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Jours tranquilles à Paris
8 juin 2017

Milo Moiré

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8 juin 2017

Street Art

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8 juin 2017

Ellen von Unwerth

ellen23

8 juin 2017

Pétition : signez pour demander aux autorités turques la libération du photojournaliste français Mathias Depardon

#FreeMathias

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le photoreporter français Mathias Depardon est enfermé entre quatre murs de béton dans un centre de rétention dans le sud de la Turquie. Epuisé psychologiquement, coupé du monde, son calvaire dure depuis plus d'un mois.

Arrêté le 8 mai, Mathias Depardon devait pourtant être expulsé quelques jours plus tard. Mais le gouvernement d'Erdogan ne recule plus devant l'inique et l'absurde. Après avoir annihilé le pluralisme des médias turcs, il s’en prend désormais aux journalistes étrangers.

Nous ne le laisserons pas faire ! En France, la mobilisation est en train de grandir : un comité de soutien à Mathias Depardon, coordonné par Reporters sans frontières (RSF), mène déjà des actions pour obtenir sa libération.

Si vous aussi, vous voulez agir, montrer votre solidarité et nous aider à faire libérer Mathias, signez la pétition et partagez-là avec le hashtag #FreeMathias !

Nous comptons sur votre mobilisation !

Reporters sans frontières.

https://www.change.org/p/m-erdogan-lib%C3%A9rez-le-photojournaliste-fran%C3%A7ais-mathias-depardon

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7 juin 2017

Miles Aldridge

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7 juin 2017

Donald Trump fragilisé par son activisme sur Twitter

Une publication partagée par TIME (@time) le 6 Juin 2017 à 15h44 PDT

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

La micromessagerie qu’affectionne tant le président pour défendre directement son point de vue lui donne aussi l’occasion de laisser libre cours à son agressivité et d’énoncer contre-vérités et approximations.

Donald Trump s’est imposé comme le premier président-Twitter des Etats-Unis. Les millions de « followers » que son compte personnel a agglomérés avant et surtout après son élection lui permettent, selon ses dires, de contourner les médias traditionnels qu’il juge, non sans raison, globalement critiques quant à son action, afin de défendre directement son point de vue.

Mais la micromessagerie qu’affectionne le chef de l’Etat lui donne aussi l’occasion de laisser libre cours à son agressivité, au point de se fragiliser lui-même. La preuve en est apportée depuis l’attentat de Londres survenu le 3 juin.

M. Trump a trouvé là l’occasion de régler de vieux comptes avec le maire de la capitale britannique, Sadiq Khan. En décembre 2015, ce dernier avait vivement critiqué celui qui n’était encore qu’un candidat à l’investiture républicaine pour son projet d’interdire l’entrée aux Etats-Unis aux étrangers de confession musulmane, après l’attentat de San Bernardino (Californie).

Mise en cause de Sadiq Khan et défense du « travel ban »

Dimanche, M. Trump s’est appuyé sur une déclaration tronquée de l’édile pour laisser entendre que ce dernier voulait minimiser le drame. La stupeur créée par cette critique et la restitution de la citation entière de M. Khan n’ont pas dissuadé lundi matin le locataire de la Maison Blanche de renchérir, dénonçant une « excuse pathétique » du maire et la complicité des médias traditionnels.

Mais surtout, les attaques de Londres ont ravivé l’acrimonie de M. Trump concernant le blocage par la justice américaine d’un décret visant à interdire temporairement l’accès au sol américain pour les ressortissants de six pays d’Afrique et du Moyen-Orient où l’islam est la religion majoritaire. L’occupant du bureau Ovale a publié un message réaffirmant la nécessité de cette mesure samedi soir, avant même d’exprimer sa solidarité avec les Britanniques.

Le texte cité est une version édulcorée de la proposition initiale de décret visant les musulmans, peu susceptible de franchir l’obstacle de l’examen de sa constitutionnalité. Le département de la justice a demandé le 1er juin que la Cour suprême s’en saisisse, ce qui n’interviendra sans doute pas avant de longs mois, après les avis négatifs rendus par des juges fédéraux et des cours d’appel en dépit d’une nouvelle rédaction du texte.

Cette deuxième mouture avait été notamment purgée de la référence au traitement préférentiel prévu initialement pour les minorités confessionnelles présentes dans les pays ciblés, qui soulignait en creux que l’islam était bien visé.

