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Jours tranquilles à Paris
6 mai 2020

Donald Trump va dissoudre sa “task force” consacrée au coronavirus

trump antivirus

Donald Trump va dissoudre sa “task force” consacrée au coronavirus. Le président américain a fait cette annonce mardi, lors de la visite d’une usine de fabrication de masques en Arizona, après que son vice-président, Mike Pence, a déclaré un peu plus tôt que la Maison-Blanche pourrait confier fin mai la coordination de la lutte contre la crise sanitaire à des agences fédérales. “Alors que la bataille de sa réélection s’annonce rude pour le président américain, la Maison-Blanche semble chercher à mettre les questions relatives au bilan de la pandémie en arrière-plan, afin de mettre davantage l’accent sur ses efforts pour relancer la croissance et l’emploi”, analyse le New York Times. Une décision qui suscite de nombreuses interrogations, alors que le rythme de décès quotidiens est reparti à la hausse mardi, avec 2 333 morts supplémentaires en vingt-quatre heures.

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6 mai 2020

Je n'ai besoin de personne...

jaime55

6 mai 2020

Tensions - Entre la Chine et les États-Unis, une “guerre froide” sur fond de pandémie ?

chine etats unis

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

La détérioration des relations entre Washington et Pékin inquiète la presse et les experts en relations internationales. Alors que le gouvernement Trump cherche à “faire payer” à la Chine le prix de la pandémie, la légitimité du Parti communiste chinois est de plus en plus en remise en cause dans la capitale américaine.

Jusqu’où iront les tensions entre Pékin et Washington ? Ces derniers jours, Donald Trump a accusé la Chine “d’avoir dissimulé le coronavirus”, a suggéré que le gouvernement chinois “pourrait avoir laissé la maladie se propager” et a menacé “de faire payer à Pékin un prix ‘substantiel’ pour la pandémie”, observe USA Today.

Le quotidien américain note que les autorités chinoises ont du répondant : elles ont accusé le gouvernement Trump “d’ignorance délibérée, de mauvaise gestion de la crise et même de tentative de ‘chantage’”.

Pour USA Today, les échanges “quasi quotidiens” d’accusations entre les États-Unis et la Chine, “les deux plus grandes économies mondiales”, inquiètent les experts en relations internationales.

Ces derniers redoutent “qu’une nouvelle ‘guerre froide’ ne se prépare entre les deux superpuissances” en raison de la pandémie de Covid-19.

Faucons

Jusqu’à présent, “l’affinité et l’admiration” de Donald Trump pour le président chinois Xi Jinping “ont fait contrepoids aux faucons de son gouvernement”, souligne The Guardian. Mais selon le quotidien britannique, à l’approche de la présidentielle de novembre, alors que Trump doit défendre “sa réponse tardive et chaotique à la pandémie”, cette influence modératrice “semble devoir s’estomper”.

The Guardian relève ainsi que le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a sonné la charge contre Pékin dimanche 3 mai, en déclarant que la Chine “a l’habitude de contaminer le monde et de gérer des laboratoires de qualité inférieure”. Pompeo a même affirmé qu’il existait “d’énormes preuves” que le nouveau coronavirus provenait d’un laboratoire de Wuhan.

Pour le quotidien britannique, la tension croissante entre Washington et Pékin sur la responsabilité de la pandémie de coronavirus est en train de devenir “une bataille sur la légitimité du parti communiste chinois”. The Guardian cite l’expert Isaac Stone Fish, de l’Asia Society’s Center on US-China Relations :

Il y a une prise de conscience croissante à Washington que le parti communiste chinois ne sert pas les intérêts des États-Unis, qu’il ne sert pas les intérêts de beaucoup de gens en Chine, et il y a un débat croissant sur ce que les États-Unis devraient faire à ce sujet.”

À Pékin, l’analyse est presque la même : les dirigeants chinois voient dans la pandémie et dans la réponse des États-Unis à celle-ci “un défi direct à l’emprise du parti”. Un rapport interne a même averti que la Chine “devrait se préparer à une confrontation armée”, rapporte The Guardian.

