Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
syrie
10 octobre 2019

En Syrie, Ankara met ses menaces à exécution

kurdes33

Par Hala Kodmani 

Laissée libre d’agir par les Etats-Unis, la Turquie a entamé son offensive sur les territoires kurdes syriens à l’est de l’Euphrate, bombardant plusieurs localités. Les Européens s’indignent…

En Syrie, Ankara met ses menaces à exécution

Attendue et redoutée depuis des mois, la guerre de la Turquie contre les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie a éclaté mercredi. Recep Tayyip Erdogan a annoncé lui-même sur Twitter le déclenchement de l’opération «Source de paix». «Les Forces armées turques et l’Armée nationale syrienne [des rebelles syriens soutenus par Ankara, ndlr] ont débuté l’opération», a écrit le président turc. Quelques minutes plus tard, les premières frappes de l’aviation turque visaient Ras al-Ain, localité frontalière évacuée lundi par les soldats américains. De fortes explosions ont secoué la ville et des colonnes de fumées s’échappaient des immeubles, a rapporté le correspondant de CNN Türk sur place. L’artillerie turque a aussi visé des cibles des YPG, les milices kurdes qui contrôlent la région, à Tall Abyad, une autre localité du nord-est de la Syrie. Les forces kurdes ont répliqué en tirant des obus sur la ville turque frontalière de Ceylanpinar, sans faire de victimes.

«Immense panique»

Peu après le début des hostilités, les habitants ont commencé à fuir massivement la zone. Le porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mustapha Bali, a indiqué que les «raids aériens ont visé des zones civiles, jetant une immense panique parmi la population». L’angoisse monte parmi les Kurdes, mais aussi les autres Syriens habitant la région, qui accueille des dizaines de milliers de déplacés des autres provinces ravagées par la guerre.

Le compte à rebours a commencé quand Donald Trump a donné le feu vert dimanche soir. Après une conversation téléphonique avec Erdogan, le président américain a annoncé dans un communiqué laconique un retrait de ses forces armées du nord-est syrien pour permettre une «opération militaire turque prévue de longue date». Un laissez-passer qui aurait même surpris Erdogan, tant il dépassait ses espérances. Les Turcs se sont mis immédiatement à accélérer les préparatifs militaires et politiques de leur offensive. «Nous allons tenir l’ONU et tous les pays concernés, y compris la Syrie, informés» du déroulement de l’opération, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu. Le porte-parole d’Erdogan s’est entretenu mercredi avec le conseiller de Trump à la sécurité nationale, Robert O’Brien, au sujet de la mise en place de la zone de sécurité ; et l’ambassadeur américain à Ankara a été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour être briefé sur l’attaque. L’opération vise «les terroristes des YPG et de Daech», a précisé Erdogan dans son tweet. «La zone de sécurité que nous allons créer va permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays», a-t-il ajouté à l’intention de son opinion intérieure, de plus en plus hostile à la présence de quelque 3,5 millions de Syriens dans leur pays.

Réunion d’urgence

Le déclenchement de l’offensive turque a soulevé un tonnerre de protestations internationales. Les pays européens, engagés dans la coalition antiterroriste qui s’est appuyée sur les forces kurdes sur le terrain pour mener la guerre contre l’Etat islamique, ont été les premiers à réagir. La France a condamné «très fermement» l’offensive et saisi le Conseil de sécurité de l’ONU. Celui-ci doit se réunir d’urgence et à huis clos ce jeudi à la demande de ses membres européens, la Belgique, la France, l’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni. Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exigé pour sa part l’arrêt de l’offensive : «La Turquie doit cesser l’opération militaire en cours. Elle ne donnera pas de résultat. Et si le plan de la Turquie est la création d’une zone de sécurité, n’attendez pas de financement de l’Union européenne.» Même le président russe, Vladimir Poutine, a appelé son partenaire turc «à bien réfléchir à la situation afin d’éviter de porter atteinte aux efforts communs visant à résoudre la crise syrienne». Autant d’appels tardifs, alors qu’aucune solution politique n’a été sérieusement recherchée avec la Turquie, qui menaçait depuis longtemps de passer à l’attaque. Hala Kodmani - Libération

