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Jours tranquilles à Paris
16 novembre 2019

Avec les paroles d’Adèle Haenel, la prise de conscience du cinéma français

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viol

Récit

Avec les paroles d’Adèle Haenel, la prise de conscience du cinéma français

Par Zineb Dryef - LE MONDE

Après la prise de parole de l’actrice française qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel », le milieu se livre à une douloureuse et nécessaire introspection.

La fin des vacances scolaires, la disparition de Marie Laforêt… ce dimanche 3 novembre, la soirée, qui s’annonçait morose, a été cataclysmique pour le cinéma français. A 19 heures, Mediapart publie une longue enquête dans laquelle l’actrice Adèle Haenel accuse Christophe Ruggia, d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel » lorsqu’elle était mineure. Dix jours plus tard, le cinéma français ressemble à une gigantesque cellule de crise. « Notre monde a changé », résume la productrice Sandrine Brauer.

Fait très rare, la profession, quasiment dans son ensemble, a déclaré son soutien total à l’actrice à travers ses instances représentatives : la Société des réalisateurs de films (SRF), la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), Unifrance et le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) ont publié des communiqués saluant la prise de parole d’Adèle Haenel.

Tout commence au lendemain de l’enquête Mediapart. Les membres du Conseil d’administration de la SRF, à laquelle appartient Christophe Ruggia, se réveillent groggy. L’association fondée en 1968, se trouve dans une situation inconfortable : le réalisateur de 54 ans est un pilier de la SRF, il en a régulièrement assuré la présidence. Dix jours plus tard, rares sont ceux qui acceptent d’en parler parce que « dévastés », « par terre » ou « épuisés par le manque de sommeil ».

Ce matin du 4 novembre, les membres du conseil d’administration, emmenés par Catherine Corsini, la coprésidente de la SRF, tentent de joindre Ruggia. Il leur annonce qu’il ne présentera pas sa démission. « Nous étions très émus, dépassés par cette situation compliquée à gérer », témoigne le réalisateur Pierre Salvadori. Décision est prise de lancer la seule mesure prévue par les statuts de la société, en cas de faute grave commise par l’un de ses membres : la procédure d’exclusion. « Ce n’est pas anodin ni inoffensif que l’un de nos membres soit accusé de ces faits, observe Rebecca Zlotowski, réalisatrice, membre de la SRF. Certains d’entre nous ont des liens d’amitiés avec Adèle Haenel, certains ont réalisé des films avec elle. C’est une situation d’une grande brutalité, mais notre position est avant tout politique. L’objectif de la SRF est de rester fidèle à ses valeurs. »

Communiqué de soutien

Dans un premier communiqué, très offensif, la SRF annonce dès le 4 novembre avoir lancé une procédure d’exclusion à l’encontre du réalisateur. Dans un deuxième communiqué, paru le 8 novembre, elle indique que la décision de l’exclure n’a pas encore été prise. Une volte-face ? Non, une précision, explique Zlotowski : « Cette procédure a un protocole spécifique, incluant un temps de défense de l’incriminé. Une mise en demeure a donc été envoyée à Christophe Ruggia [le 5 novembre], qui peut fournir des explications dans un délai de quinze jours par écrit ou par oral. Après l’avoir écouté, le CA [conseil d’administration], souverain, procédera à un vote. Une fois que la décision lui sera notifiée, il pourra encore faire un recours. »

Dans un courrier adressé à ses collègues le 8 novembre, le réalisateur annonce qu’il ne répondra pas à leur convocation. Dans cette lettre dont Le Monde a pris connaissance, le réalisateur explique qu’il ne se rendra pas au conseil d’administration prévu le 12 novembre, et repoussé au 25. Christophe Ruggia ne souhaite pas « alimenter les médias qui se substituent à la justice » comme il refuse « de s’exhiber devant un tribunal de confrères et consœurs dont il considérait certain(e)s comme des amies de longue date qui [l’]ont condamné et exclu de leur cercle sans même avoir l’obligeance de [l’]écouter avant ». Le cinéaste « attend maintenant que la justice fasse son travail ».

