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Jours tranquilles à Paris
5 février 2014

A propos de NYMPHOMANIAC

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Lars von Trier aime bien tendre des verges pour se faire battre. Voilà un film, Nymph()maniac, partagé en deux parties, volume 1 et volume 2, contre la volonté originelle du cinéaste, remonté sans sa participation mais avec son approbation; un truc de producteur pour proposer une version soft du parcours d'une nymphomane, quand Lars von Trier clame que son oeuvre à lui devrait se voir en une seule fois et nourrie de scènes de sexe explicites. Ce gloubi-boulga est énervant. Pourrait-on détester les romans de Proust sans certaines de ses virgules ou aimer ceux de Marc Levy sans ses descriptions de machines à café ? Je me faisais donc à l'idée de voir ces deux parties-là, puis la version longue labellisée von Trier. Finalement, non. Je crois avoir compris, et ce ne sont pas quelques érections ou narines supplémentaires qui transformeront le plomb en or.

Soit donc Joe, en convalescence après avoir été battue, racontant à un vieux juif érudit qui se dit vierge, sa vie de nymphomane aimant autant le sexe que la fessée, même si rien n'est facile à vivre en ce bas monde. Et voilà Lars von Trier égrenant ces concepts à la louche : le plaisir physique comme métaphore du plaisir intellectuel (et réciproquement), le corps comme creuset de l'âme, l'humanité accusée d'hypocrisie, la religion source de frustration et de pulsion, finalement responsable de tous les maux sans qu'elle y mette les mots (cette pirouette finement lettrée ne fonctionnant pas en danois, Lars von Trier n'en est pas responsable, mais le sens y est).

Metteur en scène brillant, formaliste inventif, Lars von Trier appuie là où ça ne fait rien. Ni bien ni mal. Son discours ne s'échappe jamais, reste ce qu'il est, petit a, petit b, petit c, et commente les images dans un exercice de redondance très vite vain. Pas d'émotion, comme dans Breaking the Waves ou Dancer in the Dark, pas d'excitation intellectuelle comme dans Dogville ou Manderlay, pas même d'énervement comme dans Antichrist. Pas de quoi fouetter un chat. Ni autre chose. Article de Eric Libiot (L’Express)

Nymph()maniac. Volume 2,de Lars von Trier.2h30.

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