Publicité
9 octobre 2019

ALERTE-Turquie-Syrie: Ankara annonce le début de la phase terrestre de son offensive contre les Kurdes en Syrie (ministre)

Quelques heures après les premiers bombardements des positions kurdes en Syrie par l’aviation turque, le ministère turc de la Défense annonce que ses forces terrestres ont traversé la frontière pour combattre les milices kurdes.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir dans la soirée à la demande de la France qui a fermement condamné cette intervention turque.

syrie

 

CE QU'IL FAUT SAVOIR

L'armée turque est entrée dans le nord de la Syrie et a commencé ses opérations au sol, a fait savoir le ministère turc de la Défense, mercredi 9 octobre. L'opération doit permettre la création d'une "zone de sécurité" destinée à séparer la frontière turque des positions kurdes et accueillir des réfugiés, selon la Turquie. 

 Des milliers de civils fuient les bombardements. "Il y a des milliers de déplacés dans la région de Ras Al-Aïn et des villages de Tal Abyad, a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Les déplacés ont fui vers des secteurs adjacents épargnés par les bombardements", a-t-il précisé. 

 La Turquie entend créer une "zone de sécurité". Le pays veut faire rentrer les millions de réfugiés qu'elle a accueillis sur son territoire. Elle veut aussi éloigner la menace que constituent, à ses yeux, les Kurdes syriens, qu'elle considère comme des terroristes, même s'ils ont lutté contre l'Etat islamique.

 Moscou avait des réserves sur une offensive. Le président russe Vladimir Poutine a appelé son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à "bien réfléchir" avant de lancer une offensive contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, annonce un communiqué du Kremlin. Il n'a pas été entendu.

 La France condamne "très fermement" l'offensive turque. La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Amelie de Montchalin, a déclaré que la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni finalisaient une déclaration commune pour "condamner fermement" l'offensive turque. Les trois pays ont appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir pour discuter de l'offensive turque.

 Une réunion d'urgence demandée à l'ONU. Une réunion en urgence et à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU a été demandée. Cette réunion a été réclamée par la Belgique, la France, l'Allemagne, la Pologne et le Royaume Uni.

#SYRIE

22h02 : "Nos forces armées héroïques et l'Armée nationale syrienne (des rebelles syriens soutenus par Ankara) ont commencé la phase terrestre de l'opération", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué. Selon le porte-parole du groupe de rebelles syriens, cette offensive terrestre contre des forces kurdes dans le nord-est de la Syrie a débuté ce soir en direction de la ville de Tal Abyad.

21h58 : La Turquie annonce le début de la phase terrestre de son offensive contre des forces kurdes dans le nord-est de la Syrie.

22 décembre 2018

Les américains se retirent de Syrie

americains syrie

14 avril 2018

Action légitime...

action legitime

14 avril 2018

Frappes occidentales à Damas

 

La défense anti-aérienne syrienne réplique aux frappes occidentales dans le ciel de Damas, à l'aube du samedi 14 avril. Après plusieurs jours de tergiversations, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni sont entrés en action : lors d'une allocution très solennelle, depuis la Maison Blanche, Donald Trump a annoncé que Washington lançait des frappes contre la Syrie, en coordination avec la France et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron, qui s'est régulièrement entretenu par téléphone avec le président américain ces derniers jours, a confirmé la participation française à ces opérations dans un communiqué. -- Photo : Hassan Ammar @ap.images Lire l'article : lemde.fr/2quHJPp #International #Syrie #USA #France #Russie #RoyaumeUni



356 Likes, 9 Comments - Le Monde (@lemondefr) on Instagram: "La défense anti-aérienne syrienne réplique aux frappes occidentales dans le ciel de Damas, à l'aube..."

