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Jours tranquilles à Paris
10 janvier 2018

Iris Brosch - photographe

iris br33

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10 janvier 2018

Des femmes libèrent une autre parole

Un collectif de plus de 100 femmes affirme son rejet du " puritanisme " apparu avec l'affaire Weinstein et d'un certain féminisme qui exprime une " haine des hommes "

Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste.

A la suite de l'affaire Weinstein a eu lieu une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes, notamment dans le cadre professionnel où certains hommes abusent de leur pouvoir. Elle était nécessaire. Mais cette libération de la parole se retourne aujourd'hui en son contraire : on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices ! Or c'est là le propre du puritanisme que d'emprunter, au nom d'un prétendu bien général, les arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux les enchaîner à un statut d'éternelles victimes, de pauvres petites choses sous l'emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie.

Délations et mises en accusation

De fait, #metoo a entraîné dans la presse et sur les réseaux sociaux une campagne de délations et de mises en accusation publiques d'individus qui, sans qu'on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels. Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l'exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu'ils n'ont eu pour seul tort que d'avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses " intimes " lors d'un dîner professionnel ou d'avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l'attirance n'était pas réciproque. Cette fièvre à envoyer les " porcs " à l'abattoir, loin d'aider les femmes à s'autonomiser, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment, au nom d'une conception substantielle du bien et de la morale victorienne qui va avec, que les femmes sont des êtres " à part ", des enfants à visage d'adulte, réclamant d'être protégées. En face, les hommes sont sommés de battre leur coulpe et de dénicher, au fin fond de leur conscience rétrospective, un " comportement déplacé " qu'ils auraient pu avoir voici dix, vingt ou trente ans, et dont ils devraient se repentir. La confession publique, l'incursion de procureurs autoproclamés dans la sphère privée, voilà qui installe comme un climat de société totalitaire.

La vague purificatoire ne semble connaître aucune limite. Là, on censure un nu d'Egon Schiele sur une affiche ; ici, on appelle au retrait d'un tableau de Balthus d'un musée au motif qu'il serait une apologie de la pédophilie ; dans la confusion de l'homme et de l'œuvre, on demande l'interdiction de la rétrospective Roman Polanski à la Cinémathèque et on obtient le report de celle consacrée à Jean-Claude Brisseau. Une universitaire juge le film Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, " misogyne " et " inacceptable ". A la lumière de ce révisionnisme, John Ford (La Prisonnière du désert) et même Nicolas Poussin (L'Enlèvement des Sabines) n'en mènent pas large. Déjà, des éditeurs -demandent à certaines d'entre nous de rendre nos personnages masculins moins " sexistes ", de parler de sexualité et d'amour avec moins de démesure ou encore de faire en sorte que les " traumatismes subis par les personnages féminins " soient rendus plus évidents ! Au bord du ridicule, un projet de loi en Suède veut imposer un consentement explicitement notifié à tout candidat à un rapport sexuel ! Encore un effort et deux adultes qui auront envie de coucher ensemble devront au préalable cocher via une " appli " de leur téléphone un document dans lequel les pratiques qu'ils acceptent et celles qu'ils refusent seront dûment listées.

Le philosophe Ruwen Ogien défendait une liberté d'offenser indispensable à la création artistique. De même, nous défendons une liberté d'importuner, indispensable à la liberté sexuelle. Nous sommes aujourd'hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage, mais nous sommes aussi suffisamment clairvoyantes pour ne pas confondre drague maladroite et agression sexuelle. Surtout, nous sommes conscientes que la personne humaine n'est pas monolithe : une femme peut, dans la même journée, diriger une équipe professionnelle et jouir d'être l'objet sexuel d'un homme, sans être une " salope " ni une vile complice du patriarcat. Elle peut veiller à ce que son salaire soit égal à celui d'un homme, mais ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit. Elle peut même l'envisager comme l'expression d'une grande misère sexuelle, voire comme un non-événement.

