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Jours tranquilles à Paris
5 janvier 2019

Les « gilets jaunes » tentent de remobiliser pour l’« acte VIII », premier test de l’année 2019

Beaucoup de manifestants espèrent que la récente interpellation d’Eric Drouet, l’une des figures de la contestation, permettra de faire repartir le mouvement samedi.

Après une fin d’année marquée par un recul de la mobilisation, les « gilets jaunes » appellent samedi 5 janvier à une reprise du mouvement, espérant capitaliser sur l’interpellation médiatisée d’un des leurs, Eric Drouet, mercredi à Paris, pour relancer leur bras de fer avec le pouvoir. Certains de ses sympathisants, interpellés en marge de l’arrestation de M. Drouet mercredi soir à Paris alors qu’ils se rendaient place de la Concorde, ont demandé au Défenseur des droits d’ouvrir une enquête sur ces « atteintes à la liberté » destinées selon eux à « bâillonner » la contestation, ont indiqué samedi leurs avocats à l’Agence France-Presse (AFP).

Sur Facebook, les différents groupes de « gilets jaunes » appellent à tenir leur huitième samedi de mobilisation – l’« acte VIII » – sur les « places symboliques » des villes françaises (places des Brotteaux et Bellecour à Lyon, place de la Bourse à Bordeaux, places du Capitole et Wilson à Toulouse…).

A Paris, la Préfecture de police a annoncé vendredi avoir reçu deux déclarations de manifestation. La première concerne un rassemblement sur les Champs-Elysées suivi d’un déplacement vers la place de la Bourse. La seconde est une manifestation de la place de l’Hôtel-de-Ville jusqu’à l’Assemblée nationale, pour la première fois déclarée par le collectif « La France en colère », constitué autour de deux figures du mouvement, Priscillia Ludosky et Eric Drouet. Beaucoup de manifestants espèrent d’ailleurs que l’interpellation et la garde à vue de ce dernier, mercredi à Paris, permettront de remobiliser.

L’interpellation d’Eric Drouet est aussi vue par de nombreux de « gilets jaunes » comme un signal dissuasif envoyé par les autorités pour éviter les manifestations non déclarées. Face à cette « répression », « La France en colère » suggère à ses sympathisants de retirer leurs gilets jaunes pour « se présenter dans les rues, sur les places, comme les simples citoyens qu’ils sont ».

« La colère va se transformer en haine si vous continuez »

Discrétion ou démobilisation ? Vendredi en début d’après-midi, moins de 1 000 personnes s’étaient désignées comme « participants » sur l’événement Facebook créé par ce collectif. Samedi, des membres de « La France en colère » liront une « lettre ouverte citoyenne », diffusée depuis jeudi soir, pour répondre aux vœux d’Emmanuel Macron du 31 décembre.

« La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux », préviennent-ils notamment. « Changez d’attitude et accueillez-nous autour d’une table pour discuter », lancent-ils, rejetant par avance le grand débat national voulu par le président, « un piège politique ». « Nous ne sommes pas résignés [et] nous irons plus loin. (…) Ne vous pensez pas au-dessus des lois et de la volonté du peuple de France », affirment-ils, invoquant la révolution ukrainienne de 2013-2014 qui avait débouché sur la chute du président prorusse Viktor Ianoukovitch.

Des marches de « femmes gilets jaunes » sont également prévues dimanche. Sur l’événement Facebook du défilé parisien, les organisatrices qui s’affirment comme « complémentaires et solidaires aux hommes » promettent « une action coup de poing ». « Ce n’est pas une lutte féministe mais féminine », peut-on encore lire dans le texte de présentation.

Pour Griveaux, le mouvement « est devenu le fait d’agitateurs »

Depuis les mesures annoncées par Emmanuel Macron le 10 décembre pour gonfler le pouvoir d’achat, l’exécutif réclame un retour à « l’Etat de droit » et à « l’ordre républicain ». « Force doit rester à la loi », a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, fustigeant les « gilets jaunes » qui poursuivent leurs actions malgré les annonces présidentielles.

Le mouvement, « pour ceux qui restent encore mobilisés, est devenu le fait d’agitateurs qui veulent l’insurrection et, au fond, renverser le gouvernement », a déclaré M. Griveaux. Le 29 décembre, le ministre de l’intérieur a demandé aux préfets de continuer « la libération complète et définitive » de la « centaine de points de rassemblements » subsistant en France, par tous les moyens légaux (recours à la force publique, contraventions…).

Très critiques, voire hostiles, envers les médias, les « gilets jaunes » entendent désormais les utiliser dans une guerre d’image face au gouvernement. Dans un Facebook Live jeudi soir à sa sortie de garde à vue, Eric Drouet s’est ainsi félicité d’avoir réussi un « coup de com’ » avec son interpellation devant les caméras.

« On a fait ça pour arriver là. On savait ce qu’ils [la police] ne voulaient pas qu’on fasse, même si c’était légal. (…) On savait un peu comment ça allait se passer », a-t-il expliqué. « Tout est une question d’image. Il va falloir jouer avec ça, a-t-il estimé. Il faut jouer des médias comme eux [le gouvernement] arrivent à jouer des médias. Ils essaient de nous faire passer pour des anarchistes, des casseurs. C’était la monnaie de leur pièce, il va falloir trouver d’autres idées comme ça. »

Autoroutes : le gouvernement demande aux concessionnaires un « geste » sur le prix des péages. L’équation est complexe, le calendrier périlleux. La ministre des transports, Elisabeth Borne, a reçu les sociétés d’autoroutes, vendredi 4 janvier, pour aborder les conséquences de la colère des « gilets jaunes » sur le réseau autoroutier et la hausse prochaine des tarifs des péages. Deux dossiers dont le télescopage pourrait faire des étincelles, alors que l’impact du prix des transports sur le pouvoir d’achat est l’un des premiers moteurs de la protestation. D’un côté, « les dégradations et les perturbations » que subit le réseau autoroutier depuis le début du mouvement. Selon les sociétés d’autoroutes, les dommages sur les barrières de péage et les pertes d’exploitation lors des opérations de péage gratuit se chiffrent en dizaines de millions d’euros. De l’autre, la révision des prix des péages au 1er février 2019. La ministre a appelé les concessionnaires à des gestes commerciaux.

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