 

Publicité
14 avril 2018

Washington, Londres et Paris frappent le régime syrien pour tenter de rétablir une « ligne rouge »

trump

trump3

Par Gilles Paris, Washington, correspondant, Marie Bourreau, New York, Nations unies, correspondante - Le Monde

L’opération a visé des sites militaires et un centre de recherche soupçonnés d’héberger le programme chimique du régime, à Damas et près de Homs.

La « ligne rouge » a-t-elle été rétablie ? La question restait entière au lendemain de la riposte occidentale, vendredi 13 avril, au bombardement chimique imputé au régime syrien de la ville alors rebelle de Douma, le 7 avril, qui avait causé la mort d’une cinquantaine de personnes et fait plusieurs centaines de blessés.

Après quatre jours d’attente électrisés ponctuellement par les messages contradictoires publiés par le président des Etats-Unis Donald Trump sur son compte Twitter, l’armée de l’air américaine est passée à l’action en début de soirée à Washington, appuyée par des avions de combat français et britanniques.

Les bombardements de trois sites liés, selon le Pentagone, au programme d’armement non-conventionnel syrien à Damas et à Homs ont été accompagnés par une intervention télévisée de Donald Trump dans laquelle il a évoqué des « frappes précises » et répété les justifications avancées depuis le début de la semaine. « Il y a un an, [le président syrien Bachar Al-] Assad a lancé une attaque sauvage aux armes chimiques contre son propre peuple. Les Etats-Unis ont réagi avec 58 frappes de missiles qui ont détruit 20 % de l’armée de l’air syrienne », a assuré le président des Etats-Unis.

« Samedi [7 avril], le régime Assad a de nouveau déployé des armes chimiques pour massacrer des civils innocents », a-t-il poursuivi, qualifiant ces opérations de « crimes d’un monstre » qui ont rendu « nécessaire le rétablissement d’une puissante dissuasion contre la production, la dissémination et l’utilisation de substances chimiques ». « C’est d’un intérêt vital pour la sécurité nationale des Etats-Unis », a ajouté Donald Trump.

« Réponse proportionnée »

Au cours des jours précédents, marqués par les rodomontades du président des Etats-Unis, le secrétaire américain à la défense, James Mattis, avait fait ouvertement part de son souci d’éviter un engrenage périlleux. « Sur le plan stratégique, comment pouvons-nous empêcher que cela ne devienne incontrôlable ? », s’était-il demandé la veille au cours d’une audition au Congrès. Le nombre et la nature des frappes occidentales ont donné l’impression que sa volonté de limiter les risques a finalement prévalu.

Cette volonté a pu être vérifiée au cours de la conférence de presse tenue par le secrétaire de la défense avec le chef d’état-major, Joseph Dunford, accompagné par le chef d’état-major français, le général François Lecointre, plus tard dans la soirée.

« Nous avons été très précis et la réponse était proportionnée, mais, en même temps, ce fut une frappe lourde », a assuré James Mattis, selon lequel les forces américaines ont employé deux fois plus de munitions que lors de l’opération de 2017. Par son ampleur relative, cette réponse s’inscrit cependant plutôt dans la continuité.

Alors que le président des Etats-Unis avait assuré quelques instants plus tôt que son pays était « prêt à poursuivre cette réponse jusqu’à ce que le régime syrien cesse d’utiliser des produits chimiques interdits », James Mattis a précisé que les « frappes » de vendredi étaient « ponctuelles ». Joseph Dunford a renchéri en précisant qu’elles avaient été conduites jusqu’à leur terme.

Le secrétaire à la défense a assuré que les cibles avaient été choisies en fonction de leur lien avec le programme d’armes chimiques développé selon lui par la Syrie, en violation à l’accord de désarmement conclu en 2013, après des bombardements de même nature.

Eviter tout dérapage

James Mattis a également affirmé que les sites avaient été déterminés également pour éviter des risques collatéraux pour les populations civiles. Aucun bilan matériel ou humain de ces frappes n’était disponible samedi à l’aube. Interrogé à propos du produit utilisé à Douma le 7 avril, le secrétaire à la défense a fait part de ses certitudes concernant le chlore, abondamment utilisé ces derniers mois contre les zones rebelles, tout en se refusant d’exclure à ce point la présence d’un agent neurotoxique.

