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Jours tranquilles à Paris
5 juin 2020

Un 14-Juillet d’exception sans le traditionnel défilé

14 juillet

14 juillet revue des troupes

14 juillet

Par Nathalie Guibert, Cédric Pietralunga - Le Monde

En raison du coronavirus, une cérémonie statique se tiendra place de la Concorde, avec un hommage aux soignants civils.

C’est une première depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le 14 juillet prochain, il n’y aura pas de défilé militaire sur l’avenue des Champs-Elysées, comme le veut la tradition à l’occasion de la fête nationale. Une décision prise par Emmanuel Macron, « compte tenu de la situation exceptionnelle que connaît actuellement notre pays et des incertitudes qui demeurent quant à l’évolution de la pandémie du Covid-19 au cours des prochaines semaines », a indiqué l’Elysée, jeudi 4 juin.

Le défilé sera remplacé par une cérémonie militaire statique beaucoup plus sobre, qui se tiendra sur la place de la Concorde, avec seulement 2 000 participants contre 4 300 l’an passé. Ceux-ci formeront des « tableaux animés » devant quelque 2 500 invités. Le public ne devrait pas pouvoir y assister, sauf amélioration définitive de la situation sanitaire.

Le maintien de ce 14-Juillet « réinventé et adapté aux circonstances » est « une bonne nouvelle », a indiqué jeudi la ministre des armées, Florence Parly, devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale. « Ce n’est pas une annulation mais une adaptation », souligne-t-on à l’Elysée, où l’on ne mésestime pas la valeur symbolique de l’événement.

Moins spectaculaire

Cette spécificité française qui avait tant enthousiasmé Donald Trump, invité d’honneur en 2017, sera moins spectaculaire qu’à l’accoutumée. Aucun blindé ne circulera, par exemple : la partie motorisée de la parade (200 véhicules en 2019) est la plus lourde à préparer et il était devenu quasi impossible de la maintenir, pour des raisons logistiques.

Les soldats du 3e RIMA (infanterie de marine) de Vannes, le régiment du chef d’état-major des armées François Lecointre, seront peut-être déçus de ne pouvoir présenter le nouveau blindé Griffon, symbole de la modernisation en cours de l’armée de terre, qu’ils ont expérimenté les premiers. Mais l’allègement du rendez-vous soulagera aussi opportunément l’armée, qui doit rattraper les entraînements annulés pour cause de confinement, tout en maintenant les permissions d’été essentielles au moral des troupes, un sujet sensible. La cérémonie inclura néanmoins un défilé aérien, avec avions et hélicoptères.

Hormis les écoles militaires présentes comme les autres années, les unités terrestres et aériennes de ce 14-Juillet exceptionnel seront principalement celles engagées dans la lutte contre le coronavirus, au sein de l’opération « Résilience » : service de santé des armées et régiment médical ayant renforcé à Mulhouse (Haut-Rhin) les moyens de réanimation hospitaliers, équipages des aéronefs ayant transporté patients et matériels, ou spécialistes de la décontamination du 2e régiment de dragons.

Des partenaires européens ayant aidé la France dans la crise sanitaire sont en outre invités à « participer symboliquement » : Allemagne, Autriche, Luxembourg et Suisse.

Hommage aux soignants

Des civils, personnels soignants des hôpitaux mobilisés dans la crise du Covid-19, participeront également à la cérémonie, selon le souhait du chef de l’Etat. Le format reste à définir, « mais la cérémonie militaire sera bien distincte de l’hommage aux soignants, il n’y a pas de confusion », assure un membre du cabinet présidentiel.

Des Français engagés en première ligne lors de la crise sanitaire seront aussi conviés en tribune. « Il y aura des caissières, des éboueurs, toutes ces professions qui ont permis à la France de tenir et dont les Français veulent voir le comportement exemplaire honoré », souligne-t-on à l’Elysée. Un hommage sera également rendu à la figure du général de Gaulle, dont Emmanuel Macron célèbre le triple anniversaire cette année − celui de sa naissance, de sa mort et de l’appel du 18 juin 1940.

A écouter l’entourage présidentiel, Emmanuel Macron n’a jamais envisagé d’annuler la cérémonie du 14-Juillet, comme certains lui en ont prêté l’intention. L’Elysée a choisi entre les différentes options présentées par le général Bruno Le Ray, le gouverneur militaire de Paris responsable de l’opération. « On aurait fait comme d’habitude, avec une moitié de blouses blanches intégrée au défilé en mode “le peuple en marche”, cela aurait agacé tout le monde dans les rangs, souligne un militaire. Mais là, c’est un véritable 14-Juillet. » « Ce sera sobre, en résonance avec la gravité du moment », souligne l’Elysée. Comprendre : il n’y aura pas de musique des Daft Punk ou d’homme volant, comme lors des précédentes éditions.

Nouvelle étape

Le Rassemblement national a néanmoins accusé le président de « déconstruire la France », dans un communiqué publié jeudi soir. Selon le parti de Marine Le Pen, « priver » les Français de défilé « alors que le pays, soumis à des conditions de vie difficiles, restrictives et contraignantes jusqu’alors inédites en temps de paix, a fait face avec abnégation et discipline, est une faute manifeste ».

En attendant, le chef de l’Etat entend faire de cette célébration le point de départ d’une nouvelle étape de la vie du pays. Celle-ci a d’ailleurs été conçue pour s’intégrer dans la scénographie de « l’après » que le président de la République devrait esquisser peu ou prou au même moment, à l’occasion d’un grand discours ou d’une adresse à la Nation.

« Le lieu choisi pour la cérémonie, la place de la Concorde, dit tout de l’intention du président : il veut montrer que le pays a tenu bon durant la crise parce qu’il était uni, explique un conseiller d’Emmanuel Macron. Le 14 juillet doit être la démonstration que la vie reprend ses droits, que la République continue. »

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