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Jours tranquilles à Paris
20 novembre 2020

Les selfies troublants de Cindy Sherman

Depuis 1975, Cindy Sherman compile par la photographie une encyclopédie de la société nord-américaine contemporaine. L’accrochage à la Fondation Louis Vuitton prend des libertés avec la chronologie, mais la cohérence inflexible de la méthode Sherman ne s’en voit que mieux, conformément à ce qu’elle en dit elle-même. Cindy Sherman est l’actrice unique, la scénographe, l’éclairagiste, la maquilleuse, l’habilleuse, la décoratrice, la documentaliste et la photographe de chacune des images, ne déléguant que le tirage. Se déguisant, se plaçant dans un décor d’objets significatifs, s’approvisionnant dans les musées, albums, films, publicités et séries – de Desperate Housewives à Game of Thrones –, elle compose des faux instantanés emblématiques. En passant en revue professions et générations, elle dessine une géographie sociale des Etats-Unis, des banlieues cossues à Manhattan, et réunit un inventaire des mythologies collectives américaines de la réussite et de la beauté.

Parmi ces œuvres se trouve un échantillon des collections de photographies d’anonymes et d’amateurs que Sherman accumule depuis les années 1970, ainsi que sa récente série de grandes tapisseries tissées d’après des selfies retravaillés sur ordinateur grâce à des applications censées parfaire les visages. Il est probable qu’elles déplairont, ce qui est normal parce que Sherman continue de viser juste et de montrer la vérité nue. Philippe Dagen

Cindy Sherman, Fondation Louis Vuitton, Paris 16e. De 5 € à 14 €. Jusqu’au 3 janvier 2021.

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