Le quotidien britannique identifie deux sources d’affrontement potentiel entre les deux puissances nucléaires. L’une en mer de Chine méridionale, où la marine américaine effectue des patrouilles pour contester les revendications territoriales de la Chine, et l’autre à Taïwan : en pleine pandémie, la Chine est devenue “beaucoup plus agressive” en testant les défenses aériennes et maritimes de Taïwan. Mais “tant Washington que Pékin” ont pris soin de ne pas aller trop loin dans leurs velléités militaires.

Nouvelle guerre commerciale ?

Pour Foreign Policy, le gouvernement américain cherche encore le “véritable moyen de se venger de Pékin”. Plusieurs mesures ont déjà été explorées par Washington : l’éventail va du “défaut de paiement de la dette américaine envers la Chine” à la levée de l’immunité de la Chine “en cas de poursuites judiciaires”, en passant par une nouvelle législation qui obligerait les fournisseurs de certains biens essentiels “à déplacer leurs opérations hors de Chine”.

Mais, selon le magazine américain, le vrai risque est celui “d’une nouvelle guerre commerciale avec la Chine”, un scénario qui effraie des marchés mondiaux subissant déjà “les retombées économiques sans précédent de la pandémie”. Dimanche 3 mai, Donald Trump a déclaré “qu’il envisageait de rétablir les droits de douane, qu’il a qualifiés de ‘punition ultime’, et a menacé de se retirer de l’accord qui a mis fin à la guerre commerciale”, indique le magazine.

Pour “traverser la crise actuelle”, Pékin et Washington devraient pourtant collaborer “sur tout, du développement d’un vaccin à l’approvisionnement mondial en fournitures médicales”, a expliqué à USA Today Rachel Esplin Odell, spécialiste des relations sino-américaines. Mais d’après le quotidien, il y a peu de signes “que cela se produise de sitôt”.

Nicolas Coisplet

6 mai 2020

VOGUE

vogue judi

6 mai 2020

Libération - Covid-19 : le bâillon de culture

Par Didier Péron , Frédérique Roussel , Gilles Renault , Guillaume Tion , Julien Gester , Ève Beauvallet et Sandra Onana 

Librairies, théâtres et cinémas fermés, festivals annulés… Déjà sinistrés par le confinement, les milieux de l’art et du spectacle devraient pâtir après le 11 mai des règles de distanciation sociale. Ils guettent avec appréhension les annonces présidentielles de ce mercredi.

Le 6 mars tombait l’annonce de l’annulation pure et simple du Salon du livre 2020, un coup de semonce qui prévenait le monde de la culture encore insouciant de la violence de la tempête à venir. Onze jours plus tard, le confinement fermait par milliers salles de cinéma, théâtres, salles de concerts, musées, librairies, puis tombaient une à une les annonces d’annulation de festivals, plongeant le pays dans un spectaculaire black-out culturel. La crise est majeure et sans précédent par l’effarante synchronie des cessations d’activité et l’absence de perspectives à court et moyen terme qu’elle ouvre en même temps pour le monde du théâtre, de la danse, de l’art contemporain, du livre, de la musique… Déjà échaudé depuis des semaines par les non-réponses du ministère de la Culture sollicité sur la manière d’affronter la période et un Franck Riester évasif ou aphone, le milieu culturel a particulièrement mal vécu d’être tout simplement exclu des préoccupations d’Edouard Philippe dans son discours du 28 avril à l’Assemblée nationale. Celui-ci a ensuite tenté de se rattraper au Sénat, lundi, en évoquant la possibilité d’une réouverture des cinémas début juin.

