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Jours tranquilles à Paris
15 octobre 2016

Russie. À la télévision, la troisième Guerre mondiale a commencé...

L'ambiance distillée par de nombreux médias russes est celle d'un retour aux heures les plus tendues de la Guerre froide. La Troisième Guerre mondiale n'aura probablement pas lieu (on l'espère...) mais pour quiconque allume son téléviseur en Russie, elle a déjà débuté.

Sur la première chaîne d'État, c'est le présentateur de l'émission phare du dimanche soir qui annonce que les batteries antiaériennes russes en Syrie vont « abattre » les avions américains. Sur la chaîne d'informations en continu Rossia 24, c'est un reportage sur la préparation des abris antinucléaires, à Moscou. À Saint-Pétersbourg, le site d'informations Fontanka croit savoir que le gouverneur veut rationner le pain pour une future guerre malgré les explications des autorités qui affirment vouloir simplement stabiliser le prix de la farine. Et, à la radio, on discute des exercices de « défense civile », mobilisant, selon le ministère des Situations d'urgence, 40 millions de Russes pendant une semaine.

Pour celui qui aurait éteint son téléviseur pour se promener dans les rues de Moscou, il est fort possible de tomber sur un des immenses graffitis « patriotiques » des artistes pro-Poutine de l'organisation « Set » qui tapissent désormais les immeubles comme cet ours, symbole de la Russie, distribuant des gilets pare-balles à des colombes de la paix.

La cause d'une telle fièvre, de cet emballement pour l'imminence d'une « Troisième Guerre mondiale » ? La rupture, le 3 octobre, des négociations entre Washington et Moscou sur le conflit syrien après l'échec d'un cessez-le-feu que les deux puissances avaient âprement négocié à Genève, en septembre. Dans la foulée, les bombes russes et syriennes ont transformé Alep en « enfer sur Terre », selon l'Onu, et suscité les critiques des Occidentaux. À Moscou, où les journalistes russes et occidentaux se lèvent et se couchent en recevant les communiqués du ministère russe de la Défense, le climat de confrontation est relayé, amplifié par les médias.

Deux scénarios

Gueorgui Bovt, politologue, envisage deux scénarios, compte tenu par ailleurs des difficultés économiques de la Russie. Le premier, optimiste, où les deux puissances vont « se mettre d'accord sur de nouvelles conditions de coexistence, en gros un Yalta-2 », référence au partage des aires d'influence entre les États-Unis et l'Union soviétique, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Et le scénario catastrophe : la Russie va réagir selon une loi de la rue bien connue : « Si la bagarre ne peut pas être évitée, frapper le premier »...

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