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Jours tranquilles à Paris
29 août 2020

Biélorussie - Poutine prêt à intervenir pour Loukachenko mais appelle au dialogue

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le président russe s’est dit prêt jeudi à déployer des forces en Biélorussie si la contestation post-électorale devait y dégénérer, tout en appelant les parties à un règlement négocié.

La Russie a mobilisé, “à la demande d(u président biélorusse) Alexandre Loukachenko”, des forces qu’elle est prête à déployer chez son voisin si la contestation post-électorale devait y dégénérer, a annoncé Vladimir Poutine jeudi 27 août.

Dans une interview à la chaîne de télévision publique Rossiya 24, relayée en Biélorussie notamment par le site Charter 97, le président russe a expliqué qu’il était disposé à intervenir si la situation devenait “incontrôlable”.

Alexandre Loukachenko m’a demandé de former une certaine réserve d’agents des forces de l’ordre. Et je l’ai fait. Mais nous avons également convenu qu’elle ne sera pas utilisée jusqu’à ce que la situation soit hors de contrôle et que des éléments extrémistes (…) franchissent certaines limites : qu’ils mettent le feu à des voitures, des maisons, des banques, tentent de saisir des bâtiments administratifs.”

“Avertissement menaçant”

Si Vladimir Poutine a dans la foulée exhorté “tous les participants à ce processus” à “trouver une issue” à la crise, le New York Times voit dans ces propos un “avertissement menaçant aux manifestants en Biélorussie”, descendus en masse dans la rue pour dénoncer la réélection jugée frauduleuse de M. Loukachenko avec 80 % des voix le 9 août, “afin qu’ils ne fassent pas trop d’efforts pour renverser le président de leur pays, en difficulté”.

Car M. Poutine – dont “les taux d’approbation ont chuté à leur plus bas niveau depuis son arrivée au pouvoir à la fin de 1999”, dans le contexte de la crise sanitaire due au coronavirus – “détesterait assister à la disparition d’un compagnon autoritaire qui semblait lui-même invincible jusqu’à ce mois-ci. Cela pourrait donner des idées aux Russes”, commente l’article.

M. Loukachenko, lui, “va certainement interpréter” les mots de M. Poutine “comme une approbation”, analyse auprès du journal américain Andreï Kortunov, le directeur général du Conseil russe des affaires internationales, un think tank proche du Kremlin. Et pour se maintenir, le chef de l’État, à la tête de la Biélorussie depuis 1994, pourrait facilement “brûler quelques voitures pour déclencher une intervention russe”, anticipe l’expert. Reste que M. Poutine est face à un “dilemme périlleux”, met en garde le New York Times, puisqu’un tel déploiement en Biélorussie “risquerait de créer un autre foyer anti-russe, comme en Ukraine.”

“Forces extérieures”

Lors de son allocution, M. Poutine a assuré que les Biélorusses devraient décider de leurs propres affaires, mais a dit que la Russie ne pouvait pas être indifférente en raison des liens ethniques, culturels et économiques entre les deux pays. Le dirigeant a argué que Moscou avait répondu à la contestation biélorusse avec plus de “retenue et de neutralité” que les États-Unis et l’Europe. Et a accusé “les forces extérieures” de tenter “d’influencer la situation en Biélorussie”, retient l’agence de presse étatique biélorusse Belta.

Enfin, “interrogé indirectement sur les brutalités policières” en Biélorussie, “M. Poutine a détourné l’attention, comme il le fait souvent, sur la violence aux États-Unis”, raconte encore le New York Times. “Si nous regardons objectivement, je pense que les forces de l’ordre biélorusses agissent avec retenue, quoi qu’il arrive” par rapport à “ce qui se passe dans certains pays”, a-t-il déclaré. Des “commentaires” qui “vont consterner l’opposition”, réagit The Times, au Royaume-Uni. Le quotidien rappelle que “les manifestants ont décrit les sévères traitements infligés par la police et le personnel pénitentiaire, de nombreuses victimes montrant les coupures, les ecchymoses et les blessures par balles en caoutchouc .”

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