Au désastre en marche qui accroît toutes les calamités et les effets de concentration ou de désinvestissement public qui avaient précédé la pandémie, quelles réponses ambitieuses ? Depuis plusieurs semaines, une multitude de voix s’élèvent pour réclamer une remise à plat des politiques en la matière, des investissements, voire un revenu minimum dont bénéficieraient indifféremment intermittents du spectacle et auteurs. Après un mois d’assourdissante atonie en la matière, Emmanuel Macron s’est laissé émouvoir par une tribune (parue jeudi dans le Monde), où une centaine de personnalités, parmi lesquelles quelques-unes des plus médiatiques et des moins mal loties, de Catherine Deneuve à Omar Sy, se faisaient les porte-voix du secteur - lequel, il faut le rappeler, par delà tout ce qu’il cultive de nourritures spirituelles, pèse autant dans l’économie française que l’industrie agroalimentaire. Alors que son ministre, Franck Riester, a beaucoup occupé l’espace ces dernières heures, à coups de tribunes et d’interviews, sans rien formuler de concret, et tandis que Jack Lang réclamait mardi dans le Monde un «New Deal» culturel, le Président doit annoncer ses «premières décisions» sur le sujet ce mercredi depuis l’Elysée, après une discussion «avec des artistes».

Or l’effondrement qui guette est si vaste et touche une telle variété d’acteurs dont les destinées semblent pourtant chaînées les unes aux autres, à des échelles économiques allant de la superproduction à l’artisanat local, que la réponse ne saurait être à la hauteur si elle se contente de prolonger les mesures de sparadraps et bouts de ficelle sans axe directeur des politiques culturelles depuis trente ans.

«Foire d’empoigne»

La rupture est là, béante. La crise a aussi ses bénéficiaires et ses effets d’aubaine, pour les tenants essentiellement américains de l’économie numérique (Netflix, Google, Amazon ou Disney) nous rivant aux écrans domestique. La culture «physique», celle qui requiert de sortir de chez soi, voit se dessiner des contraintes prophylactiques préconisées par un rapport de l’infectiologue François Bricaire (révélé par le JDD) remis vendredi à Emmanuel Macron. Deux sièges de séparation entre les spectateurs, port du masque obligatoire, ventilation de la salle, annulation des entractes pour les théâtres, distance minimale d’un mètre entre les acteurs. Et ce genre de phrases, lunaire : «En cas de rapprochements impératifs liés à des scènes de colère ou d’amour, les comédiens devraient se soumettre à des prises de température et à des tests sérologiques.» Ou encore des mesures de quarantaine pour les équipes de tournage avant le premier clap afin de s’assurer que tout le monde sur le plateau est safe ! Bon courage.

Depuis que les cinémas ont tiré le rideau, l’ensemble de la chaîne de production des films accuse des dommages et périls colossaux. En amont de la diffusion, les distributeurs ont investi pour des films reportés sine die, aux débouchés incertains. «Il va vite y avoir des victimes dans la distribution française, certifie Vincent Maraval, patron de la société de production et de distribution Wild Bunch, interrogé par Libération. Soit les distributeurs ne peuvent pas écouler leurs stocks de films faute de visibilité sur le marché de l’exploitation en salles, soit ils n’ont pas constitué de stocks et ne trouveront pas de quoi redémarrer. Il y a un effet domino qui entraîne toute la chaîne dans des difficultés presque insurmontables, sauf à envisager un chômage partiel sur deux ans.» Le refus persistant, en dépit des tractations en cours, des compagnies d’assurances de prendre en charge le risque épidémique sur les plateaux exclut actuellement toute hypothèse pérenne de reprise. Un fonds spécial abondé par l’Etat est douloureusement attendu par les producteurs, notamment les indépendants, dont le pronostic vital est engagé à mesure qu’ils creusent dans leur trésorerie en raison d’un calendrier de projets en tournage ou en postproduction à l’arrêt. L’horizon d’un redémarrage cahin-caha au 2 juin sera évalué à la fin du mois. Mais quels films pour essuyer les plâtres d’une reprise contrainte par la division des jauges des salles (mesures barrières obligent) et du nombre de séances, en sus d’un appétit incertain du public ? «Quand les salles rouvriront, ce sera la foire d’empoigne, pronostique Thomas Ordonneau, de la société de distribution Shellac. Chacun devra rattraper son chiffre d’affaires et la loi du marché régnera.» Au cœur d’un embouteillage de sorties, les grosses locomotives risquent de s’arroger la part du lion sur les écrans. Les contre-chocs du marasme annoncé - des hémorragies budgétaires, du chômage prolongé en masse, des annulations de contrats et faillites probables - sont vertigineux, et augurent un bouleversement du paysage à long terme.