Association très politique, la SRF avait pris position en faveur du mouvement #metoo en octobre 2017 et suscité la polémique en interrogeant le choix de la Cinémathèque française d’organiser une rétrospective Polanski puis Brisseau en pleine affaire Weinstein. « La nouvelle génération (Rebecca Zlotowski, Céline Sciamma…) a porté ces nouvelles questions et ces réflexions. La SRF est vivante, politique, en prise avec la société, observe Pierre Salvadori. Sur la question des rétrospectives, on a pu paraître inquisiteurs, “américains”, mais proposer ces honneurs quelques semaines après #metoo, c’était décourager les paroles de celles qui ont quelque chose à dire. »

REBECCA ZLOTOWSKI, RÉALISATRICE, MEMBRE DE LA SRF : « C’EST UNE SITUATION D’UNE GRANDE BRUTALITÉ, MAIS NOTRE POSITION EST AVANT TOUT POLITIQUE »

Une réaction plus inhabituelle est celle de l’ARP, la Société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs, qui sans en avertir l’ensemble de conseil d’administration, a publié le 6 novembre un communiqué de soutien à Adèle Haenel. « La rapidité du communiqué de la SRF et la force du témoignage d’Adèle Haenel nous ont poussés à réagir, confirme un de ses membres.

Six jours plus tard, les nouvelles accusations de viol portées à l’encontre de Roman Polanski, suscitent un nouveau communiqué de l’ARP qui annonce que son bureau « proposera au prochain conseil d’administration que, désormais, tout membre condamné par la justice pour infraction de nature sexuelle soit exclu et que tout membre mis en examen pour la même raison soit suspendu. » Ce conseil, prévu lundi 18 novembre, aura à répondre à cette question : Roman Polanski doit-il en être exclu ? Le cinéaste Jean-Paul Salomé s’avoue perdu : « Faut-il systématiquement exclure les personnes accusées ? Faut-il exclure après une condamnation ? Et une fois la peine purgée, que convient-il de faire ? Je ne sais pas. » Et d’ajouter : « On a souvent parlé de parité mais on avait peut-être tendance à garder ces sujets sous le tapis, ça n’est plus le cas aujourd’hui. Cette évolution est nécessaire. »

Il y a dix ans, la question s’était pourtant déjà posée à l’ARP, au sujet de l’un de ses membres : Jean-Claude Brisseau (mort le 11 mai), condamné à un an de prison avec sursis et à 15 000 euros d’amende en 2005 pour harcèlement sexuel. La cinéaste Coline Serreau avait inlassablement appelé ses collègues à se saisir de ces débats. Au sein de cette association, ces questions ont longtemps été considérées comme « relevant de la vie privée », se souvient la cinéaste Jeanne Labrune. En 2010, lorsqu’en plein conseil d’administration, Coline Serreau s’émeut de la programmation par l’ARP de l’un des films de Brisseau, l’un des réalisateurs présents plaide que les faits pour lesquels Brisseau a été condamné n’étaient somme toute qu’ordinaires dans une relation entre un réalisateur et ses actrices.

Jeanne Labrune réagit : « Ce que disait ce réalisateur m’exaspérait. Je lui ai donc lancé : “je fais un casting d’hommes mercredi à 14 heures à mon bureau. Est-ce que tu peux venir ? Je voudrais voir tes attributs.” Ça l’a mis dans une colère noire. C’est devenu assez violent. Je lui ai dit : “tu trouves cette parole humiliante, imagine donc ce que font des actes pareils.” Il m’a crié : “ta gueule, va t’asseoir.” Comme ça n’est pas une chose qu’on dit, je suis restée debout. » A l’exception de Michel Ferry qui s’était interposé, personne n’avait pris la défense de la cinéaste. A 69 ans, Labrune en garde un souvenir amer : « On sort de ces réunions exaspérées, on porte la parole d’une manière qui renvoie à cette hystérie féminine qui n’existe pas plus que la leur. »

Du côté des producteurs, les réactions ont également été nombreuses. Le vice-président de l’Union des producteurs de cinéma (UPC), Marc Missonnier, a soutenu en son nom Adèle Haenel. L’UPC, collectivement, a décidé de ne rien publier avant de « connaître les tenants et les aboutissants de l’affaire », indique le producteur Jean-Louis Livi, 74 ans, l’un de ses membres. Livi, qui devait coproduire un film de Christophe Ruggia, a pris la décision de ne plus travailler avec lui. « Sans remettre en cause le témoignage d’Adèle Haenel, le seul regret que j’ai est qu’elle n’ait pas fait appel à la justice. Parce que la justice punit autant qu’elle permet de se défendre. »

