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Jours tranquilles à Paris
15 octobre 2018

Le remaniement est attendu lundi dans la journée

Par Virginie Malingre - Le Monde

De retour d’Arménie vendredi soir, Emmanuel Macron a mené une « large consultation politique » tout le week-end et livré enfin ses derniers arbitrages.

Le remaniement le plus long. Après son retour d’Arménie, vendredi 12 octobre dans la soirée, Emmanuel Macron a repris ses tractations politiques, qui se sont poursuivies tout le week-end. Même ceux de la Macronie historique qui avaient quitté Paris pour assister au mariage d’Ismaël Emélien, le conseiller spécial du président de la République, n’ont pas totalement décroché.

La constitution de la nouvelle équipe gouvernementale devrait être connue lundi 15 octobre dans la journée. Vraisemblablement après le retour du premier ministre Edouard Philippe, qui devait passer la matinée à Nantes et rentrer à Paris pour déjeuner avec le chef de l’Etat.

Le processus avance « dans le calme », a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien à France 24 et RFI, vendredi soir, à l’issue du sommet de la francophonie qui se tenait à Erevan. Un tel remaniement « c’est important, ce sont des engagements, et donc il faut faire les choses avec méthode, au bon rythme (...) J’essaie de faire les choses de manière professionnelle », a-t-il affirmé.

« Le président a beaucoup consulté samedi et dimanche », fait savoir l’Elysée, où l’on parle d’ « une large consultation politique ». Il s’est entretenu avec Edouard Philippe, Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, et Christophe Castaner, le délégué général de La République en Marche. Il a également « beaucoup » parlé avec François Bayrou, confie-t-on dans son entourage, et discuté avec le centriste Jean-Louis Borloo, ainsi qu’avec certains élus locaux.

« Les remaniements n’ont jamais rien changé »

Plus de dix jours après la démission de Gérard Collomb le 3 octobre, Matignon et l’Elysée se savent très attendus sur ce remaniement qui aura pris un temps record dans l’histoire de la Cinquième république. Invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, dimanche 14 octobre, François Bayrou, qui a affirmé avoir « la chance de parler avec le président presque tous les jours », a voulu minimiser les enjeux de ce changement d’équipe, évoquant de simples « ajustements » et quelques « réglages ». « Les remaniements n’ont jamais rien changé », veut également convaincre le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, « les cimetières politiques en sont remplis ».

« En prenant beaucoup de temps pour ce remaniement, l’exécutif a créé des attentes fortes », nuance un député LRM, « il faut qu’il en sorte quelque chose qui nous donne un second souffle ». « Le signal qu’il enverra sera observé, comme toujours, en termes d’équilibre politique ou territorial. Ce qui m’intéresse, c’est le nouvel élan qu’il sera capable d’engager. La durée du processus excite les attentes et les appétits et interdit à la nouvelle équipe de décevoir », a expliqué de son côté Gilles Le Gendre, le président du groupe LRM à l’Assemblée nationale, dans un entretien au Figaro, le 10 octobre.

De fait, les choix d’Emmanuel Macron seront examinés à la loupe, pour savoir s’ils maintiennent l’équilibre subtil que le président tente de réaliser entre ses alliés du Modem, la droite et la gauche, le monde politique et la société civile, les hommes et les femmes. Ou s’ils renforcent le poids de la droite modérée, avant les élections européennes qui pourraient donner l’occasion d’une alliance entre LRM et les amis d’Alain Juppé et de Jean-Pierre Raffarin notamment.

Dans ce contexte, la rencontre entre la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, et Alain Juppé à Bordeaux, vendredi 12 octobre, n’est donc pas passée inaperçue. « Il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre ce qu’elle pense et ce que je pense sur l’Europe », lui a répondu l’ex-premier ministre dans un clin d’œil aux propos d’Édouard Philippe, mercredi, sur ses relations avec le chef de l’État. Le maire de Bordeaux, qui se dit « pas compétent pour le remaniement », n’a pas caché qu’il se réjouirait de voir entrer des juppéistes au sein du gouvernement. « En général, j’aime bien soutenir des amis », a-t-il souri.

Un second souffle

L’exécutif espère que ce remaniement mettra un point final à la mauvaise séquence dans laquelle MM. Macron et Philippe sont englués depuis l’affaire Benalla et apportera un second souffle au chef de l’Etat. « La semaine sera consacrée à engager cette nouvelle étape du quinquennat », commente-t-on à l’Elysée, « notamment en relançant le lien avec les territoires ». L’agenda d’Emmanuel Macron pour les jours à venir est à cet égard éloquent. Mardi, à l’Elysée, il recevra le matin Jean Rottner, président du Conseil régional du Grand Est et Hervé Morin, président des régions de France, puis l’après-midi Gérard Larcher, président du Sénat, et Dominique Bussereau, président de l’Association des départements de France. Vendredi, le chef de l’Etat recontrera également Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France.

« Le président veut évoquer avec eux la république contractuelle » , qu’il a mise au cœur de son action, lors de son discours devant le Congrès, le 9 juillet, explique l’un de ses conseillers. « La première phase [du quinquennat] a été d’une grande verticalité mais elle était nécessaire. Aujourd’hui, nous devons davantage nous appuyer sur toutes les forces de progrès. Seuls on va plus vite, mais ensemble on va plus loin », avait expliqué au JDD daté du 7 octobre le président de l’assemblée nationale, Richard Ferrand.

Le remaniement devrait porter la trace de cette préoccupation alors que les relations entre l’Etat et les collectivités locales sont tendues. Ces dernières se plaignent de ne pas avoir un interlocuteur unique : les dossiers les concernant sont traités par trois ministères, l’intérieur, la cohésion des territoires et Bercy. Il devrait faciliter ce « pacte girondin » qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux.

Au plus bas dans les sondages, le chef de l’Etat devrait aussi chercher à renouer avec les Français. Après l’affaire Benalla, la démission de Nicolas Hulot puis celle de Gérard Collomb, dans un contexte où les résultats de la politique menée tardent à arriver, le président est conscient qu’il lui faut à la fois « reprendre de la hauteur et paraître moins déconnecté », confie l’un de ses proches. A l’occasion du centenaire de la première guerre mondiale, Emmanuel Macron a d’ailleurs prévu une « itinérance mémorielle » inédite, qui le verra, du 4 au 9 novembre, se déplacer dans onze départements du Grand Est et des Hauts-de-France.

Lors du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, François Bayrou l’a par ailleurs exhorté à s’exprimer devant ses concitoyens. « Je suis certain qu’il doit le faire et je pense qu’ il le fera », a-t-il glissé, ajoutant qu’Emmanuel Macron « aurait dû sortir de l’Elysée pour aller à la rencontre » des Français cet été, après l’affaire Benalla.

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