Coma

Tout aussi gelé depuis début mars dans l’élan qui devait les conduire vers un été toujours riche en créations et premières entre Avignon, Montpellier, Marseille, Aix, le spectacle vivant compte ses pertes et boit la tasse. Tous ces festivals ont bien sûr fini par lâcher la rampe. Début avril, lors de sa présentation en plein déni du 74e Festival d’Avignon, Olivier Py n’a pas manqué de rappeler l’impact économique d’un événement représentant pour la ville et sa région 100 millions d’euros de retombées. Le directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, ne voyant pas comment accorder la Tétralogie de Wagner avec les impératifs de distanciation physique, à moins de chanter dans son coude, envisage de fermer trois mois l’Opéra Bastille à la rentrée pour ne reprendre qu’en janvier. Avec la lourdeur de ses charges fixes (le lieu perd beaucoup à l’arrêt), ce sont 40 millions d’euros de pertes, cumulées à celles enregistrées pendant les grèves de décembre, soit un cinquième du budget global annuel de l’institution. Quant au secteur privé, maintenir des représentations avec 20 % de la jauge de salle remplie revient soit à faire flamber le prix du billet, soit à couler la quasi-totalité des entreprises. Selon le Centre national de la musique, la perte en billetterie de la filière spectacle atteindra les 500 millions d’euros à la fin mai. «Le spectacle vivant est en danger absolu», observait mi-mars le Prodiss, syndicat des professionnels du secteur, estimant à 590 millions d’euros la perte en chiffre d’affaires, en imaginant un scénario catastrophe arrivant à échéance le… 31 mai. Pour l’heure, il s’agit donc d’un coma, avec plusieurs fonctions vitales touchées. Plus ou moins gravement selon qu’on est une salle subventionnée à 70 % comme la Comédie-Française ou le Théâtre national de Strasbourg, une salle mixte (50 % de subventions, 50 % de ressources propres) comme la Philharmonie de Paris, ou un théâtre subventionné à moins de 30 %.

Même s’ils seront peut-être les premiers à pouvoir rouvrir avec des systèmes prudents de flux de visiteurs (l’Institut Giacometti à Paris annonce une réouverture le 15 mai), les musées souffrent eux aussi des dix plaies d’Egypte. Le confinement a creusé un trou abyssal dans les revenus de leur billetterie (sans parler de ceux des boutiques et cafés), ils doivent reporter des expositions en chaîne - et en annuler d’autres, préparées pendant des années -, voire renvoyer des œuvres chèrement convoyées à leurs prêteurs sans qu’elles aient été vues, avec zéro visibilité pour la suite. Annuler les expos prévues ? Les reporter jusqu’à créer un embouteillage ? Et comment faire s’ils ne peuvent compter sur les prêts internationaux pour encore de longs mois ? Au centre Pompidou, les pertes de la billetterie sont estimées entre 1,2 et 1,5 million d’euros par mois (sans compter les manques à gagner pour ce qui est du mécénat, de la location d’espaces, des ventes de produits dérivés, etc.).

