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Jours tranquilles à Paris
12 janvier 2018

Petter Hegre - photographe

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12 janvier 2018

Milo Moiré

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12 janvier 2018

Snowden, Deltour, Manning… Que deviennent les lanceurs d’alerte ?

Par Quentin Vasseur - Le Monde

La condamnation d’Antoine Deltour, à l’origine des LuxLeaks, a été annulée jeudi, mais son ex-collègue Raphaël Halet a été débouté. L’occasion de rappeler à quoi se sont exposés les citoyens qui ont révélé des documents confidentiels.

Antoine Deltour, à l’origine du scandale LuxLeaks a vu sa condamnation annulée jeudi 11 janvier par la Cour de cassation du Luxembourg. Ancien auditeur au sein du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), le Français avait été condamné en première instance et en appel par la justice du pays pour avoir partagé en 2011 avec un journaliste de l’émission « Cash Investigation » le contenu de centaines d’accords fiscaux secrets entre l’administration luxembourgeoise et PwC, pour le compte de grandes multinationales.

Le second mis en cause, Raphaël Halet, ancien responsable de l’équipe qui scannait les documents chez PwC Luxembourg, a en revanche été débouté. La Cour de cassation a refusé de lui accorder le statut de lanceur d’alerte.

Qu’est-ce qu’un lanceur d’alerte ?

Le terme de « lanceur d’alerte » apparaît pour la première fois dans Les Sombres Précurseurs de Francis Chateauraynaud et Didier Torny. Dans cet ouvrage paru en 1999, les deux sociologues décrivent le lanceur d’alerte comme un citoyen agissant pour le bien commun. Dans un entretien au quotidien La Croix, les chercheurs expliquaient en 2012 que « le lanceur d’alerte remplit une fonction universelle qui consiste à éviter que le pire ne se produise ».

Dans Les Sombres Précurseurs, ils citent parmi les lanceurs d’alerte français la journaliste Anne-Marie Casteret, à l’origine du scandale du sang contaminé en 1991, ou bien Henri Pézerat, le chercheur qui a alerté sur la toxicité de l’amiante dans les années 1970.

En anglais, on préfère utiliser le terme whistleblower (littéralement « celui qui souffle dans un sifflet ») que l’Office québécois de la langue française traduit par « dénonciateur ».

La loi Sapin II de lutte contre la corruption a créé un statut de lanceur d’alerte, protégé par une agence de prévention et de détection de la corruption. Placée sous l’autorité conjointe des ministères de la justice et des finances, elle pourra recueillir leurs renseignements de façon anonyme et prendra en charge leur protection ainsi que d’éventuels frais de justice.

De WikiLeaks à LuxLeaks, que sont devenus aujourd’hui certains lanceurs d’alerte qui se sont mis à dos les administrations ou entreprises qu’ils dénonçaient ?

Qu’a-t-il révélé ?

En juin 1971, cet ancien fonctionnaire américain a fourni 7 000 pages de documents ultrasecrets au New York Times. Il avait tenté, plus tôt, d’alerter plusieurs sénateurs sur les documents en sa possession. En exposant la face noire de l’intervention américaine au Vietnam, les « Pentagon Papers » ont nourri le débat sur ce conflit et contribué au retrait des troupes, deux ans plus tard.

Et ensuite ?

Après la publication des « Pentagon Papers », l’Etat américain a poursuivi Daniel Ellsberg pour vol, divulgation de secret d’Etat, conspiration et espionnage. Mais on apprend, au cours du procès, que les dossiers médicaux d’Ellsberg, utilisés à charge contre lui, ont été volés dans le cabinet de son psychiatre par les mêmes « plombiers » qui ont installé des caméras au siège du Parti démocrate en 1972 et déclenché le scandale du Watergate. Lorsque l’origine des preuves devient connue, les charges sont abandonnées.

Daniel Ellsberg est aujourd’hui considéré comme le précurseur des lanceurs d’alerte et a reçu différents prix : le Gandhi Peace Award en 1978, le Ridenhour Courage Prize en 2004 et le Right Livelihood Award, un prix Nobel alternatif, en 2006. En 2012, il a créé la Freedom of Press Foundation. Steven Spielberg s’est inspiré de son histoire dans le film Pentagon Papers (The Post, en version originale) – sorti le 22 décembre 2017 aux Etats-Unis et prévu en salles le 24 janvier en France.

Chelsea Manning, les secrets de la guerre d’Afghanistan

Qu’a-t-elle révélé ?

