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Jours tranquilles à Paris
20 octobre 2017

Andres Serrano au Petit Palais

Le Petit-Palais à Paris accueille l’artiste au sein de sa collection permanente pendant près de trois mois. Dialogue chantant entre des œuvres d’art d’antan et les travaux récents du photographe.

« S’ils savaient qu’ils seraient un jour dans un musée, ils en riraient peut-être », dit Andres Serrano devant l’une de ses photographies exposée ici : le portrait d’un sans-abri tiré d’une série que l’artiste a intitulé Nomads et qu’il a réalisé en 1990. « Je voulais rendre compte de ces visages qu’on ne regarde pas quand nous les croisons dans la rue. Je voulais leur redonner un nom », explique l’artiste et d’ajouter : « c’est vrai que cette démarche prend tout son sens quand ces portraits franchissent la porte d’un musée et que les visiteurs, sans le savoir, peuvent soudain admirer ».

Au Petit-Palais, ces portraits ont peut-être encore plus d’écho : à deux pas d’une des photographies de sans-abris est accroché un tableau du XIXème siècle réalisé par Fernand Pelez. On y voit une famille en train de dormir sur le trottoir d’un rue sale et le tableau porte ce titre : « sans asile ». Un sujet et un titre qui résonnent formidablement bien avec la série de Serrano.

Artiste religieux

Un peu plus loin, le Petit-Palais a fait en sorte de présenter le travail que l’artiste a réalisé sur les symboles de la religion catholique - par exemple une grande croix blanche faite avec du lait sur fond rouge sang - à côté des œuvres de Gustave Doré et notamment de son Christ sur la croix. « Je suis un artiste religieux », lance Andres Serrano pas peu fier d’être à côté d’un peintre qu’il dit beaucoup aimer. Son dytique de la crucifixion, où l’on voit sa femme déguisée en vierge marie prier au pied d’une croix dont nous ne voyons que le bout, dialogue aussi formidablement bien avec cette partie du musée. A certains moments, on dirait que l’accrochage a été pensé ensemble et que les photographies de Serrano ont toujours été là.

C’est le pari du Petit-Palais qui a sélectionné quarante photographies et les a dispersées dans toute sa collection permanente. A côté d’un Cézanne vous trouverez un indien tenant un cow-boy et le menaçant, un couteau sous la gorge : œuvre de la série intitulée Interpretation of dreams et que Serrano a déployé en une multitude de songes délicats. En voisin d’un gentilhomme du XVIIIème siècle est aussi exposé un grand chef Indien nord-américain avec sa coiffe faite de plumes et ses joues parsemées de peintures de guerre. Ce sont les Etats-Unis et toute leur culture de masse qui investissent le musée et donnent un étrange arrière-plan à l’ensemble de la visite.

L’autre Christ

En témoigne un portrait qu’Andres Serrano a réalisé en 2004, mais qui a aujourd’hui un tout autre retentissement : une photographie de Donald Trump, avec sa mèche à l’avant et un air d’ambitieux narcissique. « A l’époque, il représentait le rêve américain et je l’ai pris en photographie aux côtés d’autres personnalités comme Snopp Dogg par exemple », explique l’artiste. Juste à côté, une petite miss America, les yeux tendus vers le ciel, émerveillée d’être la vedette éphémère d’un photographe. A ces portraits du rêve américain répondent parfois les rêveries d’Andres Serrano qui nous présente par exemple un de ses amis maquillé en noir comme s’il était noir de peau depuis toujours et surtout un christ noir avec une vierge blanche. Serrano l’a tout simplement appelé « l’autre Christ », comme si nous l’avions oublié et qu’il avait toujours existé. L’autre Christ comme la part manquante d’un monde que nous ne voyons pas et que l’artiste se fait fort de nous montrer ici.

Jean-Baptiste Gauvin

Jean-Baptiste Gauvin est un journaliste, auteur et metteur en scène qui vit et travaille à Paris.

Andres Serrano

Jusqu'au 14 janvier 2018

Petit-Palais

Avenue Winston Churchill

75008 Paris

France

 

http://www.petitpalais.paris.fr/

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20 octobre 2017

Annie Leibovitz

annie

Portrait : Annie Leibovitz, photographe aux mille portraits

Par Stéphanie Chayet

Lennon enlaçant Yoko Ono, Demi Moore nue et enceinte, Obama à la Maison Blanche… Annie Leibovitz photographie tout ce que l’Amérique compte de célébrités. Phaidon publiera bientôt un recueil de ses récents portraits.

