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Jours tranquilles à Paris
30 avril 2015

Chirac prêt à aider Juppé pour battre Sarkozy ? L'ex-Premier ministre en aurait bien besoin

"S'il faut venir coller des enveloppes, je viendrai". Selon "Marianne", Jacques Chirac se dit prêt à s'investir dans la campagne d'Alain Juppé. Pourtant affaibli, l'ex-président de la République espère voir son ancien Premier ministre barrer la route à Nicolas Sarkozy. Une détermination dont Alain Juppé ferait bien de s'inspirer, explique Thierry de Cabarrus.

À en croire les sondages (ici et là), Alain Juppé serait bien, parmi les candidats de l’opposition, "le meilleur d’entre eux" pour une majorité de Français de la droite et du centre. Pourtant, c’est à l’évidence insuffisant pour lui assurer la victoire à la primaire de 2016, face à Nicolas Sarkozy. Et pas seulement parce que le nouveau président de l’UMP pourrait tripatouiller les élections internes en limitant le nombre des votants aux militants les plus inconditionnels, ce qui condamnerait son rival à faire de la figuration.

"S’il faut venir coller des enveloppes, je viendrai !"

En fait, un doute persiste quant à la volonté d’Alain Juppé d’aller chercher la victoire, avec les dents s’il le faut. Et cette fois, c’est l’homme qui le connaît le mieux pour l’avoir côtoyé quand ce dernier était son Premier ministre qui le laisse entendre : Jacques Chirac en personne. Selon le magazine "Marianne", Jacques Chirac, en effet, n’hésite pas à clamer sur tous les toits qu’il soutiendra le maire de Bordeaux dans son duel contre Nicolas Sarkozy qu’il exècre, au grand dam de son épouse Bernadette qui a fait de l'ex-président son poulain pour 2017. Ainsi, a-t-il proposé voici quelques semaines à Hervé Gaymard, qui lui rendait visite, de venir au QG d’Alain Juppé pour le soutenir physiquement, par sa présence, et ce, malgré son grand état de fatigue. À l’ancien ministre UMP en charge du projet du maire de Bordeaux pour la présidentielle, il a expliqué :

"S’il faut venir coller des enveloppes, je viendrai !"

Une petite phrase qui rappelle les mots sympas que Jacques Chirac avait prononcés dans "Le Figaro", en octobre 2014 : "J'ai toujours su qu’Alain Juppé serait au rendez-vous de son destin et de celui de la France. Peu de choses pouvaient me faire plus plaisir, pour moi-même, pour lui et surtout pour notre pays (...) Si j'en avais l'énergie, j'aurais déjà réservé ma place, même une petite, à son QG."

La primaire, un prolongement du match Chirac/Balladur

On le voit, Alain Juppé peut compter sur le soutien indéfectible de Jacques Chirac qui, c’est évident, aimerait encore en découdre avec Nicolas Sarkozy, par l’intermédiaire de son ami et ex-Premier ministre. Est-ce une manière de rejouer le match de 1995, comme l’explique Le Lab, qui voit ici renaître l’affrontement Chirac/Balladur par Premiers ministres interposés ? Peut-être, car si Alain Juppé est un proche de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy avait soutenu cette année-là le candidat Edouard Balladur dont il était le porte-parole. Or, tous ceux qui connaissent le vieux président savent qu’il doit se réjouir à l’idée de participer, d’aussi près que possible, à ce remake de la bagarre qu’il avait remportée voici exactement 20 ans. Mais la victoire est encore loin d'être acquise, et Jacques Chirac ne s’est pas contenté de soutenir le maire de Bordeaux et de lui proposer son aide concrète. Il a aussi émis un doute quant au désir de celui-ci de se battre jusqu’à la victoire face au fauve Nicolas Sarkozy qui, lui, sans aucun doute, ne renoncera pas : "J’espère qu’il ira jusqu’au bout", a-t-il ajouté, comme s’il n’était pas entièrement convaincu par la volonté de son ancien Premier ministre et par son insatiable appétit de conquérir le pouvoir suprême.

Jusqu'où est prêt à aller Alain Juppé ?

On aurait envie de balayer cette interrogation d’un revers de main, sauf qu’à l’évidence, Jacques Chirac a mis le doigt sur une interrogation bien réelle. Une interrogation à laquelle Nicolas Sarkozy et son entourage répondent par avance en affirmant partout que le match de la primaire serait "déjà plié". Alain Juppé est-il en mesure d’affronter tous les obstacles qui s’accumulent sur sa route ("balladurisation", c’est-à-dire baisse de combativité en raison de sondages euphoriques, panne sèche faute d’argent, marginalisation, procès en centrisme, etc.), tous ces écueils que le politologue Thomas Guénolé résume dans "Le Figaro", dans un texte intitulé "Les dix dangers qui menacent" le candidat à la primaire ? A-t-il suffisamment faim de pouvoir pour demeurer "droit dans ses bottes", ou finira-t-il par hésiter, patiner et finalement renoncer, entraînant ainsi chez les sympathisants de la droite et du centre une déception qui rappellerait alors les procrastinations exaspérantes de Martine Aubry ? Le 18 avril dernier, ce même Hervé Gaymard, qui a recueilli les confidences de Jacques Chirac, s’était cru obligé de répondre aux rumeurs de "trou d’air" dans la campagne de son champion, rumeurs alimentées par le camp Sarkozy. Il avait alors évoqué "la sérénité tenace" du maire de Bordeaux : "Il n’y a jamais eu de match plié avant d’avoir été joué. Alain Juppé n’est pas hâbleur. Il est sur le terrain à la rencontre des Français. Quant à la petite musique distillée ces dernières semaines – celle qui décrit Juppé dans un "faux plat" ou un "trou d’air" – nous constatons qu’il n’en est rien. Sur le terrain, il y a toujours autant d’engouement dans ses réunions publiques, autant de gens qui nous rejoignent au sein d’'Agis pour la France'. Nous ne sommes pas inquiets. Nous sommes résolus, actifs et déterminés."

Une détermination incertaine

Résolu, actif, déterminé ? Reste à savoir si les alliés d’Alain Juppé sont convaincus de cet état d’esprit. François Bayrou, sans en avoir l’air, semble prendre au fil de ses interviews dans les médias quelques distances avec le maire de Bordeaux. Au point qu’il n’exclut pas d’aller lui-même à la présidentielle pour barrer la route à Nicolas Sarkozy, dans le cas où son plan A (soutenir Juppé) ne marcherait pas. Jacques Chirac, lui aussi, paraît douter de la détermination de son ex-Premier ministre. On aimerait l’encourager, si son état le permet et quand le moment sera venu, à venir faire un tour au QG de campagne d’Alain Juppé comme il l’a proposé. Histoire de donner à son poulain un peu de sa "niaque" légendaire. Article de Sébastien Billard. L'Observateur.

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