En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d'une haine des hommes et de la sexualité. Nous pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d'importuner. Et nous considérons qu'il faut savoir répondre à cette liberté d'importuner autrement qu'en s'enfermant dans le rôle de la proie. Pour celles d'entre nous qui ont choisi d'avoir des enfants, nous estimons qu'il est plus judicieux d'élever nos filles de sorte qu'elles soient suffisamment informées et conscientes pour pouvoir vivre pleinement leur vie sans se laisser intimider ni culpabiliser. Les accidents qui peuvent toucher le corps d'une femme n'atteignent pas nécessairement sa dignité et ne doivent pas, si durs soient-ils parfois, nécessairement faire d'elle une victime perpétuelle. Car nous ne sommes pas réductibles à notre corps. Notre liberté intérieure est inviolable. Et cette liberté que nous chérissons ne va pas sans risques ni sans responsabilités.

Collectif

10 janvier 2018

En 2018, les soldes d'hiver se déroulent du mercredi 10 janvier 2018 au mardi 20 février 2018.

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9 janvier 2018

Petter Hegre - photographe

 

 

9 janvier 2018

Le « parler vrai » de Macron à l’épreuve des autocrates

Le 5 janvier face à Recep Tayyip Erdogan, le chef de l’Etat a choisi, comme en mai 2017 face à Vladimir Poutine, d’adresser à voix haute certaines critiques à celui qu’il recevait en grande pompe.

Comment gérer les dictateurs ? Le nombre croissant d’autocrates sur la scène internationale pose un problème de plus en plus épineux aux dirigeants des pays démocratiques. Plusieurs attitudes sont possibles : il y a l’option gel des relations, pour ceux qui sont vraiment infréquentables. Il y a la rencontre discrète en se pinçant le nez, si possible en marge de grandes conférences internationales. Il y a la posture « realpolitik », qui assume un dialogue pas forcément glorieux, mais adouci par la signature d’énormes contrats réparateurs pour la balance commerciale.

Et puis il y a la méthode Macron. Elle consiste à recevoir avec tous les honneurs les autocrates de haut rang, ou à aller leur rendre visite en grande pompe, mais à se servir de la rituelle conférence de presse conjointe pour désamorcer, par quelques vérités assénées la tête haute, les critiques de ceux qui l’accusent de se compromettre. Dans son activisme diplomatique, le président français, dont on sait maintenant combien il aime parler, ne veut exclure personne : il souhaite rencontrer « tout le monde », y compris ceux avec lesquels le dialogue n’est pas forcément « cool », comme il le confiait au Point en septembre 2017 à propos de Recep Tayyip Erdogan. Mais il affirme aussi leur parler sans détour, et sans rougir.

Cette méthode a été inaugurée le 29 mai face à Vladimir Poutine, reçu dans le faste de Versailles pour s’entendre dire devant les journalistes que les médias officiels russes n’étaient que des organes d’influence et de propagande. Le président russe écouta stoïquement, le visage fermé : Versailles vaut bien une leçon.

Quels bénéfices ?

Emmanuel Macron a voulu rééditer l’exploit, vendredi 5 janvier, avec le président turc, dont la dérive autoritaire et répressive est dénoncée dans toute l’Europe. Il a souhaité, au cours « d’une discussion très franche », mettre fin à « l’hypocrisie » d’éternels pourparlers sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne : « Il est clair que les évolutions récentes et les choix de la Turquie ne permettent aucune avancée du processus engagé », a dit M. Macron au côté de M. Erdogan. Franc aussi sur leurs « désaccords sur la vision des libertés individuelles », le président français a soumis au président turc une liste de personnes que la France, et notamment les ONG, considère comme injustement poursuivies en Turquie, et a rappelé que la liberté d’expression est « un bloc qui ne se divise ni ne se détricote ».

La question, bien sûr, est la contrepartie espérée. Sortir de ces rencontres la tête haute est une chose, en tirer les bénéfices attendus en est une autre. L’avenir dira si l’accueil de M. Poutine et de M. Erdogan permet d’avancer, notamment, sur le déblocage du dossier syrien.

La méthode Macron semble, en outre, souffrir déjà des exceptions : recevant, le 24 octobre à l’Elysée, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, dont le pays abrite quelque 60 000 prisonniers politiques, le chef de l’Etat a refusé « de donner des leçons hors de tout contexte » – le contexte étant, en l’occurrence, la lutte commune contre le djihadisme.