À l’origine, elle avait eu l’idée de représenter Marina Abramovic en Ève au jardin d’Éden, nue, le regard au loin, comme dans les tableaux classiques. L’artiste serbe était partante, il restait à trouver le décor. Fallait-il chercher du côté de la Turquie, où certains situent le lieu biblique ? La question la travaillait jour et nuit. Plus près de New York, il y avait aussi la vallée de l’Hudson River, dont la nature encore vierge fut comparée par les peintres de l’école du même nom au Paradis terrestre. Annie Leibovitz l’explora en long et en large en quête d’un paysage à la Thomas Cole qu’elle ne découvrit jamais.

Pressée par le temps, la photographe américaine s’accommoda du studio, l’endroit où elle aime le moins travailler, face à un modèle qui ne lui évoquait même plus la mère de l’humanité malgré le faux serpent dont elle était accoutrée. Un fiasco. C’est alors qu’Abramovic lui dit : « Tu sais, j’ai un don avec les serpents, si on essayait avec des vrais ? » On lui fit porter deux pythons bien vivants qui s’enroulèrent en spirale sur son corps devant l’équipe médusée.

Ce portrait fait la couverture du lourd recueil qu’Annie Leibovitz publie le 9 novembre chez Phaidon (Annie Leibovitz : Portraits 2005-2016), et l’histoire de sa genèse donne un minuscule aperçu de la somme de lectures, repérages, insomnies, déconvenues, accessoires et heureux accidents qui entrent dans la composition des images fabriquées à grands frais par la photographe des stars et photographe vedette du groupe de presse Condé Nast, l’empire de papier glacé qui édite notamment les mensuels Vogue et Vanity Fair.

Conçu comme une archive de la dernière décennie, le livre compile 150 clichés pris entre 2005 et 2016, principalement pour des magazines, mais aussi pour des projets personnels, comme cette émouvante série de portraits d’artistes encore à l’œuvre au crépuscule de leur vie – Jasper Johns, David Hockney, Ellsworth Kelly. On y croise aussi, entre autres, Kim Kardashian, les Obama, Stephen Hawking, Lady Gaga, Yoko Ono, Donald Trump, les sœurs Williams, la reine d’Angleterre, et bien sûr le Tout-Hollywood, d’Angelina Jolie à George Clooney en passant par le sulfureux Harvey Weinstein, qui n’était pas encore tombé de son piédestal. Pour paraphraser Jacques Séguéla : en Amérique, si on n’a jamais été photographié par Annie Leibovitz, c’est qu’on a raté sa vie.

Pensée tortueuse

« La journaliste ? » Nous sommes au pied de l’immeuble new-yorkais qui héberge ses bureaux, un doigt sur la sonnette, mais ce n’est pas de l’interphone que surgit la question. La voix vient de la rue, où une grande femme en noir – 1,80 m à vue de nez – approche au pas de charge dans de grosses baskets : Annie Leibovitz. Le rendez-vous a été complexe à planifier, plusieurs fois reporté et même déplacé à Londres, puis reprogrammé à New York. En interview, la photographe de 68 ans a la réputation d’être « coriace », « cassante », « difficile ». Elle sera finalement moins intimidante qu’annoncé. Un peu brusque, certes, mais ouverte et présente. Attachante.

Son studio, qui emploie dix personnes et occupe deux étages, ressemble à toutes les PME créatives de Downtown Manhattan : des écrans d’ordinateur, quelques fauteuils clubs, des stagiaires qui descendent chercher des cafés latte. L’agenda de la boss est épinglé au mur en grand format, le trimestre à venir déjà couvert de mémos multicolores correspondant à ses divers engagements (violet pour la promo du livre, bleu pour Vanity Fair, orange pour Vogue, jaune pour les commandes publicitaires, vert pour les expositions, rose pour les activités personnelles et familiales).

