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Jours tranquilles à Paris
21 septembre 2019

Synthèse : « Gilets jaunes », marche pour le climat, Journée du patrimoine… Rassemblements sous surveillance à Paris

Par Nicolas Chapuis, Aline Leclerc

Les forces de l’ordre craignent des débordements dans la capitale, le 21 septembre, et préparent une stratégie de maintien de l’ordre « offensive ».

Comme un petit air de déjà-vu. Le gouvernement se prépare, pour la première fois depuis la rentrée, à un samedi intense, ce 21 septembre, sur le front des manifestations à Paris. Plusieurs événements simultanés sont organisés, avec notamment un appel des « gilets jaunes » à une mobilisation « historique » dans la capitale, une tentative pour revenir sur le devant de la scène pour ce mouvement devenu étique ces derniers mois.

Une « marche pour le climat et contre l’inaction » est aussi organisée dans la capitale, du jardin du Luxembourg (6e arrondissement) au parc de Bercy (12e). Au même moment, à l’appel de Force ouvrière, un cortège défilera contre la réforme des retraites de Duroc (7e) jusqu’à la place Denfert-Rochereau (14e).

Pour les « gilets jaunes », il n’y aura, comme toujours, pas de mot d’ordre unique. Comme ils le font depuis des mois, une partie d’entre eux tiennent à déclarer un parcours où les plus pacifiques pourraient défiler en sécurité, en accord avec la préfecture. Ils ont proposé plusieurs itinéraires convergents avec la marche pour le climat, jusqu’ici tous refusés. « On veut cloisonner les manifestations », assume-t-on au ministère de l’intérieur, où l’on rappelle que « la première mission des forces de l’ordre est de permettre aux manifestants qui veulent défiler pacifiquement de le faire en toute sécurité ».

Appels à la convergence

La préfecture de police a également rejeté toute demande pour manifester dans les zones interdites par arrêté (les abords de l’Elysée, de Matignon, du Sénat et de l’Assemblée nationale, les Champs-Elysées, la tour Eiffel, Notre-Dame de Paris, ainsi que les bois de Vincennes et de Boulogne).

Le 16 mars, alors que les « gilets jaunes » les plus radicaux saccageaient les Champs-Elysées avec les black blocs, les plus pacifiques avaient préféré rejoindre la marche pour le climat organisée le même jour. Ces dernières semaines, les appels à la convergence entre « gilets jaunes » et écologistes se sont multipliés, mais parfois aussi sur des mots d’ordre plus radicaux. « Notre objectif est le même : mettre hors d’état de nuire ceux qui détruisent la planète et nous empêchent d’y vivre dignement », peut-on par exemple lire sur la page Facebook « Désobéissance écolo-Paris ».

A ce gymkhana de cortèges contestataires, les autorités doivent ajouter la gestion de la Journée du patrimoine, avec l’ouverture de nombreux bâtiments nécessitant une mobilisation substantielle des forces de l’ordre. Le palais de l’Elysée ou le Palais Bourbon, deux cibles habituelles des « gilets jaunes », ne seront ainsi ouverts qu’à un public pré-inscrit. La préfecture de police, où se situe la salle de commandement qui pilote l’ensemble du dispositif de maintien de l’ordre, sera, elle, fermée. Comme les Musées des Petit et Grand Palais, ou l’Arc de triomphe, lequel avait été sérieusement dégradé le 1er décembre.

Tactique offensive

Pour gérer ces événements, les autorités s’apprêtent à utiliser les grands moyens. Selon plusieurs sources, des effectifs similaires à ceux du 8 décembre, après le saccage de l’Arc de triomphe, vont être déployés dans la capitale, samedi. En cas de débordements, le préfet de police compte s’appuyer sur la tactique offensive déjà observée lors du 1er-Mai 2019 : une mobilité accrue des troupes, une prime à l’initiative sur le terrain et des groupes de policiers en civil qui opèrent avec l’appui des unités de CRS, spécialisées dans le maintien de l’ordre, pour réaliser des interpellations.

Une stratégie arrêtée au terme de nombreuses réunions, ces derniers jours. Cela fait quelque temps que des signaux d’alerte résonnent dans les couloirs des directions générales de la police et de la gendarmerie nationale au sujet du samedi 21 septembre. Les « gilets jaunes » ont coché ce jour de longue date, avec des mots d’ordre qui rappellent ceux du 16 mars : textes appelant à l’insurrection, à une « nuit des barricades », montages vidéo scandant que « quand tout est interdit, on dit que tout devient permis ». Les stratégies des manifestants pro-démocratie à Hongkong font désormais figure d’exemple.

Les forces de l’ordre ont par ailleurs été surprises par le niveau de violence observé à Nantes le week-end dernier, et à Montpellier le précédent, avec plusieurs blessés dans leurs rangs et dans ceux des manifestants. Si les services n’ont pas repéré de signes d’une intense mobilisation de la part des membres de black blocs, ceux qu’ils appellent désormais les « ultra-jaunes » promettent, selon eux, d’être au rendez-vous.

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