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Jours tranquilles à Paris
22 juillet 2019

Isthme de Penthièvre - Presqu’île de Quiberon

presquile

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21 juillet 2019

A Nantes, une chaîne humaine géante pour demander : « Où est Steve ? »

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Par Yan Gauchard, Nantes, correspondant

« Depuis 29 jours, nous attendons des réponses, nous demandons que justice soit faite », a rappelé une amie du jeune homme, disparu depuis une intervention de police le soir de la Fête de la musique.

Dix lettres noires se détachant sur fond blanc, trois mots simples déployant un même cri de détresse et de colère : « Où est Steve ? » Pas une place ou presque de la ville de Nantes (Loire-Atlantique) n’échappe à cette affiche et cette question lancinante, laquelle se démultiplie sur les réseaux sociaux et gagne désormais l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

« Où est Steve ? » : c’est le message inlassablement repris par les quelque 700 personnes assemblées Quai Wilson, samedi 20 juillet, sur les lieux même où Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, a été vu pour la dernière fois la nuit de la Fête de la musique. Le jeune homme participait à une soirée techno qui a été dispersée par les policiers le 22 juin, peu après 4 heures du matin – heure convenue initialement pour couper le son. Ces derniers ont notamment fait usage de grenades lacrymogènes, de grenades de désencerclement et de lanceurs de balle de défense semant la confusion, puis la panique, sur le quai dépourvu de parapet. Une dizaine de personnes ont chuté dans la Loire. Steve Maia Caniço, qui ne savait pas nager, n’a plus donné signe de vie depuis lors.

« Un ordre aberrant »

L’intervention des forces de l’ordre a suscité la controverse jusque dans les rangs de la police. Le syndicat Unité SGP Police, par la voix de Philippe Boussion, secrétaire régional, a pointé « la responsabilité » du commissaire en charge du commandement de l’opération, l’accusant d’avoir « commis une faute grave de discernement » en donnant à ses troupes « un ordre aberrant ». « On n’intervient pas à 4 h 30 du matin avec vingt policiers au milieu d’un millier de personnes potentiellement alcoolisées pour une opération à la finalité très relative », a réaffirmé au Monde M. Boussion, vendredi 19 juillet. « Les policiers engagés sur la zone ont été victimes de violences, accueillis par une pluie de projectiles, rétorque un haut fonctionnaire. Dès lors, le commandant de la force publique présent sur les lieux a un droit de riposte immédiat. »

Les proches du disparu décrivent un jeune homme « ouvert d’esprit, fan de cinéma et de Marvel (maison d’édition de « comics » américains), aimant les gens et n’allant jamais à la confrontation physique ». « Sa vie, c’était sa famille, ses potes, la musique, énonce Anaïs, l’une de ses meilleures amies. Il adorait partager ses coups de cœur. Dès qu’un truc le touchait, on recevait un message ou il appelait. »

« Depuis 29 jours, nous attendons des réponses, nous demandons que justice soit faite », expose Aliyah, autre amie de Steve. Un porte-voix à la main face à la foule du quai Wilson, la jeune femme estime que « l’absence de Steve est le résultat de trop de violences, de trop de répressions » et promet : « Nous ne lâcherons rien. »

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« La justice va à deux vitesses »

Quelques minutes plus tard, le rassemblement se fait solennel. Deux longues chaînes humaines font face à la Loire, une minute de silence est observée. Des larmes envahissent des visages. « On a l’impression que la justice va à deux vitesses, lâche Alexane, 24 ans, autre camarade du disparu. Si c’était un CRS qui était tombé à l’eau, tous les moyens auraient été mis en œuvre pour le retrouver en un temps record. Et les participants de la fête auraient immédiatement été mis en accusation. » La jeune femme, livreuse de profession, indique avoir parlé à son ami à 3 h 30, juste avant qu’elle ne quitte les lieux. « Il était fatigué, mais il n’était pas ivre, ça j’en suis sûre. Il pouvait se poser n’importe où et s’endormir en une seconde ! »

Les proches de Steve ne se bercent pas d’illusion quant à l’issue tragique qui se dessine. « Faut se faire une raison, ne serait-ce que pour notre mental, dit Alexane. On sait qu’il ne reviendra pas. »

Macron réagit

Au total, cinq procédures sont en cours suite à cette disparition. L’avocate Marianne Rostan a déposé le 3 juillet, au nom de 89 personnes présentes à la soirée techno, une plainte contre X pour « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Cette plainte collective a conduit Pierre Sennès, procureur de la République de Nantes, à saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). La police des polices avait déjà été sollicitée, sur le plan administratif, par le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, le 24 juin.