Nomination de référents

De son côté, le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) a salué le 6 novembre « la force et le courage » d’Adèle Haenel et appelé la profession à se saisir de « cette libération de la parole comme une chance de faire évoluer notre secteur et la société dans son ensemble ». La productrice Marie Masmonteil, présidente du bureau long métrage, souligne que son collège est paritaire – six hommes, six femmes – ce qui a pu faciliter la discussion. « Quand j’ai entendu Adèle raconter son histoire, je me suis demandé : mais où était le producteur ? » Elle, se souvient de l’endroit où elle était, quand un jour de l’hiver 2010 son directeur de production lui a téléphoné pour lui signaler « un truc bizarre » sur le tournage d’un film du réalisateur Jamshed Usmonov, avec Léa Seydoux. « On a tout de suite déployé un cordon de sécurité autour de l’actrice. On a décidé avec mon associé de passer à tour de rôle sur le tournage, qui avait lieu en Dordogne. C’était notre rôle d’empêcher qu’il se passe quelque chose. »

SANDRINE BRAUER, PRODUCTRICE : « NOUS N’AVONS PAS COMME AMBITION DE FUSTIGER POLANSKI, MAIS DE REFONDER UN SYSTÈME QUI NE REPRODUIT PAS DES POLANSKI »

Rebecca Zlotowski, également membre du conseil d’administration du collectif 50/50 qui milite pour l’égalité dans le cinéma, croit aussi que le pouvoir de changer les choses est entre les mains des producteurs-productrices, des directeurs-directrices de production, des réalisateurs-réalisatrices : « C’est le sens des Etats généraux qu’on souhaite, à la SRF en partenariat avec le collectif 50/50, convoquer l’année prochaine une réflexion menée par l’ensemble de la profession et la mise en place de mesures concrètes. »

« Il faut sortir de cet état de sidération », poursuit la productrice Sandrine Brauer. Nous n’avons pas comme ambition de fustiger Polanski, mais de refonder un système qui ne reproduit pas des Polanski. » Parmi les mesures phares annoncées jeudi 14 novembre lors des deuxièmes Assises pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma, au CNC à Paris, la nomination de référents en matière de prévention et de détection des risques liés au harcèlement sexuel sur les tournages et après.

Certains des faits rapportés par Adèle Haenel s’étant déroulés pendant des événements organisés par UniFrance, l’organisme chargé de la promotion du cinéma français a proposé le 5 novembre un projet de charte pour les participants à ses manifestations. « Je connais ces festivals ou marchés internationaux, on peut s’y sentir seule, explique Daniela Elstner, la directrice générale. Il faut faire en sorte que les personnes ne se sentent pas isolées. Nous souhaitons pouvoir proposer aux éventuelles victimes qu’elles puissent signaler immédiatement des comportements inappropriés. »

Dès le lendemain de l’enquête de Mediapart, Pierre Salvadori raconte avoir observé des microchangements sur le plateau d’une série qu’il tourne : « On sort ostensiblement d’une pièce quand quelqu’un fait un essai costume comme pour signifier à tous que rester constitue un comportement qui n’est pas acceptable. J’ai demandé à ce qu’il y ait toujours quelqu’un avec moi et une jeune actrice. » Il se souvient qu’il s’était passé la même chose après l’affaire Weinstein. « Il faut agir pour ne pas que ça s’évapore au bout de quelques semaines. »   Le Monde

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16 novembre 2019

Au cinéma. En attendant la projection du film de Polanski : "J'accuse" - hier soir

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16 novembre 2019

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16 novembre 2019

Commission européenne : Thierry Breton passe le cap des auditions

Par Virginie Malingre, Bruxelles, bureau européen, Jean-Pierre Stroobants, Bruxelles, bureau européen

Après l’échec de Sylvie Goulard, la confirmation du nouveau candidat français au marché intérieur est un soulagement pour l’Elysée.

Il y a quelque chose qui relève de l’horlogerie suisse dans la mécanique du Parlement européen. Au moindre grain de poussière, elle peut s’emballer, ainsi qu’on a pu le constater, une nouvelle fois, jeudi 14 novembre, à l’occasion des auditions des trois commissaires qui doivent encore rejoindre l’équipe d’Ursula von der Leyen.