Simple, presque vide, son bureau révèle quelques traces de sa vie intime – une photo d’elle à la campagne avec ses trois filles, ou un livre de Susan Sontag, la brillante intellectuelle à la mèche blanche avec qui elle eut une longue relation sinon secrète, en tout cas discrète, jusqu’à sa mort, en 2004, d’une leucémie. De près, on remarque ses belles mains, les perles qu’elle porte à ses oreilles. Elle n’aime pas être interviewée, confirme-t-elle. Sa pensée est pleine de détours : sa réponse à la première question dure près de dix-neuf minutes.

Le livre qu’elle publie est né d’une inquiétude, alors qu’elle préparait la rétrospective de ses œuvres de jeunesse présentée par la Fondation Luma, cet été, à Arles – des photos de célébrités, déjà, mais plus spontanées, prises dans les années 1970 pour le magazine Rolling Stone. « J’avais l’impression de voir le travail de quelqu’un d’autre, et j’étais pleine d’admiration, explique-t-elle. Les images étaient si fortes que j’ai éprouvé le besoin de me rassurer sur ce que je fais maintenant. »

Dans l’urgence, presque la panique, elle lance alors son équipe, déjà surmenée par les préparatifs de l’exposition, dans ce nouveau chantier. La tâche est ardue, car il s’agit de son premier recueil de photos non argentiques – or « le numérique est somptueux à l’écran, mais il perd son éclat sur le papier ». « Il y avait tant de problèmes, et si peu de temps pour les résoudre… Il y a des gens au bureau qui ne m’adressent toujours pas la parole », dit-elle avec l’air de plaisanter à moitié.

Dans son précédent recueil, La Vie d’une photographe, 1990-2005 (La Martinière), elle avait glissé d’inoubliables clichés personnels entre ses œuvres de commande : sa grossesse, sa famille, ses vieux parents et, au prix d’une certaine controverse, la maladie et la mort de Susan Sontag. Une façon de faire son deuil. « Après la parution, je me suis dit : mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai mis mes proches à nu. Je ne regrette rien, mais j’ai décidé très consciemment de me recentrer sur mon portfolio à ce moment-là. » Ça tombait bien : elle avait besoin d’argent.

« SI LA PHOTO N’EST PAS À LA HAUTEUR DE SON EXIGENCE, ELLE REFUSERA DE L’UTILISER, QUELS QUE SOIENT LES FRAIS ENGAGÉS. » GLORIA STEINEM, JOURNALISTE ET FÉMINISTE

Aussi prodigue dans la vie que sur ses shootings, dont les extravagances sont légendaires, la superstar du portrait frôla la faillite en 2009 à cause d’une dette de 24 millions de dollars aux origines assez mystérieuses, et pour laquelle elle avait hypothéqué ses biens immobiliers et la propriété intellectuelle de toute son œuvre. Un accord fut négocié in extremis avec les créanciers, mais il lui fallut des années pour remonter la pente. « Quand Anna Wintour et Graydon Carter [les patrons respectifs de Vogue et de Vanity Fair] m’ont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour moi, je leur ai répondu : “Me donner du travail.” Puis, j’ai réuni mes collaborateurs et je leur ai dit : “Personne ne va voler à notre secours sur un cheval blanc, dans la vie ça ne se passe pas comme ça. Je suis désolée, mais on va devoir se retrousser les manches et se sortir de là.” Et on l’a fait ! On a travaillé dur et on l’a fait. »

Folie des grandeurs

On l’aura compris, Annie Leibovitz n’économise ni ses forces ni son entourage. Phyllis Posnick, une rédactrice de mode chez Vogue qui travaille souvent avec elle, propose un seul adjectif quand on lui demande de décrire l’ambiance de ses séances photo : « Tendue. » « Annie est brillante, passionnée, méticuleuse, obsessionnelle, mais elle n’est jamais facile », poursuit-elle. « Elle sait ce qu’elle veut, estime pour sa part la journaliste et militante féministe Gloria Steinem, qui la connaît depuis les années 1970. Si la photo n’est pas à la hauteur de son exigence, elle refusera de l’utiliser, quels que soient les frais engagés, et quand bien même il serait impossible de la refaire. »

« JE PENSE TOUJOURS QUE ÇA POURRAIT ÊTRE MIEUX. POUR MOI, C’EST UN MOTEUR, MAIS C’EST DIFFICILE À VIVRE POUR LES AUTRES. » ANNIE LEIBOVITZ

Ses employeurs, même les très craints Anna Wintour et Graydon Carter, lui passent presque tout, laissant libre cours à sa folie des grandeurs. L’intéressée admet que son perfectionnisme pèse sur ses collaborateurs : « Je pense toujours que ça pourrait être mieux. Pour moi, c’est un moteur, mais c’est difficile à vivre pour les autres. » Apparemment, on n’en meurt pas : Karen Mulligan, son bras droit, travaille pour elle depuis vingt et un ans.