Cette méthode sera à nouveau mise à l’épreuve cette semaine lorsque M. Macron rencontrera en Chine le plus puissant de tous les autocrates, le président Xi Jinping. Sur la réciprocité des ouvertures commerciales, sur les libertés individuelles et sur la protection des intérêts stratégiques européens, le président français aura, à Pékin, plus d’une occasion de tester son « parler vrai ».

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9 janvier 2018

Extrait d'un shooting - lingerie

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9 janvier 2018

Limitation de vitesse à 80 Km/heure

9 janvier 2018

Souvenir d'enfance.... Photo prise à Auray - Morbihan

vous pouvez tous crever

9 janvier 2018

« Si elle pouvait parler, que de choses entendues aurait à nous répéter une aphone cabine »

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Par Benoît Hopquin - Le Monde

Depuis ce 1er janvier de l’an de grâce et de progrès de l’ère Macron, il n’y a plus officiellement de cabines téléphoniques en France, regrette dans sa chronique Benoît Hopquin, directeur adjoint de la rédaction du « Monde ».

En préambule, pour les plus jeunes, pour les perdreaux de l’année, à tout le moins du millénaire, pour qui n’a jamais connu un fil de bigorneau qui tire-bouchonne jusqu’à vous vriller les nerfs, il n’est pas inutile de citer ces lignes tirées de Wikipédia : « Une cabine téléphonique est un édicule situé sur l’espace public (typiquement, le trottoir), muni d’un téléphone permettant d’émettre des communications. »

Pertinente définition, jusque dans son style anachronique, comme directement inspiré d’un manuel des PTT. Seul le temps employé est impropre. Un passé eût été plus judicieux pour cette notice wikipédiesque et nécrologique. Il aurait davantage été dans la tonalité de cet appareil en voie de disparition. Depuis ce 1er janvier de l’an de grâce et de progrès de l’ère Macron, il n’y a plus officiellement de cabines téléphoniques en France.

La faute justement au susnommé, porte-voix de la modernité, branché s’il en est. Voilà bien un messager résolument ancré dans son époque, connecté sur l’avenir. Il n’a jamais usé d’une standardiste pour obtenir et mener à bien sa communication. Il est sans fil, et sans filet parfois, lui reproche-t-on. Sa volonté de mettre à la page cette bonne vieille France, de la réinscrire dans l’annuaire du monde, s’exprimait déjà lorsqu’il était ministre de l’économie.

La loi Macron a mis fin en 2015 à « l’obligation de service universel de publiphonie », vieillerie jusque dans son appellation qui exigeait un maillage minimum du territoire par des téléphones publics. Le texte dégageait Orange, héritier de l’opérateur national, d’une charge coûteuse. Et entérinait l’éradication. Des cabines, faisons table rase.

Des portes nées d’un esprit malade ou sadique

Le mobile de ce massacre est connu. Le portable justement, qui a frappé d’archaïsme ces guitounes semées en masse à partir des années 1970. Son apparition, sa facilité, notre addiction ont programmé leur obsolescence. Les cabines n’étaient plus utilisées qu’une minute par jour en moyenne, contre une heure aux temps glorieux. De 300 000 à leur apogée en 1997, elles n’étaient plus que 3 000 vingt ans plus tard.

COMME CES VIEUX CHÊNES QU’ON ABAT, CES BOÎTES ONT DONC ÉTÉ ARRACHÉES UNE À UNE DU DÉCOR URBAIN ET DU PAYSAGE RURAL

Sic transit téléphonique. Finie l’époque où ces cages de verre et de métal étaient désespérément recherchées dans la rue. Quand enfin se trouvait un exemplaire en état de marche, on faisait la queue à son entrée. On râlait contre les bavards impénitents. A notre tour d’entrer dans cette tirelire qui dévorait en ogresse la monnaie, de décrocher ce combiné qui pesait comme un âne mort et défiait les règles d’hygiène, de se battre avec son câble d’acier qui nous emberlificotait, de tenter sans espoir de trouver un espace plan pour griffonner un nom. D’affronter surtout ces improbables portes, nées d’un esprit malade ou sadique, qui tenaient du casse-tête pour entrer et de la chausse-trape pour sortir. Avec cette peur permanente de rester coincé dans ce piège à cons aux formes et dimensions de cercueil.