Finalement, la journée s’est plutôt bien terminée pour la future présidente du collège européen : les eurodéputés ont donné leur aval à la nomination du Français Thierry Breton pour le poste de commissaire au marché intérieur et à celle de la Roumaine Adina-Ioana Valean pour le portefeuille des transports. Ils vont, en revanche, poser de nouvelles questions (écrites) au Hongrois Oliver Varhelyi, actuel ambassadeur de Budapest auprès de l’Union européenne, pressenti pour s’occuper de l’élargissement.

Entrée en fonction espérée le 1er décembre

Deux sur trois, donc. Mme von der Leyen, qui espère entrer en fonction le 1er décembre, n’était pas certaine de si bien s’en tirer, après que les eurodéputés avaient rejeté trois de ses commissaires, à la fin septembre. Le cas de M. Breton notamment était loin d’être réglé, jeudi matin. Mardi, la commission des affaires juridiques du Parlement, chargée de se prononcer sur les conflits d’intérêt, n’avait accepté que de justesse, la candidature de l’ancien patron d’Atos.

Les sociaux-démocrates (S&D), les Verts et la gauche radicale (GUE) avaient jugé qu’il leur fallait plus d’informations avant de conclure. Les libéraux démocrates de Renew – dont la délégation française Renaissance, issue de la majorité présidentielle, est la plus importante composante – tout comme les conservateurs du PPE souhaitaient, en revanche, s’en tenir là. Et ils espéraient que le deuxième candidat d’Emmanuel Macron, après le rejet brutal de Sylvie Goulard, le 10 octobre, serait confirmé au plus vite.

« Avec Breton, on a gagné un demi-commissaire PPE », se réjouit un proche des conservateurs, qui rappelle que le Français a été le ministre de l’économie de Jacques Chirac (2005-2007). Par ailleurs, Renew – du moins sa délégation française –, avait pris garde de soigner le PPE, en lui faisant savoir que le groupe libéral avaliserait la nomination de la Roumaine et du Hongrois, tous deux issus des rangs conservateurs.

Jeudi, donc, pour Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, toute la question était de savoir ce que feraient les S&D. Sans leur soutien, Thierry Breton n’avait aucune chance de passer l’épreuve parlementaire. D’autant que, suite au remaniement auquel la présidente de la Commission a dû procéder, les socialistes ont perdu un commissaire : Bucarest a changé entre-temps de gouvernement et de couleur politique.

Concessions aux S&D

Dans ce contexte, la présidente de la future Commission a fait, mercredi, quelques concessions aux S&D. Elle a notamment accédé à leur demande de rebaptiser le portefeuille du commissaire grec Margaritis Schinas, qui inclut notamment les questions migratoires : on parlera désormais de la « promotion » et non plus de la « protection » de notre mode de vie européen.

Jeudi, M. Breton a aussi su convaincre la gauche sociale-démocrate. « Je n’ai plus aucun intérêt dans les entreprises que j’ai dirigées. Zéro. Zéro ! », a insisté le Français, qui, ces derniers jours, a vendu ses actions – pour un montant de quelque 46 millions d’euros, selon des documents de l’Autorité des marchés financiers. Il a aussi démissionné de ses mandats d’administrateur.

Problème : entre-temps, Renew avait décidé de ne pas entériner la nomination du commissaire PPE hongrois, et demandé, comme les socialistes, à le soumettre à de nouvelles questions… Pour cette partie de l’assemblée, il était difficile de ne pas marquer sa défiance à l’égard d’Oliver Varhelyi, un ambassadeur de la Hongrie auprès de l’Union européenne, un homme qui a toujours défendu à Bruxelles les positions de Viktor Orban, chantre de la « démocratie illibérale ».

Il s’en est suivi une sérieuse explication entre Dacian Ciolos, le président du groupe Renew, et Stéphane Séjourné, à la tête de la délégation française… Du côté des conservateurs, l’exaspération était de mise mais elle ne les a pas amenés à exercer de représailles contre M. Breton. La réussite de celui-ci est un soulagement pour l’Elysée, qui redoutait un nouveau camouflet, et a salué une « très bonne nouvelle ».

