Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
2 décembre 2018

Bilan du 1er décembre...

arc10

URGENT-Macron-Gilets jaunes: Emmanuel Macron vient s’incliner sur la tombe du Soldat inconnu

De retour du G20 de Buenos Aires, Emmanuel Macron est venu s’incliner sur la tombe du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.

Le président de la République est venu constater les dégâts. Hier, la tombe a été souillée et l’interieur de l’Arc vandalisé  par des emeutiers portant le gilet jaune.

IMG_2649

================

Gilets jaunes-Paris: 412 interpellations et 133 blessés hier à Paris (police)

La préfecture de police dresse le bilan des affrontements hier dans Paris : 412 interpellations qui ont donné lieu à 378 placements en garde à vue.

Lors de ces scènes d’émeutes, 133 personnes, dont 23 policiers et gendarmes, ont été blessées.

Pour rappel, un Gilet jaune a été hospitalisé en « urgence absolue » après qu’une lourde grille du jardin des Tuileries, décelée par d’autres Gilets jaunes, est tombée sur lui.

=============================

« Gilets jaunes » : à Paris, des destructions, des violences et un mot d’ordre, « Macron démission »

Par Olivier Faye, Nicolas Chapuis, François Bougon, Pierre Bouvier, Maryline Baumard, Raphaëlle Bacqué - Le Monde

Les premiers heurts ont débuté samedi dans la matinée à l’Arc de triomphe et se sont étendus aux quartiers chics de l’ouest de la capitale jusqu’au soir. Banques, boutiques et voitures de luxe, épiceries ont été ciblées par de petits groupes d’émeutiers.

Sur un mur de l’avenue Kléber, dans le 16e arrondissement de Paris, une main a peint comme un avertissement : « Babylone brûle. » La rue est jonchée de débris, une demi-douzaine de voitures ont été incendiées sur la chaussée et l’on aperçoit, aux fenêtres du Peninsula et du Raphaël, les deux hôtels 5-étoiles illuminés de décorations de Noël, des silhouettes contemplant l’incroyable spectacle.

Tout à l’heure, cinq jeunes garçons sont passés devant les palaces, insultant les trois portiers en retrait derrière de lourdes grilles. « Salauds ! Bâtards ! Corrompus ! Vous êtes des corrompus ! ». Et maintenant, ça cavale dans tous les sens, petits groupes pressés d’en découdre mêlés aux badauds, devant les CRS tirant leurs grenades lacrymogènes.

Il est 20 heures, et la place de l’Etoile, à deux pas, paraît comme groggy, sous cette fumée qui brûle les yeux et la gorge. Les manifestants en « gilets jaunes » qui chantaient La Marseillaise, en début d’après-midi autour de la tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de triomphe, ont presque tous battu en retraite. Il ne reste que quelques petits attroupements épars, picolant discrètement des bières parce que les policiers font maintenant la chasse à l’alcool, confisquant les bouteilles avant de les briser sur le trottoir. Et, vision surréaliste au milieu des pavés et des boulons qui jonchent la chaussée, une jeune femme qui s’évertue à tourner autour de la place en brandissant un grand drapeau multicolore où est inscrit le mot « Paix ».

Au beau milieu de la place, les pierres blondes de l’Arc de triomphe sont maculées de graffitis. « Les “gilets jaunes” triompheront », « Justice pour Adama » (Traoré, un jeune homme mort lors de son interpellation en 2016 dans le Val-d’Oise), « L’ultradroite perdra », « La France est à nous », « Macron, tu l’as dans le cul », « Anarchie », témoignages de cet après-midi chaotique qui a vu dégénérer la manifestation des « gilets jaunes ».

Etendards à têtes de morts

Sur son compte Twitter, Philippe Bélaval, le président du Centre des monuments nationaux, diffuse les images du musée de l’Arc de triomphe saccagé. A l’intérieur du monument, des statues ont été brisées, la boutique de souvenir pillée, les distributeurs de pièces éventrés.