Chelsea Manning, née Bradley Manning, était analyste militaire dans l’armée américaine. Elle est à l’origine en 2010 de la fuite de centaine de milliers de documents confidentiels auprès de WikiLeaks – câbles diplomatiques, câbles du département d’Etat, documents militaires, dossiers de détenus à Guantanamo… Elle a transmis, par exemple, la vidéo d’une bavure militaire en Irak, où l’on voit un hélicoptère de combat américain abattre des civils en juillet 2007.

Et ensuite ?

Le 21 août 2013, l’ancienne analyste a été condamnée à trente-cinq ans de prison sur 20 des 22 chefs d’accusation qui pesaient contre elle. Elle est incarcérée à la prison militaire de Fort Leavenworth, où ses conditions de détention en isolement sont décriées.

Le lendemain du verdict, elle demande publiquement à être appelée Chelsea Manning et entreprend de changer d’identité. En février 2015, l’armée américaine l’autorise à suivre un traitement hormonal.

En prison, elle tente de se suicider à deux reprises, et une enquête des Nations unies dénonce le « traitement cruel, inhumain et dégradant » qu’elle subit. Peu avant de quitter la Maison Blanche, le président Obama commue sa peine, et Chelsea Manning est libérée le 17 mai 2017.

Edward Snowden, la surveillance de masse

Qu’a-t-il révélé ?

Consultant à la NSA en tant qu’administrateur système, Edward Snowden a eu accès aux activités de l’agence de renseignement américaine et les a copiées sur une clé USB.

A partir de décembre 2012, il contacte le journaliste Glenn Greenwald et la documentariste Laura Poitras, membres fondateurs de la Freedom of Press Foundation. Tous les trois se rencontrent à Hongkong en mai 2013 et les premiers articles de Glenn Greenwald paraissent à partir du 5 juin.

Ses révélations ont déclenché une prise de conscience mondiale en dévoilant les techniques employées par la NSA pour espionner les appels téléphoniques ou pour intercepter la majorité des communications mondiale. Le programme Prism, par exemple, permet à la NSA d’accéder aux données collectées par Google, Apple, Facebook ou Microsoft sur des utilisateurs spécifiques. Selon le gouvernement américain, ce transfert de données est indirect et nécessite l’autorisation de la Foreign Intelligence Surveillance Court.

Et ensuite ?

Edward Snowden est aujourd’hui recherché par les Etats-Unis et risque trente ans de prison. La justice américaine l’a inculpé pour espionnage en se fondant sur l’Espionage Act of 1917, une loi fédérale votée lors de la première guerre mondiale. L’utilisation de ce texte à l’encontre des lanceurs d’alerte (Daniel Ellsberg a également été poursuivi à ce titre en 1971) est vivement contestée par une partie de la gauche américaine.

Un mois après avoir trouvé refuge à l’aéroport de Moscou, l’Américain s’est vu octroyer un droit d’asile d’un an. Ce droit a été renouvelé le 1er août 2014 pour trois ans, puis en janvier 2017 pour deux ans de plus. Edward Snowden n’a pas bénéficié de la même grâce présidentielle que Chelsea Manning. L’ancien consultant reste bloqué en Russie, où il poursuit sa recherche d’un asile.

Stéphanie Gibaud, le démarchage illégal d’UBS

Qu’a-t-elle révélé ?

Stéphanie Gibaud a été responsable du marketing dans la banque UBS France de 1999 à 2008. En juin 2008, alors que la filiale française de la banque suisse est mise en examen pour blanchiment aggravé de fraude fiscale et démarchage illicite de clients français, le bureau du directeur général d’UBS est perquisitionné.

Stéphanie Gibaud reçoit alors de sa supérieure hiérarchique l’ordre d’effacer de son disque dur les fichiers contenant le nom des clients et des chargés d’affaire liés aux soirées qu’elle organise. Cette liste, qui prouvait que des chargés d’affaire suisses démarchaient illégalement des clients en France, a été utilisée dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte en mars 2011 contre UBS.

Et ensuite ?

A la suite de son refus de supprimer la liste, l’employée d’UBS affirme avoir subi un harcèlement constant de la part de ses employeurs. UBS tente de la licencier en 2009, sans succès, puis porte plainte pour diffamation mais perd le procès. Elle est finalement licenciée en 2012, mais réussit à obtenir une condamnation de la banque UBS pour harcèlement en 2015. La banque suisse lui verse 30 000 euros d’amende.