Procédure contre le Royaume-Uni

Mme von der Leyen a, elle, réglé un autre problème jeudi. Alors que le Royaume-Uni est toujours un Etat membre de l’UE, le Brexit ayant été reporté au 31 janvier, son collège doit, en principe, accueillir un commissaire britannique. Londres se refuse à désigner un candidat, arguant qu’en période électorale « le Royaume-Uni ne devrait normalement pas procéder à des nominations pour des postes internationaux ».

La Commission devait trouver une solution juridique lui permettant d’avoir un collège à vingt-sept, sans représentant britannique. Et se préserver ainsi d’un éventuel recours contre l’une de ses décisions, au prétexte que sa composition ne serait pas conforme aux traités. Ceux-ci stipulent que chaque Etat membre doit avoir un commissaire. Craignant un précédent, de petits pays comme l’Irlande se refusaient d’ailleurs à avaliser un exécutif européen au sein duquel chaque Etat ne posséderait pas son représentant. La Commission Juncker a donc lancé jeudi une procédure d’infraction contre le Royaume-Uni.

Mme von der Leyen, censée, au départ, entrer en fonction le 1er novembre, peut respirer : il ne lui reste plus, à cette heure, qu’à attendre une approbation du Parlement pour le commissaire hongrois. Sauf nouveau rebondissement, elle devrait donc pouvoir soumettre son collège au vote de l’assemblée de Strasbourg, le 27 novembre.

Entre-temps, les équilibres de sa Commission ont été légèrement modifiés. Elle est plus à droite qu’elle ne l’était, et le PPE a désormais un commissaire de plus que les S&D. Elle est aussi moins paritaire, avec quinze hommes et douze femmes, même si, comme le répètent les proches de Mme von der Leyen, « jamais une Commission n’a été aussi paritaire ».

16 novembre 2019

Chute du Mur de Berlin - photos

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16 novembre 2019

SA LUMIÈRE PAR CHERISE OLVERA {EDITORIAL EXCLUSIF / NSFW}

La photographe Cherise Olvera a soumis cet ensemble en jouant avec la lumière naturelle tout en maintenant la sensualité féminine avec le modèle Mel.

https://www.instagram.com/cherisejosephine/

https://www.instagram.com/mel.green13/

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16 novembre 2019

Chronique - « Avec la sortie de “J’accuse”, la digue entre l’homme et l’artiste se lézarde »

jaccuse

Par Michel Guerrin

Les débats autour du film de Polanski, accusé d’abus sexuels par six femmes, montrent que, dans le contexte de l’après-#metoo, la distinction classique entre une œuvre et son auteur est de plus en plus fragile, estime dans sa chronique Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».

Alors faut-il aller voir J’accuse, de Roman Polanski ? En général, la question est posée entre amis pour savoir si le film est bon. Là, c’est pour savoir s’il est « moral ». Car son auteur, en quarante ans, a été accusé d’abus sexuels par six femmes. La dernière est une ancienne photographe, Valentine Monnier, qui a affirmé au Parisien, cinq jours avant la sortie de J’accuse, que Polanski l’a rouée de coups et violée en 1975, alors qu’elle avait 18 ans et lui 45, dans son chalet suisse – le cinéaste nie. C’était deux ans avant d’avoir drogué, violé et sodomisé Samantha Geimer, une Californienne de 13 ans.

Voir le film ou pas, c’est savoir s’il faut distinguer l’homme de l’artiste, comme on dit. Il existe une littérature folle sur le sujet, qui pourrait faire un sujet au bac, qui se pose depuis que l’art existe, et vise à passer au crible pléthore de créateurs, souvent pas les plus mauvais. En France, royaume de la liberté de création, l’œuvre a une aura qui en fait un objet à part, à condition bien sûr qu’elle soit autorisée, ce qui est le cas du film de Polanski. Autrement dit, si un cinéaste est mis sur la place publique, à chacun de décider ce qu’il veut faire de son œuvre.

Mais dans le contexte de l’après-#metoo, du témoignage de l’actrice Adèle Haenel, de celui de Valentine Monnier, la digue entre l’homme et l’artiste se lézarde. C’est flagrant pour Polanski, qui est toujours un fugitif pour les Etats-Unis. En 2002, alors que l’affaire Samantha Geimer est enterrée, son film Le Pianiste, il est vrai un chef-d’œuvre, reçoit la Palme d’or à Cannes puis trois Oscars à Hollywood. Mais, depuis peu, une jurisprudence s’est imposée : ne le censurons pas, mais ne le célébrons pas. En 2017, il doit renoncer à présider la cérémonie des Césars, sa rétrospective à La Cinémathèque est perturbée, puis il est radié de l’Académie des Oscars.

