François Bayrou ne veut plus être un "strapontin"
PARIS (AP) - Après Nicolas Sarkozy, Ségolène
Royal ou Jean-Marie Le Pen, c'était au tour lundi de François Bayrou de passer
son grand oral sur TF1. Pendant près d'une heure et demie, le candidat UDF a
défendu sa ligne de "rassemblement" droite-gauche et affirmé sa
volonté de ne plus être un "strapontin".
Invité de l'émission "J'ai une question à
vous poser", François Bayrou a réaffirmé sa volonté de "faire
travailler ensemble des gens qui viennent de camps différents".
"Il aurait été extrêmement confortable pour
moi d'accepter les postes ministériels, très valorisants qu'on m'a proposé,
d'accepter de revenir dans cette vieille alliance" avec l'UMP, "de me
retrouver dans la situation habituelle de strapontin", a-t-il souligné.
"Il y a des vocations pour les strapontins. Moi je ne l'ai pas".
"Je pense même qu'ils m'auraient fait des
ponts d'or pour être avec eux" et "je pense qu'en ce moment ils
seraient assez prêts à consentir des sacrifices immenses...", a-t-il
ironisé. Mais "je n'y crois plus".
Le candidat UDF a confirmé qu'il pourrait faire
appel, s'il était élu, à un Premier ministre de gauche, ajoutant avoir
"peut-être une petite idée" sur son identité, sans donner plus de
précisions. Il a juste rendu hommage à Jacques Delors, dont "l'âge n'a pas
atteint la capacité politique".
"Je n'ai pas l'intention (...) de ramasser
le pouvoir et de le garder pour moi et mes amis", a-t-il assuré. "Je
n'ai pas l'intention, le jour où ce rassemblement sera fait, de maintenir les
gens d'un bord et de l'autre dans des situations de strapontin". Ils auraient
"des responsabilités importantes".
Interrogé sur la majorité avec laquelle il
gouvernerait au moment des législatives, M. Bayrou a prévenu qu'il n'avait
"pas vraiment l'intention de négocier". "Faites aux Français le
crédit de penser que s'ils donnent mandat à un président de la République de
changer les choses, ils lui donneront aussi la majorité qui va avec".
Pour les législatives, "je ne fermerais pas
la porte à ceux qui voudraient soutenir le gouvernement, venus de la droite ou
venus de la gauche". Mais ce gouvernement, "ce n'est pas: 'venez
braves gens et c'est l'auberge espagnole'". Il faut être "d'accord
avant sur les grandes mesures qu'on va prendre", a-t-il prévenu.
"C'est la clé pour rentrer, sinon ce serait le désordre".
Attaqué sur ce thème par Nicolas Sarkozy,
François Bayrou a ajouté que cela ne signifiait pas un retour au "jeu des
partis" de la IVe République. Le président de la République étant
désormais élu au suffrage universel, il a "les moyens d'imposer une situation
politique nouvelle, et c'est cela que je ferai".
D'ailleurs, les candidats Nicolas Sarkozy (UMP)
et Ségolène Royal (Pari socialiste), "ils sont à combien? 25%"
d'intentions de vote. "Vous croyez qu'on réforme un pays, qu'on conduit un
pays avec 25% des voix?". Revenant sur la lutte contre la dette, il a
fustigé ses deux adversaires: "arrêtez les promesses dont nous n'avons pas
le premier sous!". Le chiffrage de leur projet? "Mon oeil!",
a-t-il lancé. "Arrêtez! Les campagnes électorales ne se gagnent plus avec
des promesses (...) Les baguettes magiques, ça ne marche plus!".
Lors de l'émission, François Bayrou a promis
qu'il "commencera(it) par baisser le train de vie de l'Elysée de 20%"
et ce "dès la première année". Il a également critiqué "les
rapports entre la direction d'Airbus et l'Etat", affirmant qu'il y a
"un certain nombre de décisions qui n'ont pas été prises, alors qu'elles
auraient dû être prises".
L'ancien ministre de l'Education a été
longuement interrogé sur ce thème. Il a promis de "lui garantir les moyens,
au lieu de faire la chasse aux postes", tout en défendant des syndicats
d'enseignants qui sont "une chance" selon lui. Mais il veut aussi
donner des "objectifs" à l'Education nationale "pour améliorer
nettement les performances du système". Par exemple: "comment on
arrive à zéro illettrisme".
Le candidat UDF s'est prononcé contre la
discrimination positive -"ça ne marchera pas en France"- et pour une
régularisation "au cas par cas" des sans-papiers. AP