James Mattis a également mis l’accent sur les contacts avec la Russie visant à éviter tout dérapage, assurant que les forces occidentales ne s’étaient heurtées qu’à la défense antiaérienne syrienne. Un peu plus tôt, Donald Trump avait invité la Russie et l’Iran à reconsidérer leur alliance avec le régime syrien. « Quel genre de nation veut-elle être associée au meurtre de multitudes d’hommes, de femmes et d’enfants innocents ? », s’était-il demandé.

Tout comme Donald Trump, son homologue français, Emmanuel Macron, s’est efforcé de « dé-syrianiser » les frappes de vendredi dans un communiqué rendu public juste après cette première intervention contre Damas. « Notre réponse a été circonscrite aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques », a-t-il indiqué.

« Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l’emploi » de ces armes « qui est un danger immédiat pour le peuple syrien et pour notre sécurité collective », a-t-il ajouté en faisant de cette riposte une question de principe, conformément à la ligne rouge édictée ces derniers mois, sans entrer plus avant dans les méandres de la guerre civile syrienne.

« Nous aurions préféré une alternative mais dans ce cas précis il n’y en avait aucune », a ajouté également de son côté la première ministre britannique, Theresa May.

La preuve de l’utilisation de gaz toxiques à Douma

Plus tôt dans la journée, à New York, la Russie avait imposé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) pour tenter de dissuader les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni de recourir à des frappes en Syrie qui paraissaient inéluctables.

Avant de rentrer en séance, Nikki Haley, la représentante américaine à l’ONU a indiqué que Washington, Londres et Paris détenaient la preuve de l’utilisation de gaz toxiques à Douma. « A un moment donné, vous devez faire quelque chose. Vous devez dire : c’en est assez », a-t-elle justifié. Son pays a comptabilisé « pas une, pas deux, mais pas moins de cinquante attaques chimiques » menées par le régime de Damas selon Mme Haley. L’ambassadrice a aussi souligné les douze veto russes utilisés depuis le début de la guerre pour empêcher à ses yeux toute action de l’ONU sur le dossier.

Cette supposée attaque chimique « n’est qu’un prétexte », a balayé le représentant russe à l’ONU, Vassily Nebienza, qui a répété avoir reçu des rapports d’habitants de Douma qui « n’ont rien vu ». Le bombardement incriminé serait selon lui « une provocation des services de renseignements de certains pays ».

Puis le ton s’est fait plus menaçant, M. Nebienza rappelant que « la Russie a des soldats sur le sol syrien ». Des soldats présents « à l’invitation du régime syrien » alors qu’une riposte militaire serait « contraire à la charte des Nations unies ». Ce scénario militaire peut avoir des « conséquences très graves pour la sécurité mondiale », a-t-il encore prévenu. Toute la responsabilité reposera pour M. Nebienza « sur les Etats Unis et ses alliés. Cette vieille Europe qui continue à perdre la face ».

Le devoir « d’arrêter cette escalade chimique »

Forcé de se justifier, en amont de ces frappes, François Delattre, l’ambassadeur français à l’ONU a indiqué lui aussi que Paris n’avait « aucun doute sur la responsabilité de Damas dans cette attaque ». Ces frappes sont motivées par le risque d’effondrement du régime de non-prolifération, les nombreuses violations du droit international et de la convention sur l’interdiction des armes chimiques. « Laisser se banaliser [les armes chimiques] sans réagir, c’est laisser le génie de la non-prolifération sortir de sa bouteille », a-t-il plaidé avant d’estimer que « le 7 avril, le régime a atteint un point de non-retour ».

Le monde devait selon lui apporter « une réponse ferme, unie et résolue ». Nous avons le « devoir d’arrêter cette escalade chimique. Nous ne pouvons pas laisser un pays défier ce Conseil et le droit international ». Ces frappes doivent permettre de « restaurer l’interdiction absolue des armes chimiques qui est gravée dans le marbre des conventions internationales, et consolider ce faisant la règle de droit ».