Une insistance contre-productive

L’insistance manifestée par M. Trump dimanche et lundi s’est révélée doublement contre-productive. Tout d’abord parce que le président a affirmé que son décret constituait bien une interdiction de voyager, un « travel ban ». Le secrétaire à la sécurité intérieure, John Kelly, sa conseillère Kellyanne Conway et son porte-parole, Sean Spicer, ont pourtant assuré des semaines durant qu’il n’en était pas question. M. Kelly avait d’ailleurs répété le 28 mai qu’il ne s’agissait que d’une « pause ».

En dénonçant un « politiquement correct » et en déplorant l’atténuation que constituait la seconde rédaction du décret, M. Trump a donné de nouvelles munitions aux opposants du texte, qui pourront faire valoir que le président cible bien l’islam.

En ajoutant que son administration procédait déjà à un « contrôle extrême » des étrangers arrivant aux Etats-Unis, le président a enfin remis en cause sa nécessité. Signé dès son arrivée à la Maison Blanche, en janvier, puis réécrit en mars, le décret prévoyait en effet un gel temporaire de trois mois, le temps que soient mises en place des procédures efficaces de contrôle. M. Trump a semblé laissé entendre lundi qu’elles étaient déjà opérationnelles.

Dans un de ses messages de lundi, M. Trump a également dénoncé les démocrates du Congrès, qualifiés d’« obstructionnistes », parce que ces derniers ralentiraient selon le président le processus de nomination pour les milliers de postes qui deviennent vacants à chaque alternance. M. Trump a cependant accumulé un retard dont il est le principal responsable. Il n’a ainsi toujours pas désigné officiellement d’ambassadeur à Londres, pas plus que dans les principales capitales européennes.

En l’absence d’un titulaire, un chargé d’affaires, diplomate de carrière, a exprimé ostensiblement son soutien au maire de Londres après sa mise en cause par le président.

Un usage critiqué par une majorité d’Américains

Samedi soir, après l’annonce des attaques, M. Trump avait partagé sur son compte un lien vers l’agrégateur conservateur et controversé Drudge Report, qui faisait état de leur caractère terroriste sans la moindre confirmation officielle.

L’agence Associated Press, rappelant que M. Trump avait fait de même à tort avec une attaque survenue aux Philippines le 1er juin, a publié lundi une dépêche recensant les dernières contre-vérités et approximations du président commençant par la formule suivante : « On ne peut pas considérer que le président Donald Trump donne des informations précises aux Américains lorsque des actes de violence se déroulent à l’étranger. »

Cette mise en question de la parole présidentielle a été alimentée par Mme Conway elle-même, lundi matin, lorsque la conseillère de M. Trump a déploré « l’obsession » de médias prompts à rendre compte de « tout ce qu’il dit sur Twitter », mais « très peu de ce qu’il fait en tant que président ». Sean Spicer a adopté une stratégie d’évitement face aux messages les plus controversés du chef de l’Etat. Il se contente d’indiquer, lorsqu’il est interrogé à leur sujet, que « les tweets du président parlent d’eux-mêmes ».

Une majorité écrasante d’Américains (61 %, contre 33 % qui sont d’un avis opposé) déplore l’usage que fait M. Trump de son compte personnel depuis son arrivée à la Maison Blanche, selon une enquête de la Quinnipiac University publiée en mai. Cette dernière a confirmé les résultats sur ce point de sondages précédents. Depuis quelques jours, un site permet de publier les messages du président dans la forme des communiqués officiels de la Maison Blanche, pour insister sur le fait qu’ils n’ont rien d’anodin.

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7 juin 2017

Vu sur internet - j'aime beaucoup

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6 juin 2017

Vu sur instagram

6 juin 2017

Cara Delevingne

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6 juin 2017

Emmanuel Macron, une enfance chez les jésuites (comme moi...)

Par Zineb Dryef - le Monde

C’est à la Providence, à Amiens, qu’Emmanuel Macron a été formé à l’excellence selon les principes ignaciens – et qu’il a rencontré sa future épouse. Un esprit « fils de jèses » qu’il partage avec Jean-Paul Delevoye, François Ruffin ou Laurent Delahousse.

Cela s’est donc passé là. A la Providence. Dans ces bâtiments imposants élevés en 1950 le long du boulevard Saint-Quentin, adossés au quartier d’Henriville, le plus tranquille, le plus huppé d’Amiens. Une histoire si romanesque que les médias du monde entier, américains, anglais, suédois, néerlandais, chinois, japonais, suisses, sont venus recueillir les souvenirs de ceux qui ont connu Emmanuel Macron, cet ancien élève ayant épousé l’une de ses professeures, de vingt-quatre ans son aînée, et devenu le plus jeune président de la République française.