Le 5 avril 2016, dans l’émission Cash Investigation sur les « Panama Papers », le ministre des finances Michel Sapin remercie l’ancienne directrice marketing, qui « a bien permis au gouvernement de récupérer beaucoup d’argent ». Mais l’émission présente Stéphanie Gibaud comme une femme qui ne trouve plus d’emploi, vit des minima sociaux et risque à tout moment d’être expulsée de son logement. En octobre 2017, elle publie La Traque des lanceurs d’alerte (Max Milo), recueil de témoignages en France et à l’étranger.

Hervé Falciani, les données d’évadés de la HSBC

Qu’a-t-il révélé ?

De 2001 à 2008, Hervé Falciani a travaillé dans la filiale suisse de HSBC en tant qu’ingénieur. C’est en 2006, alors qu’il est chargé de réorganiser la base de données de la banque, qu’il découvre que le système informatique tel qu’il est conçu favorise l’évasion fiscale.

Après avoir alerté ses supérieurs et proposé un autre système, en vain, Hervé Falciani rassemble des données pendant deux ans. En 2008, il fournit à la police judiciaire française une liste de 9 000 résidents fiscaux français évadés en Suisse, déclenchant l’affaire SwissLeaks.

Et ensuite ?

Les motivations d’Hervé Falciani restent floues et le terme de lanceur d’alerte fait débat. Le 28 novembre 2015, il est condamné par contumace à cinq ans de prison par la justice suisse, pour espionnage économique, vol de données et violation du secret bancaire. Hervé Falciani étant un ressortissant français domicilié en France, il ne peut être extradé vers la Suisse.

Antoine Deltour, les accords fiscaux du Luxembourg

Qu’a-t-il révélé ?

En 2010, Antoine Deltour travaillait comme auditeur dans la filiale luxembourgeoise du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) lorsqu’il a découvert des documents liés aux tax rulings, des accords fiscaux passés entre le Grand-Duché et des multinationales pour leur permettre de réduire leurs impôts par le biais de filiales. Il quitte le cabinet en emportant des documents, qu’il confie au journaliste français Edouard Perrin pour la réalisation d’un reportage de l’émission Cash Investigation, diffusé en mai 2012. Les documents ont par la suite été transmis, par une source inconnue, à l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), sis à Washington.

Une quarantaine de journaux, dont Le Monde, ont travaillé sur ces documents, constituant au total 28 000 pages d’accords fiscaux. L’enquête, parue le 5 novembre 2014, a été baptisée LuxLeaks.

Et ensuite ?

Antoine Deltour a été placé en garde à vue et inculpé le 12 décembre 2014 par la justice luxembourgeoise pour vol et blanchiment d’argent. A l’issue de son procès, il a été condamné en juin 2016 à douze mois de prison et 1 500 euros d’amende. Raphaël Halet, ancien responsable de l’équipe qui scannait les documents chez PwC Luxembourg, a aussi été condamné. Leur peine a été légèrement allégée en appel en mars 2017, et la condamnation du consultant français a été cassée en janvier 2018. Il doit toutefois être jugé en appel pour s’être approprié les documents de formation interne de PwC. Le journaliste Edouard Perrin, également inculpé pour vol domestique et blanchiment, a été relaxé.

L’affaire LuxLeaks a fragilisé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui était premier ministre luxembourgeois à l’époque des faits. Elle a aussi permis d’adopter une directive européenne imposant aux pays européens de s’échanger ces accords secrets à l’automne 2015, et Antoine Deltour a obtenu le prix du citoyen européen en 2015, décerné par le Parlement européen.

Quant au lanceur d’alerte à l’origine de la fuite des Panama Papers, seul le quotidien allemand Suddeütsche Zeitung connaît son identité.

Quentin Vasseur

Julian Assange obtient la nationalité équatorienne, mais pas le statut de diplomate. Le cofondateur de WikiLeaks, réfugié depuis 2012 dans l’ambassade équatorienne de Londres, a obtenu sa citoyenneté le 12 décembre. Quelques jours après l’avoir naturalisé, Quito avait demandé aux autorités britanniques d’« accréditer M. Assange en tant qu’agent diplomatique » membre de la délégation équatorienne au Royaume-Uni. Ce qui aurait pu lui permettre de bénéficier de l’immunité diplomatique et de sortir de l’ambassade sans être arrêté. Cette demande a été rejetée le 21 décembre.