Soutien trébuchant

Pour sa part, toute la chaîne du livre est elle aussi à l’arrêt, soit 50 000 personnes, depuis la fermeture des librairies. «Le cœur du réacteur, ce sont elles, on bouffe tous grâce à elles», dit un éditeur. Conséquence immédiate : une perte de chiffre d’affaires, qu’Antoine Gallimard estimait le 16 avril sur France Info, de 90 % pour son groupe Madrigall pendant le confinement, et de 30 % sur l’année 2020. Des mesures de chômage partiel ont été mises en place à tous les maillons, comme chez Actes Sud ou Editis. Et le secteur n’a pas attendu pour demander du soutien trébuchant : l’Etat va débloquer 5 millions d’euros : très en deçà de ce que le secteur du livre réclame pour freiner le désastre. Il y a aussi la mise en place d’un fonds d’aides, des reports de charges, des délais de paiement, de prêts garantis par l’Etat… La baisse du chiffre d’affaires des libraires serait de l’ordre de 20 % à 30 % sur l’année. Si toute la profession réclame la réouverture le 11 mai, pour ne pas étouffer les étals, en sommeil depuis deux mois, des sorties ont été supprimées ou reportées, au moins à l’automne (Gallimard prévoit ainsi une coupe de 40 % de sa production et de nombreux ajournements). «Il y aura moins de titres. Et aussi certainement moins d’éditeurs», a pronostiqué Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition dans un entretien à Livres Hebdo. On risque de voir débouler dans la rentrée littéraire une majorité d’apprentis best-sellers et d’auteurs à succès lancés pour rattraper le manque à gagner. «Tout le monde cherche un livre qui va lui sauver son année», dit un éditeur.

On le voit, l’attente et l’angoisse sont énormes. Les décisions qui se font attendre ne sauraient consister seulement en une perfusion ponctuelle destinée à reconstituer les déséquilibres déjà à l’œuvre avant la catastrophe. A l’aune de ce qu’il reste de l’hypothèse d’une exception culturelle française, et par delà les logiques industrielles auxquelles on résume trop volontiers la portée de la création, tout un secteur attend aujourd’hui de l’Etat qu’il rende les arts et la culture à leur ambition et vocation première de trésor commun et de service public.

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6 mai 2020

Toilet Paper

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6 mai 2020

Covid-19 : la crise n’amuse pas les galeries

Par Elisabeth Franck-Dumas

Selon le Comité professionnel des galeries d’art, un tiers des galeries françaises pourraient fermer.

Très mondialisé, le marché de l’art contemporain dépend largement des foires internationales. Le Covid-19 pourrait bien changer la donne.

Le 8 avril, le communiqué est tombé dans les boîtes mails avec un léger «ping», mais son écho fut retentissant dans le monde de l’art. Un tiers des galeries françaises fermeraient boutique avant la fin de l’année… Un tiers ! Avec des conséquences qu’on s’imagine désastreuses pour les artistes, les encadreurs, les régisseurs, les auteurs, les commissaires… Le communiqué était signé du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) qui, après étude réalisée auprès de ses 279 adhérents, a tiré la sonnette d’alarme et réclamé un plan de relance fort. Les pouvoirs publics ont été plus ou moins réactifs, mais dans le secteur, la nouvelle s’est propagée à grande vitesse. «On m’a appelé de partout pour m’en parler, raconte le galeriste autrichien Thaddaeus Ropac, l’un des grands du marché, implanté à Paris, Londres et Salzbourg. Tout le monde voulait savoir ce qui se passait à Paris. Le chiffre était très choquant.» Gageons pourtant que ce genre de statistique effrayante ne concernera pas uniquement les galeries parisiennes, et que l’onde de choc se répand de New York à Pékin. Portes closes des semaines durant, annulation de foires en pagaille, désaffection possible de collectionneurs…

Si l’exactitude du chiffre reste à prouver dans le temps, sept semaines après le début du confinement la crise sanitaire a déjà révélé deux faiblesses que recouvraient les chiffres records des ventes aux enchères défrayant depuis des années la chronique : l’essentielle fragilité d’un milieu essentiellement composé de petites entreprises employant moins de cinq salariés (où plus de la moitié des galeristes déclarent un chiffre d’affaires mensuel inférieur à 41 600 euros) et leur dépendance grandissante aux foires, qui se sont multipliées à une vitesse folle depuis une dizaine d’années, grevant leur budget (et leur bilan carbone…) dans un rapport de force pas tout à fait équitable, que certains espèrent désormais pouvoir inverser.

Changer de paradigme ?