Un élève prodige

Pendant la campagne électorale, les caméras n’ont pu filmer que les grilles bleues fermées de l’établissement privé. Depuis l’élection, on les ouvre aux curieux. Obligeants, les anciens professeurs ont raconté avec emphase l’élève prodige.

Le père Philippe Robert, enseignant de physique-chimie : « En première, le jour de son bac blanc de français, nous étions, juste pour le plaisir, quatre enseignants au fond de la classe à être venus l’écouter raconter les salons littéraires du XVIIIe siècle. Un moment éblouissant. » (Paris Match)

Son professeur d’histoire, Arnaud de Bretagne : « Emmanuel était un battant, quelqu’un de très mature pour son âge, qui aimait le contact des adultes et qui posait énormément de questions. Quelqu’un d’enthousiaste. » (Le Parisien)

LA « PRO », C’EST L’HISTOIRE D’UNE FABRIQUE PROVINCIALE DES ÉLITES, MÉLANGE DE RITES IMMUABLES ET D’UNE ÉTONNANTE CAPACITÉ À S’ADAPTER AUX ÉVOLUTIONS DE LA SOCIÉTÉ.

Marc Defernand, professeur d’histoire et géographie : « Je l’aurais imaginé devenir un grand acteur de théâtre classique. Je lui avais dit un jour : “Si tu continues dans cette voie, tu seras le Gérard Philipe du XXIe siècle.” Chaque siècle a eu un personnage hors du commun ; peut-être qu’il est celui du XXIe siècle ? » (TF1)

« Fils de jèses »

La Providence présente deux particularités. La première est donc d’avoir accueilli un président de la République, son épouse et leur histoire d’amour, jugée singulière. La seconde est de compter parmi l’un des quatorze établissements jésuites de France. Des établissements réputés exigeants, longtemps destinés à la formation des élites du pays.

On compte ainsi des centaines de patrons, d’artistes, de politiques et d’intellectuels parmi les « fils de jèses ». On plonge dans la « Pro » comme dans un petit bout d’histoire de France. L’histoire d’une fabrique provinciale des élites, mélange de rites immuables et d’une étonnante capacité à s’adapter aux évolutions de la société.

Dans les albums photo de la cité scolaire, on retrouve donc Emmanuel Macron et Brigitte Auzière ; ils ne posent pas encore ensemble sur la photo. Mais aussi le maréchal Leclerc, la plus grande gloire de l’établissement. Laurent Delahousse, avant la télévision, mais déjà le sourire ravageur. On n’aperçoit pas François Ruffin, le réalisateur du documentaire Merci Patron ! et candidat aux législatives, qui y a pourtant fait ses classes.

Il a laissé le souvenir d’un garçon discret, pas du tout rebelle, ni bruyant. « Si vous lui parlez de moi, il vous dira que je suis le Diable », rigole Marc Defernand, professeur d’histoire, désormais à la retraite.

Une éducation qui structure une vie

« J’ai même retrouvé chez nous une trace du passage de Joseph Porphyre Pinchon, le père de Bécassine », s’enthousiasme Jean-Pierre Bondois. L’engouement autour de l’école ne lui déplaît pas.

Elle est l’occasion pour cet enseignant retraité, président de l’Immobilière, l’association propriétaire de l’école, de raconter l’histoire de la « Pro » qui se confond avec la sienne. Il a connu la Pro d’autrefois. Celle dont l’image historique revêt des couleurs un peu grises. « Etre élevé chez les bons pères », disait-on alors, ce qui évoquait quelque chose de compassé, de rigoureux, d’exigeant.

Le professeur Bernard Devauchelle, qui a réalisé la première greffe partielle du visage, et Jean-Paul Delevoye, ancien ministre de Jacques Chirac et patron des investitures de La République en marche pour les législatives, sont de cette génération, celle des vrais « fils de jèses », qui ont connu l’établissement tenu par les hommes en noir, une éducation qui vous structure une vie entière.

On est au début des années 1960. Il y a une vingtaine de jésuites dans l’équipe et même des bonnes sœurs qui tiennent la lingerie et l’infirmerie. « L’escadron blanc », s’amusaient les élèves à leur passage.

