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Jours tranquilles à Paris
16 novembre 2018

La lettre politique de Laurent Joffrin - Macron, président normal

Jupiter redescend parmi les mortels. Emmanuel Macron reconnaît ses erreurs. Le président vient de confesser sa difficulté à réconcilier peuple et élites, en admettant qu’il a sans doute commis quelques boulettes dans ses contacts avec les Français. Méritoire humilité. Il avait théorisé avant son élection la nécessaire verticalité de la présidence, dans un pays qui regrette, disait-il, d’avoir guillotiné son roi. Il s’agissait, aussi bien, de prendre le contrepied de son ancien mentor François Hollande, qui s’était présenté comme un candidat «normal» face à deux compétiteurs «anormaux», Strauss-Kahn et Sarkozy. Voici Jupiter renvoyé à la normalité de son prédécesseur, pourtant abondamment moqué.

A vrai dire, ce retour sur terre était inévitable. Dans la démocratie française d’aujourd’hui, celle des réseaux, des chaînes d’info, de l’individu méfiant envers les pouvoirs, de la révolte à fleur de peau, le président ne peut s’abstraire de la vie des autres. Parole rare, hauteur de vue, autorité laconique : ces résolutions affichées au début du mandat sont impraticables. Depuis l’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral (la présidentielle avant les législatives), exécutif et législatif marchent de pair sous la direction d’un président chef de majorité. L’ancien découplage entre un chef de l’Etat concentré sur les grandes affaires et un Premier ministre occupé du quotidien n’est plus de mise. L’opinion confie les rênes à un chef d’équipe qui concentre les pouvoirs. Elle attend qu’il rende compte. Elle réagit aux difficultés comme le client mécontent dans un restaurant : «Appelez-moi l e patron !» Le patron en question ne peut éviter de répondre de la qualité des plats et de la célérité du service, sauf à perdre sa clientèle. C’est ce qui est arrivé à Emmanuel Macron. Il a expliqué à ceux qui trouvaient sa cuisine mauvaise qu’ils avaient mauvais goût. Ils sont allés manger ailleurs.

Renvoyé à la normalité, donc, Emmanuel Macron affronte une popularité normale depuis vingt ans pour un président, c’est-à-dire très basse, des ennuis normaux face aux «gilets jaunes», successeurs normaux des «bonnets rouges», une panique normale de sa communication, condamné à changer de personnage comme certains changent de monture au milieu du gué. Macron modeste, Macron humble, Macron à l’écoute. Les rôles de composition sont les plus difficiles.

LAURENT JOFFRIN

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