12 janvier 2018

Miles Aldridge

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12 janvier 2018

Agnès Varda et JR

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12 janvier 2018

« Les années en 8 ont scandé avec une saisissante régularité notre histoire contemporaine »

Par Gérard Courtois, éditorialiste au Monde

1958, 1968, 2008… « Difficile, devant les soubresauts ou les tumultes des années en 8, d’imaginer de quoi 2018 sera porteuse », estime l’éditorialiste au « Monde » Gérard Courtois dans sa chronique hebdomadaire.

Emmanuel Macron a attendu le 8 janvier 2018 pour aller à la rencontre de la Chine. Sage précaution si l’on en croit la symbolique des chiffres, fort prisée dans l’empire du Milieu : signe de plénitude et de prospérité, le 8 y est considéré comme un porte-bonheur. Pékin n’avait-elle pas mis un point d’honneur, il y a dix ans, à inaugurer « ses » Jeux olympiques le 8 août, autrement dit le 8/8/8…

Il sera bien temps de vérifier si 2018 confirme, à Paris, les prédictions de la numérologie chinoise. Une chose est sûre, cependant. Même si elles furent loin de garantir à tout coup réussite et sérénité, les années en 8 ont scandé avec une saisissante régularité notre histoire contemporaine.

Prenez 1958, date évidemment inscrite à l’agenda des commémorations officielles des prochains mois. Nul ne doutait, en janvier de cette année-là, que la IVe République était à bout de souffle, minée par la guerre d’Algérie et empêtrée dans l’écheveau de ses intrigues. Mais le jeune Félix Gaillard, président du conseil depuis quelques semaines, tentait encore un énième rafistolage. Hormis chez les gaullistes les plus activistes, l’hypothèse d’en appeler à l’homme du 18 juin pour sortir le pays de l’ornière était encore évanescente.

En peu de temps, pourtant, l’Histoire bascula. Le 13 mai, c’est l’insurrection, à Alger, des partisans de l’Algérie française. Le 15 mai, le général de Gaulle se dit « prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Le 1er juin, il est investi président du conseil par l’Assemblée nationale avec, pendant six mois, les pleins pouvoirs. Le 28 septembre, par référendum, les Français approuvent à 85 % la Constitution de la Ve République. Le 21 décembre, de Gaulle est élu président de la République. Beaucoup, alors, croyaient le régime taillé aux seules mesures du « général ». Soixante ans plus tard, consolidé par l’élection présidentielle au suffrage universel, il a démontré une plasticité à toute épreuve. Emmanuel Macron, à son tour, y puise son autorité.

1968 et 1978 ont laissé des traces

Dix ans passent. « La France s’ennuie… », écrit Pierre Viansson-Ponté dans ces colonnes, le 15 mars 1968. Et d’un coup, la tornade du mois de mai balaie tout sur son passage, enflamme l’université et la jeunesse, hérisse de barricades les rues de Paris, déborde les syndicats, provoque une grève générale digne du Front populaire, paralyse l’Etat et ébranle son vieux chef. Un ultime sursaut permettra à de Gaulle de reprendre la main. Ultime sursis en réalité : moins d’un an plus tard, après un dernier référendum perdu, il jette l’éponge.

En attendant, les valeurs et hiérarchies du vieux monde ont été assez contestées et bousculées pour que, aujourd’hui encore, une droite revancharde feigne de voir dans ce mois de mai libertaire la source de tous nos maux, ou presque. Nicolas Sarkozy, en 2007, fustigeait le « relativisme intellectuel et moral » de Mai 68 et voulait en « liquider l’héritage » pernicieux. Laurent Wauquiez a repris l’antienne il y a peu, datant de ces événements « le début de la déconstruction »…

Moins présente dans les mémoires, la trace de 1978 n’en fut pas moins profonde. Depuis quatre ans, la crise économique avait douché les espoirs portés par Valéry Giscard d’Estaing et la gauche, vent en poupe, paraissait en mesure de remporter les élections législatives. Las, le leader communiste, Georges Marchais, finit par comprendre le piège patiemment tendu par François Mitterrand : l’union de la gauche risquait d’assurer aux socialistes un ascendant irrémédiable (et inédit depuis des décennies) sur les communistes. Marchais se mit donc à tirer à boulets rouges contre les rivaux socialistes et cette désunion suffit pour que la droite sauve sa majorité.

L’habile Mitterrand sut en tirer le bénéfice trois ans plus tard. Unitaire pour deux mais libéré du compagnonnage avec le Parti communiste et ses encombrants parrains soviétiques, il remporta l’élection présidentielle de 1981, imposa l’hégémonie du PS sur la gauche, réconcilia celle-ci avec le pouvoir et fixa le cadre du système politique – droite et socialistes alternant au pouvoir – dans lequel la France a vécu jusqu’en 2017.