«La crise a révélé une fragilité dont beaucoup de gens n’avaient pas idée, estime Stéphane Corréard, fondateur de la foire Galeristes et associé de Loeve & Co à Paris. C’est une des particularités du milieu : personne ne veut se désigner comme petit ou fragile, contrairement par exemple au milieu du cinéma, où ce n’est pas un motif de honte. Et les petits n’ont pas su se faire reconnaître par l’Etat, ou bénéficier d’un système d’aide type "exception culturelle". Alors que sans eux, pas d’émergence, pas de diversité, pas de scène locale.»

L’on aurait pu croire, pourtant, que la mondialisation du marché, et la possibilité de vendre d’un clic en ligne, de Santiago à Tokyo, auraient profité à tous. Mais ce sont les maisons de vente qui ont été les premières à voir leur public exploser via le Net, grâce à des sites comme Artprice, qui recensent les ventes se tenant dans le monde entier. Pour les galeries, c’est plus compliqué. «Quand on ne représente pas les artistes aux quatre coins de la planète, les ventes en ligne ne se font pas, explique Isabelle Alfonsi, de la galerie parisienne Marcelle Alix. Il faut que les collectionneurs aient eu l’expérience du travail de l’artiste pour décider de mettre 25 000 euros dans une œuvre qu’ils n’ont jamais vue.»

Accéder, pour les galeries, à un marché planétaire, passe donc d’abord par les foires, rendant ces grands-messes incontournables. «Elles pèsent entre 35 % et 45 % de mon chiffre d’affaires annuel, estime la galeriste Nathalie Obadia, et je pense être dans la moyenne.»

Est-il réaliste, voire souhaitable, de changer de paradigme ? C’est le bruit de fond lancinant du moment - cette crise signerait la mort des foires, le retour à un marché plus local. «Le système des foires d’art est-il encore acceptable ?» s’est ainsi demandé notre confrère Philippe Dagen dans une chronique publiée dans le Monde, le 10 avril, qui a trouvé de nombreux échos et répliques sur les réseaux, la fair fatigue (lassitude des foires) hantant le milieu depuis quelques années. Thaddaeus Ropac temporise : «J’ai toujours dit qu’il fallait s’assurer que notre présence dans les foires - on en fait 12 ou 13 par an - ne nous conduise pas à diminuer le travail qui ne peut avoir lieu qu’en galerie. Pour autant, nous n’abandonnerons pas les foires, qui sont un réservoir d’information irremplaçable.»

La crise sanitaire tranchera peut-être la question : la foire de Bâle a déjà été reportée de juin à septembre, le PAD Paris de mai à octobre, à quelques jours de la Frieze de Londres et de la Fiac à Paris. Mais se tiendront-elles, et avec qui ? Entre les possibles interdictions de voyager ou d’organiser de larges rassemblements et les réticences d’ordre psychologique, il est possible qu’il faille compter sans elles. Sur CNN, la galeriste new-yorkaise Dominique Lévy a pronostiqué que les collectionneurs reviendront lorsqu’un vaccin aura été trouvé.

Plutôt que l’éradication complète et permanente des foires, à laquelle personne ne semble croire, l’arrêt temporaire appelle à un changement d’échelle et de rapport de force. Nathalie Obadia estime que les méga foires seront amenées à être moins vastes et encore plus sélectives, et que les foires de niches, locales, se développeront.

«On attend que les organisateurs fassent un réel effort sur le prix de la location des stands et les conditions d’annulation, espère aussi Isabelle Alfonsi. Les foires ont eu énormément de pouvoir sur les galeries depuis dix ou quinze ans, il faut qu’elles réalisent que nous sommes les clients. Et en l’absence des grandes galeries américaines et des acheteurs sud-américains, il va falloir qu’elles traitent mieux leur cercle géographique le plus proche.»