Angelina Jolie à la proue d’une machine volante dans un désert californien ; Helen Mirren et Kate Winslet en héroïnes de film noir, agrippées à l’échelle d’incendie d’un hôtel de Manhattan ; Melania Trump au pied de son jet privé, enceinte, en escarpins et bikini dorés : ses images reposent souvent sur des idées simples et des mises en scène grandioses. Le corps y compte autant et parfois plus que le visage. « J’aime le corps, j’aime ce qu’il exprime », plaide celle qui déshabilla Demi Moore pendant sa grossesse et John Lennon juste avant sa mort, avec l’impact que l’on sait.

L’un des rares portraits serrés de son livre, celui de la primatologue britannique Jane Goodall, est presque accidentel. « Je n’avais que six ou sept minutes avec elle, dans les coulisses d’une conférence. Quel intérêt ? C’est sur le terrain que j’aurais voulu la photographier. En arrivant, elle m’annonce qu’elle déteste être prise en photo, qu’elle préfère encore aller chez le dentiste. Je rentre à New York en me disant que c’était vraiment raté. Et puis je suis saisie en voyant les images : elle me regarde comme si j’étais un orang-outan ! C’est avec ce langage qu’elle charme les singes, celui de son visage. C’est une photo incroyable de son visage en train de me parler. »

Le gros plan est « l’un de [ses] points faibles », poursuit-elle, avant de faire remarquer que Richard Avedon, « le maître absolu du portrait psychologique en studio, bref du visage », tenait son Rolleiflex à hauteur de poitrine, ce qui lui permettait d’échanger facilement avec ses modèles pendant qu’il les photographiait. Idem pour Diane Arbus et Vivian Maier, autres idoles. « Moi, je tiens l’appareil devant mon visage, il fait écran. De toute façon, parler me déconcentre. Je préfère le faire avant ou après. »

Tendance à l’autocritique

Annie Leibovitz fait volontiers l’inventaire de ses imperfections. Son livre « tombe en quenouille à partir de Barychnikov », soit environ aux deux tiers (« après, je ne savais plus trop ce que je faisais »). Elle écrit dans la postface qu’elle n’est « pas un bon metteur en scène » et « regrette souvent que [ses] photos n’aient pas plus de tranchant ». Gloria Steinem : « Elle est paradoxale : sûre d’elle et modeste, hésitante et pleine d’autorité. Elle sait diriger, ce qui n’est pas si facile pour une femme, mais elle ne cache pas ses doutes. » La photographe se trouve aussi le défaut de se trouver des défauts, désormais : « J’ai tendance à l’autocritique. J’y suis habituée, mais ma fille de 15 ans a du mal à le supporter. » Elle lui a promis de faire un effort.

« DANS MA TÊTE, JE SUIS TOUT LE TEMPS EN TRAIN DE CADRER MES FILLES. IL Y A TANT D’INTIMITÉ DANS CES PHOTOS IMAGINAIRES. » ANNIE LEIBOVITZ

Troisième d’une grande fratrie déplacée de base en base par un père officier de l’armée de l’air, elle est restée proche de ses cinq frères et sœurs, sans le soutien desquels elle n’aurait « peut-être pas » fondé une famille. Elle a eu ses enfants, seule, à la cinquantaine : l’aînée en 2002, puis des jumelles nées d’une mère porteuse en 2005, juste après la disparition quasi simultanée de son grand amour et de son père, Sam Leibovitz (elles s’appellent Susan et Samuelle, en hommage aux absents).