Les enquêteurs de la Police judiciaire de Rennes, saisis par une juge d’instruction nantaise, mènent également des investigations pour rechercher les causes de la disparition de Steve Maia Caniço. Le Défenseur des droits s’est aussi emparé de l’affaire. M. Sennès a également annoncé qu’une plainte a été déposée par dix policiers pour « violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique ».

Jeudi 18 juillet, Johanna Rolland, maire PS de Nantes, a remis la pression sur l’Etat en dressant un courrier à M. Castaner. L’élue exige que « des réponses précises et publiques » soient apportées « sans délai » aux questions entourant l’opération policière du quai Wilson, au cours de laquelle, juge-t-elle, « il a été fait un usage de la force qui apparaît disproportionné. »

Interpellé sur le sujet alors qu’il était en déplacement à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) ce samedi, Emmanuel Macron s’est dit « très préoccupé par la situation », et a conclu sur la nécessité de voir « l’enquête conduite jusqu’à son terme ».

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18 juillet 2019

Plougastel-Daoulas : un destin lié avec la fraise

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Aux portes de Brest, Plougastel-Daoulas a lié son destin à la fraise depuis le 18e siècle et le retour du Chili de l'officier Amédée-François Frézier. Ses plants firent la richesse de la commune, aujourd'hui en quête d'une meilleure reconnaissance.

"La fraise a fait la richesse et la notoriété de Plougastel puisque à la grande époque on produisait ici 25% des fraises consommées en France", explique à l'AFP Dominique Cap, maire de la commune située sur la presqu'île du même nom au coeur de la rade de Brest.

"A la belle époque, les gens payaient leur maison avec une saison de fraises", assure Jean-Jacques André, l'un des adjoints de l'édile et ancien producteur de fraises de la commune aux 37 km de littoral.

La fraise des bois est connue depuis l'Antiquité, mais elle est petite et très fragile. Au 16e siècle, l'explorateur Jacques Cartier rapporte les premiers fraisiers de ses voyages aux Amériques. C'est cependant à l'officier de Marine Amédée-François Frézier que l'on doit les variétés que l'on connait aujourd'hui. Parti en 1712 de Saint Malo, cet officier piqué de botanique, ramènera à Brest, où il sera nommé quelques années plus tard, les plants d'un fruit bien plus gros que la fraise des bois, appelé "Blanche du Chili". Prélevés dans la baie de Conception, ils s'acclimateront parfaitement au climat de Plougastel, dont les similarités avec la ville chilienne seraient nombreuses: situation identique en fond de rade avec une terre et un climat maritime similaires.

La force de la fraise de Plougastel

"Ce qui a fait la force de la fraise de Plougastel, c'est son terroir, on n'a pas de grands froids ici, le climat est très doux", soutien Dominique Cap, évoquant également une terre de schiste propice à cette culture. Les plants issus de cette fraise blanche, pollinisée par un fraisier sauvage local, vont progressivement remplacer sur la presqu'île, aux nombreuses chapelles et calvaires, les champs de lin.

Dans les années 1930, 1000 hectares sont consacrés à la fraise, contre 50 en 1875, selon le Musée de la fraise et du patrimoine de Plougastel-Daoulas, qui devient alors la capitale du fruit en France avec 5000 à 6000 tonnes récoltées chaque année, soit un quart de la production française. Mais à partir des années 1970 la production chute à moins de 500 tonnes. "C'était trop dur comme travail, on disait aux enfants de faire autre chose", raconte Dominique Cap.