« Cinémas coupables, public complice »

La pression est montée d’un cran avec la sortie de J’accuse, dont la promotion fut pour le moins chaotique. Ainsi une quarantaine de féministes, le 12 novembre, ont réussi à faire annuler une projection au cinéma Le Champo, à Paris. Elles criaient : « Polanski violeur, cinémas coupables, public complice. » C’est toute la chaîne du film, du producteur à la salle, en passant par les acteurs, qui est culpabilisée. Le public aussi. La militante féministe Chloé Madesta déclare qu’« acheter une place pour J’accuse est un geste qu’on considère comme criminel ». Le hashtag #boycottpolanski surgit sur les réseaux sociaux. La sénatrice PS Laurence Rossignol est sur cette position. La secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, confie qu’elle n’ira pas voir J’accuse. Mais Coralie Miller, porte-parole d’Osez le féminisme !, en pointe dans le combat contre Polanski, qualifie pourtant le film de « nécessaire ».

Car la question de l’homme et de l’artiste devient toujours plus fragile en raison du thème de J’accuse – l’affaire Dreyfus. Si Valentine Monnier a brisé quarante ans de silence, c’est à cause du sujet, et déjà de son titre. Il s’impose mais elle ne le digère pas. Qui accuse ? Zola ou Polanski ? « Est-ce tenable, sous prétexte d’un film, sous couvert de l’histoire, d’entendre dire “j’accuse” par celui qui vous a marquée au fer, alors qu’il vous est interdit, à vous, victime, de l’accuser ? », demande-t-elle dans Le Parisien.

Il y a aussi la façon dont Polanski établit un parallèle entre le destin tragique de Dreyfus et sa propre histoire lors de la promotion de son film. Il touche juste quand il raconte qu’il est un enfant rescapé du ghetto de Cracovie, que sa mère est morte à Auschwitz, que son épouse, Sharon Tate, est assassinée en 1969, alors qu’elle est enceinte et qu’il est un moment soupçonné d’être impliqué.

Une œuvre détournée de son but

Mais il fait ensuite une faute qui pose nombre de questions. Dans le dossier de presse du film à Venise, un objet qu’il contrôle, il répond aux questions de Pascal Bruckner, dont celle-ci : « En tant que juif pourchassé pendant la guerre, cinéaste persécuté par les staliniens en Pologne, survivrez-vous au maccarthysme néoféministe d’aujourd’hui ? » Sa réponse : « Travailler, faire un film comme celui-là m’aide beaucoup, je retrouve parfois des moments que j’ai moi-même vécus, je vois la même détermination à nier les faits et me condamner pour des choses que je n’ai pas faites. »

Ensuite, dans le dossier de presse pour la sortie du film en France, puis dans des entretiens, Polanski corrige – lentement – le tir. Mais le mal est fait. Beaucoup l’accusent d’endosser l’habit de Dreyfus pour répondre aux accusations de viol.

BEAUCOUP L’ACCUSENT D’ENDOSSER L’HABIT DE DREYFUS POUR RÉPONDRE AUX ACCUSATIONS DE VIOL

Son erreur confine au gâchis. Car J’accuse est d’une dramaturgie sèche, c’est un film excellent, précieux surtout, dont le sujet est l’antisémitisme, si fort au tournant des XIXe et XXe siècles, et qui monte dans la France d’aujourd’hui. Voilà une œuvre en partie détournée de son but, y compris par son auteur, alors qu’elle est une des plus politiques qu’on ait vus depuis longtemps et qui devrait être montrée dans les écoles de France.

Reste la vérité du public. J’accuse a réalisé une très bonne première journée d’exploitation en salle, le 13 novembre. 55 000 entrées pour 545 écrans. Aucun autre film n’a été autant vu. C’est le meilleur résultat du cinéaste depuis Pirates, en 1986. C’est mieux que Le Pianiste. Sans doute la force du sujet joue. Sans doute le public ne voit pas Polanski comme un saint mais il n’aime pas qu’on lui dicte ce qu’il doit faire et penser. C’est une bonne nouvelle.