Un certain nombre de diplomates ont souligné pourtant la contradiction de vouloir « restaurer le droit » tout en s’affranchissant des bases légales pour justifier d’une attaque : un mandat de l’ONU, la légitime défense selon l’article 51 de la charte des Nations unies ou l’invitation du pays hôte.

La coalition qui a frappé en Syrie au petit matin du 14 avril ne disposait d’aucune des trois, sans de surcroît être assurée de parvenir durablement à ses objectifs.

22 février 2018

Assad le gagnant

Il fallait «parler avec Assad». Il fallait d’abord «battre l’Etat islamique» et dans cette lutte, Assad était un allié et un moindre mal. Ceux qui ont préconisé cette realpolitik – une partie de la droite française, d’autres adeptes du «réalisme», sans parler de l’extrême droite unanime – devraient s’expliquer plus avant. Comme il le fait depuis le début du conflit, Assad ne recule devant rien pour retrouver l’emprise traditionnelle de son clan sur la Syrie. Bombardements aveugles de quartiers ou de villes entières, massacres de civils, usage des bombes chimiques prohibées depuis les années 30 dans le monde entier : il faut avoir les nerfs solides et la conscience bien endormie pour défendre le bourreau de la Ghouta, ce faubourg de Damas aujourd’hui menacé d’un «cataclysme humanitaire», selon les mots du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

La lutte contre Daech ? Elle fut l’œuvre des Kurdes, des Irakiens et de la coalition emmenée par les puissances occidentales mais aussi approuvée par nombre de pays arabes. Lesquels Kurdes sont maintenant remerciés par un abandon sans cérémonie de la part des puissances qu’ils ont épaulées, souvent en première ligne. Assad a fait très peu contre Daech, qu’il a utilisé comme repoussoir pour justifier son maintien en place. Certes, il bénéficie du soutien de minorités syriennes qui craignent plus que tout les islamistes. Certes, il arrive qu’une dictature vaille mieux qu’une situation d’anarchie guerrière encore plus dommageable aux populations civiles. Mais le relâchement de la pression sur le régime laisse libre cours à ses penchants les plus cruels. Asssad veut punir ses opposants, les moins islamistes en tête, dans la mesure où ils étaient à l’origine les plus dangereux, pour la bonne raison que leur cause était juste.

Pour avoir reculé devant des sanctions sérieuses quand la ligne rouge des bombardements chimiques a été franchie par le régime de Damas en 2013, les démocraties doivent maintenant contempler, impuissantes, le martyre des populations qui ont soutenu l’opposition syrienne. L’Iran et la Russie ont repris la main dans la région. Où est la victoire géopolitique dont on se gargarisait au départ ? Au fond, les «réalistes» se trompent aussi souvent, sinon plus, que les supposés «droit-de-l’hommistes». On a accepté le déshonneur de l’abstention face à Assad pour éviter un conflit encore plus sanglant. On a maintenant les deux.

LAURENT JOFFRIN - Libération

11 novembre 2017

Syrie : «pas de solution militaire» pour Trump et Poutine

Réunis à Danang (Vietnam) pour un sommet Asie-Pacifique, Donald Trump et Vladimir Poutine, les présidents américain et russe, en ont profité pour publier un communiqué conjoint dans lequel ils déclarent être «d'accord pour dire que le conflit en Syrie n'a pas de solution militaire» et ils confirment leur «détermination à vaincre l'Etat islamique».

«Les présidents ont confirmé leur engagement pour la souveraineté de la Syrie, son indépendance, son unité, son intégrité territoriale et sa nature séculaire», indique encore le communiqué, qui a été publié par le Kremlin. «Les président ont aussi discuté la nécessité de réduire les souffrances humaines en Syrie, et appelé tous les pays membres de l’ONU à augmenter leur contribution pour satisfaire aux besoins humanitaires dans les mois qui viennent.»