Phyllis Posnick évoque « une mère aimante ». Une mère à l’écoute : voilà plusieurs années qu’elle a cessé de photographier ses filles dans la vie quotidienne, parce qu’elles s’en plaignaient. « Susan Sontag était peut-être dans le vrai en disant que la photographie interfère avec l’expérience. Pour un photographe, la photographie EST l’expérience : quand je couvrais des concerts de rock pour Rolling Stone, je n’écoutais pas la musique. Prendre des photos demande toute mon attention. La maternité, ça ne peut pas se faire à moitié. Vous devez décider si vous êtes là ou pas. » Dieu sait si cette résolution lui coûte. « Dans ma tête, je suis tout le temps en train de cadrer mes filles. C’est parfois douloureux, car elles sont si belles. Il y a tant d’intimité dans ces photos imaginaires. » Elles sont d’accord pour les portraits de famille, mais seulement sur rendez-vous.

Si les clichés personnels qu’elle a publiés il y a dix ans disent quelque chose d’elle, c’est combien elle s’est appuyée sur la photographie dans les épreuves de sa vie. Son amie Patti Smith, qu’elle a fait poser devant un brasier pour une couverture de Rolling Stone en 1978 et photographiée maintes fois depuis, nous raconte cette anecdote : « Après la mort de mon mari, dans les années 1990, je suis revenue vivre à New York pour finir un disque. J’étais encore accablée de chagrin, un peu perdue. Un jour où je marchais dans la rue, triste et fatiguée, je me suis retrouvée près du studio d’Annie, et je m’y suis arrêtée pour boire un verre d’eau. Elle a remarqué que je n’étais pas dans mon assiette et elle a dit : “Travaillons ! Prenons des photos.” Sa solution a été de travailler. Et j’ai trouvé du réconfort dans ce travail. Nous avons fait quelques photos et ça m’a fait du bien. » Cette séance impromptue a engendré deux portraits importants, dont celui qui illustre la pochette de l’album du come-back de la musicienne, Gone Again.

Processus créatif

Ces jours-ci, Annie Leibovitz s’apprête à photographier Alice Waters, la pionnière californienne du Farm-to-table, l’égérie d’une génération de jeunes cuisiniers. Ce sera la quatrième fois : les précédentes, elle n’avait pas réussi à faire un portrait d’elle assez satisfaisant pour être inclus dans son livre. Pour préparer cette nouvelle tentative, elle a fait des recherches et téléphoner à l’entourage de son modèle.

On repense à Marina Abramovic qui, dans le documentaire sur sa rétrospective de 2010 au MoMA, The Artist is Present, disait vouloir montrer un jour « toute la correspondance, tous les fax, tous les billets d’avion » nécessaires à la production d’une œuvre d’art. Combien de rendez-vous pour un portrait d’Annie Leibovitz ? Combien d’appels téléphoniques, de cafés latte, de pleins d’essence ?

« A-t-on vraiment envie de le savoir ?, répond la photographe. N’est-ce pas très ennuyeux ? Le mieux n’est-il pas justement de donner l’impression que ça ne demande aucun effort ? C’est impossible à quantifier, de toute façon. C’est trop stratifié. La photo de John et Yoko n’existe que parce que je les connaissais depuis dix ans. Une photo, c’est toujours un processus. » Quand elle a offert son livre à l’une de ses sœurs, celle-ci lui a dit : « Les gens n’ont aucune idée du travail qu’ont demandé ces images. » Pour Annie Leibovitz, c’est le plus beau des compliments.

Annie Leibovitz : Portraits 2005-2016, Ed. Phaidon, 79,95 €. À paraître le 9 novembre.

20 octobre 2017

Australie - Melbourne

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Photos : Noémie

20 octobre 2017

Galerie Agnès b

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Photos : J. Snap

20 octobre 2017

Petter Hegre - photographe

 

 

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20 octobre 2017

Deborah de Robertis

Le 18 octobre 2017, j’ai été relaxée par le tribunal correctionnel de PARIS du chef d’exhibition sexuelle. Le parquet avait décidé de me renvoyer en comparution immédiate et le musée du Louvre de déposer plainte contre moi après ma performance réalisée devant la Joconde le mois dernier.
Le tribunal a considéré qu’il ne pouvait s’agir ici d’exhibition sexuelle en l’absence de l’élément matériel du délit (ma pilosité cachait « ces organes génitaux que vous ne saurez voir »…) et l’élément intentionnel du délit (mon intention était de porter un message « militant et artistique » et non sexuel a précisé le tribunal).
La justice n’a aucune légitimité pour décider de ce qui relève ou non de l’art, mais elle a constaté que mon travail ne pouvait constituer une infraction d’exhibition sexuelle du fait de sa dimension politique, militante, et artistique : je montre le sexe des femmes tel qu'il est, poilu et naturel, et ma nudité n'a rien de sexuel puisqu’elle fait référence au nu pictural.

