Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
25 septembre 2020

Paris double ses subventions aux associations LGBT

IMG_7902

Par Denis Cosnard - Le Monde

La maire socialiste Anne Hidalgo veut également ouvrir enfin la Maison des cultures LGBT et le centre d’archives promis de longue date.

Anne Hidalgo l’avait promis durant la campagne des municipales : en cas de victoire, elle comptait bien prolonger le « coup de foudre entre Paris et les LGBTQI », selon ses termes prononcés juste avant le premier tour.

Réélue en juillet, la maire de Paris se prépare à passer à l’acte en faveur des homosexuels, bisexuels, transgenres, queers mais aussi intersexes. Au conseil municipal d’octobre, des subventions de 382 650 euros vont être attribuées à vingt-cinq associations LGBT, comme le Centre LGBT de Paris, l’Inter-LGBT qui organise la « marche des fiertés », Le Refuge, ou encore SOS Homophobie. D’autres projets avaient été votés dès juillet.

Au total, « nous doublons notre soutien financier, qui va passer d’environ 200 000 euros à 400 000 euros par an », annonce au Monde Jean-Luc Roméro-Michel, militant homosexuel historique et désormais adjoint d’Anne Hidalgo chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations.

« Il fallait envoyer un signe fort, pour rattraper le retard, explique le nouvel élu de Paris. A l’époque de la droite, il n’y avait pas un centime pour les associations LGBT. Les premières actions, les premières subventions sont arrivées avec Bertrand Delanoë à partir de 2001, et Anne Hidalgo a amplifié le mouvement. » A présent, Jean-Luc Roméro-Michel entend aller plus loin encore. « Paris n’est pas la ville qui donne le plus d’argent aux associations de ce type, loin de là », argumente-t-il.

La municipalité accusée de clientélisme

Ce grand coup de pouce aux LGBT risque de faire tousser certains, alors que la politique générale de la Ville en matière de subventions fait l’objet de critiques récurrentes. Mardi 22 septembre, les élus Les Républicains (LR) ont encore dénoncé de « petits arrangements entre amis ». « Au conseil de Paris, on nous fait maintenant voter sur des paquets agglomérant des dizaines d’associations, certaines à l’utilité publique incontestable, d’autres beaucoup moins, par exemple lorsqu’elles favorisent des replis communautaires, peste Nelly Garnier, une élue proche de Rachida Dati. Cette méthode est symptomatique de la politique de Paris envers les associations : toujours plus d’argent, distribué de façon toujours plus obscure. »

Les militants LGBT ne sont pas non plus tous tendres à l’égard de la mairie. Certains l’accusent de clientélisme, de double discours, ou encore de « pinkwashing ». Deux dossiers cristallisent le mécontentement.

Le premier concerne la création à Paris d’un centre d’archives LGBT. Vingt ans que le chantier est évoqué sans se concrétiser. Faut-il privilégier l’histoire récente, autour d’Act-Up et de la lutte contre le sida, ou remonter plus loin ? Choisir une approche militante ou plus scientifique ? Confier les clés aux associations ou aux institutions publiques, type Archives nationales ? Et où implanter le centre ? Autant de débats qui ont freiné le projet, et incité certains à monter des structures d’archivage indépendantes. « La Mairie câline les associations, mais veut tout contrôler, ce n’est pas acceptable », dénonce un militant.

Aujourd’hui, « la création de ce centre d’archives constitue une priorité, affirme Jean-Luc Roméro-Michel. Et comme il a une vocation nationale, son financement devra s’appuyer aussi sur l’Etat et la région. » Selon l’accord passé entre les socialistes, les communistes et les écologistes avant le second tour, les associations et les personnes concernées seront associées « d’une manière ou d’une autre » à la gestion du centre d’archives, par exemple en disposant de places au conseil d’administration.

Une mission pour déminer le terrain

Second dossier sur la table, l’ouverture d’une « Maison des cultures LGBT+ » au cœur du Marais, le principal quartier gay de la capitale. L’équipe d’Anne Hidalgo l’avait d’abord annoncée pour janvier 2020 « au plus tard », puis intégrée dans son programme électoral, sans plus fixer de date. Cette « maison », qui pourrait s’installer dans un local vacant rue Malher (4e arrondissement), aurait vocation à valoriser les cultures LGBT, leur donner plus de visibilité, notamment à travers des expositions.

Son articulation avec le futur centre d’archives, ainsi qu’avec le Centre LGBT Paris qui existe déjà, reste toutefois à affiner. « Faut-il vraiment mettre des moyens sur un énième lieu d’exposition, alors que tant d’associations actuelles sont dans la détresse ? », s’interroge Mariame Kane, la coprésidente du Centre LGBT Paris.

Devant ces difficultés, Anne Hidalgo s’apprête à confier une mission de quelques mois à un spécialiste du sujet, pour déminer le terrain. Ancien président de SOS Homophobie et artisan de la campagne de la candidate Hidalgo dans le monde homosexuel, Joël Deumier devra présenter des propositions concernant le futur centre des archives, la Maison des cultures LGBT et l’avenir du Centre LGBT Paris, aujourd’hui à l’étroit dans ses murs. En commençant par écouter toutes les associations concernées. Joël Deumier a bien en tête le problème : « L’histoire LGBT s’est en partie construite sur des luttes contre les pouvoirs publics, si bien qu’il y a parfois des incompréhensions, des dissensions à aplanir. »

IMG_7903

Publicité
Commentaires
Publicité