Le commandement militaire russe avait récemment accusé les Etats-Unis de «faire seulement semblant» de combattre l’EI en Irak et de gêner la contre-offensive soutenue par la Russie dans l’est de la Syrie.

17 avril 2017

Ce photographe en pleurs après l'attaque en Syrie bouleverse la toile

PHOTOGRAPHIE Un photographe présent lors de l’attentat suicide en Syrie qui a tué 126 personnes, dont 68 enfants, a été photographié au sol, effondré, après avoir tenté de sauver des enfants…

C9eo2ryXoAIp5GG

Le photographe Abd Alkader Habak après l'attentat suicide en Syrie le 15 avril 2017 — Capture Twitter

Face à l’horreur, le photographe syrien a craqué. Samedi 15 avril, au moins 126 personnes, dont 68 enfants, ont péri dans un attentat suicide mené contre des bus transportant des personnes évacuées de localités loyalistes du nord de la Syrie. Abd Alkader Habak, un photographe syrien, était sur place lors de l’attaque.

Après avoir aidé à évacuer des enfants des lieux de l’incident, l’homme s’est effondré. Un de ses collègues a immortalisé ce moment : Abd Alkader Habak, genoux au sol, en pleurs. Dans le fond, des flammes s’échappent encore des voitures, et à côté de lui sur l’herbe, un enfant gît, inanimé et probablement décédé. L’image lourde de sens a beaucoup ému les internautes.

https://twitter.com/PrimoAhmad/status/853336319929573376

carcass

carcass01

17 avril 2017

L’évacuation de civils syriens tourne au carnage

Par Laure Stephan, Beyrouth, correspondance - Le Monde

Un accord visait à instaurer une trêve autour de quatre localités. Mais l’attentat qui a fait 126 victimes samedi risque d’exacerber les tensions confessionnelles.

Dans la très sale guerre syrienne, l’attentat de Rachidine est un nouveau sommet d’horreur. Cent vingt-six personnes, dont 68 enfants, ont été tuées – selon un bilan encore provisoire – lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser, samedi 15 avril, sur un terrain en plein air transformé en parking, dans cette banlieue d’Alep contrôlée par la rébellion. Des centaines de familles venues de villages pro-régime attendaient près des bus, sous la surveillance de combattants anti-Assad, d’être évacuées en zone loyaliste, dans le cadre d’un accord complexe.

Les images filmées sur place, tandis que les véhicules stationnés étaient en feu, sont insoutenables : des bouts de corps partout au sol, des enfants au visage couvert de sang ou des adultes terrifiés tentant de s’éloigner du lieu de l’explosion. Et puis, plus tard, cette photographie : des dizaines de corps enveloppés dans des sacs noirs. Selon plusieurs médias pro-gouvernementaux, le kamikaze, arrivé sur place à bord d’une camionnette, s’est fait exploser après que des enfants s’étaient regroupés pour obtenir nourriture et eau.

La plupart des victimes sont originaires de Foua et Kefraya, deux villages loyalistes chiites enclavés dans la province d’Idlib (nord-ouest). Ils sont assiégés depuis près de deux ans par les groupes radicaux de l’opposition qui dominent cette région. L’attentat a aussi fait des victimes parmi les secouristes et les rebelles déployés à Rachidine.

L’explosion n’a pas été revendiquée. Elle risque d’exacerber davantage les tensions confessionnelles. L’attaque s’est produite alors que les opérations pour l’évacuation de civils et de combattants venus de localités favorables au régime ou à l’opposition étaient bloquées, samedi. Cette mise en application de l’accord dit des « quatre villes », qui comprennent Foua et Kefraya, est complexe, car les opérations doivent être simultanées, et peuvent être interrompues par des exigences de dernière minute.

