Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
15 septembre 2019

FESTIVAL DE DEAUVILLE - « Bull », d’Annie Silverstein : grand gagnant du festival de Deauville

deauville44

Catherine Deneuve, Présidente du Festival de Deauville

Par Véronique Cauhapé

Ce film âpre et puissant a remporté le Grand Prix de la 45e édition du Festival du cinéma américain et le prix de la Révélation 2019.

Avec son visage encore poupon et son air buté, l’héroïne de Bull, premier long-métrage de la réalisatrice Annie Silverstein, avait bouleversé les festivaliers. Il a, sans nul doute, contribué à convaincre le jury présidé par Catherine Deneuve, qui a choisi de décerner à ce film âpre et puissant, le Grand Prix de la 45e édition du Festival du cinéma américain de Deauville. Dans un même élan d’adhésion, Bull a également remporté le prix de la Révélation 2019, attribué par le jury conduit par Anna Mouglalis, et celui de la critique.

Un carton plein, en somme, pour ce récit initiatique d’une adolescente, Kris (qu’incarne, avec une densité touchante, Amber Havard), qui, privée de sa mère incarcérée dans une prison du Texas, ne sait comment contenir sa colère. C’est un acte de vandalisme auquel elle s’est livrée qui la conduira à se construire et à trouver sa voie dans un monde d’hommes, le rodéo. Portrait sous tension d’une jeune fille autant que d’une Amérique en déshérence, Bull figurait en mai dans la sélection Un Certain Regard à Cannes.

Palmarès féminin

Le festival de Deauville fut marqué cette année par une large présence féminine, tant sur le tapis rouge et sur scène, où des hommages ont été rendus aux actrices Kristen Stewart, Geena Davis, Sienna Miller et Sophie Turner, que dans les films où furent mises en lumière de nombreuses et belles héroïnes. Son palmarès rend compte de cet engagement. Couronné du Prix Spécial du 45e, Swallow, de Carlo Mirabella-Davis, nous raconte en effet l’histoire de Hunter (troublante Haley Bennett), femme au foyer en apparence heureuse, jusqu’au jour où elle apprend qu’elle est enceinte.

La jeune femme développe alors un trouble compulsif du comportement alimentaire (maladie de Pica). Son mari et sa belle-famille décident de l’interner. Un film féministe, ainsi que le revendique son jeune réalisateur, désireux de pointer le retour du patriarcat et du machisme des années 1950 (dont s’inspire Swallow) dans la société d’aujourd’hui, et en particulier celle de l’Amérique de Trump.

Dans la compétition où concouraient quatorze films, « seuls deux films rapportent des histoires de mecs », nous avait déclaré le directeur du festival Bruno Barde, satisfait de voir que « l’acte de création puisse enfin porter l’empreinte de ce que les femmes subissent et ce contre quoi elles doivent lutter ». Force est de constater que dans ce déséquilibre, la parité aura néanmoins été assurée puisque ces deux longs-métrages, The Lighthouse, de Robert Eggers, film en noir et blanc sur deux gardiens de phare d’une île reculée de Nouvelle-Angleterre, et The Climb, de Michael Angelo Covino, comédie douce-amère sur les tourments d’une amitié masculine, ont l’un et l’autre reçu le Prix du Jury.

============================

Après une semaine de festivités, la 45ème édition du festival du cinéma américain de Deauville s'achève avec son traditionnel palmarès. Bull d'Annie Silverstein a été récompensé par trois fois : Prix de la critique, Prix de la fondation Louis Roederer de la révélation et le Grand Prix du Jury. Premier long-métrage de sa cinéaste, Bull raconte l'histoire d'une relation étrange et tumultueuse entre un torero afro-américain sur le déclin et une jeune-femme white trash paumée dans l'Amérique profonde. Une œuvre dont le courage et l’honnêteté ont été salués par les différents jurys.

Le reste du palmarès de Deauville 2019 :

Prix d'Ornano-Valenti : Les Misérables de Ladj Ly. Une chronique sociale crue et sans concession sur les bavures policières, œuvre coup de poing, digne héritière de La Haine et Polisse, gravitant non loin de la nébuleuse Kourtrajmé. Un long-métrage adapté d'un court réalisé il y a trois ans.

Prix de la ville de Deauville : The Peatnut Butter Falcon de Tyler Nilson et Michael Schwartz. Une balade sauvage, ode poétique dans laquelle un jeune homme atteint du syndrome de Down se fait la malle pour devenir catcheur. Zack Gottsagen et Shia LaBeouf y démontrent une alchimie détonante.

Prix Spécial : Swallow de Carlo Mirabella-Davis. Un portrait de femme forte, inspirée de la grand-mère de son réalisateur qui était atteinte d'une maladie psychique. Dans ce drame familial à l'esthétique léchée et aux vibes hitchcokiennes, Haley Bennett brille par la force fragile habitant son personnage.

Prix du Jury : The Climb de Michael Angelo Covino. Une histoire d'amitié un peu farfelue et précieuse sur fond de cyclisme. Du Woody Allen pour les grandes digressions sur la vie et un humour qui fait mouche rappelant les meilleures comédies italiennes.

2ème Prix du Jury : The Lighthouse de Robert Eggers. Une bizarrerie fantasmagorique en noir et blanc, quelque part entre Samuel Beckett et H.P. Lovecraft, dans laquelle le tandem Willem Dafoe et Robert Pattinson perd la boule en marins isolés dans un phare paumé en pleine mer.

Publicité
Commentaires
Publicité