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Jours tranquilles à Paris
23 décembre 2017

En Catalogne, le bras de fer continue entre Puigdemont et Rajoy

La constitution d’un gouvernement s’annonce très incertaine, tout comme l’avenir judiciaire des dirigeants indépendantistes

Forts de leur victoire aux élections régionales, les indépendantistes catalans doivent relever le défi de reprendre le pouvoir, avec leurs dirigeants en prison ou en exil et alors que Madrid maintient son intransigeance. Le camp séparatiste a perdu des sièges par rapport à 2015 et ses divisions internes vont compliquer les tractations pour former un cabinet.

Proposition de dialogue

Depuis la Belgique où il a pris la fuite pour éviter l’arrestation, le président destitué de la région Carles Puigdemont a proposé vendredi 22 décembre au chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy de le rencontrer « à Bruxelles ou dans n’importe quel autre lieu de l’Union européenne ».

Le premier ministre conservateur a refusé, estimant que « la personne avec laquelle [il] devrai [t] [s]’asseoir, c’est celle qui a remporté ces élections, Mme Arrimadas », la tête de liste du parti Ciudadanos, qui a remporté le plus de voix et de sièges au Parlement catalan.

Poursuivi pour « rébellion et sédition », M. Puigdemont risque toujours d’être arrêté s’il remet le pied en Espagne. Ce dernier a également demandé à être entendu par les institutions européennes. Dans son bras de fer avec Madrid, le dirigeant indépendantiste cherche systématiquement à se placer sur le même plan que le chef du gouvernement espagnol et à être reconnu par la communauté internationale, sans y parvenir pour l’instant.

A Bruxelles, un porte-parole de la Commission s’est contenté de répondre : « Notre position sur la question de la Catalogne est bien connue (…) Elle ne changera pas. S’agissant d’une élection régionale, nous n’avons pas de commentaire à faire. »

« Soumis à l’empire de la loi »

Mariano Rajoy a, par ailleurs, prévenu que le prochain gouvernement catalan, « quel qu’il soit (…) sera soumis à l’empire de la loi ». Une façon de sous-entendre qu’il n’hésiterait pas à recourir à nouveau à l’article 155 de la Constitution, utilisé pour la première fois le 27 octobre pour destituer l’exécutif régional et dissoudre le Parlement qui venait de déclarer l’indépendance.

Pendant la campagne, M. Puigdemont avait affirmé qu’il rétablirait le gouvernement destitué en cas de victoire. Mais bien que réélu, il ne pourrait exercer ses fonctions ni de député ni de président depuis une cellule. Au total, parmi les nouveaux députés indépendantistes, 17 sont inculpés, dont trois en prison et cinq en exil.

La Cour suprême espagnole a d’ailleurs élargi, vendredi, à six personnalités indépendantistes supplémentaires – en plus des 22 déjà inculpées – les poursuites engagées pour rébellion, sédition et malversations.

Si aucun gouvernement n’est formé à Barcelone avant la fin mars, de nouvelles élections devront être convoquées dans les deux mois.

Bon résultat de Ciudadanos

La victoire des indépendantistes, en sièges mais pas en voix, sera également limitée par le bon résultat du plus résolu des partis opposés à l’indépendance, Ciudadanos, arrivé en tête avec 37 députés.

LE MONDE

Ines Arrimadas a remporté un succès spectaculaire avec 1,1 million de voix. Son parti, formé il y a dix ans pour lutter contre le nationalisme catalan, sera le plus fort au Parlement régional, mais elle ne dispose pas d’alliés pour former une coalition de gouvernement. Les socialistes, opposés comme elle à l’indépendance, n’ont que 17 sièges et le Parti populaire s’est effondré, tombant à trois sièges, contre 11 aux dernières élections en 2015.

« Il est désormais clair qu’ici, en Catalogne, il n’y a jamais eu de majorité en faveur d’une indépendance, a déclaré vendredi la députée de 36 ans. Si ce processus [menant à une sécession unilatérale] n’avait aucun sens hier, il en a encore moins aujourd’hui. »

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