16 novembre 2019

Isabelle Huppert

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16 novembre 2019

Entretien - Pour Philippe Le Gal, organisateur de la Nuit du cirque, « les femmes pensent le cirque de demain »

Par Rosita Boisseau

Le président de l’association Territoires de cirque, qui regroupe un grand nombre de compagnies, réclame davantage de moyens pour la création.

Pour sa première édition, vendredi 15 novembre, La Nuit du cirque met à l’affiche plus de soixante compagnies dans soixante lieux disséminés dans toute la France. Pilotée par l’association Territoires de cirque, créée en 2004 et qui rassemble aujourd’hui près de cinquante structures, cette opération fête les arts de la piste en tapant aussi du poing sur la table. Entretien avec Philippe Le Gal, président de l’association Territoires de cirque, directeur du Carré Magique, à Lannion (Côtes-d’Armor).

Quels sont les enjeux de cette Nuit du cirque, treize ans après le cri d’alarme « Le cirque est en danger » lancé en 2006 par Territoires de cirque ?

Depuis une dizaine d’années, il y a une montée en puissance du cirque de création, tous formats et genres confondus, que ce soit dans les théâtres, sous chapiteau, et de plus en plus dans l’espace public, mais les soutiens financiers ne suivent pas. Le dynamisme que tout le monde souligne ne va pas avec une augmentation des crédits. Il nous a donc paru important de proposer, avec cette Nuit du cirque, un état des lieux pour rappeler au public, aux professionnels et aux pouvoirs publics que le cirque continue de se battre pour exister. Oui, il reste l’aventure jeune, furieuse, de ses débuts dans les années 1980, mais il a aussi muté. En 2019, quatre générations d’artistes cohabitent sur scène.

Pour quelles raisons les artistes se déploient-ils de plus en plus dans les espaces publics ?

Les jeunes artistes sont de plus en plus nombreux et cherchent des espaces pour présenter leur travail. En 1990, on dénombrait 93 troupes de cirque de création, puis 404 en 2006 et actuellement, on en compte près de 800. Lorsque les scènes ne sont pas accessibles, que les programmateurs ne le sont pas non plus, la rue l’est, comme la campagne, d’ailleurs. Ce sont des espaces de liberté lorsque l’on démarre. Et la nature, conscience environnementale oblige, devient de plus en plus une source d’inspiration pour l’écriture de pièces in situ. Mais la composante économique n’est pas la seule clé de lecture. Il faut voir dans le développement du cirque dans l’espace public un appétit d’expérimentation grandissant. L’artiste de cirque aime à se confronter avec le public, en se rapprochant du théâtre de rue.

Qu’en est-il de la diffusion des spectacles qui tournent généralement quatre à cinq ans si tout va bien ?

Tout s’accélère. Il y a encore quelques années, une production de cirque, qui exige entre une et deux années de répétition, ce qui est spécifique au genre, tournait au moins quatre ans. Aujourd’hui, cette temporalité se réduit à un an ou deux. Certains spectacles ne décrochent qu’une vingtaine de dates sur une saison, ce qui est terrible compte tenu de l’énergie que demande une création. La fragilisation vient aussi du fait que les interprètes n’ont plus envie de consacrer cinq ans de leur vie à une même pièce. Les mentalités changent. Les carrières sont courtes. Les artistes ont envie de monter leurs propres projets et endossent parallèlement les statuts d’interprète et d’auteur. De nombreux circassiens jouent parfois deux ou trois spectacles en même temps.

Qu’en est-il de la diffusion dans les réseaux généralistes ?

Elle est difficile. Si l’on parle de cirque familial, de cirque de divertissement, alors oui, il est présent dans tous les réseaux de diffusion car il remplit les salles, mais il y a aussi un cirque plus expérimental qui doit être davantage soutenu. Et dans le contexte de stagnation des crédits, la tentation du repli de chaque secteur – théâtre, musique, danse – sur son cœur de métier est grande, au risque de laisser de côté ce cirque.

Qu’attendez-vous de l’Etat ?

