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Jours tranquilles à Paris
11 septembre 2015

Un dessin de Chaunu fait débat…

Le sort d’Aylan, petit réfugié syrien mort sur une plage de Turquie, a bouleversé le monde entier. Sa fin tragique a inspiré à Emmanuel Chaunu, dessinateur pour Ouest-France ,un dessin qui le montrait cartable sur le dos. Publié dans plusieurs journaux et repris sur Facebook le 3 septembre, il a suscité une vague de réactions, parfois très violentes. Alors que les 5es Rencontres internationales du dessin de presse commencent aujourd’hui à Caen, Chaunu s’explique.

Comment l’idée de ce dessin vous est-elle venue ?

J’ai découvert l’image d’Aylan à la télé, en pleine rentrée scolaire, au milieu des reportages sur les angoisses des élèves et les peurs des parents. Il y avait un tel décalage entre ces émotions, à la fois normales et surdimensionnées par les médias, et le sort de cet enfant de l’exode ! Alors, j’ai voulu rendre hommage à Aylan, ce petit enfant qui n’ira jamais à l’école, et qui cache la multitude de tous les autres enfants morts.

Comment avez-vous pris cette avalanche de réactions sur Internet ?

J’ai été sidéré. Je n’y crois toujours pas. Certains, qui pensent que la photo est un montage, me reprochent d’appuyer une propagande en faveur de frappes contre Daech, d’autres de me moquer d’un enfant mort… D’autres encore font des amalgames avec Charlie Hebdo .Alors que ce dessin n’est même pas une caricature ! Juste un hommage. En tout cas, c’est la première fois que je reçois des menaces de mort.

Pensez-vous que le dessin de presse soit menacé ?

Le problème va bien au-delà. Avec les attentats du 7 janvier, toute une population a découvert le dessin de presse. Mais elle n’a pas été éduquée pour le décrypter. Il n’y a pas de caricature sans culture. Il faut de l’éducation pour analyser une image. C’est un grand chantier, qui sera très long.

Recueilli par Florence PITARD.

c'est la rentrée

Le philosophe Michel Onfray défend le dessinateur

«Chacun connaît l’adage chinois : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt. » Les idiots ont été légion qui ont crié à ce contre quoi on crie sur les réseaux sociaux : racisme, lepénisme, xénophobie, beaufitude, etc. Menace de mort, insultes, invectives, l’habituelle panoplie. Le peintre Marcel Duchamp a dit un jour : « C’est le regardeur qui fait le tableau. » Il ouvrait ainsi grand la porte à l’art contemporain. Si le regardeur est un sage, il verra sagement ce que le sage y a mis ; si le regardeur est un sot, il regardera sottement et il verra la sottise qu’il y met. Un dessin de presse suppose des prérequis : de l’intelligence, de l’humour, de la subtilité, de la culture, des références. Emmanuel Chaunu n’en manque jamais ; chez ses regardeurs, tout ou partie de cela peut hélas faire défaut. Quand le sot ne voit dans le dessin que ce qu’il y met et que ce qu’il y met est aussi pauvre que lui, le dessin lui paraît pauvre. Est-ce la faute du dessin ? Oui dit le fou. Mais le sage sait bien que non.

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