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Jours tranquilles à Paris
29 décembre 2018

Affaire Benalla - saison 2 : L’Elysée de nouveau dans la tourmente après une offensive d’Alexandre Benalla

benalla macron

L’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron a affirmé maintenir des liens avec la présidence depuis son licenciement. L’opposition a immédiatement demandé « la vérité » sur cette nouvelle affaire.

La crise qui couvait depuis le début de la semaine après les révélations sur les activités en Afrique d’Alexandre Benalla a explosé vendredi 28 décembre avec la confrontation entre l’Elysée et l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, qui a dit maintenir des liens avec la présidence depuis son licenciement cet été.

L’opposition a immédiatement demandé « la vérité » sur cette nouvelle affaire Benalla embarrassante pour le chef de l’Etat, déjà sous pression de la crise des « gilets jaunes », qui doit exprimer lundi ses vœux au pays.

Deux questions au cœur de la nouvelle polémique : pourquoi l’ex-chargé de mission dispose toujours de passeports diplomatiques et les a-t-il utilisés pour des voyages d’affaires auprès de dirigeants africains ?

L’Elysée plaide l’ignorance

L’entourage de M. Benalla, joint par l’Agence France-Presse (AFP), a refusé de commenter les informations de Mediapart et du Monde, selon lesquelles il continue de voyager avec un passeport diplomatique émis le 24 mai, après sa mise à pied liée à des violences lors de manifestations du 1er-Mai. Il a été « utilisé ces dernières semaines pour entrer dans différents pays africains ainsi qu’en Israël », selon Mediapart qui cite « des sources sécuritaires ».

La présidence a dû se fendre d’un communiqué, plaidant l’ignorance : elle dit ne disposer « d’aucune information remontée par les services de l’Etat concernés sur l’utilisation par M. Benalla des passeports diplomatiques qui lui avaient été attribués dans le cadre exclusif de ses fonctions à la présidence de la République ».

Contre-attaquant, M. Benalla a assuré au Journal du Dimanche que ces documents lui avaient été restitués « par la présidence » – « début octobre », a précisé son entourage à l’AFP.

M. Benalla avait affirmé, sous serment devant la Commission d’enquête du Sénat le 19 septembre, avoir laissé ce document dans son bureau de l’Elysée. Il a également souligné entretenir des « relations » et des « échanges réguliers » avec « certains membres de la présidence », dans une lettre adressée au cabinet d’Emmanuel Macron, dont l’AFP a obtenu copie.

« S’expliquer sur d’éventuelles missions »

M. Benalla reproche à Patrick Strzoda, directeur du cabinet du chef de l’Etat à qui la missive est adressée, de ne pas lui avoir « transmis directement [ses] interrogations » au lieu de « les porter sur la place publique » : « au regard des relations que j’entretiens avec certains membres de la présidence, et des échanges réguliers que j’ai avec eux », souligne-t-il.

M. Strzoda l’avait sommé de s’expliquer sur « d’éventuelles missions personnelles et privées » menées « comme consultant » alors qu’il était « en fonction à l’Elysée ». Il lui répond qu’il n’avait « jamais effectué de missions personnelles et privées » durant ses fonctions auprès de la présidence et n’avoir « a fortiori jamais reçu directement ni indirectement de rémunérations en résultant ». En outre dans ses activités actuelles, il ne s’est « jamais prévalu d’une quelconque recommandation ou appui de la présidence de la République dans le cadre de [s] es nouvelles activités, et le prétendre serait purement mensonger » et « diffamatoire », affirme-t-il.

L’Elysée a repoussé sur le Quai d’Orsay, disant avoir, dès son renvoi pour motif disciplinaire en juillet, « demandé aux administrations compétentes » de récupérer les passeports. Le ministère des affaires étrangères a annoncé dans la foulée l’intention de Jean-Yves Le Drian de saisir le parquet, « sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale » qui enjoint tout représentant des autorités de le faire s’il a connaissance d’un crime ou d’un délit.

Le ministère affirme avoir réclamé en juillet, puis en septembre la restitution des deux documents. Le signalement auprès du procureur de la République était en cours d’analyse vendredi soir, a indiqué à l’AFP une source judiciaire.

La colère de l’opposition

Le flou gouvernemental a provoqué la colère de l’opposition : des Républicains (LR) à La France insoumise (LFI), elle demande en chœur « la vérité » à l’Elysée et à Emmanuel Macron. « M. Benalla n’est pas un agent autonome. Qui peut croire cette fable ? », a lancé Gilles Platret, un porte-parole de LR sur RTL, qui souhaite que la « justice soit saisie ».

La présidente du Rassemblement nationale (RN), Marine Le Pen, a tweeté : « Les affaires Benalla ne révèlent pas simplement un dysfonctionnement, mais une dénaturation de notre République. Emmanuel Macron aura abîmé tant en si peu de temps. »

Des protestations se font entendre jusque dans la majorité : « Nouveau mensonge et faute de Benalla qui aurait dû rendre son passeport diplomatique, mais aussi faute de l’Etat de ne pas avoir exigé que cela soit promptement fait », a tweeté le député La République en marche (LRM) de Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin : « Oui, il faudra que la justice s’occupe de ce nouvel épisode et détermine les responsabilités de ces manquements. »

« Ce qu’il s’est passé depuis le 1er mai jusqu’à maintenant est inadmissible », a abondé le député MoDem des Yvelines, Bruno Millienne, sur LCI.

« Faiblesse » ou « complaisance »

Au Sénat, dominé par l’opposition de droite, la Commission d’enquête qui a entendu Alexandre Benalla sur les conditions dans lesquelles il a participé à une interpellation musclée le 1er mai, va examiner « tous les éléments parus dans les médias ces jours-ci et relèvera toute contradiction entre ces informations et les éléments recueillis sous serment pendant ces auditions », a déclaré jeudi une source proche de la commission à l’AFP.

L’un des vice-présidents de la Commission, Alain Marc (Les Indépendants), s’est interrogé auprès de l’Agence France-Presse : les passeports non-rendus « traduisent soit la faiblesse de l’exécutif, soit une complaisance pour M. Benalla : en sait-il trop sur d’autres affaires ? »

Les nouvelles révélations semblent confirmer que « [Alexandre] Benalla était dans un rôle de conseiller spécial du président, qui ouvre des portes grâce à son entregent », avance un autre membre de la Commission.

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