En 1906, on construit un édifice mitoyen aux halles qui accueille la justice de paix au rez-de-chaussée et un joli théâtre à l'italienne à l'étage. Le projet architectural ayant été sélectionné est celui d'Edouard Ramonatxo.
Inauguré le 29 novembre 1908 par les officiels de la ville, il sera ouvert au public le dimanche 17 janvier 1909 lors d'une fête organisée par des artistes lorientais, vannetais et alréens au profit de l'orphelinat des Chemins de fer Paris-Orléans.
Pendant des années, le Petit Théâtre accueillera les temps de forts de la cité alréenne, servant ainsi de salle des fêtes. Aujourd'hui, le lieu est dédié aux réunions, rencontres et expositions.
Des souvenirs à foison
De nombreuses manifestations, de toute sorte, jalonnèrent la vie du Petit Théâtre : des séances de cinéma, des galas de boxe, des réunions politiques, des rassemblements associatifs, des arbres de Noël, les élections de reine, des bals ...et surtout, des représentations chorégraphiques et théâtrales. S'y succédaient les œuvres classiques et les pièces de boulevard dont la célèbre pièce « Ça, c'est Auray » (1928) d'Auguste Viet, un commerçant alréen auteur très apprécié de son temps.
La soirée la plus prestigieuse fut programmée organisée les 11 et 12 juin 1949 : Lycette Darsonval, danseuse étoile de l'Opéra de Paris interpréta Le Cygne de Saint Saëns, avec six petits rats. Suivirent les prestations d'Isabellita Vargas, danseuse espagnole, et celle du baryton de La Scala de Milan, Ugo Ugaro. Cette grande vedette italienne de l'époque fut longuement ovationnée après avoir chanté des airs de Carmen, Rigoletto, Le Barbier de Seville, Funiculi... (source : Albert Garin)
Le théâtre " à l'italienne "
Le principe de ce type de théâtre est apparu en Italie, au début du XVIIe s.. Il s'est d'abord établi dans de grandes salles des palais princiers pour des représentations privées, puis dans des bâtiments spécialement conçus pour être démocratiquement ouverts à tout public et dont les places étaient payantes. C'est à Venise qu'est apparu le premier théâtre de ce genre : le Treatro San Cassiano (1637). Cet exemple fut rapidement suivi dans toutes les villes d'Italie puis de l'Europe entière. En France, il existe de très beaux théâtres " à l'italienne " à Bordeaux, Metz, Lyon ou Versailles. En Bretagne, il subsiste peu de théâtres de ce type. Il en existe à Quimper, Rennes ou Morlaix.
En comparaison, le théâtre d'Auray est modeste. Mais le lieu a du charme et compte des références au décor et à l'architecture à ce que l'on nomme communément le théâtre " à l'italienne ".
Classiquement la salle d'un théâtre à l'italienne est dessinée selon un plan en U, en ovale ou en fer à cheval et est structurée en plusieurs étages ou balcons. Ceux-ci permettaient aux « bourgeois », assis, de voir et d'être vus. De même, des loges, situées de part et d'autre de la scène étaient réservées aux nobles ou aux invités de marques. Quant à l'espace face à la scène, il est appelé le parterre. Le public y stationnait debout.
Ce genre de théâtre est souvent doté d'une ou plusieurs salles pouvant recevoir les spectateurs avant les représentations et pendant les entractes du spectacle : vestibule, foyers du public, etc. A Auray, on accède au Petit Théâtre par deux larges escaliers et un vaste vestibule. La salle est dotée d'un balcon et de décors de bois sculptés.
Scène et machineries
Le plancher de scène du Petit théâtre s'élève sur une pente de4à 5 %, delà face vers le mur lointain. C'est le cas dans tous les théâtres " à l'italienne ". Dans la cage de scène différents espaces techniques sont aménagés. Par exemple, la remontée des décors souples se fait à l'aide d'une machinerie. Le décor est alors conçu comme un tableau mis en relief par des plans successifs. En 1905, la Ville d'Auray commande trois décors-type composés de « toiles de fond, frises ou châssis cour et jardin »... pour 2700 francs : "
- Paysage décor moderne
- Salon Louis XVI
- Chaumière décor moderne
(Source : Service Archives et Patrimoine - Ville d'Auray)