Les images de manifestants, grimpés dès la fin de la matinée sur le toit de l’Arc de triomphe et se prenant en selfie, ont fait le tour du monde. A côté des drapeaux français, flottent aussi des drapeaux bretons et des étendards à têtes de morts. Mais à la nuit tombée, un homme ayant épinglé ses décorations militaires sur le revers de son gilet fluorescent surveillait encore la tombe du Soldat inconnu pour empêcher qu’on la profane.

Les premiers accrochages ont commencé tôt dans la matinée. Empêchés de passer sur l’avenue des Champs-Elysées, bouclée par des camions de CRS, un groupe de manifestants a tenté de passer en force, puis la foule s’est finalement rabattue sur la place de l’Etoile et les rues adjacentes.

Il y a là nombre de manifestants venus de Bretagne, de Normandie, du Nord, avec leurs gilets fluorescents, surpris et furieux d’être refoulés par les gaz lacrymogènes et qui insultent copieusement les CRS. Des retraités de Seine-et-Marne qui réclament la revalorisation de leurs pensions, des infirmières de Beauvais protestant contre leurs conditions de travail, tous ceux qui, depuis trois semaines, réclament « de pouvoir vivre même après le 15 du mois ».

Des barricades sont érigées et enflammées

Mais on voit aussi, place de la Concorde, des militants du comité « Justice pour Adama », venus de banlieue. Plus haut, autour de la place de l’Etoile, des petits groupes d’extrême gauche « antifas » cherchent les activistes d’extrême droite brandissant le drapeau à croix celtique et criant « Justice pour Esteban », ce skinhead condamné en première instance, en septembre, après la mort du militant d’extrême gauche Clément Méric.

Une bagarre éclate entre les antifas et Yvan Benedetti, ex-président de l’Œuvre française, mouvement d’extrême droite dissous par Manuel Valls, qui a revêtu un gilet jaune. « Rendez-vous à 16 heures rue Lauriston », cette rue du 16e arrondissement où siégeait la Gestapo française pendant l’Occupation, a tweeté comme une provocation le militant antisémite Dieudonné, qui pose faisant une « quenelle », près des Champs-Elysées.

Comment savoir, dans ce tourbillon de manifestants aux couleurs fluorescentes, qui veut quoi ? Très vite, dans l’après-midi, des barricades ont été érigées et enflammées. Rue de Rivoli, une foule a fait tomber les grilles du jardin des Tuileries, blessant grièvement plusieurs manifestants. Un incendie fait croire à un moment que le Musée du Jeu de paume brûle et depuis les Etats-Unis, des tweets s’en émeuvent. Heureusement, l’édifice est intact, mais les émeutiers remontent vers la Concorde.

Autour de la place de l’Etoile, la plupart des avenues voient déferler des groupes qui saccagent et prennent les policiers pour cible. Deux gendarmes mobiles sont aspergés de peinture jaune, un autre violemment attaqué au pied de l’Arc de triomphe par des « gilets jaunes » avant de réussir à s’enfuir, aidé par un manifestant.

Commissariat attaqué

Un véhicule de police est incendié rue Danielle-Casanova, près de l’Opéra, et les policiers doivent prendre la fuite. Ailleurs, un fusil d’assaut de type HK G36 est dérobé par des casseurs dans un véhicule de police. Le commissariat situé rue du Faubourg Saint-Honoré (8e) est attaqué par plusieurs personnes.

Avenue de Friedland, une dizaine de voitures enflammées, une autre retournée. Avenue Kléber, les casseurs s’en prennent à toutes les banques. « Faites la Caisse d’épargne, ces bâtards », crie une femme en jaune. Un hôtel particulier et des voitures incendiés. Tandis que des pompiers tentent d’intervenir pour éteindre le brasier, des manifestants alimentent les flammes en y jetant les débris d’un kiosque à journaux ou encore un Vélib. L’un d’entre eux s’empare d’un manche de pioche pour abattre les caméras de surveillance d’un immeuble.

A quelques mètres, une voiture de police est incendiée et les pompiers, qui tentent d’éteindre le feu, caillassés. Avenue de la Grande-Armée, le restaurant La Belle Armée est saccagé. Une partie de la façade a été ravagée par les flammes. En face, une bouche d’incendie a été cassée et l’eau inonde bientôt l’avenue, vidée par les forces de l’ordre.

