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Jours tranquilles à Paris
6 octobre 2012

« Fifty Shades of Grey »

Fifty_Shades_of_Grey_Men_06165_1217L’été fut hot. Sur les plages du monde entier, ce n’est pas le sable mais les pages d’un roman sado-masochiste qui nous ont brûlé les doigts. Quarante millions de lecteurs anglo-saxons ont lu l’histoire porno-amoureuse de la jeune ­Anastasia Steele et du dangereux Christian Grey. En Allemagne, 1,3 million d’exemplaires ont été vendus ; 1,7 million en Italie. A Hollywood, les droits d’adaptation ont été achetés par les studios Universal pour 5 millions de dollars, et la maison de disques EMI prévoit la sortie d’une compilation des morceaux écoutés par les deux héros. En France, Jean-Claude Lattès a emporté aux enchères les droits de publication pour 200 000 euros. « Je ne peux pas vous le confirmer, déclare Isabelle Laffont, patronne de JC Lattès. Ce n’est pas tout à fait ce chiffre. C’était important mais pas déraisonné. » Le 17 octobre, 320 000 volumes de « Cinquante nuances de Grey » seront envoyés dans les librairies, la mise en place la plus grosse de 2012 pour Lattès.

Isabelle Laffont découvre, il y a un an, sur Internet, l’objet de ce désir littéraire. « J’ai trouvé les scènes érotiques bien foutues et les personnages sympathiques. » Erika Leonard, Londonienne de 49 ans, productrice d’émissions de télé, a édité elle-même, en ligne, son roman. Fan de « Twilight », cette mère de famille écrit d’abord sur un site Web une histoire hypersensuelle inspirée de la saga de Stephenie Meyer. Le bouche-à-oreille dépasse le cercle des aficionados et la pousse à réécrire son texte. Exit les personnages de vampires. E.L. James crée ­Anastasia, une étudiante de Seattle, timide mais prête à tout pour satisfaire les envies de Christian, milliardaire sexy aux ­tendances SM.

La recette du succès : romantisme, érotisme, suspense

Les « housewives » s’identifient et le lisent sur tablette en toute discrétion. « Ce que j’ai mis dans ce livre, ce sont mes fantasmes », a expliqué l’auteure. Sur trois tomes, Anastasia se fait menotter, ligoter, cravacher ; elle prend son pied, mais surtout elle tombe amoureuse. Christian veut lui faire mal, il l’enferme dans une salle de torture, contrôle ses déplacements, son hygiène, son alimentation, couvre la jeune fille de cadeaux et la rend accro. Début 2011, les éditions Vintage Books offrent à E.L. James un contrat dont la somme – à sept chiffres – reste inconnue. En Amérique, le roman culmine vingt semaines au sommet des ventes, un record. « Trois ingrédients expliquent ce succès, détaille Isabelle Laffont. L’érotisme, le romantisme et le ­suspense. » Une réussite touche-à-tout.

Ces derniers mois, les ventes d’accessoires de bondage auraient augmenté de 300 %. Une ligne de lingerie Fifty Shades devrait voir le jour et, à Seattle, un hôtel propose le forfait « 50 Shades ». Sur les réseaux sociaux, les starlettes ont (enfin) parlé littérature. « Je le lis ou pas ? » s’interrogeait la bimbo Kim Kardashian le 14 juin sur Twitter. Comme Eva Longoria ou Charlize Theron, l’écrivain Bret Easton Ellis, candidat à la réalisation du film, multiplie les tweets : « Pourquoi suis-je fasciné par “Fifty Shades of Grey” ? Bien sûr, le sexe. Mais aussi parce qu’il y est question de contrôle. » Pourtant, ce porno pour mamans, plus proche d’un épisode de « Sex and the City » que d’un chapitre de « La philosophie dans le boudoir », en décevra certains. Un espoir : sort au même moment « Une place à prendre », le roman pour adultes de J.K. Rowling, créatrice de Harry Potter. Le sorcier sera-t-il nu ?

« Cinquante nuances de Grey », de E.L. James, éd. JC Lattès, 551 pages, 17 euros, en librairie le 17 octobre.

Voir mes billets du 21 juillet et 08 août

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