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Jours tranquilles à Paris
25 septembre 2020

Lorient - Esclavagisme, la part d’ombre de l’histoire lorientaise

esclavagisme lorient

Pendant une heure, Jean-Marc Ayrault, l’ancien Premier ministre et président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, a répondu aux questions de 34 élèves de première du lycée Dupuy-de-Lôme, à Lorient, ce jeudi 24 septembre.

Article de Julien Boitel

Jean-Marc Ayrault est intervenu dans une classe du lycée Dupuy-de-Lôme, ce jeudi. Une rencontre organisée autour de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage dont l’ancien Premier ministre est président.

Ce n’est pas tous les jours qu’un ancien Premier ministre s’invite dans une salle de cours. Les 34 élèves de première de la classe de Valérie Valey, professeur d’histoire-géographie au lycée Dupuy-de-Lôme, avaient plein de questions ce jeudi après-midi. Invité par le Carrefour des Humanités Paul-Ricoeur, qui organise des évènements dans l’amphithéâtre de l’établissement depuis une dizaine d’années, Jean-Marc Ayrault est venu présenter, avant une conférence en soirée, les enjeux de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, créée il y a un an et dont il est le président.

Le passé méconnu  de Lorient et Colbert

« L’histoire de l’esclavage n’appartient pas au passé. Elle a des résonances encore aujourd’hui, comme le montrent la mort de George Floyd et les manifestations qui ont suivi », souligne l’ancien Premier ministre. « L’esclavage est parfois méconnu. Cela n’est pas si facile d’en parler. Quand le Musée de la compagnie des Indes a été créé à Lorient, il ne parlait pas d’esclavage au départ », prend-il pour exemple, devant des élèves très concernés. Et de poursuivre : « Si on veut une société apaisée, il faut mettre ces sujets sur la table car quand ils sont enfouis, ils ressortent parfois avec violence ».

L’exemple de Lorient est symptomatique. La ville de la Compagnie des Indes a joué un rôle, certes moins important que Nantes ou Bordeaux, dans la traite des noirs. « Lorient a été le premier port négrier en France de 1723 à 1725, avant que ce commerce ne se développe à Nantes. La Compagnie des Indes, c’est 190 expéditions négrières. On l’oublie souvent », rappelle Valérie Valey. Avec ses élèves, elle travaille sur ce sujet et plus globalement sur la thématique du lien social. « L’objectif est que les élèves proposent des solutions », explique-t-elle.

« Ne pas en parler peut créer d’autres problèmes »

La Fondation pour la mémoire de l’esclavage veut « contribuer à favoriser la connaissance de cette histoire et la mettre en perspective avec les héritages et les problématiques actuelles », a expliqué Jean-Marc Ayrault. « Ne pas en parler peut créer d’autres problèmes », a-t-il répété. L’ancien maire de Nantes pendant 23 ans a aussi évoqué Colbert, dont un lycée porte le nom à Lorient. « Je ne suis pas pour le débaptiser ou enlever telle ou telle statue. Il ne faut pas effacer l’histoire. Colbert a été un très grand ministre de Louis XIV mais on oublie qu’il a institutionnalisé l’esclavage dans l’économie française. Il faut expliquer toute l’histoire. Ça mériterait que les responsables du lycée, les professeurs, les parents et les élèves se saisissent de cette question et apportent eux-mêmes une réponse ». Après une heure de questions-réponses, Jean-Marc Ayrault, qui a ensuite rencontré Fabrice Loher, le maire, a invité les lycéens à poursuivre leur travail sur la mémoire de l’esclavage et à partager leurs connaissances. Pour lui, la jeunesse et l’école sont la base du changement. « Il faut libérer les esprits et les consciences. C’est un travail complexe mais avec de la patience et de la rigueur et en évitant les simplismes, on pourra y parvenir ».

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