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Jours tranquilles à Paris
30 mai 2020

Masques, gants, lingettes : comment se débarrasser des protections à usage unique ?

masque dechets

Par Simon Auffret - Le Monde

Les autorités sanitaires appellent à la vigilance sur les déchets potentiellement infectieux, pour protéger les éboueurs et limiter les atteintes à l’environnement.

L’ampleur du phénomène est encore impossible à estimer, mais les inquiétudes se multiplient : élus, organisations non gouvernementales (ONG), associations professionnelles ont alerté, ces dernières semaines, sur l’importance pour le grand public de prêter attention au traitement des masques, des gants et des lingettes qui ont proliféré pour se protéger contre la propagation du nouveau coronavirus.

L’enjeu est sanitaire, le matériel de protection contaminé représentant un risque de contamination, notamment pour les éboueurs, mais aussi environnemental : non biodégradable et non recyclable, les masques à usage unique pourraient polluer les canalisations et la nature pendant des dizaines, voire des centaines d’années.

Où jeter ses masques chirurgicaux ?

Les consignes du ministère de la transition écologique et solidaire recommandent à tous les particuliers de jeter les « mouchoirs, masques, gants et lingettes de nettoyage » dans un sac spécifique. Il doit être conservé fermé pendant vingt-quatre heures avant d’être placé dans un sac d’ordures ménagères, en évitant de déposer le contenant au sol dans le local à poubelles : des mesures de précautions destinées à éviter tout contact entre les personnes chargées du ramassage et des surfaces potentiellement contaminées.

Au Havre, la crainte d’une infection des agents municipaux a poussé la municipalité à installer des poubelles supplémentaires dans le centre-ville, et à ajouter des sacs à toutes les corbeilles existantes. Avec un espoir : réduire le nombre de masques à ramasser sur la voie publique, apparus dès les premiers jours du déconfinement. « C’est le symbole de ce qu’il ne faut pas [accepter] si l’on veut éviter une nouvelle vague » de l’épidémie, observe Paul Simondon, adjoint à la maire de Paris chargé de la propreté, auprès de l’Agence France-Presse (AFP).

L’abandon d’un masque sur la voie publique peut être sanctionné, comme pour le dépôt illégal de tout autre déchet, d’une amende de 68 euros en cas de contrôle des forces de l’ordre. Dans la Marne, la commune de Vitry-le-François est allée jusqu’à prendre, le 6 mai, un arrêté municipal visant spécifiquement le matériel de protection, pour rappeler l’interdiction.

« L’objectif est de faire de la prévention, pas de la répression », souligne le cabinet du maire de Vitry-le-François, Jean-Pierre Bouquet, qui a pris cette initiative après avoir observé que certains de ses administrés commençaient à jeter des masques dans la rue. Une semaine après l’entrée en vigueur du texte, aucune contravention n’a été signalée à la municipalité.

Les masques à usage unique ne peuvent pas être recyclés

Les masques chirurgicaux sont confectionnés à partir de polypropylène, une matière thermoplastique non biodégradable et non recyclable. Dans le milieu hospitalier, ils sont intégrés dans la catégorie des déchets d’activités de soins à risques infectieux et font l’objet d’une coûteuse procédure de traitement et d’incinération, prise en charge par les hôpitaux eux-mêmes ou par des sociétés spécialisées.

Depuis le début de l’épidémie due au SARS-CoV-2, les masques et gants à disposition du grand public n’ont pas été intégrés dans la même filière. S’agissant des particuliers, le ministère de la transition écologique prévient aussi qu’ils ne pourront pas suivre la filière du tri, sous peine de complexifier le travail des centres de collectes, où ils pourraient contaminer du personnel.

Un consortium de scientifiques français s’est également mis en place, dès le 4 mars, pour tenter d’éliminer la potentielle charge virale des masques usagés et permettre leur réutilisation. Des chercheurs issus notamment du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de plusieurs hôpitaux étudient les avantages comparés de plusieurs processus, dont leur irradiation par des rayonnements gamma ou bêta ou une exposition à une chaleur sèche de 70 °C. Un comité interministériel a été créé pour étudier la possibilité d’adapter les techniques les plus prometteuses aux usages du grand public.

Des craintes d’une pollution des sols et des eaux

Les conséquences environnementales font aussi partie des inquiétudes d’associations et d’élus. Une fois déposés dans la rue, les masques « bouchent les canalisations d’eaux usées et perturbent les systèmes d’assainissement des eaux usées », tout comme les lingettes désinfectantes jetées dans les toilettes, a alerté, le 14 mai, le Centre d’information sur l’eau, un regroupement de professionnels des réseaux de distribution, en appelant de nouveau à privilégier les poubelles d’ordures ménagères.

Ces déchets poursuivent parfois leur route jusqu’à la mer : en menant une action de nettoyage au large d’Antibes (Alpes-Maritimes), les membres de l’association Opération mer propre ont ainsi découvert, samedi 23 mai, les premiers signes de pollution de la Méditerranée aux masques et gants de latex depuis le début de l’épidémie.

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