Cette victoire artistique et judiciaire s’inscrit dans une bataille qui risque de s’éterniser : le musée du Louvre n’a pas manqué de demander au tribunal de m’interdire tout accès à ses galeries et d’ordonner la suppression sur la Toile de toutes images provenant de mes performances. Il s’agit donc clairement de censure, d’atteinte à ma liberté de création, d’expression, et d’aller et venir. Le musée du Louvre, dans ce qu’il charrie de pire, a connu ici un premier et cinglant échec : en tentant d’interdire mon travail et de radier mon sexe de ses galeries, il a cru pouvoir décider de ce qui pouvait ou non être vu. Mon œuvre a envahi ses murs, et continuera à les occuper.
Voici le court - métrage intitulé " MA CHATTe MON COPY(RIGHT)" qui dévoile les images exclusives de ma performance devant la Joconde : Mona Lisa sort de son mutisme pour prendre la parole puisque "ouvrir son sexe, c’est ouvrir sa bouche". 
https://vimeo.com/237069073

Deborah De Robertis
Deborahttps://instagram.com/p/BaceHcmAkS0/

20 octobre 2017

Le DOMESTIKATOR..... FIAC 2017 - vu hier soir

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20 octobre 2017

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20 octobre 2017

Egalité femmes-hommes - Une loi sur les violences sexuelles et le harcèlement de rue annoncée pour 2018

Par Gaëlle Dupont - Le Monde

La secrétaire d’Etat Marlène Schiappa a dévoilé les contours d’un projet de loi qui devrait voir le jour au premier semestre 2018 après une consultation citoyenne.

Alors que la mise en cause du producteur américain Harvey Weinstein pour harcèlement sexuel continue à faire réagir des victimes célèbres ou anonymes de tels agissements, l’annonce du gouvernement ne pouvait mieux tomber. La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa annonce dans La Croix du 16 octobre « un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles afin d’abaisser le seuil de tolérance de la société », qui s’attaque en particulier aux actes commis sur les mineurs et au harcèlement de rue.

Le texte, porté conjointement avec la garde des sceaux Nicole Belloubet, sera présenté au premier semestre 2018, après une vaste concertation avec les acteurs du secteur (policiers, magistrats) et une consultation citoyenne dans le cadre du tour de France de l’égalité lancé début octobre. Si les grandes directions sont décidées, les détails de leur mise en œuvre ne sont donc pas encore arrêtés. Mme Schiappa affirme en outre rester ouverte à « toute question qui émergera des discussions ».

Définir un âge pour le consentement des mineurs

Premier axe déjà défini : la lutte contre les agressions sexuelles et viols commis sur les mineurs. « Nous devons inscrire clairement dans la loi qu’en deçà d’un certain âge – qui reste à définir – il n’y a pas de débat sur le fait de savoir si l’enfant est ou non consentant », affirme la secrétaire d’Etat.

Cette prise de position intervient après la décision très controversée du parquet de Pontoise de poursuivre pour atteinte sexuelle (cinq ans de prison maximum) et non pour viol (passible de vingt ans) un homme de 28 ans ayant eu des relations sexuelles avec une enfant de 11 ans. L’auteur des faits n’ayant pas utilisé de menace ou de contrainte, le parquet a considéré que la petite fille était implicitement consentante.

Cette interprétation a suscité un tollé parmi les associations féministes et de protection de l’enfance, qui estiment que l’écart d’âge entre un majeur et un mineur implique forcément une contrainte morale, et que leur jeune âge empêche les enfants de consentir de façon éclairée.

