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Jours tranquilles à Paris
3 octobre 2020

Navalny : « Poutine est derrière cet acte »

Pour l’opposant russe, l’usage du Novitchok ne peut être possible sans l’ordre du président

BERLIN - correspondant

Un homme très affaibli physiquement mais moralement plus combatif que jamais : voilà ce qui se dégage du long entretien accordé par Alexeï Navalny au Spiegel, publié jeudi 1er octobre. « J’affirme que Poutine est derrière cet acte, je ne vois pas d’autres explications », déclare le leader de l’opposition russe dans cette longue interview à l’hebdomadaire allemand, la première depuis sa sortie de l’hôpital berlinois de la Charité où il a passé deux semaines dans le coma après avoir été empoisonné en Russie à la fin du mois d’août.

Pour Alexeï Navalny, cela ne fait pas de doute. « Seules trois personnes peuvent (…) décider d’utiliser du Novitchok », le puissant produit innervant retrouvé dans son organisme par les médecins allemands : le directeur des services secrets (FSB), celui du renseignement extérieur et celui du renseignement militaire (GRU). Or, aucun « ne peut prendre une telle décision sans l’ordre de Poutine », affirme-t-il.

Interrogé sur ses projets, M. Navalny assure qu’il a la ferme intention de rentrer dans son pays. « Ma tâche est de rester le type qui n’a pas peur. Et je n’ai pas peur. Quand ma main tremble, ce n’est pas de peur, mais à cause de ce truc. Je ne ferai pas le cadeau à Poutine de ne pas rentrer en Russie. »

« Menace pour la sécurité »

A la question de savoir pourquoi les autorités russes ont autorisé son évacuation médicale en Allemagne, Alexeï Navalny répond : « Je pense qu’ils étaient déterminés à ne pas me laisser quitter le pays, c’est pour cela qu’ils ont déclaré que je n’étais pas en état d’être transporté. (…) Mais grâce à mes soutiens et aux efforts de mon épouse, l’affaire se serait transformée en un reality show titré : “Navalny meurt à Omsk”. (…) Or, il est important pour Poutine et ses alliés que leurs opposants ne soient pas des martyrs. (…) Si j’étais mort [là-bas], cela aurait été clairement leur responsabilité. »

Dans cet entretien, Alexeï Navalny rend également un hommage appuyé à Angela Merkel, qui lui a rendu visite à l’hôpital de la Charité. « J’ai été impressionné par sa connaissance de la Russie et de mon cas personnel. Il y a des détails qu’elle connaît mieux que moi. » Le 2 septembre, la chancelière allemande avait été la première dirigeante étrangère à qualifier de « crime » l’empoisonnement de M. Navalny.

Plutôt que de « sanctions contre la Russie dans son ensemble » en lien avec sa tentative d’assassinat, l’opposant préférerait une autre voie. « Ce dont nous avons besoin, c’est de sanctions contre des délinquants spécifiques, et je vous l’assure : 95 % des Russes y seraient favorables », assure-t-il.

Après la parution de l’entretien, Moscou n’a pas tardé à réagir. Les accusations d’Alexeï Navalny sont « sans fondements et inacceptables », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, assurant avoir des informations selon lesquelles l’opposant travaillerait avec la CIA. « Navalny n’a aucune honte, c’est un scélérat. Poutine lui a sauvé la vie », a de son côté affirmé Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, le Parlement russe.

Alors que se déroulaient ces passes d’armes entre M. Navalny et Moscou, cinq Etats européens membres du Conseil de sécurité de l’ONU – Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Estonie et France – ont adressé une lettre à la Russie pour exiger des explications sur cette affaire qualifiée de « menace pour la sécurité et la paix internationales ». Un courrier publié jeudi, à la veille de la prise, par la Russie, de la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU pour le mois d’octobre.

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