgueil en un duo langoureux, sorte de Je t’aime, moi non plus tabagique plus qu’érotique. Gainsbourg en a eu l’idée (fumeuse) en survolant les nuages en Concorde, imaginant le Tout-Puissant en amateur de barreaux de chaise. La formule est bien troussée et, à l’époque, tout ce que touche Gainsbourg se transforme en or plutôt qu’en fumée.

Après une décennie 1970 décevante commer­cia­lement, le chanteur a attaqué sa cinquantaine par un coup de poker gagnant en allant enregistrer en Jamaïque un album aux tonalités reggae. « Aux armes et cætera » (1979) et sa Marseillaise rasta le remettent en selle, notamment auprès des jeunes, lesquels idolâtrent ce drôle de type honni des parents lorsqu’il débarque à la télé, dont la droite et les parachutistes réclament de surcroît le scalp pour outrage à l’hymne national. Gainsbourg, qui n’a qu’une crainte – celle de devenir ringard – est aux anges. Dans les cours des lycées du pré-mitterrandisme, on le vénère au même titre que Renaud, même si Gainsbourg choisira fina­lement (et bruyamment) Giscard une fois dans l’isoloir. Son retour sur scène au théâtre Le Palace, seize ans après ses dernières prestations en public, est éga­lement un triomphe, qui va en appe­ler bien d’autres au cours de la décennie qui démarre. Cathe­rine Deneuve tombe bien, du moins en apparence, lorsque commence à germer l’idée d’un album dans la foulée du single nicotiné qui a flotté sur les ondes tout l’été 1980. En réalité, Catherine Deneuve tombe mal, car si Gainsbourg est en pleine bourre artistiquement, sa vie privée est un champ de ruine depuis que Jane Birkin s’est fait la malle de la rue de Verneuil, abandonnant Serge à ses cuites et à sa misanthropie de plus en plus torve. De ces décombres jaillit Gainsbarre, qui passe une tête une première fois dans la chanson « Ecce Homo » sur Mauvaises nouvelles des étoiles, en 1981, l’album de la gueule de bois sentimentale et du reggae devenu triste. La présence de Deneuve à son côté, voire à son bras lors de sorties nocturnes légendaires chez Castel ou à L’Élysée-Matignon, où des photos d’époque témoignent d’une complicité qui passe par un nombre extravagant de verres sur les tables, flatte l’ego entaillé de Gainsbourg. Sur une éventuelle rela­tion entre lui, bête de foire, et elle, belle de jour, il laisse planer un doute aussi lourd que ses blagues misogynes. Bonne copine, Catherine Deneuve laisse faire, elle confiera plus tard à la revue Schnock : « On s’est beaucoup amusés – moi, sans boire autant que lui –, il était drôle quand il sortait comme ça. Mais, vu de l’extérieur, une actrice qui sortait quatre, cinq fois avec un homme, forcément, ça prêtait à confusion. Surtout que lui n’a ni confirmé, ni démenti. Petite faiblesse de l’homme. »

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Missive missile

L’autre faiblesse, c’est celle de l’album qu’ils fini­ront par faire ensemble, intitulé Souviens-toi de m’oublier. Titre prémonitoire. Le 33-tours arrive chez les disquaires en avril 1981 et, sur le papier, il a tout pour provoquer des vapeurs d’extases chez les amateurs de cinéma comme chez ceux qui dés­es­pé­raient de voir Gainsbourg rejouer son éternelle partition de pygmalion avec une star des écrans. La pochette en noir et blanc, signée Helmut Newton, qui montre Deneuve en Vénus alanguie sur une fourrure, le regard défiant l’objectif, comporte une première incongruité : la signature en rouge de Gainsbourg, presque plus visible que le nom de la chanteuse, douteux arti­fice du marketing patriarcal d’une époque où ces choses-là passaient sans émouvoir personne. Gainsbourg est devenu­ une marque, comme Dior ou Saint Laurent, mais encore faut-il que la griffe demeure un fétiche haut de gamme, surtout lorsque c’est mademoiselle Deneuve qui la porte. Or cette fois Gainsbourg va bâcler la confection, rater les coutures, recycler des matières déjà portées par d’autres et, un comble, faire démonstration entre les plis d’une goujaterie insensée. Dès le premier morceau de l’album, « Digital Delay », il reprend en version cheap le thème d’Initials BB, jadis composé en grande cérémonie pour Brigitte Bardot, chef-d’œuvre d’un amoureux transi made in London. Plus loin, on trouve « Overseas Telegram », écrit d’après un télégramme qu’il avait envoyé à Jane Birkin en 1968 et qu’elle venait de lui retourner en guise d’adieu aux larmes. Juste derrière, le texte franglais de « What tu dis qu’est-ce tu say » est un autre message en clin d’œil à Jane B. Tout au long de cet album au titre déjà explicite, Deneuve est ainsi préposée aux PTT, tout juste bonne à tenir la chandelle des amours défuntes. Gainsbourg écrit pour la plus grande actrice française du moment et il l’utilise comme doublure lumière. À une seule reprise, il déballe le grand jeu, sur « Dépres­sion au-dessus du jardin », où il se sert encore de son interprète pour balancer un message sur l’état de loque qui est le sien une fois que l’idylle anglaise a capoté. Mais, au moins, la chanson, composée d’après l’Étude opus 10, no 9 en fa mineur, est sublime. Elle est d’ailleurs, avec « Overseas Telegram » récupéré par Birkin deux ans plus tard, la seule qui survivra à la postérité parmi les « Epsilon », « Monna Vanna et Miss Duncan », « Marine Band Tremolo » ou « Oh Soliman », qui ne sont qu’une suite d’aberrations orchestrées au mortier. Et la version en duo de « Ces petits riens », titre de 1964 ressorti pour boucher les trous d’inspiration, n’y pourra rien changer. L’album est enre­gis­tré à Londres avec quelques-uns des musiciens avec lesquels Gainsbourg travaille régulièrement depuis une Vu de l’extérieur (1973), dont le brillant réalisateur Alan Hawkshaw, mais à l’évidence tout le monde est fatigué. Deneuve elle-même n’est pas éclairée sous son meilleur jour. Sa voix est terne, souvent mal placée, et si Gainsbourg a pour habitude de mettre en scène des « déchanteuses », la comparaison est inévitable, et cruellement défavorable, avec la Catherine pimpante des sixties, doublée au millimètre par des sirènes du mi-si-la-sol.

