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Jours tranquilles à Paris
27 septembre 2015

À 70 ans, l’Onu a encore bien des défis à relever

Président de l’ONG Crisis Group et ancien secrétaire général adjoint de l’Onu, Jean-Marie Guéhenno revient sur ces défis. Le Conseil de sécurité, poing mou de l’Onu ?

Entretien : Jean-Marie Guéhenno, ancien secrétaire général adjoint de l’Onu.

Divisé, en crise…, mais incontournable, le Conseil de sécurité ?

Quand on parle de gestion de crise, on parle forcément du Conseil de sécurité. Mais pour que ce Conseil fonctionne, il est essentiel que les cinq membres permanents (USA, Russie, Chine, Royaume-Uni et France) arrivent à se mettre d’accord. Jusqu’à une période récente, il y avait des désaccords, comme sur le Kosovo et la Géorgie, mais ça n’avait pas trop d’impact sur les autres grands dossiers. Or, peu à peu, les divisions Est-Ouest qui se concentraient sur quelques dossiers, se sont approfondies sur la Syrie et l’Ukraine. Elles affectent aujourd’hui l’ensemble des activités du conseil de sécurité.

Va-t-on reparler d’une refonte du Conseil de sécurité ?

Lors de cette 70e Assemblée générale, beaucoup appelleront à une rénovation de l’Onu. La proposition la plus ambitieuse, c’est celle qu’a lancée la France qui souhaite restreindre l’usage du veto par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité quand il y a des crimes contre l’humanité ou une menace de génocide. Mais avec la division profonde de la communauté internationale, il sera très difficile de faire avancer cette idée.

Malgré tout, l’Onu n’est pas paralysée…

Les activités opérationnelles de l’Onu restent à un niveau extraordinairement élevé. Il y a plus de 100 000 Casques bleus dans le monde. Mais ces déploiements militaires ne permettent d’aller au-delà du gel d’une situation de crise, que s’ils s’accompagnent d’une stratégie politique. Or cette stratégie politique est difficile à mettre en œuvre du fait de l’absence de consensus au sein du Conseil, voire de sa paralysie sur les crises graves comme la Syrie.

Même le maintien de la paix serait en difficulté?

La grande nouveauté, c’est le développement des menaces asymétriques et du terrorisme. C’est un double défi parce que le maintien de la paix est fondé sur la vision politique de groupes qui négocient une sortie de crise. Les Casques bleus sont en appui de ce processus. Quand on a des groupes dont le programme ne peut pas donner lieu à des négociations, l’espace politique se ferme. L’autre défi est opérationnel. Les troupes des Nations Unies ne sont pas les mieux préparées aux menaces asymétriques. On voit les pertes augmenter, comme au Mali.

Comment sauver le soldat au casque bleu ?

Politiquement, il faut éviter d’utiliser le mot « terrorisme » de façon trop large et de recourir à une stratégie d’isolement de ceux qui ne sont que des compagnons de route du terrorisme. Il faut ouvrir l’espace politique, sans ignorer la moindre abomination commise. Punir sans parler, c’est faire le jeu des extrémistes. Sur le plan opérationnel, on ne se sortira pas de ces difficultés sans un soutien plus affirmé des armées les mieux équipées. À l’image de la France au Mali, qui soutient la Minusma. Il faut systématiser ce soutien, tout en étant sûr que la stratégie militaire de ces armées nationales est en harmonie avec la stratégie politique onusienne. Recueilli par Philippe CHAPLEAU.

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Une femme pour diriger les Nations Unies ?

Depuis 1945, huit hommes se sont succédé à la tête des Nations Unies. Ban Ki-moon achèvera son second mandat dans un an. Petite liste, non exhaustive, de candidates potentielles à sa succession.

Helen Clark, 65 ans, néo-zélandaise,

Première ministre de Nouvelle-Zélande de 1999 à 2008, Helen Clark occupe depuis la fin de son mandat le poste d’administratrice du PNUD, le Programme des Nations Unies pour le développement. Diplômée en sciences politiques de l’université d’Auckland, elle fut un temps enseignante « sur le terrain » avant de s’engager en politique. Résolument travailliste, elle est la première femme à se hisser à la tête d’une grande formation politique en Nouvelle-Zélande, le Labour Party. C’était en 1993.

Irina Bokova, 63 ans, bulgare

Son pays l’a officiellement désignée dans l’espoir qu’elle devienne la nouvelle secrétaire générale. Irina Bokova a l’habitude d’ouvrir de nouvelles voies. Première femme élue, en 2009, à la tête de l’Unesco, cette diplomate de carrière a fait de brillantes études en Bulgarie et aux États-Unis… En 1989, à la chute du Mur, elle entre en politique au sein du Parti socialiste bulgare. En tant que parlementaire, elle participe à l’élaboration de la nouvelle constitution bulgare, déterminante pour l’entrée dans l’Union Européenne, en 2007.

Vesna Pusic, 62 ans, croate

Ministre des Affaires étrangères et européennes depuis 2011, la Croate est également poussée par son pays. Sociologue et philosophe de formation, elle milite dans les années 2000, après la guerre d’indépendance. De 2002 à 2008, elle préside son parti, le HNS, Parti populaire croate - Démocrates libéraux. Pour Vesna Pusic, le choix d’un ou d’une secrétaire général ne devrait pas se faire sans un débat entre les différents candidats.

Alicia Barcena Ibarra, 63 ans, mexicaine

Elle est, depuis 2008, secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Elle fut également directrice de cabinet de Kofi Annan, le secrétaire général de l’Onu de 1996 à 2006. Sa force ? Ses connaissances sur l’environnement. Vice-ministre de l’Écologie au sein du gouvernement mexicain, cette diplomate chevronnée se double d’une biologiste engagée. Elle a fondé et dirigé, au Costa Rica, le Conseil de la Terre, une importante ONG.

Article de Marion GONIDEC.

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