Comme ces vieux chênes qu’on abat, ces boîtes ont donc été arrachées une à une du décor urbain et du paysage rural. Au sortir de cet hiver meurtrier, elles ne seront plus que 300 encore debout, dans les rares campagnes non encore couvertes par les antennes des opérateurs. Des maires ont bien essayé d’empêcher ce déracinement, au nom de la ruralité ou du maintien du service public. Les cabines sont ainsi devenues l’écho d’un mal-être et d’un sentiment d’abandon. Mais les numéros de bravoure de ces édiles ont été vains le plus souvent.

Petit pincement au cœur

Soyons honnêtes : la suppression progressive de ce mobilier à l’esthétique discutable nous avait largement échappé, tout occupés que nous étions à tapoter nos textos. Tiens, la cabine n’est plus là, avait-on simplement remarqué, passant devant un carré de goudron fraîchement déposé, comme une pierre tombale, à son ancien emplacement. La défunte avait été enlevée en catimini. Une exécution sans appel, dans le plus grand silence.

Mais cela n’empêche pas un petit pincement au cœur. On n’y peut rien : on a la fibre nostalgique, l’optique d’un rétroviseur. Si elle pouvait parler, que de choses entendues aurait à nous répéter une aphone cabine. Elle fut la chambre d’enregistrement des rires et des pleurs, des cris et des mots tendres, la caisse de résonance du quotidien, un réceptacle de la vie. Combien de conversations et de destins se trouvèrent suspendus, faute d’un dernier franc à glisser dans la fente ou d’unités sur sa carte ? Cela servait aussi de bonne excuse pour couper court à une ennuyeuse parlotte : « Je n’ai plus de pièces » était la forme ancienne de « Je passe sous un tunnel ».

A L’INTÉRIEUR, VOUS CUEILLAIT PARFOIS UN PARFUM CAPITEUX, SOUVENT UNE ODEUR DE TABAC, DE PISSE, DE CLOAQUE

L’habitacle était refuge des amoureux, havre des SDF, abri contre les intempéries. Elle était le panneau d’affichage des révoltes et des concerts, la dernière chance de retrouver son chat ou un emploi. Quand la bonne fortune voulait qu’on se glisse à deux êtres dans ce lieu exigu, ce rapprochement physique avait quelque chose de troublant. A l’intérieur, vous cueillait parfois un parfum capiteux, souvent une odeur de tabac, de pisse, de cloaque. Elle était régulièrement la cible des vandales, rançon de sa gloire. On sait aussi des partis politiques qui regretteront de ne plus pouvoir y tenir leur congrès.

Elle n’est plus là ! Et les tentatives pour lui redonner une seconde vie – borne Wi-Fi, kiosque à livres, etc. – semblent tenir de la bonne parole. Ne restent que des images de films cultes et des souvenirs auxquels se raccrocher. Bip-bip-bip.

Précision. Dans une récente chronique sur le RER, j’ai donné pour alexandrin « Les portes du métro sont automatiques ». Peu enclins à m’accorder une licence poétique, des lecteurs m’ont fait remarquer qu’il manquait un pied ou une roue à mon vers suburbain, sauf peut-être à être déclamé dans le métro de Marseille. L’un d’entre eux, Jacques Benoît, rappelle à propos une ancienne consigne de la SNCF, formellement impeccable jusque dans sa métrique et son hémistiche : « Le train ne peut partir que les portes fermées ». En nous excusant de la gêne occasionnée.

9 janvier 2018

1514. Les funérailles d'Anne de Bretagne

Épuisée par les grossesses et les drames, Anne de Bretagne s'éteint le 9 janvier 1514.

Ses funérailles durent trente-neuf jours et demeurent parmi les plus grandioses et les plus coûteuses des souverains français.