Une belle reconnaissance

Les agriculteurs s'organisent alors et investissent dans des moyens de production plus modernes. "Savéol a permis à la fraise de se développer à nouveau", estime Louis Le Bot, producteur indépendant, à propos de la coopérative à l'origine désormais de plus de la moitié des récoltes de fraises sur la commune.

Et puis, l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) crée en 1976 la gariguette, fraise la plus vendue aujourd'hui en France, pour répondre notamment à la concurrence espagnole. Aujourd'hui la production de l'Espagne dépasse les 350 000 tonnes par an, contre 50 000 tonnes pour la France, dont 2 000 viennent de Plougastel et ses environs.

"On ne fait plus de variétés historiques, c'est dépassé", souligne Jean-Jacques Le Gall, administrateur de la coopérative. "La gariguette c'est le fleuron de la commune aujourd'hui", précise Louis Le Bot, en regrettant cependant la "concurrence étrangère". "La fraise de Plougastel est aujourd'hui un peu dans la tourmente", estime ce passionné, fils et petit-fils de producteurs, qui récolte une quarantaine de tonnes par an.

Pour conforter la production, une demande d'IGP (Indication géographique protégée) auprès de l'Institut national des appellations d'origine (Inao) va être déposée par la commune. "C'est important de faire savoir que les fraises de Plougastel viennent d'un terroir bien identifié", juge Dominique Cap, regrettant des cas d'usurpation de nom. "Ce serait une belle reconnaissance !" fait valoir Jean-Jacques André. A voir cependant, car l'Inao n'a encore jamais accordé d'IGP pour des cultures hors sol, le cas de plus de 95% de celles dédiées aux fraises à Plougastel-Daoulas.    

17 juillet 2019

En Bretagne, l’angoisse des algues vertes ravivée

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Par Nicolas Legendre, Saint-Brieuc, envoyé spécial

Six plages jonchées d’« ulva armoricana », mise en cause dans plusieurs décès, ont été interdites d’accès.

Dans l’anse d’Yffiniac (Côtes-d’Armor), ce mois de juillet a des allures de janvier. Aucun enfant ne joue sur les plages. Très peu de promeneurs s’aventurent sur le sentier côtier. Depuis le printemps, les algues vertes prolifèrent ici en quantité exceptionnelle : un tapis malodorant recouvre à perte de vue les sables et vasières de cette réserve naturelle située en baie de Saint-Brieuc. Alors que d’autres zones du littoral breton sont concernées, dans une moindre mesure, par un phénomène semblable, et qu’une succession d’événements a contribué, ces dernières semaines, à braquer de nouveau les projecteurs sur ce « fléau » armoricain, les autorités évoquent un nécessaire durcissement des mesures de lutte.

En juin, près de 500 hectares de la baie de Saint-Brieuc ont été constellés d’ulva armoricana, selon les observations effectuées par le Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA). Un record, pour cette période de l’année ; 150 kilomètres plus à l’ouest, dans la baie de Douarnenez (Finistère), des quantités importantes d’algues ont tapissé plusieurs plages.

L’intégralité du littoral breton, qui totalise 2 730 kilomètres de linéaire côtier, n’est pas concernée, et seules six plages sont actuellement interdites d’accès, alors que la région en compte environ 500. Il n’empêche : dans la péninsule, qui subit depuis quarante ans le « verdissement » des estrans (partie du littoral périodiquement recouverte par la marée), les esprits s’échauffent.

Une énième pétition dénonçant « l’échec total des plans mis en œuvre » pour remédier au problème a été lancée récemment par des associations bretonnes. Et le spectre du risque sanitaire lié à l’inhalation de sulfure d’hydrogène, gaz exhalé dans certaines circonstances par les algues en décomposition, hante à nouveau les esprits.

Conjoncture météorologique

Samedi 6 juillet, un jeune ostréiculteur de 18 ans est décédé brutalement en baie de Morlaix (Finistère). Trois jours plus tard, un estivant de 70 ans trouvait la mort alors qu’il nageait à Plonévez-Porzay, dans le même département. Il s’agit, dans chaque cas, de zones concernées par des proliférations de « laitue de mer ».

