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Jours tranquilles à Paris
7 février 2017

Passer à table ? Non, merci

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CONSOMMATION Selon une étude que nous révélons, près d’un Français sur trois prend ses repas ailleurs que sur une table de salle à manger ou de cuisine.

Par   Christine Mateus

« Tu ne quittes pas la table avant d’avoir fini ton assiette ! » Qu’est-ce que vous avez pu l’entendre cette phrase lorsque vous étiez enfant ! Qu’est-ce que vous avez pu maudire cette promesse parentale qui disait : « Tu resteras scotché à ta chaise le temps que les adultes aient fini le dîner. » Tout cela est en train de changer. Aujourd’hui, 32 % des Français n’en peuvent plus de ce rituel immuable et zappent volontiers le coutumier repas à table.

Ce résultat émane d’une étude sur notre relation aux repas et nos nouveaux modes de consommation* de l’institut YouGov que nous révélons. Où mangeons-nous alors, si la mission de ce meuble est réduite à accueillir les vases de fleurs ? Eh bien, la petite table basse du salon a pris du galon et se charge, pour 8 % d’entre nous, de réceptionner les plats.

Attention, un changement d’espace qui ne veut pas forcément dire « plateau télé ». Une habitude d’ailleurs bien installée dans le Nord-Est et le Sud-Est, et en particulier chez les retraités et les inactifs.

Le canapé aussi accueille vos petits plats, voire le lit ! Oui, 1 % de Français téméraires mangent sous la couette et ne craignent pas de se gratter toute la nuit, présence de miettes oblige… Ce pourcentage d’originaux monte même à 9 % dans la région parisienne. Sans grande surprise, ce sont les étudiants qui ont lancé cette tendance.

Qui sont ces mangeurs hors norme ? « Le profil va de l’addict aux écrans au jeune couple. On est, pour ce dernier cas, dans une sorte de complicité amoureuse. On est dans le partage. Cette habitude est encore très marginale mais vraiment émergente », décrypte Jean-Pierre Corbeau, professeur émérite en sociologie de l’alimentation à l’université François-Rabelais de Tours (Indre-et-Loire).

Allons-nous vers la fin du repas à la française, c’est-à-dire mené autour d’une table avec des convives ? Une pratique sociale qui, rappelons-le, a été inscrite en 2010 sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. « Non, rassure l’expert. Ces tendances sont tout à fait compatibles avec le modèle français. » Et de préciser : « Ce qui s’estompe, c’est le protocole de la table traditionnelle, le rituel avec la fourchette à gauche, le couteau à droite. On ne veut plus être prisonnier de cet espace. Ce besoin de liberté revient beaucoup dans les verbatims de l’étude. On ne veut plus être contraint. Toutefois, on ne déambule pas pour autant en mangeant. Le Français continue à être sédentaire, il s’assied toujours pour manger, mais autour d’une table basse, sur un canapé ou un lit. Ce qui devient nomade, ce sont les plats. »

Florence, une trentenaire parisienne, confirme. « Depuis que j’ai déménagé, en juillet, je n’utilise plus la table pour mes repas mais le bar qui sépare la cuisine du salon. Je trouve cela plus convivial. Sauf si j’ai beaucoup de monde à la maison bien sûr. » La table de la salle à manger, ou de la cuisine, n’est donc pas condamnée à prendre la poussière.

  • Etude réalisée du 13 au 16 janvier pour la société de livraison de repas Allo Resto auprès d’un échantillon de 1 002 personnes âgées de 18 ans et plus.
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