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Jours tranquilles à Paris
11 janvier 2019

Le grand débat national, c’est bien mal parti !

À quelques jours du lancement du grand débat national voulu par l’Élysée, les questions sur son organisation restent nombreuses. La démission de Chantal Jouanno n’a rien arrangé.

« Vous arrivez à construire des schémas tactiques de jeu ? » Anodine pour pareille visite, la question d’Emmanuel Macron, posée lors de l’inauguration de la Maison du handball à Créteil ce mercredi après-midi, ne manque pas de saveur dans le contexte. Car de tactique, l’exécutif semble cruellement dépourvu ces temps-ci, tant l’organisation du grand débat national s’enlise. Deux heures de séminaire gouvernemental et cette promesse à l’arrivée d’Édouard Philippe - « nous seront prêts » - n’ont pas suffi à lever les doutes. Et pour cause. Pour connaître les modalités précises de cette vaste consultation, censée répondre à la crise des Gilets jaunes, il faudra encore attendre lundi prochain. Soit la veille du lancement officiel ! Preuve qu’en la matière l’exécutif navigue à vue.

Et le retrait surprise, mardi soir, de Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), n’a pas arrangé les affaires du pouvoir, qui mise très gros sur ce débat pour relancer le quinquennat. En témoigne la dureté du Premier ministre à son égard quand il a estimé : « Ceux qui servent l’État, ceux qui aiment leur pays, sont plutôt astreints à une forme de mobilisation plutôt que d’éloignement. »

Résultat, on ne sait rien encore du pilotage, de la participation des ministres, de la façon dont sera restitué le débat… « On se confronte à l’écart entre le concept et la réalisation », glisse un macroniste, qui va jusqu’à envisager que Jouanno ait quitté le navire « pour ne porter aucune responsabilité dans ce qui risque d’être un fiasco organisationnel ».

«Divergences» entre l’Élysée et Matignon

Il est vrai que le chantier est complexe. « On est dans un exercice totalement inédit. Donc, que le pouvoir réfléchisse à la meilleure façon dont il va pouvoir s’y prendre, sans le contraindre ni l’empêcher, c’est plutôt une bonne chose », tempère un stratège macroniste. À Matignon, on se rassure aussi : « On peut attendre encore quelques jours de plus, on n’a pas atteint le schéma critique. »

Certes, le défi n’est pas mince. Mais, confie un conseiller ministériel, « ça patouille aussi parce qu’il y a des divergences substantielles dans l’appréhension de l’objet entre l’Élysée et Matignon », notamment sur la participation des ministres aux débats qui seront organisés partout en France. Une position médiane se profile : que les membres du gouvernement s’y rendent, mais n’interviennent pas. « Il ne faut pas que ça se transforme en meeting, s’ils y participent, c’est pour écouter », avance ainsi un proche d’Édouard Philippe.

Autre question : faut-il maintenir le calendrier des réformes, notamment des très épineux dossiers de l’assurance chômage et de la fonction publique ? Ce mercredi, le chef du gouvernement est resté bien évasif en la matière. « Il veut garder le calendrier initial, mais lors du séminaire, la quasi-totalité des ministres, sauf une petite poignée, ont trouvé que ce n’était pas une bonne idée », rapporte un conseiller du gouvernement.

Face à ces hésitations, l’opposition s’en donne à cœur joie. « Cette grande entourloupe ne sert à rien ! » gronde le député insoumis Éric Coquerel, quand Marine Le Pen estime que le débat est déjà « coulé ». Preuve de l’ampleur du doute avant la trêve des confiseurs, quand les premières critiques fleurissaient sur la légitimité de la CNDP, un pilier de la majorité prophétisait lui-même que ce débat serait « le flop du siècle » : « C’est comme si on voulait sélectionner l’équipe de France de rugby parmi des gens qui jouent au bilboquet. »

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