Nous voulons rappeler que le cirque de création est un formidable outil de promotion d’une politique culturelle ambitieuse. Le cirque touche tous les publics, il est intergénérationnel, il est liberté et refus de l’enfermement. Alors qu’on parle de plus en plus d’éducation artistique, le cirque peut participer à ce mouvement. C’est un art inclusif, de proximité, mobile dès lors que le chapiteau l’abrite, en rien intimidant. Financièrement, nous sommes largement en dessous des autres institutions comme les Centres dramatiques nationaux ou les Centres chorégraphiques nationaux. Les douze Pôles nationaux cirque bénéficient d’un plancher de financement de l’Etat de 250 000 euros quand les Scènes nationales perçoivent quelque 500 000 euros.

Que devient le chapiteau dans ce contexte ?

Il y a trois ou quatre ans, on a craint que la diminution des projets de création sous chapiteau entraîne leur disparition. Les grands noms comme le Cirque Plume, par exemple, disparaissent. Mais la toile résiste. Une quinzaine de spectacles sont aujourd’hui en cours d’exploitation, et ce nombre remonte peu à peu. Les difficultés sont multiples : le montage financier d’un spectacle sous chapiteau est lourd et complexe ; le chapiteau lui-même est un investissement qui pèse dans les budgets ; les lieux d’implantation dans les villes sont de plus en plus difficiles à trouver en raison de l’expansion immobilière ; les municipalités sont de moins en moins enclines à accueillir les toiles ; quant aux Scènes nationales et autres, elles resserrent les budgets… Cette conjonction de paramètres explique le problème. Mais les jeunes artistes semblent y revenir. D’ici à 2022, trente projets sous chapiteau vont se créer.

Quelles sont les lignes de force du cirque actuel ?

Nous avons eu beaucoup de spectacles récemment avec du mât chinois et de la roue Cyr. On voit apparaître des tentatives de théâtralité, mais encore discrètes. Le cirque de création se décline de plus en plus au féminin. Les femmes s’emparent de tous les agrès, s’imposent au mât chinois ou sur le fil pour des traversées à très grande hauteur comme Tatiana Mosio-Bongonga ou Johanna Gallard. L’art clownesque ne leur échappe pas non plus avec des personnalités comme Proserpine ou Kati Pikkarainen. Elles sont également présentes lorsqu’il s’agit de poursuivre l’histoire et non de l’effacer, comme Marie Molliens du Cirque Rasposo, Pascaline Hervé du Cirque du Docteur Paradi. Elles pensent le cirque de demain et osent l’autodérision. Jeunes ou confirmées, elles placent la barre très haut.

Quelles sont les relations du cirque de création avec les enseignes traditionnelles ?

Au-delà de la question très sensible de la présence de l’animal sauvage, les cirques traditionnels traversent une crise profonde. Ils ont le droit d’exister car ils font partie intégrante de l’histoire, nous ne le contestons pas. S’il y a nécessité à leur venir en aide, ce qui vaut pour les entreprises de tel ou tel secteur économique en grande difficulté doit aussi être vrai pour le cirque traditionnel : il y a des instances publiques et économiques prévues à cet effet. Mais ce n’est pas du ressort du ministère de la culture dont les missions fondamentales sont d’accompagner la création artistique. Notre actuel ministre de la culture entend placer l’artiste au centre de son action. Il s’agit bien d’une politique publique de l’art et de la culture et nous travaillons dans ce cadre qui, à ma connaissance, n’est pas celui des enseignes de cirque traditionnel.

Vendredi 15 novembre en France, le cirque se déploiera dans toute sa diversité. Soixante spectacles seront proposés au public pour la première édition de cette initiative, pilotée par l’association Territoires du cirque, qui œuvre pour la diffusion de ce courant artistique et son renouveau. De La Chute des Anges, présenté par Raphaëlle Boitel et la Compagnie L’Oubliée à Bourg-en-Bresse au Bestiaire D’Hichem, proposé par Jeanne Mordoj et la compagnie BAL à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) en passant par le Nouveau Cirque du Vietnam de Teh Dar à La Villette et Reflets dans un œil d’homme de la Compagnie Diable au corps au Montfort théâtre à Paris, le public pourra prendre la mesure de l’évolution d’un genre encore trop cantonné, dans l’esprit de beaucoup de gens, à la triade clowns-acrobates-dresseurs. Carte des spectacles, horaires et tarifs sur lanuitducirque.com.

15 novembre 2019

Window by night from Annas Workshops on Vimeo.

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