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Jours tranquilles à Paris
20 août 2019

Sainte-Anne-d’Auray. Musée désuet cherche visiteurs

cire ste anne

« Personne ne reprendra ça après moi ». Michel Dréan tient les rênes du musée de cire qui, depuis 70 ans, conte les origines du célèbre pèlerinage de Sainte-Anne-d’Auray. Fataliste sur l’avenir du lieu, le septuagénaire est gagné par une étonnante énergie lorsqu’il guide son visiteur. Rencontre.

Au bord de la route de Vannes, face à l’office du tourisme et la basilique, on pénètre dans le musée de cire de Sainte-Anne-d’Auray comme dans la vieille demeure d’un parent plus tout jeune. Pierres, boiseries et tapis donnent au lieu, dans son jus, une odeur caractéristique. L’historial ou musée de cire se dresse ici depuis 70 ans. Des visiteurs, il en a vu passer.

Devant la lourde double porte en bois rouge, un vieil homme balaie. Michel Dréan a repris la boutique en 1996, année où le pape Jean-Paul II visitait Sainte-Anne-d’Auray. Cet ancien professeur habite au-dessus. « Le musée aurait pu disparaître à l’époque ». Comme beaucoup de ses équivalents. Michel Dréan égrène les villes de France qui ont perdu leur musée de cire. « Ils ont tous disparu ».

« C’était phénoménal ! »

Le musée de Sainte-Anne a été créé en 1949, une époque où le public ne bénéficie pas des technologies modernes (films notamment). « C’était phénoménal ! Avant cela, il n’y avait rien qui disait l’histoire du pèlerinage », explique, rétrospectivement, Michel Dréan. Rien de tel que ces figurines de cire représentant notamment les scènes de la vie d’Yvon Nicolazic pour décrire les apparitions de sainte Anne à ce laboureur morbihannais. Douze scènes ont été créées à l’origine. Une dernière ajoutée plus récemment illustre la visite de Jean-Paul II en 1996.

En ce lundi d’août, sous le crachin, le musée est vide. Pour le patron, cette désaffection est aussi celle du sanctuaire. « Il n’y a plus la ferveur d’autrefois. J’ai connu une époque où il avait jusqu’à quinze guides pour visiter le sanctuaire ». Aujourd’hui, son musée est « mal situé ». Combien de visiteurs à l’année ? « Des centaines, se risque notre interlocuteur. Pas beaucoup de milliers… »

« Ça, ça vous marque ! »

« Mon Dieu que c’est beau ! ». Pour Michel Dréan, son musée, c’est sa vie. Pas question de le changer pour recruter des visiteurs. L’homme distille les piques sur la manière dont le sanctuaire, en face, conte l’histoire du pèlerinage. « Qui parle le plus de sainte Anne ? interroge-t-il faussement. C’est moi. Ça (il parle des figurines de cire, NDLR), ça vous marque ! C’est les visiteurs qu’il me faut ».

Silhouette frêle, légèrement voûté, Michel Dréan nous fait pénétrer son antre. La visite dure trente minutes. Le discours est, forcément, bien rodé. Puis la passion gagne : mimiques, changements de ton, questions à son interlocuteur qui pose sur le guide un regard mi-étonné, mi-attendri. « Je suis fêlé de faire ce que je fais. Je revendique ma fêlure. Personne ne reprendra ça après moi ». Un signe d’échec ? « Non, je souffre qu’il n’y ait pas de visiteurs ». Son musée est désuet, notre homme le reconnaît bien volontiers. « Mais c’est aussi cela qui me plaît ».

Pratique :

L’historial, musée de cire, 6 route de Vannes, Sainte-Anne-d’Auray.

Tél : 02 97 57 64 05 ou 06 37 54 54 13, musee-de-cire.com

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