Ca commence très fort : à l’issue d’une poursuite en moto vertigineuse, amorcée, après un spectaculaire échange de tirs au milieu de la foule, sur les toits roses du grand souk d’Istanbul, et que l’on suit, souffle coupé, pendant douze minutes, Bond… meurt. Noyé, après avoir été atteint par un tir ordonné… par « M » elle-même, qui suivait la course sur son ordinateur depuis Londres. Il coule, on le voit, entraîné vers le fond. The end ? A Londres, « M » signe sa nécro sans verser une larme : il devait récupérer une liste d’agents infiltrés dans les services étrangers, liste piratée sur le système informatique pourtant hautement sécurisé du MI 6. Il a échoué, et maintenant, il y a le feu. Au diable James Bond…
Thanks God, le diable n’a pas voulu de lui cette fois-ci encore ! On le retrouve, très abîmé, noyé... dans l’alcool, cette fois, dans un bouge du bout du monde. Quand il finit par rejoindre Londres, où il est convoqué pour rendre des comptes, il n’est plus que l’ombre de lui-même, et, le souffle court, la gâchette hésitante, ne passe pas les tests d’aptitude. A jeter, l’agent 007 ? Unbelievable ! Tel un phénix, au contraire, il renaît de ses cendres. Il le fallait bien, l’année du cinquantième anniversaire de sa première apparition l’écran ( dans « James Bond contre Dr No » !)
C’est à Sam Mendes, réalisateur, entre autres, d ‘"American Beauty" et de "Noces Rebelles", inattendu ici, mais diablement inspiré, que l’on doit ce nouveau départ. Après vingt-deux opus plus ou moins inspirés, rarement scénario aura eu autant de nerf, d’invention, et d’humour. Tout change et rien ne change. La James Bond de service ( une Française inconnue, Bérénice Marlohe), est plus sexy que jamais, mais « M » ( Judi Dench, impériale toujours) vous réserve une sacrée surprise !). Le vieux « Q » a pris sa retraite, il est remplacé par un génie de l’informatique qui a l’air d’avoir 16 ans, mais sa vieille Aston Martin bourrée de gadgets reprend du service. Quant au méchant, dont l’identité n’est révélée que sur le tard, et dont je ne vous dirai rien, si ce n’est que c’est … un ennemi de l’intérieur, imbattable en informatique, il a les traits, presque méconnaissables sous une improbable perruque blonde, de Javier Bardem, aussi inquiétant ici qu’en névropathe au fusil à air comprimé chez les frères Coen dans « No country for old men »… Ah, j’oubliais, Bond, bien sûr, c’est, pour la troisième fois, l’impeccable Daniel Craig, celui qui a fait sauter la Reine elle-même, rappelez-vous, pour l’ouverture des Jeux Olympiques. Donc, tout va vraiment bien, d’autant que ce « Skyfall » ne manque pas, fidèle à la tradition, de nous faire voyager, de Shanghai à la lande écossaise. Source : Les Echos
Montparnasse hier soir
Bérénice Marlohe est la Séverine de Skyfall (San Mendes, 2012) et la cinquième Française à côtoyer l’espion britannique. Alors que Daniel Craig continue de faire son shopping chez Tom Ford à l’écran, la demoiselle, elle, a déjà tout compris et adopté des tenues signées Dolce & Gabbana, Emilio Pucci ou Vivienne Westwood sur les tapis rouges et pour la promotion du film.
Bérénice Marlohe