En ce début d'année 1514, la reine de France se meurt, épuisée par une quinzaine de grossesses en vingt ans. Seules deux de ses enfants, Claude et Renée, ont survécu. Son mari, Louis XII, est absent. Il est allé combattre les Anglais et Maximilien d'Autriche dans le nord du royaume, après avoir été expulsé d'Italie. Un véritable lien d'affection unit cependant la duchesse souveraine de Bretagne, deux fois reine de France, et Louis d'Orléans qui a d'ailleurs combattu en 1487, à Saint-Aubin-du-Cormier, dans l'armée du duc François II contre les Français.

Anne de Bretagne décède le 9 janvier, vers 6 heures du matin, dans la chambre du donjon de Blois, alors résidence des souverains français. Ses obsèques vont durer trente-neuf jours. Dans une étude monumentale, Jacques Santrot a étudié cet événement politique, symbolique et culturel sans précédent. Nous disposons de nombreux documents sur ces obsèques qui restent exceptionnelles par leur coût, sans doute l'un des plus importants de l'Histoire de France, c'est-à-dire entre 44.000 et 60.000 livres de l'époque. La principale dépense concerne les bougies et les cierges. Pour Anne de Bretagne, on brûle, en effet, des tonnes de cire...

Embaumement royal

Après son trépas, la reine est soumise à une toilette mortuaire et aux différentes étapes de son embaumement. La dépouille est ainsi éviscérée et plusieurs organes, parmi ceux les plus rapidement dégradables, sont prélevés. Conformément au souhait d'Anne, le coeur est également mis à part, afin qu'il soit rapporté à Nantes. Au sixième jour, Anne de Bretagne est transférée dans la salle d'honneur de Blois, en habit d'apparat. Pendant plusieurs jours, tous les grands du royaume viennent lui rendre hommage. Ce n'est que le 17 janvier que le corps de la reine est placé dans son cercueil de plomb, afin que sa dépouille soit transférée jusqu'à la nécropole royale de Saint-Denis. Plusieurs centaines d'offices religieux sont donnés pendant 74 jours. Selon Jacques Santrot, « cette inflation de messes est due à la hantise du salut individuel et à une croyance de plus en plus forte au purgatoire ».

Cortège impressionnant

Le 18 janvier, près de 1.700 pleurants accompagnent Anne de Bretagne jusqu'à la collégiale Saint-Sauveur de Blois, suivis des grands du royaume et des officiers de la reine. Le cortège qui s'ébranle ensuite vers Paris est grandiose, avec un absent de marque, le roi. Malgré son attachement réel à son épouse, comme ses prédécesseurs depuis le XIVesiècle, il ne peut plus assister à des obsèques afin de protéger son intégrité physique.

Tout au long du parcours, les officiers bretons sont particulièrement mis en valeur. Il s'agit d'un acte politique et symbolique, afin de consolider le processus d'union du duché au royaume. D'autant que cette union est loin d'être acquise en cas de remariage du roi et de naissance d'un héritier mâle. Les Anglais ne s'y tromperont pas en envoyant une jeune et fougueuse princesse épouser Louis XII, mais ce dernier décède avant de lui donner un enfant...

Le convoi mortuaire d'Anne de Bretagne quitte Blois et remonte vers le nord. Chaque soir, des cités l'accueillent, à leurs frais. Les cérémonies les plus fastueuses ont lieu le 14 février, lorsque la dépouille royale entre dans Paris et fait une station à Notre-Dame. Entre 12 et 13.000 personnes se pressent sur le trajet.

Le 16 février, Anne de Bretagne arrive enfin à Saint-Denis, dans la nécropole des rois de France. Par la suite, son gendre, François Ier, fera réaliser un tombeau monumental en son honneur et celui de Louis XII.

Ces funérailles exceptionnelles, leur faste et leur symbolique illustrent la volonté de la couronne française de favoriser le processus d'annexion d'une principauté alors prospère, dont l'importante flotte maritime allait constituer un atout certain. Quant à Anne de Bretagne, elle devient désormais l'un des grands personnages de l'Histoire de France.

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