La préfecture a ordonné l’autopsie du corps de l’ostréiculteur. Les résultats doivent être communiqués d’ici à la fin du mois de juillet. Dans ce contexte, une certaine fébrilité est perceptible chez les élus locaux et les représentants de l’Etat, qui redoutent le possible déferlement d’un tsunami médiatico-politique en cas de lien avéré entre l’un de ces décès et la présence d’algues vertes.

Selon les experts du CEVA, les proliférations actuelles sont principalement liées à la conjoncture météorologique (hiver relativement calme, fortes pluies en juin, températures élevées en juillet).

Cette « poussée de fièvre » intervient alors que la quantité d’algues vertes a tendance à diminuer en Bretagne depuis la fin des années 2000. La profession agricole, responsable, selon les scientifiques, d’environ 95 % des rejets d’azote dans les cours d’eau, a en effet consenti – de l’avis général – des efforts importants. L’évolution des pratiques agronomiques a entraîné une baisse des niveaux d’azote, donc une diminution des quantités de nitrates dont se « nourrissent » les ulves. Mais, dans ce domaine, une stagnation a été observée depuis deux à trois ans, sans que cela soit pour le moment expliqué.

Thierry Burlot, vice-président (PS) du conseil régional de Bretagne chargé de l’environnement, considère que « le discours ambiant, consistant à dire que les choses s’améliorent, a peut-être entraîné un certain relâchement ». Et d’évoquer la « lenteur au démarrage » du deuxième plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes, mis en place à partir de 2017. De quoi donner du grain à moudre aux associations de protection de l’environnement qui plaident à l’unisson en faveur d’un « changement de braquet » dans la transformation des pratiques agricoles.

« Cela fait déjà trois ans que les taux de nitrates ne baissent plus, déplore Jean-Yves Piriou, vice-président de l’association Eau et rivières de Bretagne. Si l’on veut faire descendre les chiffres beaucoup plus bas, il faudra des mesures nouvelles, beaucoup plus ambitieuses. »

Indéniable évolution

Le conseil régional et l’Etat semblent abonder (au moins partiellement) en ce sens. Ce qui, en soi, constitue une sorte de tournant. Les uns et les autres prennent certes des pincettes et précisent qu’il ne s’agit en aucun cas de « stigmatiser les agriculteurs » – le sujet, de fait, s’avère sensible, puisque la profession dispose d’un poids économique et symbolique considérable en Bretagne. Mais le discours des autorités témoigne d’une indéniable évolution.

« Jusque-là, la profession agricole a toujours eu le souci d’appréhender les rejets de nitrates de façon globale et qu’on ne cible pas individuellement les exploitations, explique M. Burlot. Mais je pense que cette approche n’est plus possible. On sait désormais où sont les dépassements. Donc il faut agir, aller voir les personnes concernées, expliquer et sanctionner. »

La préfète de région, Michèle Kirry, tout en plaidant pour une « évolution » plutôt qu’une « révolution », indique que l’Etat souhaite « renforcer les contrôles ciblés ». Elle ajoute qu’elle sera « particulièrement vigilante sur le développement des exploitations et notamment l’agrandissement des élevages intensifs », alors que l’Etat est accusé de laxisme dans ce domaine depuis des années.

Dans ce contexte, la sortie en librairie le 12 juin de la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite (La Revue dessinée-Delcourt), a rencontré un vif écho. Résultat de trois années d’enquête menée par la journaliste indépendante Inès Léraud, avec le dessinateur Pierre Van Hove, ce document met notamment en lumière la supposée « politique de l’autruche » de l’Etat face à la prolifération desdites algues, et dénonce l’imbrication d’intérêts économiques, politiques et industriels qui aurait conduit à la minimisation des risques environnementaux et sanitaires. Tiré à 6 000 exemplaires, l’ouvrage est en cours de réimpression.

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De très nombreux paramètres

Impossible, à ce stade, de savoir si la situation actuelle entraînera des évolutions majeures sur le front des algues vertes. Notamment parce que la lutte contre ce phénomène, qui dépend de très nombreux paramètres, se révèle extrêmement complexe. Il faudrait, pour l’éradiquer totalement, atteindre une moyenne de 10 mg/l de nitrates dans les cours d’eau bretons, contre 30 à 35 actuellement et plus de 50 en 1990.