Pour Deneuve, ce rendez-vous avec la chanson est donc un rendez-vous manqué, elle le reconnaîtra volon­tiers, et ne lui donnera jamais suite sur toute la longueur d’un album. Sa relation avec Gainsbourg connaîtra en revanche un épilogue fameux, lorsque des années plus tard Gainsbarre en roue libre répondra à Libé qui le questionnait sur l’actrice : « Deneuve ? Non, d’occase. » Le télégramme qu’il reçut en retour n’était pas « overseas », mais les quelques centaines de mètres séparant Saint-Germain-des-Prés de la rue de Verneuil furent ce jour-là pavées au napalm : « Vous ne serez jamais assez ivre à mes yeux pour justifier vos jeux de mots à Libération. stop. Il faut résister à certaines tentations. stop. Vous ne pourrez jamais noyer vos regrets et malgré vos triomphes je sais que vous êtes incon­so­lable pour des raisons qui ont cessé de m’intéresser. stop. J’avais de l’affection pour vous mais plus d’indulgence serait complaisant – Catherine. » Goujat jusqu’au bout, Gainsbourg demandera à Deneuve si elle avait écrit elle-même cette missive missile, la trouvant étonnamment bien tournée. Pas très « classieux ».

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4 février 2020

En amour..... Réflexion de Serge Gainsbourg

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31 janvier 2020

Serge Gainsbourg - Jane Birkin

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28 janvier 2020

Serge Gainsbourg photographié par William Klein

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20 janvier 2020

Dans l'intimité de Jane Birkin - exposition

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Dans l'intimité de Jane Birkin

Jusqu'au 1er mars à la Galerie de l'Instant

Proches de Jane Birkin, Tony Frank et Andrew Birkin nous dévoilent l’intimité de la chanteuse à la Galerie de l'Instant à travers de sublimes clichés. Une expo délicieusement rétro qui nous plonge dans les années 60 !

Jane B. à la Galerie de l'Instant

Dans l’intimité de Jane Birkin

Ses yeux de biche bleu azur, ses fines lèvres rosées découvrant des dents éclatantes et son front au teint laiteux parsemé de mèches châtain incarnent à eux seuls le crépuscule des années 1960 et l’aube des années 1970. Elevée au rang d’icone et de première dame de la chanson française par Serge Gainsbourg, Jane Birkin a incarné comme personne l’innocence et la fraîcheur de toute une génération, en musique comme au cinéma.

La Galerie de l’Instant lui rend un magnifique hommage avec cette exposition regroupant des clichés du photographe Tony Frank, proche du couple Birkin-Gainsbourg, et d’Andrew Birkin, frère de la chanteuse. Les deux hommes, qui ont été les témoins privilégiés de l’intimité de la chanteuse, partagent avec nous des moments de rire, notamment chez Régine – alors reine des nuits parisiennes –, de tendresse et de poésie.

Leurs clichés nous dévoilent une jeune femme mystérieuse, charmante, sensuelle, rayonnante et joueuse. Andrew Birkin saisit sur le vif la toute jeune Jane, tout juste sortie de l’adolescence en 1964, et encore inconnue, avant qu’elle ne tourne pour Richard Lester et Michelangelo Antonioni. Tony Frank documente quant à lui l’épanouissement de cette fleur envoûtante dont les parfums ont su enivrer Serge, habitué à d’autres types d’ivresse. Les photographies exposées sont nombreuses à couvrir la période 1969-71, « années érotiques » par excellence durant lesquelles le couple devint l’incarnation du scandale.

On découvre deux tourtereaux s’amuser sur des bicyclettes trop petites pour eux, déchiqueter de la barbe à papa à pleine bouche, ou bien encore au volant d’un bus impérial. L’objectif de Tony Frank a capturé la magie qui émanait de Jane Birkin à cette période dorée. On peut voir notamment des clichés réalisés lors de différents shooting photo en forêt, en intérieur ou en studio, notamment pour la pochette de l’album L’Histoire de Mélodie Nelson.

Le saviez-vous ?

C’est sur le plateau du film Slogan de Pierre Grimblat que Jane Birkin et Serge Gainsbourg se sont rencontrés pour la première fois, à l’été 1968. Le film dépeint la relation fusionnelle mais compliquée d’un couple, anticipant étonnement l’histoire que vont vivre Serge et Jane.

Galerie de l’Instant

Jusqu'au 1er mars 2020

46 rue de Poitou, 75003 - M° Filles du calvaire (8) - Lun. 14h-19h, du mar. au sam. 11h-19h, dimanche 14h30-18h30 - Entrée libre

Discover Jane Birkin and Serge Gainsbourg’s intimacy at the Galerie de l’Instant thanks to these great pictures that illustrate their passionate story through tender and funny moments.

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9 janvier 2020

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