Avec la nuit qui tombe, les casseurs s’enhardissent. Avenue Hoche, un Carrefour City est tranquillement pillé pendant deux heures. A intervalles réguliers des petits groupes pénètrent et ressortent avec des bières et des alcools. Des fruits et légumes jonchent le sol.

Trop dangereux de sortir du palace

Dans le hall du Royal Monceau, une cliente de l’établissement pleure. Elle craint pour son mari, « parti chercher la voiture pour aller dîner ». « Ils vont l’attaquer. C’est la guerre », murmure-t-elle. « Mauvais week-end, pour la seconde fois », observe un membre du personnel, devant la porte tourniquet qui n’a pas résisté. « Nos clients étrangers pensent que c’est la guerre civile », observe un autre. Ce soir une partie du personnel dormira au palace. Trop dangereux de sortir.

Un peu partout, dans les rues voisines, on croirait l’insurrection. Avenue de Messine, l’alarme d’une boutique d’ameublement, la vitrine éclatée à coup de trottinette électrique, retentit. Quelques dizaines de mètres plus loin, le magasin d’un opticien est mis à sac, les présentoirs à lunettes étalés à même le trottoir, où certains viennent se servir. Rue Balzac, la police cherche les « enculés » et court après des bandes de jeunes alcoolisés.

Sur la prestigieuse avenue Foch, une quarantaine de manifestants érigent des barricades avec des troncs d’arbre et des barrières, avant d’être aspergés de gaz lacrymogène. Plus loin sur l’avenue, un radar tombé à terre est piétiné par une cinquantaine de personnes. Banques, boutiques de luxe sont des cibles. Ici, les vitrines de Chanel et de Dior sont brisées, là, les champagnes de Roederer, boulevard Malesherbes, ont été arrachés de leurs présentoirs. Plus loin encore, une Porsche est renversée sous les vivats.

La rue de Courcelles n’est plus qu’une enfilade de grosses cylindrées aux vitres brisées. « Marche comme un riche ou crève comme un pauvre », a-t-il été écrit sur un mur. Place de la Bourse, le Palais Brongniart, qui n’abrite plus depuis longtemps les courtiers, est pris d’assaut aux cris de « Paris, Paris, soulève-toi ! » les vitres des restaurants environnants sont brisées. « On prend le contrôle de la France », lance un « gilet jaune ».

Les clients des grand magasins évacués

Place Saint-Augustin, les chevaux de la police montée, les prunelles masquées, frémissent à peine malgré les explosions régulières des gaz lacrymogènes, mais l’émeute gagne, là aussi. « Macron en prison », lit-on sur les murs d’une banque incendiée.

Une agence LCL, à l’angle de la rue de Monceau et du boulevard Haussmann, est en feu. L’intervention des pompiers fait à peine retomber la tension pendant quelques secondes. Les policiers tirent des grenades lacrymogènes en direction des manifestants qui observent la scène en les insultant. Une agence immobilière à proximité se fait vandaliser, mais personne n’intervient. Pas le temps, trop d’urgences à gérer.

Sur le boulevard Haussmann, une altercation éclate entre le gérant d’un Daily Monop saccagé et quelques « gilets jaunes ». « Ça vous fait rire, c’est ça les “gilets jaunes” ? C’est de détruire le boulot de ceux qui se lèvent le matin pour travailler ? », s’énerve-t-il. Un « gilet jaune » lui rétorque que « l’assurance va payer ! », avant de lancer : « Tu es un représentant du système. » La discussion tourne court, tandis que des jeunes gens repartent, quelques bouteilles de whisky sous le bras.