« La Bretagne est la région de France qui a le plus travaillé sur la qualité de l’eau ces dernières années et qui a le plus de réglementations en la matière, affirme Edwige Kerboriou, éleveuse laitière à Plouzélambre (Côtes-d’Armor) et vice-présidente de la chambre d’agriculture de Bretagne. Les agriculteurs ont pris conscience de l’enjeu et y travaillent. Mais c’est long et il n’y a pas de solution idéale. »

Autant d’éléments qui amènent à relativiser les paroles d’Alain Cadec, président (Les Républicains) du conseil départemental des Côtes-d’Armor, qui déclarait en début d’année, alors qu’un bassin-versant de son territoire venait de sortir d’une procédure européenne de contentieux sur la qualité de l’eau : « On est en train de gagner la bataille des nitrates. »

11 juillet 2019

Dinard

dinard

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5 juillet 2019

Souvenir...Souvenir : le Galion à Plouharnel (presqu’île de Quiberon)

galion

28 juin 2019

Toute la France souffre des températures élevées, à une exception près : la Bretagne...

Toute la France souffre des températures élevées, à une exception près : la Bretagne, qui fait figure d'îlot de fraîcheur. Cette situation perdurera-t-elle malgré le changement climatique ? Franceinfo a posé la question à un expert de Météo-France.

Un eldorado, un havre de fraîcheur, un refuge... Relativement épargnée par la canicule qui accable la France et alors que les températures battent des records sur l'ensemble de l'Hexagone, la Bretagne offre un air frais et une atmosphère respirable. D'ordinaire raillée pour sa météo réputée pluvieuse ("En Bretagne, il ne pleut que sur les cons", répond le proverbe breton), la région fait des envieux, notamment sur les réseaux sociaux. Le Gorafi, célèbre site parodique, y est même allé de sa contribution : "La Bretagne ferme sa frontière face à l'arrivée massive de réfugiés climatiques."

Alors que les climatologues prédisent des vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes, franceinfo s'est demandé si la Bretagne n'allait pas réellement devenir une terre de refuge climatique. Nous avons interrogé Franck Baraer, responsable du service études climatiques de Météo-France à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine).

Franceinfo : pourquoi la Bretagne est-elle épargnée par cet épisode de canicule ?

Franck Baraer : La France subit actuellement des remontées d'air saharien, c'est-à-dire chaud et très sec, propulsé par un flux de sud. Ces vents de sud sont générés par une dépression qui est au large de l'Espagne, dans l'Atlantique. La Bretagne est donc la région la plus proche du centre dépressionnaire. Cette dépression a permis des remontées de nuages orageux lundi et mardi, qui ont empêché le soleil de briller sur la région et les températures de monter au-delà de 20 °C à 23 °C. Nous avons même connu des précipitations assez soutenues par moment.

Toutefois, à partir de mercredi, des vents d'est ont ramené de l'air très chaud qui stagnait depuis quelques jours sur le centre de la France. On a donc basculé d'une situation où les températures étaient plutôt fraîches à un moment où elles sont très chaudes. A Rennes, les 30 °C ont été dépassés mercredi après-midi et l'Ille-et-Vilaine a été placée en vigilance orange à la canicule.

Mais le reste de la Bretagne (Morbihan, Finistère, Côtes-d'Armor) se distingue encore par sa fraîcheur...

Pour qu'il fasse très chaud dans notre région, il faut vraiment qu'il y ait des conditions très particulières. La Bretagne est entourée d'eau, il suffit donc d'un peu d'air venu de la mer pour rafraîchir. Dès qu'il y a une petite composante du vent qui vient de la mer, que ce soit du nord, d'ouest ou du sud-ouest, on a un air maritime qui ne peut pas se réchauffer beaucoup.

La mer agit comme un réservoir de fraîcheur en permanence, une sorte de climatiseur géant.