Aléas de la numérologie politique

Et l’on peut poursuivre cette déambulation décennale. 1988 ? Le triomphe de Mitterrand, réélu haut la main après deux ans de cohabitation avec la droite de Jacques Chirac, certes. Mais aussi le début du crépuscule d’un trop long règne, miné par l’âge et la maladie du capitaine, et plus encore par les scandales financiers, la corrosion du pouvoir et le renoncement aux ambitions transformatrices de la gauche. Comme quoi les seconds mandats, quand ils adviennent, sont à haut risque…

1998 ? La démonstration que la glorieuse incertitude de la politique n’a rien à envier à celle du sport, en l’occurrence de la coupe du monde de football que la France accueillait. Au printemps, le modeste entraîneur de l’équipe nationale, Aimé Jacquet, était cloué au pilori ; le 12 juillet, après la victoire de Zidane et des siens, il était porté aux nues et les Français clamaient leur bonheur devant cette France « black-blanc-beur » réconciliée et triomphante. Dans les banlieues actuelles, c’est peu dire que cette illusion a fait long feu.

2008, enfin ? Une crise financière puis économique mondiale sans précédent depuis les années 1930 et dont nous sortons à peine. Difficile dans ces conditions, devant les soubresauts ou les tumultes des années en 8, d’imaginer de quoi 2018 sera porteuse. D’autant qu’un autre chiffre magique pour les uns, fatidique pour les autres s’est imposé ces derniers temps. Le 7, comme 1997 et la victoire inattendue de Lionel Jospin, 2007 et le triomphe annoncé de Nicolas Sarkozy, 2017 et la réussite stupéfiante d’Emmanuel Macron. C’est dire les aléas de la numérologie politique.

12 janvier 2018

Palace Costes

palace

PALACE COSTES

WINTER ISSUE. PalaceCostes #70

Photographie de couverture : Alice Jacquemin.

Mannequin : Chiara Corridori @Women Management

Direction artistique : Anne Delalandre.

Styliste: Coline Peyrot.

 

Chiara porte une robe «Aeriform» collection Couture Iris van Herpen.

12 janvier 2018

Joconde...

joconde

12 janvier 2018

Oprah Winfrey, miroir du désarroi démocrate

L'engouement suscité par la star illustre le flottement d'un parti désarçonné par la présidence Trump

Un juge de San Francisco a bloqué, mardi 9 janvier, l'abrogation par le président Donald Trump d'un programme protégeant les jeunes entrés illégalement aux Etats-Unis alors qu'ils étaient mineurs. Le magistrat, William Alsup, a estimé que l'abrogation reposait sur " une base juridique défectueuse ". L'administration Obama avait sanctuarisé le droit pour ces 690 000 jeunes en situation illégale d'étudier et de travailler aux Etats-Unis. M. Trump a dirigé mardi une réunion avec des parlementaires sur le sujet. Il se montre ouvert à un compromis si les démocrates acceptent un renforcement de la sécurité aux frontières, y compris la construction controversée d'un mur à la frontière avec le Mexique.

Il a suffi de quelques mots prononcés à l'occasion de la cérémonie des Golden Globes, à Beverly Hills (Los Angeles), dimanche 7 janvier, pour qu'Oprah Winfrey devienne en quelques heures une candidate potentielle à l'élection présidentielle de 2020. La formule, " Une aube nouvelle se profile à l'horizon ", renvoyait au succès de la campagne en cours contre les violences faites aux femmes.

Mais la conviction, la volonté et la force dégagées par cette incarnation familière du rêve américain, distinguée ce soir-là par un prix récompensant sa carrière d'actrice, ont dessiné une ambition plus grande. Elle a été disséquée tout au long de la journée de lundi sur les sites d'information et les chaînes de télévision, pendant que la principale -intéressée restait silencieuse.

L'emballement s'est prolongé mardi 9  janvier avec un commentaire de Donald Trump en marge d'une réunion de membres du Congrès, à la Maison Blanche. " Je la connais très bien ", a assuré le président, reçu souvent par Oprah Winfrey lorsqu'elle était une animatrice vedette. " Je l'aime bien (…) Je ne pense pas qu'elle sera candidate ",a-t-il ajouté, convaincu par ailleurs de l'emporter si elle se mettait d'aventure sur les rangs. La femme d'affaires devenue milliardaire, considérée comme proche du Parti démocrate, a pourtant exclu, en octobre 2017, toute incursion dans le domaine de la politique.