Maintenant, la manifestation s’est délocalisée vers les grands magasins. Il faut suivre des gendarmes mobiles dans une odeur de fumée et de lacrymogènes sur le boulevard, franchir deux ou trois barricades enflammées et découvrir le chaos. Les clients du Printemps et des Galeries Lafayette sont évacués, mélangés à des policiers aux aguets, face à des groupes de jeunes, porteurs de masque et de lunettes de protections qui tentent de profiter du chaos et lancent des projectiles, avant de s’engouffrer dans les petites rues, renversant tous les scooters sur leur passage, fracassant quelques vitrines au passage. « All cops are Benalla », (tous les flics sont Benalla – le conseiller du président accusé de violences lors des manifestations du 1er-Mai), lit-on sur un mur du boulevard Haussmann.

Macron, « les pauvres, il s’en fout »

Le président de la République et parfois son épouse Brigitte sont copieusement insultés. « Macron = Louis 16 », peut-on lire sur l’enceinte de l’Opéra de Paris. « Macron dégage », a été peint sur une voiture incendiée.

Delphine et Davy, deux « gilets jaunes » venues d’Angoulême justifient : « On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Ils [les CRS] nous canardent, à un moment, des gens répondent. C’est normal », estime Delphine. Comme la plupart des manifestants, cette infirmière n’a qu’un nom en tête, responsable selon elle de sa révolte : Emmanuel Macron. « Tant qu’il ne démissionnera pas, on n’arrêtera pas », dit-elle. Non loin d’elle, un homme peste au sujet du président de la République : « Il ne pense qu’aux riches. Les pauvres, il s’en fout. »

Qui écoute, dans ce chaos, le chef de l’Etat qui, depuis le sommet du G20 à Buenos Aires, en Argentine, dénonce « les coupables de ces violences ne veulent pas de changement, ne veulent aucune amélioration, ils veulent le chaos : ils trahissent les causes qu’ils prétendent servir et qu’ils manipulent. Ils seront identifiés et tenus responsables de leurs actes devant la justice (…). Aucune cause ne justifie que les forces de l’ordre soient attaqués, que des commerces soient pillés, que des bâtiments publics ou privés soient incendiés, que des passants ou des journalistes soient menacés » ?

Qui entend le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, affirmer « les casseurs ont instrumentalisé des “gilets jaunes”. La plupart des interpellés se sont fait avoir par des individus violents. Nos forces de l’ordre ont tout mis en œuvre pour protéger nos concitoyens. Et se protéger eux-mêmes face à une ultraviolence » ?

A Matignon, le premier ministre Edouard Philippe a annoncé qu’il annulait son déplacement en Pologne qui devait être consacré au sommet sur le climat. Mais vers 19 heures, le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a tweeté triomphalement « Jour historique. En France, l’insurrection citoyenne fait trembler la Macronie et le monde du fric ».

A 21 heures, les Champs-Elysées sont presque entièrement vides. Mais la place de l’Etoile est jonchée de boulons et de pavés descellés. C’est l’heure à laquelle les correspondants des télévisions étrangères s’installent pour leur duplex devant les dernières barricades qui achèvent de brûler.

Un groupe de gilets jaunes appelle à « un projet viable et crédible » Un groupe des « gilets jaunes », parmi lesquels des figures de proue du mouvement, a souhaité dimanche 2 décembre se présenter comme porte-parole autour d’un « projet viable et crédible » : « Soyons responsables et offrons au gouvernement une porte de sortie à la crise. » « Nous formons un groupe de citoyens engagés qui constitue une représentation honnête de la France qui souffre et se sent délaissée. Nous voulons être les porte-parole d’une colère constructive », écrivent dans le Journal du dimanche dix personnes parmi lesquelles figurent Benjamin Cauchy et Jacline Mouraud et qui se sont donnés pour nom les « gilets jaunes libres ». « Loin de toute radicalisation et en accord avec les 80 % de Français qui nous soutiennent, construisons un projet viable et crédible, dans l’intérêt de tous » qui se fasse « dans le respect des institutions de la Ve République, de l’ordre public, des biens et des personnes ». Ils demandent l’ouverture d’états généraux de la fiscalité, d’une conférence sociale nationale ainsi que d’assises « territoires et mobilité » qui prendront la forme de débats régionaux.

gilets10

gilets11

gilets22

gilets42

gillets12

gilets33

Publicité
Commentaires
Publicité