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Jours tranquilles à Paris
17 juillet 2020

Laurent Joffrin s’apprête à quitter ses fonctions à « Libération » pour se lancer en politique

Par Sandrine Cassini, Aude Dassonville - Le Monde

Il annonce un livre – « Anti-Macron » – et un appel à la recomposition de la gauche. Il souhaite également continuer à écrire des chroniques pour le quotidien.

Troisième coup de théâtre en trois mois à Libération. Après l’annonce surprise de la sortie du quotidien du groupe Altice pour être transféré dans une fondation, à la mi-mai, puis celle de l’arrivée de Denis Olivennes à sa direction générale, le 11 juin, les salariés du titre ont appris, jeudi 16 juillet, le départ imminent de son directeur de la publication, Laurent Joffrin.

Cette perspective avait été esquissée en mai, en même temps que la fondation, mais aucune date n’avait été officiellement arrêtée. A 68 ans, le journaliste se lance en politique, un projet qu’il mûrit « depuis le début de l’année », assure-t-il au Monde.

Le titre de son prochain livre, à paraître aux Editions Stock, laisse peu de doute sur l’objet de sa motivation : Anti-Macron, compilation des lettres politiques que l’éditorialiste a publiées quotidiennement sur Libé.fr entre 2017 et 2020, est attendu en librairie le 23 septembre. « Si rien ne change aujourd’hui à gauche, on risque de se retrouver de nouveau avec un Macron-Le Pen au deuxième tour de la prochaine élection présidentielle [en 2022], et c’est une perspective qui ne me réjouit pas », poursuit-il.

Lundi 20 juillet à 11 heures, au cours d’une conférence de presse organisée dans le 11e arrondissement de Paris, il lèvera le voile sur les noms de la centaine d’« intellectuels, d’experts, de militants associatifs... » qui s’associent à son appel, « pour que la gauche se reprenne ». Aucun responsable de parti ni aucun élu ne figurent au nombre des signataires du texte fondateur qu’il présentera ce jour-là.

« On savait que l’ère Joffrin était terminée »

Sitôt la nouvelle connue, jeudi, les journalistes se sont réunis en assemblée générale afin de débattre de la compatibilité de la nouvelle carrière de Laurent Joffrin avec le maintien de certaines de ses responsabilités. En vue d’apaiser l’émotion qu’il a lui-même soulevée, le directeur de la publication a prévu de démissionner officiellement dans les prochaines heures des trois fonctions qu’il occupait jusqu’ici (cogérant, directeur de la publication et directeur de la rédaction).

Il souhaite toutefois continuer d’être chroniqueur pour le journal, et sera l’un des trois administrateurs du fonds de dotation que doit créer Altice à la rentrée. « Mise devant le fait accompli, la rédaction constate que ce nouvel engagement personnel est incompatible avec la poursuite de toute activité éditoriale au sein de Libération », lui ont répondu les journalistes du quotidien.

L’histoire de Laurent Joffrin avec Libération, étroitement liés depuis près de quarante ans, devait se terminer depuis qu’Altice avait décidé de sortir du journal. « Avec la nomination de Denis Olivennes à la direction générale du groupe, et l’arrivée de Dov Alfon, on savait que l’ère Joffrin était terminée, même s’il était question qu’il reste jusqu’à la fin de l’année », témoigne-t-on au niveau interne.

Pour la rédaction, c’est Dov Alfon, qui fut rédacteur en chef du quotidien de gauche israélien Haaretz entre 2008 et 2011 avant d’en être son correspondant à Paris à partir de 2016, qui pourrait être nommé à la tête du journal. Par ailleurs auteur d’Unité 8200 (Editions Liana Levi, avril 2019), un roman d’espionnage fondé sur ce service de renseignements technologiques, le journaliste a été chargé par Denis Olivennes d’une sorte d’audit dont les conclusions sont attendues à la rentrée. « Il observe. On a l’impression que son projet va reposer sur l’abonnement numérique et l’investigation », témoigne un salarié. Et cette fois, ce n’est pas Laurent Joffrin qui en décidera.

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