Le sujet apparaît plutôt consensuel. Quatre parlementaires de toutes tendances politiques ont récemment déposé des propositions de loi allant dans ce sens. L’Union syndicale des magistrats (majoritaire) y est favorable. Toutefois, la détermination de la limite d’âge pourrait faire débat. Faut-il fixer le seuil à 15 ans, comme le souhaite l’ancienne ministre (PS) de la famille Laurence Rossignol dans son texte, déposé vendredi 13 octobre ? Ou plus bas, à 13 ans, comme le préconise le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Allonger les délais de prescription des crimes sexuels

Deuxième chantier ouvert, qui devrait être plus contesté, celui de la prescription des crimes sexuels commis sur les mineurs de moins de 15 ans. Elle est aujourd’hui de vingt ans après la majorité de la victime, qui a donc jusqu’à ses 38 ans pour porter plainte. Marlène Schiappa souhaite ouvrir un débat sur l’allongement à trente ans à compter de la majorité, auquel elle serait favorable à titre personnel. C’était la préconisation formulée en avril par la mission de consensus pilotée l’animatrice de télévision Flavie Flament et l’ancien magistrat Jacques Calmettes, chargée par Laurence Rossignol de faire des propositions sur ce sujet.

C’est une nouvelle fois un fait divers qui avait poussé les autorités à lancer cette mission. En octobre 2016, Flavie Flament relatait dans un livre, La Consolation (JC Lattès), avoir été violée à l’âge de 13 ans par un photographe de renom. David Hamilton, dont l’identité a fini par être révélée, s’est suicidé le 25 novembre. ­Flavie Flament n’a pas porté plainte, car, au moment où elle a révélé les faits, elle avait 42 ans.

De nombreuses associations réclament un allongement du délai de prescription, voire l’imprescriptibilité. « Ces crimes sont commis sur des enfants, le plus souvent par des proches, dans un climat d’emprise, expliquait en janvier au Monde ­Muriel Salmona, psychiatre et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie. La victime est en état de sidération et met en place des mécanismes psychologiques de sauvegarde. Il faut être beaucoup plus âgé, plus solide, pour réveiller ces souvenirs. » L’imprescriptibilité, réservée aux crimes contre l’humanité, est écartée par Mme Schiappa. « Elle ne passerait sans doute pas le filtre du Conseil constitutionnel », estime la secrétaire d’Etat.

Cependant, les magistrats estiment que la prescription actuelle est adaptée. Pour condamner des auteurs, des preuves sont nécessaires. Or, ces dernières se raréfient avec le passage du temps. Ils estiment que permettre de porter plainte quarante ou cinquante ans après les faits pourrait donner de faux espoirs aux victimes.

Sanctionner le harcèlement de rue

Le dernier axe de la future loi est déjà connu : le gouvernement souhaite sanctionner le harcèlement de rue. Il s’agit d’actes isolés, qui vont du commentaire non souhaité sur l’apparence physique, en passant par les sifflets, les regards appuyés, ou le fait de suivre une femme jusqu’à chez elle.

Exercés par une multitude d’auteurs, ils peuvent avoir un impact négatif important sur le quotidien, notamment dans les transports en commun, et contraindre certaines femmes à modifier leur tenue, leur itinéraire, leur horaire de sortie… Reste à caractériser l’infraction. « Je pense, à titre personnel, que siffler une femme dans la rue ne relève pas du harcèlement, mais que c’est le cas lorsqu’on la suit dans le métro, estime Mme Schiappa. Dans ce cas le stress, voire l’intimidation, sont évidents. »

Faire constater l’infraction par les forces de l’ordre ne sera pas simple, puisqu’elles ne peuvent être présentes derrière chaque mis en cause. Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé dimanche 15 octobre que la verbalisation du harcèlement de rue ferait partie des priorités de la future police de proximité. Le gouvernement vise aussi un effet pédagogique : même si seulement quelques procès-verbaux sont dressés, le grand public serait informé que de tels comportements sont répréhensibles.

Dans une tribune publiée par Libération le 26 septembre, plusieurs chercheurs, dont le sociologue Eric Fassin, reprochaient à cette potentielle nouvelle infraction de viser « les jeunes hommes des classes populaires et racisées [victimes de racisme, qui] subissent déjà, plus que d’autres, le contrôle policier et les violences des forces de l’ordre », écrivaient-ils. « Ce n’est pas le sujet, répond Mme Schiappa. L’origine ne doit être ni un facteur aggravant ni une circonstance atténuante. »

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