La photo a fait le tour de la Toile. Surpris par la marée, le Solent Spirit s'est retrouvé perché sur un rocher, à Ploubazlanec (22), le 4 juillet (Le Télégramme du 6 juillet). Depuis, le bateau immatriculé à Plymouth est en réparation à Paimpol (22). Son propriétaire prend les choses avec philosophie. Quarante-cinq secondes. Il s'en est fallu de quarante-cinq secondes. Occupé à jeter un oeil sur la carte de navigation, Dominig Ar Foll sent son bateau dériver légèrement, puis heurter un caillou. Un chenal étroit, un courant changeant, une mer qui descend. Pas d'indication de la présence de ce fichu rocher sur la carte. Et patatras. Le Solent Spirit, un voilier Southerly 110 battant pavillon britannique, se retrouve coincé sur l'un des innombrables récifs de Pors Even, à Ploubazlanec. On est le lundi 4 juillet, il est 9 h 30. « Ça s'est passé très vite. Ça se joue à 20 m près et je me suis fait avoir », soupire Dominig Ar Foll, incrédule, près de 50 ans de voile à son actif.
Pas de Brest 2016
Dans la foulée, il relève la quille, démarre le moteur et tente de battre en marche arrière. Rien n'y fait. Le safran est bloqué. Sans paniquer, le plaisancier émet alors un « pan pan pan » sur la VHF. Autrement dit, une demande d'assistance sans danger à la personne. « Une fois que le caillou a été visible, j'ai sauté dessus et j'y ai accroché le bateau. J'ai eu peur qu'il tombe ». Il ne tombera pas. Lentement, tranquillement, le beau bébé de huit tonnes se pose sur son écrin naturel. La SNSM vient alors s'assurer que tout va bien. Vers 20 h, passablement endommagé, le Solent Spirit rejoint le port de Paimpol. L'entreprise de chantiers navals Dauphin Nautic le prend en charge quai Armand Dayot et le met à sec. Entre-temps, tous les projets de Dominig sont tombés à l'eau. Venu de Plymouth (son port d'attache en Angleterre) quelques jours plus tôt, le voilier a traversé la Manche « dans une purée de pois », sans le moindre pépin. L'escale dans le Goëlo devait être brève. Le plaisancier avait prévu d'assister au départ de la Solitaire Bompard-Le Figaro, et ensuite de participer à Brest 2016. « Bon, c'est comme ça. On reviendra dans quatre ans », balaie-t-il, philosophe.
Cap sur le golfe du Morbihan
Pendant la réparation des bobos (grosses éraflures, choc à colmater, pose de résine), l'Anglo-Breton de 57 ans, originaire de Scrignac (29), a découvert l'hospitalité et la douceur paimpolaises. « Finalement, dans cette mésaventure, j'ai rencontré des gens très accueillants et très sympas. Je ne pensais pas rester quinze jours à Paimpol mais j'ai beaucoup aimé ce séjour ». Un séjour qui laissera, en plus d'une note de frais pour le moins salée, un souvenir assez épique. Seul à bord de son « solide » Southerly 110, qu'il a acquis voilà deux mois seulement, Dominig va reprendre la mer aujourd'hui. Direction le golfe du Morbihan. Si tout se passe bien, une quinzaine de jours devrait suffire. « Je reviendrai à Paimpol, promet-il. La région est superbe. Même s'il y a trop de cailloux ». Source : Le Télégramme.