L'engouement qui s'est brutalement cristallisé sur son nom tient d'abord à l'absence, pour l'instant, d'une figure pouvant incarner une alternative au président sortant lors de la prochaine présidentielle. Electrisé par la rhétorique et les choix politiques de Donald Trump, le camp démocrate a pourtant regagné en vigueur après une défaite inattendue et traumatisante en  2016. En témoigne sa bonne tenue lors des élections survenues en novembre et en décembre  2017, en Virginie et en Alabama. En septembre, plus d'un an avant les élections de mi-mandat, un nombre record de candidats démocrates était déjà enregistré pour les élections au Congrès auprès de la Commission électorale fédérale, selon les chiffres du Campaign Finance Institute : 455, contre seulement 111 républicains.

Pas de chef de file incontesté

Le Parti démocrate ne dispose -cependant pas de chef de file -incontesté. Au point que l'ancien vice-président Jœ Biden, qui aura 78 ans au lendemain de l'élection de 2020, continue d'entretenir l'hypothèse d'une candidature. Le sénateur du Vermont Bernie -Sanders, 76 ans, n'a pas formellement écarté la sienne. " Il y a effectivement un vide qui avait déjà été constaté par le passé, notamment en  1992 et dont avait émergé Bill Clinton ", estime le chroniqueur du Washington Post E. J. Dionne.

Le précédent historique qu'a constitué l'élection d'un magnat de l'immobilier dépourvu de la moindre expérience gouvernementale explique également cet emballement pour une figure aussi charismatique. " L'émergence et la victoire de Trump ont remis en cause ce qui était considéré jusqu'alors comme les règles de la politique ", juge de son côté William Galston, ancien de l'administration Clinton, aujourd'hui à la Brookings Institution.

" En  2016, Donald Trump avait un récit à vendre, alors qu'Hillary Clinton défendait un programme, on a vu le résultat. Et il faut se souvenir qu'Obama lui-même avait été élu en  2008 alors qu'il ne disposait pas d'une grande expérience politique. " Donald Trump ayant apporté la preuve de l'effet létal de la notoriété, " certains démocrates en viennent à penser qu'il faut lutter contre le feu par le feu ", contre la notoriété par la notoriété, ajoute-t-il.

Etat de confusion

Aux côtés de candidats potentiels traditionnels, comme le -sénateur Cory Booker (New -Jersey), la sénatrice Kamala Harris (Californie), le gouverneur de Virginie, Terry McAuliffe, ou celui de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, des noms reviennent -régulièrement qui renvoient à ce que représente Oprah Winfrey : la richesse, la célébrité et un -parcours singulier. Il s'agit -notamment de Mark Cuban, le milliardaire propriétaire, notamment, de l'équipe de basket des Mavericks de Dallas, et de Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, en dépit de l'hyperpuissance qu'incarne ce réseau social.

" Rien n'est pire pour une formation que de perdre une élection pour laquelle elle est donnée gagnante. C'est ce qui est arrivé aux démocrates en  2016, et ces derniers sont au même point qu'après la défaite de Michael Dukakis, en  1988 ", assure William Galston, en référence au candidat démocrate dont la campagne avait patiné après qu'il s'était dit opposé à la peine de mort même si son épouse était assassinée. " Il va falloir du temps avant qu'émergent un nom et une ligne politique. Les élections de mi-mandat ne sont traditionnellement pas propices à cela, car elles produisent naturellement une grande fragmentation ", poursuit-il.

Face à cette période de confusion appelée à perdurer, l'expression d'une conviction forte comme celle portée par Oprah Winfrey, dimanche soir, est donc une garantie de succès immédiat, sinon durable. Surtout sur un thème populaire comme celui lancé aux Etats-Unis contre le harcèlement sexuel et qui est considéré par certains, au sein du Parti démocrate, comme la clé d'un -retour à la Maison Blanche.

Il est probable que d'autres noms suscitent un emballement similaire au cours des mois à -venir, peut-être même jusqu'à la veille de l'ouverture de la campagne. Après avoir entretenu l'idée d'une candidature, Donald Trump avait pu se permettre d'attendre les toutes dernières semaines avant de se lancer dans la course à l'investiture répu-blicaine, fort de l'avantage que lui conférait précisément sa -notoriété. Article de Gilles Paris - Le Monde

12 janvier 2018

Jimmy Freeman feat Atlanna - Je T'envie

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