Initiatives privées

Le retour au local : voilà l’autre petite musique du moment. Que ce soit par nécessité impérieuse (impossible de faire venir des œuvres de l’étranger), par militantisme (défense de la scène française) ou opportunisme, se dessine un paysage reconfiguré autour d’un maillage régional. Ainsi le CPGA, dans ses mesures d’urgence, a-t-il demandé que les acquisitions de l’Etat privilégient «les galeries françaises quand un·e artiste est parallèlement représenté·e à l’étranger» et que le «soutien des collectionneur·euse·s et de leurs associations» se fasse «au profit des galeries françaises». «Nous avons travaillé vers les Frac pour nous assurer humblement que chacun faisait son travail, ne reportait pas les commissions et achetait bien à des galeries françaises des œuvres d’artistes français», détaille Florence Bonnefous, de la galerie Air de Paris, qui fait partie du conseil du CPGA. «C’est à nous de pousser les musées à faire des expos avec des artistes de la scène française, renchérit Nathalie Obadia. Ils passaient un peu au second plan avant, car on privilégiait des artistes vedettes de la scène internationale.» «Elle est sympathique, l’idée du local, modère Isabelle Alfonsi. Mais comme tout est géré par l’Etat centralisé, c’est compliqué. Il y a un manque d’annonce criant de la mairie de Paris, alors que 88 % des adhérents du CPGA se trouvent en région parisienne.»

Dans l’intérim, différentes initiatives privées se multiplient pour tenter de faire corps. Ainsi «Restons unis», initiée par Emmanuel Perrotin, qui va ouvrir les portes de sa très médiatique galerie, du 23 mai au 14 août, à 26 galeries parisiennes qui, pour la plupart, n’ont pas sa force de frappe commerciale. Au mois de septembre, ce sera au tour de Thaddaeus Ropac d’accueillir pro bono 60 artistes et leurs galeries, sélectionnés par Jeune Création, dans son espace à Pantin. Et avant cela, le week-end des galeries, du 2 au 4 juillet, sera, espèrent les professionnels, une occasion de faire des ventes. «Les gens n’auront rien dépensé pendant des mois, escompte Nathalie Obadia. Je pense qu’il y aura un appétit, et que les collectionneurs seront là.»

6 mai 2020

Jane Birkin

jane b

jane

6 mai 2020

Déconfinement : Emmanuel Macron bloque la date

Par Lilian Alemagna 

macron ecole

Emmanuel Macron en visite dans une école primaire de Poissy, dans les Yvelines, mardi. (Photo Ian Langsdon. AP)

En opération com dans une école mardi, le chef de l’Etat s’est attaché à effacer les doutes semés par ses ministres sur la levée du confinement le 11 mai.

Le 11 mai, c’est le 11 mai. En deux interventions médiatiques en moins de vingt-quatre heures, Emmanuel Macron a verrouillé sa date. Alors que depuis plusieurs jours, Edouard Philippe et ses principaux ministres (Olivier Véran à la Santé, notamment) martèlent qu’il faudra que les «conditions soient réunies» pour que le déconfinement démarre bien lundi, comme Macron l’a envisagé dans son allocution du 13 avril, voilà que le chef de l’Etat ne prend, lui, aucune précaution oratoire ou politique. «A partir du 11, une nouvelle étape va commencer», a-t-il ainsi lancé mardi, en direct sur TF1 depuis une salle de classe de Poissy (Yvelines) où il était en visite pour tenter de rassurer sur les conditions d’ouverture des écoles, qui inquiètent parents et enseignants.

La veille, depuis l’Elysée, à l’issue d’une visioconférence des donateurs en faveur de l’«initiative mondiale sur les diagnostics, les traitements et les vaccins», il avait été tout aussi clair : «Ce qui va commencer à partir du 11 mai», c’est «la première étape de vie avec le virus après le confinement». Et jeudi, contrairement à ce qu’avait annoncé le Premier ministre la semaine dernière devant les députés, l’exécutif ne dira pas «si» le début du confinement débute le 11 mai mais «comment» il se fera. «Nous annoncerons les derniers détails jeudi», a précisé Macron lundi. Et mardi : «Je tiendrai un Conseil de défense et à son issue toutes les décisions vous seront données.»

