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Jours tranquilles à Paris
27 août 2019

Sainte-Anne-d’Auray. Participez au pardon de 1862

ste anne

C’est une expérience impressionnante, un plongeon dans le temps… Après le port de Saint-Goustan et en attendant le pont antique de la rivière du Bono, l’association Arkheo a recréé une scène du pardon de Sainte-Anne d’Auray en 3D, avec des captures de personnages. Vous êtes invités au pardon de 1862.

Les cloches imposent un court répit de silence. Puis les conversations reprennent. Nous sommes en fin d’après-midi, le jour décline et les ombres s’allongent, sur un parvis fait de terre et de graviers qui crissent sous la chaussure. L’année est 1862. Les bâtiments sont couverts de mousse, affichent un état de délabrement évident.

Gare aux mendiants

Avant l’élévation de la basilique, ce sont les derniers moments de la chapelle. Elle ne le sait pas encore. Nous non plus, d’ailleurs. Pour le moment, on est plus occupé à scruter du coin de l’œil les subtiles approches de mendiants qui ratissent le site. Depuis la Révolution, ils peuvent accéder au sanctuaire. Et chaque moment lié à la piété les voit affluer par centaines. Les différents arrêtés et décrets en font état, attestant des préoccupations des autorités locales. Installés en campement dans la campagne de Pluneret, ils attendent avec impatience chaque pardon pour pouvoir bénéficier de la générosité des pèlerins. Générosité volontaire. Ou non.

En voilà un qui fait les poches d’un bourgeois. Le fanfaron n’a rien vu et continue à se pavaner avec quelques dames affichant leurs plus belles toilettes. Ils bavassent avec un militaire caparaçonné de son costume du second empire, qui leur donne des nouvelles de la capitale. Lui revient à Sainte-Anne pour déposer un ex-voto. Blessé lors de l’expédition en Syrie de 1860 souhaitée par Napoléon III en faveur des catholiques maronites, il a bien cru y rester. Mais un poumon qui siffle tous les jours n’est rien, comparé à la seconde vie que Sainte-Anne a accepté de lui accorder, à travers ses prières. Moustache cirée, guêtres remontées, il vient la remercier.

Se faire tirer le portrait au daguerréotype

D’autres pèlerins le dépassent. Eux aussi défilent avec leurs plus beaux atours, des costumes bretons. L’épaisseur de la laine et des robes les contraint à avancer sans se presser, sous le soleil, certes déclinant, mais qui ne se montrera pas miséricordieux, en ce 26 juillet. Peu leur en chaut, la démarche plus posée leur donne une allure altière, plus cérémonieuse. De circonstance. Aujourd’hui, personne ne se vêt comme d’ordinaire. C’est jour de pardon.

Depuis la création du site, sous l’impulsion d’Yves Nicolazic, en 1624, le pèlerinage ne s’est jamais arrêté, même pendant la Révolution. Le site a continué à évoluer. La première phase de monumentalisation a encerclé la chapelle, dont le clocher ne s’élève alors que de 25 m (le dôme n’existe pas encore). Le site n’en demeure pas moins impressionnant. Un peu écrasant. La galerie du cloître ceinture l’espace, mais commence déjà à être grignotée par les boutiques. On y vend uniquement des objets religieux. Mais les affaires sont bonnes. Le photographe ne dira pas le contraire. Il fige ces bourgeois pour une éternité en sépias avec son daguerréotype. Dans leur demeure, le portrait s’affichera avec fierté, avec en arrière-plan une Scala Santa bien plus proche de la chapelle qu’on n’en avait souvenir… Comme la chapelle, le monument est amené à bouger. Il sera bientôt déplacé. Nous sommes au carrefour des siècles, le sanctuaire va se réinventer et prendre une nouvelle dimension. Les pèlerins vont continuer à prendre le chemin du sanctuaire de Pluneret, qui deviendra dans quelques années celui de la commune de Sainte-Anne-d’Auray (pas avant 1950). Ils y retrouveront chaque été le pardon, avec de moins en moins de commerces dans l’enceinte du sanctuaire, et de moins en moins de mendiants… D’ailleurs, où est passée ma bourse ?

Pratique

Découvrir Sainte-Anne en 1860, à l’aide d’un casque virtuel. Casques disponibles dans la boutique Le Souffle marin et dans la librairie du sanctuaire, à Sainte-Anne d’Auray. Location : 5 €.

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