Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
25 octobre 2017

Nouvelle tragicomédie au bureau politique des Républicains

Par Olivier Faye, Matthieu Goar - Le Monde

Le bureau politique a voté pour l’exclusion de cinq ministres et députés ralliés au chef de l’Etat. Mais faute de quorum suffisant, cette sanction n’est pas encore officielle.

Dans les comédies romantiques comme en politique, les divorces sont toujours un peu longs et douloureux. Le parti Les Républicains (LR) l’apprend chaque jour à ses dépens. Enclenchée depuis le 30 juin, la procédure d’exclusion des figures pro-Macron n’a toujours pas abouti lors du bureau politique (BP) du parti, mardi 24 octobre. Au cours de cette réunion, 37 des 47 participants se sont prononcés pour acter le départ du premier ministre Edouard Philippe et pour exclure les membres du gouvernement issus de LR, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, ainsi que les figures de proue du groupe dissident à l’Assemblée, Thierry Solère et Franck Riester.

Sauf que le quorum fixé à 63, soit la moitié des membres de cette instance, n’a pas été atteint. Pour se protéger juridiquement, le parti doit donc convoquer un nouveau bureau politique, le mardi 31 octobre cette fois, où la majorité simple sera suffisante. La comédie politico-médiatique durera donc une semaine de plus. « On a le sens de la scénarisation, on sait comment faire pour garder l’attention des journalistes », souffle mi-amusé mi-dépité un dirigeant de LR.

« Il y a beaucoup de “nobodies” »

Après les délais accordés le 11 juillet sous la pression des sénateurs, puis le 3 octobre pour laisser le temps aux Constructifs de s’expliquer, ce bureau politique était pourtant annoncé comme le point final de la tragicomédie. Pendant la réunion, chacun a joué son rôle. Christian Estrosi a défendu l’idée du rassemblement plutôt que de l’exclusion. Laurent Wauquiez a réclamé une sentence claire. « Le feuilleton a assez duré. Il faut que la droite soit de nouveau audible », a lancé le candidat à la présidence du parti.

Puis Bernard Accoyer, secrétaire général du parti, a procédé au vote avant de se résoudre à déclarer qu’un « nouveau bureau politique sera convoqué et délibérera sans condition de quorum ». Depuis vendredi, la direction de LR avait pourtant mobilisé les participants. Mardi après-midi, les mots d’excuse sont arrivés les uns après les autres. « C’est toujours la même chose, quand il y a des décisions importantes à prendre, il y a beaucoup moins de monde », peste un cadre du parti.

Adversaire résolue des Constructifs et candidate à la présidence du parti, Florence Portelli, était à une réunion publique à Strasbourg. Les sarkozystes ralliés à Laurent Wauquiez, Eric Ciotti, Guillaume Peltier et Rachida Dati, n’étaient pas non plus présents. « Formidable adaptation du “dîner de cons” ! Qui a dit que le ridicule ne tue pas ? », a pourtant tweeté la maire du VIIe arrondissement.

« Nous, nous étions plutôt mobilisés », se défend un proche de M. Wauquiez : « Mais le quorum n’est jamais atteint depuis des mois. Il y a beaucoup de “nobodies” qui ne viennent plus jamais. Après le congrès, il faudra renouveler le bureau politique. » « Cette instance a été constituée en décembre 2014. Depuis, certains ont quitté la vie politique, on a perdu 100 députés dont certains étaient membres du BP », approuve Daniel Fasquelle, autre candidat à la présidence de LR favorable à l’exclusion.

Symptomatique des tensions au sein de LR

La droite républicaine sort encore un peu plus affaiblie de cette nouvelle pantalonnade. « Ce qu’il s’est passé ce soir casse le peu d’élan que l’on avait réussi à construire après les sénatoriales », peste un membre de la direction de LR. Car si ce nouveau délai ne fait que reculer d’une semaine le sort des Constructifs, il est symptomatique des tensions au sein des Républicains.

Profondément divisés sur la façon de s’opposer au président de la République Emmanuel Macron et bousculés par la politique économique de l’exécutif, les ténors de la droite semblent déjà ne plus vivre ensemble. Les bureaux politiques sont de plus en plus désertés.

Même sur un sujet aussi important que l’exclusion du premier ministre de la France, les cadres de LR n’arrivent plus à se rassembler et à débattre. Les figures de la droite modérée comme Xavier Bertrand, Valérie Pécresse ou Jean-Pierre Raffarin ne viennent plus aux réunions. Comme s’ils avaient acté la prise de pouvoir de Laurent Wauquiez, chacun se recroqueville dans sa collectivité ou derrière son mouvement, à l’instar de Libres ! fondé par Mme Pécresse. Mardi soir, ils étaient encore une fois absents. Seules sept personnes ont donc voté contre l’exclusion, notamment Fabienne Keller, Claude Goasguen ou encore Nora Berra.

La droite dure aux manettes d’un parti déliquescent

Mais c’est la droite dure qui a subi le pire camouflet. Majoritaires dans les instances, ils sont pour le moment aux manettes d’un parti déliquescent toujours pas remis de ses défaites du printemps. « En 2018, les vacances de M. Macron et de sa majorité seront finies », a promis, mardi, un Brice Hortefeux impatient de la prise de pouvoir de M. Wauquiez. Le nouvel épisode de leur propre exclusion a en tout cas provoqué les réactions ironiques des pro-Macron trop heureux de démontrer que leur parti se recroqueville sur sa ligne dure.

« Ils sont infoutus de réunir une assemblée suffisante pour nous exclure et ils savent bien que beaucoup de gens ne viennent pas car ils refusent de participer à cette purge », estime Thierry Solère rejoint par le coprésident du groupe des Constructifs, Franck Riester : « Un mauvais sketch, un énième épisode d’un pitoyable feuilleton. »

Dans l’autre feuilleton, Sens commun n’a par contre pas subi les foudres de LR. Après les propos de son président Christophe Billan, certains responsables de LR, comme M. Fasquelle, avaient réclamé que l’émanation politique de la Manif pour tous soit sanctionnée. Mardi soir, la cofondatrice de ce mouvement associé à LR, Madeleine de Jessey, a répété que Sens commun n’envisageait « aucune alliance avec le FN ». M. Accoyer a promis de les recevoir pour clarifier les choses. « Fallait-il que je sois adhérent de Sens Commun pour ne pas connaître l’exclusion », a pu tweeter M. Darmanin dans la soirée.

Christophe Castaner choisi par Macron pour prendre la direction de LRM. Le porte-parole du gouvernement a été choisi par le président de la République pour prendre la tête de La République en marche, selon des informations du Monde, confirmant celles de l’Agence France-Presse et des Echos. Il a ainsi été préféré au secrétaire d’Etat à l’économie et aux finances, Benjamin Griveaux. C’est désormais au conseil national de la formation d’entériner ce choix lors de sa convention le 18 novembre à Lyon.

Publicité
Commentaires
Publicité