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Jours tranquilles à Paris
19 octobre 2019

Brexit : journée et vote historiques au Parlement britannique

La Chambre des communes se réunit exceptionnellement samedi pour se prononcer sur le nouvel accord de divorce conclu entre Londres et Bruxelles.

C’est un vote capital à l’issue très incertaine, et cela à douze jours seulement de la date prévue de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Les députés britanniques se réunissent, samedi 19 octobre, pour décider du sort de l’accord conclu in extremis, jeudi 17 octobre, entre le gouvernement de Boris Johnson et les Vingt-Sept.

Arraché à l’issue de négociations laborieuses, l’accord est censé régler les conditions du divorce après 46 ans de vie commune, permettant une sortie en douceur assortie d’une période de transition courant au moins jusqu’à la fin 2020.

Mais son succès est suspendu à l’approbation du Parlement britannique, qui a déjà fait preuve d’intransigeance par le passé. Les députés ont rejeté par trois fois le précédent accord de sortie conclu entre l’ancienne première ministre, Theresa May, et les vingt-sept autres membres de l’UE.

Convoquée pour la première fois un samedi depuis la guerre des Malouines il y a 37 ans, la Chambre des communes ouvrira à 9 h 30 (10 h 30 en France), pour des débats qui pourraient durer toute la journée.

Boris Johnson joue gros

Boris Johnson a déployé tous ses efforts ces derniers jours pour convaincre les députés de soutenir son accord, enchaînant coups de téléphones et interventions à la télévision. Arguant qu’il n’y avait « pas de meilleure issue » que son accord pour quitter l’UE le 31 octobre, le premier ministre a invité les élus à imaginer un monde où l’obstacle du Brexit, qui paralyse la vie politique britannique depuis trois ans, aura « été dépassé ». « Je pense que la nation poussera un grand soupir de soulagement », a-t-il ajouté.

Si l’accord est approuvé, il devra encore être validé par le Parlement européen.

En cas de rejet, samedi, Boris Johnson a toujours dit qu’il préférait une sortie sans accord à un nouveau délai, le Brexit ayant déjà été repoussé deux fois. Mais une loi votée par le Parlement l’oblige à demander un report de trois mois à l’UE.

La perspective d’un Brexit sans accord est redoutée des milieux économiques, car il pourrait entraîner, selon les prévisions du gouvernement lui-même, des pénuries de denrées alimentaires, d’essence ou encore de médicaments.

Boris Johnson, sans majorité à Westminster, a besoin de 320 voix pour valider son accord. Les formations d’opposition ont déjà annoncé qu’elles s’y opposaient : le parti centriste libéral démocrate (19 voix) et les nationalistes écossais SNP (35 voix) sont anti-Brexit, le parti travailliste (242 voix) estime que le nouvel accord fragilise les droits des travailleurs, les Verts (1 voix) qu’il ne respecte pas l’environnement…

Surtout, ça coince auprès des unionistes nord-irlandais du DUP (10 voix), pourtant alliés de Boris Johnson à la Chambre des communes, pour qui le texte octroie un statut différent à l’Irlande du Nord et isole la province britannique du reste du pays.

La société britannique divisée

Le gouvernement espère convaincre certains travaillistes et des indépendants, notamment les députés exclus du Parti conservateur parce qu’ils s’opposaient à un « no deal ».

Si le Parlement est divisé, la société britannique l’est aussi, plus de trois ans après le référendum de juin 2016 qui a décidé à 52 % du départ du Royaume-Uni du bloc européen. Alors que les débats battront leur plein pour régler les conditions du divorce, une manifestation anti-Brexit est prévue devant Westminster pour pousser à la tenue d’un second référendum.

La décision des députés sera aussi scrutée outre-Manche. Plusieurs dirigeants européens les ont enjoints d’approuver l’accord pour pouvoir passer à la phase suivante des négociations, celle qui déterminera la relation future entre l’UE et le Royaume-Uni.

Pas de « nouveaux délais » pour Macron

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a averti qu’un rejet du texte engendrerait une « situation très compliquée », tandis que le président français, Emmanuel Macron, s’est prononcé contre de « nouveaux délais ».

L’accord de Boris Johnson est censé résoudre la quadrature du cercle de la frontière irlandaise, sur laquelle avait buté le processus jusqu’à présent. L’objectif est d’éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord britannique et la république d’Irlande, membre de l’UE, pour préserver la paix sur l’île.

Pour cela, il maintient sur le papier l’Irlande du Nord dans le territoire douanier britannique mais prévoit un régime spécial pour les marchandises arrivant dans la province, selon que celles-ci sont destinées à y rester ou à passer dans le marché unique européen.

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