«Nation libre».

Voilà donc Matignon et la Santé empêchés d’enclencher la marche arrière. Dans le Parisien, Véran avait pourtant rappelé que «si le nombre de nouveaux malades devait être trop élevé» durant les prochains jours, «la date de levée du confinement pourrait être remise en question». Le Premier ministre avait, lui, souligné, il y a une semaine à l’Assemblée nationale, que la «stratégie de déconfinement» de son gouvernement était fondée sur «une hypothèse de 3 000 cas nouveaux par jour» d’ici au 11 mai et avait évoqué des «modélisations moins favorables» si les Français respectaient moins le confinement. «Nous avons un élément objectif qui montre que le taux de contagiosité a très légèrement remonté, avait même lâché Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, dimanche. Cela montre qu’il y a eu plus de sorties.» Le chef de l’Etat vient donc de rappeler la direction à ses ministres : lundi, c’est le début de la sortie.

Mais s’il a confirmé l’échéance du déconfinement, Emmanuel Macron a circonscrit cette «première étape» dans le temps. Parce que «la glace est fine», a-t-il répété lors de ces deux déclarations publiques, l’exécutif se donne «trois semaines» pour voir si la réouverture «progressive» des écoles, des commerces et le redémarrage de l’activité économique permettent de contenir la propagation du virus. «On va surveiller chaque jour l’évolution de l’épidémie», a-t-il insisté mardi, rappelant qu’il ne s’agira pas pour les Français d’un «retour à la normale».

«On doit essayer de continuer à maîtriser l’épidémie en ayant la vie d’une nation libre», a poursuivi Emmanuel Macron. Utiliserait-il le mot d’«écroulement» pour qualifier le risque de laisser l’économie française à l’arrêt ? «Non, je n’ai pas ces grands mots.» Son Premier ministre, avec qui les relations sont plutôt fraîches depuis le début de la crise, appréciera… «Je mesure avec vous le choc massif économique. […] Nous ne sommes qu’au début de la crise économique et sociale», a-t-il cependant prévenu.

«Bulletin».

Venu à Poissy pour une séquence de com (avec masque noir en tissu et étiquette tricolore sur le visage qu’il n’a pu s’empêcher de toucher sans se laver les mains au préalable) dans une école afin de tenter de rassurer maires et enseignants sur la réouverture «progressive» des classes, le Président a assuré que son «objectif» n’était pas de savoir «combien d’écoles» ouvriraient, mais de faire en sorte «que tous les enfants qui ont besoin de revenir à l’école», notamment parce qu’ils sont en situation de «décrochage», «puissent trouver une école ouverte avec un temps aménagé». «Je veux plutôt une bonne rentrée qu’une rentrée en nombre», a-t-il insisté, dans un registre qui aurait dû être celui de son ministre de l’Education.

Les craintes de certains maires, dont plusieurs ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne pourraient pas rouvrir les écoles le 11 mai ? «Je comprends leur angoisse, je comprends leurs questions, leurs inquiétudes, a répondu Macron. Ils veulent bien faire, donc il faut leur laisser le temps de bien faire.» Celles des enseignants et des directeurs d’école ? «Il y aura une autre organisation. […] Les classes seront plus petites, a rappelé le chef de l’Etat. Ça se fera dans le dialogue, calmement, car nul ne sait combien de temps on aura à vivre avec le virus.»

Et ainsi de préciser que l’été, «à cause du virus», serait «un peu particulier». Sans vouloir «faire le bulletin» (tout en le faisant un peu quand même), le Président a affirmé qu’il était «trop tôt» pour dire si les Français pourraient se déplacer librement pour partir en vacances. «On le saura début juin. C’est là qu’il faudra dire les choses», a-t-il simplement décrété, tout en annonçant par avance la limitation de «grands déplacements internationaux». «On restera, je dirais, entre Européens», a pronostiqué Macron, sans exclure de «réduire un peu plus» en fonction de l’état de l’épidémie.

macron masqué

6 mai 2020

Fanny Müller

fanny87

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