Tristesse et colère

Le pouvoir syrien accuse des « groupes terroristes » – l’appellation qu’il réserve à l’ensemble des combattants anti-Assad – d’avoir commis l’attentat, sans nommer de factions. Le groupe salafiste Ahrar Al-Cham, qui est partie de l’accord et dont plusieurs hommes ont été tués dans l’attaque, a rejeté toute responsabilité. Dans un communiqué, il affirme que l’attaque bénéficie au régime, et appelle à une enquête internationale. Les djihadistes de l’ex Front Al-Nosra – branche syrienne d’Al-Qaïda – ou de l’organisation Etat islamique ont revendiqué plusieurs offensives contre des civils en zone loyaliste au cours des mois passés.

L’attentat n’a pas donné lieu à des représailles, comme le redoutaient les habitants évacués de Madaya, commune également concernée par l’accord. Cette petite localité pro-opposition proche de Damas est soumise au siège hermétique de l’armée syrienne et du Hezbollah depuis l’été 2015, qui veulent obtenir la reddition de cette poche rebelle. Lors de l’explosion, les déplacés de Madaya étaient parqués tout près de Rachidine, dans une autre banlieue d’Alep, cette fois tenue par les combattants pro-Assad.

A la nuit tombée, samedi, l’évacuation s’est finalement conclue : les quelque 5 000 habitants venus de Foua et Kefraya, civils pour la plupart mais aussi combattants, se sont dirigés vers la ville d’Alep, tenue par les forces pro-régime. Et plus de 2000 personnes de Madaya, insurgés, activistes ou familles, ont été transférés vers la province rebelle d’Idlib, toute proche.

Ces opérations sont le fruit d’un accord qui n’est pas local, mais régional : il a été parrainé par le Qatar, qui soutient plusieurs factions radicales de la région d’Idlib, et par l’Iran, pilier militaire et économique du régime. Les déplacés ont été contraints de quitter leurs maisons. Leur situation y était intenable : peur des bombardements et épuisement face aux privations du siège. D’autres sont partis par volonté de rester aux côtés d’un parent combattant ou, dans le cas des activistes anti-Assad de Madaya, par crainte de représailles du régime. Parmi ces militants, à la tristesse du départ s’ajoute le sentiment de colère d’avoir fait les frais d’un accord régional, soutenu par Ahrar Al-Sham et l’ex-Front Al-Nosra.

« Beaucoup de remous »

L’accord des « quatre villes », sous sa forme initiale, négociée en 2015 par Ankara et Téhéran, visait à instaurer une trêve autour des localités (Foua et Kefraya, chiites ; Madaya et sa voisine, Zabadani, à majorité sunnite). Mais c’est désormais la création de zones militaires homogènes – sous contrôle total du régime ou de l’opposition, même si des civils sont encore sur place – qui semble à l’œuvre. « Ces évacuations créent beaucoup de remous parmi les Syriens, elles soulignent que ce sont des pays étrangers qui contrôlent le jeu », affirme Bassam Al-Ahmad, activiste de l’opposition basé à Istanbul et consultant pour la Fédération internationale des droits de l’homme, qui dénonce des « déplacements forcés ». Des rumeurs autour de l’accord, dont le texte détaillé n’est pas connu, font état d’autres évacuations à venir dans les banlieues de Damas.

Dimanche soir, les nouveaux départs qui devaient avoir lieu depuis Zabadani, Foua ou Kefraya, ont été suspendus. Des évacués des villages chiites rescapés de l’attentat restaient sans nouvelles de leurs proches : selon des sources pro-régime, une partie des blessés auraient été conduits en zone rebelle.

Le pape François et la France condamnent l’attentat En appelant à la paix en Syrie lors de sa traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi du jour de Pâques, le pape François a condamné, dimanche 16 avril, l’« ignoble attaque » survenue la veille, qui a coûté la vie à 126 personnes, selon un bilan encore provisoire, dans la banlieue d’Alep. La France a « fermement » condamné cet attentat commis par un kamikaze qui a fait exploser sa camionnette piégée près d’habitants évacués de Foua et Kefraya. « Les personnes responsables de cette attaque devront être traduites devant la justice », a pour sa part affirmé Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies. Dimanche soir, la Coalition syrienne, l’une des principales plate-formes de l’opposition, n’avait pas publié de communiqué officiel pour condamner l’attentat.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Publicité