Franck Baraer, climatologue à Météo-France à franceinfo

Si on prend l'exemple du Finistère, il est très rare qu'à Brest on dépasse les 30 °C alors qu'à Rennes, dans les terres, c'est beaucoup plus fréquent. Et on peut dire qu'il y a "deux Bretagnes" en termes de climat. Une Bretagne Sud, bordée par une eau qui atteint assez souvent 19 à 20 °C l'été. Cela donne des températures très agréables sur la côte sud de la Bretagne, notamment à Vannes, Lorient ou près de Quimper. La Bretagne Nord a, elle, une mer qui dépasse rarement 16 à 17 °C, notamment au nord du Finistère, donc ces régions seront toujours beaucoup plus fraîches que les autres. Par ailleurs, en hiver, on risque moins d'atteindre des pics de froid puisque si la mer joue un rôle rafraîchissant en été, elle sert d'adoucissant l'hiver car elle descend rarement sous les 10 °C.

La Bretagne conservera-t-elle sa fraîcheur avec le changement climatique ?

Les simulations climatiques dont nous disposons à horizon 2050 ou 2100, selon divers scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, montrent un réchauffement moyen en France qui pourrait aller de 2 à 4 °C.

La Bretagne connaîtra certes plus de fortes chaleurs que par le passé, mais elles seront toujours tempérées par la proximité de la mer. L'effet de réchauffement devrait y être moins suffoquant que dans d'autres régions continentales françaises.

Franck Baraer à franceinfo

On peut donc imaginer que la Bretagne constitue un refuge climatique pour celles et ceux qui fuieraient les trop fortes chaleurs...

La région pourra servir de refuge à des vacanciers qui préfèrent l'air tonique et breton à de très fortes chaleurs dans le sud de la France. Dès aujourd'hui, nous avons des prévisions météo fiables à une semaine : dès qu'on voit poindre le risque de canicule dans les bulletins, il est donc possible de prendre le train et de venir respirer l'air pur et frais du nord de la Bretagne.

Après, si la Bretagne devient effectivement un refuge climatique, d'autres problèmes pourront se poser. Une surpopulation estivale dans certaines zones pourrait entraîner des pénuries d'eau. Malgré le climat arrosé, il y a parfois des périodes de sécheresse qui entraînent des problèmes de distribution. Tout dépendra de l'ampleur de ces nouvelles populations. Si cela reste limité, il n'y a pas de problèmes. Mais si c'est conséquent, il faut imaginer les conséquences sur l'énergie, les transports, le coût de la vie...

Peut-on dire pour autant que la région est à l'abri des risques liés au réchauffement climatique ?

Si nous sommes plutôt à l'abri des très fortes chaleurs, nous avons d'autres inconvénients météorologiques. Le risque de tempête est assez prégnant : il n'y en a pas tout le temps mais elles peuvent être assez violentes. Et quand ces tempêtes frappent en période de grandes marées, avec des marées hautes, cette conjonction peut représenter un risque de subversion marine dans certaines régions. C'est déjà arrivé dans le passé, notamment en 1987. Et cela restera prégnant dans le futur, d'autant plus que le niveau moyen des mers devrait s'élever donc les impacts sur certaines côtes bretonnes vont être plus importants à l'avenir.

Par ailleurs, il faut distinguer deux types de côtes en Bretagne. Les côtes rocheuses ou granitiques, sur lesquelles il n'y a aucun souci puisqu'elles se situent à quelques dizaines de mètres au dessus du niveau de la mer, même par très fortes marées. C'est le cas de la pointe du Raz, de l'île d'Ouessant ou encore de Plouha, dans les Côtes-d'Armor. Mais il y a aussi des zones sensibles, comme la baie du Mont-Saint-Michel, des portions du sud Finistère, du côté du Morbihan ou de Lorient : là, nous avons des zones très basses avec des cordons dunaires fragiles qui peuvent être submergés si l'on a une forte tempête et un niveau moyen des mers plus élevé.

26 juin 2019

Fleurs dans le jardin en Bretagne

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6 juin 2019

Large de Quiberon. Séisme de magnitude 1,7 cette nuit

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À 4 h 40, ce jeudi, un séisme de magnitude 1,7 s’est produit en pleine mer, à 15 km de Quiberon (56) et à 10 km de profondeur. C’est ce que nous indique le RéNaSS, à savoir le Réseau national de surveillance sismique.

14 mai 2019

Saint Cado

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