Cours de chimie dans le laboratoire du lycée de la Providence. | ANTOINE BRUY POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

Un lycée protégé, imperméable au monde extérieur

Bernard Devauchelle, fils de notables amiénois, y a passé son baccalauréat en 1968. Une période « curieuse », se souvient-il, dont l’agitation ne perturbe que légèrement le lycée, protégé, imperméable au monde extérieur. L’empreinte religieuse est très forte alors. Les différents événements de la vie catholique sont célébrés avec les pères.

Jean-Paul Delevoye, lui, était enfant de petits bourgeois de Bapaume, qui n’avaient pas vraiment le sou. Mais quand le docteur Saint-Yves, le médecin de famille, suggère à ses parents de l’envoyer à la Pro – « Il faut pousser Jean-Paul, c’est un élève prometteur » – ils consentent à cet effort.

« Je mesure la chance que j’ai eue, raconte-t-il, quarante ans plus tard. J’étais quelqu’un de très bas de classe, par rapport à la bourgeoisie nordiste. Socialement, je n’avais pas vocation à me retrouver là. » A la Pro, il perfectionne ses humanités, latin et grec. Il adore être enfant de chœur, « pour boire un coup de pinard ».

Il découvre le cinéma, dont les pères lui disent que ce n’est pas un divertissement, mais une réflexion sur le monde. Il se nourrit des discours d’espérance d’un père rescapé des camps. Tous les jeudis, il repeint des logements de femmes de détenus et profite de ces rares sorties pour fréquenter les sœurs de ses camarades.

Quatorze établissements sous la tutelle jésuite

Une adolescence plutôt gaie, mais le jeune Delevoye étouffe. La discipline est stricte, rigoureuse. Les pensionnaires ne rentrent chez eux que tous les quinze jours. A la moindre incartade, la sanction consiste à les tenir éloignés de leur famille un mois entier. « Quand on sort de chez les jésuites, on en sort soit révolté, soit catho », pense aujourd’hui Delevoye, sans être tout à fait certain de ce qu’il est devenu.

« J’en conserve une forme de générosité, d’exigence, de tolérance et d’ouverture, témoigne Devauchelle. Mais peut-être aussi, cette éducation donne-t-elle une sorte de sentiment de supériorité. Fils de jèses, ça signifie qu’on se reconnaît. Ce n’est pas une solidarité de réseau ou de club, mais un esprit en partage. »

La première fois que Jean-Paul Delevoye a rencontré Emmanuel Macron pour se voir attribuer la présidence des investitures d’En marche !, ils se sont confiés : « Moi aussi je suis passé par la Pro. » Et rien d’autre. « Quand on dit : “Tu es passé par la Providence”, ou plus généralement “chez les jésuites”, cela signifie beaucoup. On n’a pas besoin d’ajouter quoi que ce soit : on a eu un passage commun », explique Delevoye. Près de trente ans séparent pourtant la scolarité des deux hommes.

En 1988, quand Emmanuel Macron entre à la Pro en classe de sixième, le monde a changé et la majorité des jésuites s’est retirée. Ils ne sont plus que cinq dans les murs. L’hémorragie des vocations religieuses les a progressivement conduits à confier l’instruction des jeunes et la direction de leurs établissements scolaires à des laïques. Aujourd’hui, s’il n’y a plus l’ombre d’un père dans les collèges et les lycées jésuites, on revendique encore cet esprit singulier laissé en héritage. Pour le faire perdurer, les jésuites veillent.

Ils exercent une tutelle sur leurs quatorze établissements, qu’ils inspectent ponctuellement pour vérifier que les grands principes de leur éducation sont respectés, et les enseignants bien formés à la spiritualité ignacienne. Maxime Grenard, professeur de mathématiques, se souvient de sa première réunion de formation : « Les anciens nous ont parlé d’Ignace de Loyola, de l’histoire de la Providence, de l’esprit jésuite. C’était un moment important. Je suis resté à la Pro parce que j’ai adhéré à ces valeurs. C’est un esprit que je veux contribuer à faire perdurer. »

L’excellence comme aspiration perpétuelle

Dès la maternelle, on apprend aux enfants qui est Ignace de Loyola. On leur raconte les deux vies de celui qui a fondé la Compagnie de Jésus en 1540. La première, dissolue et désordonnée. La seconde, celle du saint. Comme dans tous les lycées catholiques, la catéchèse hebdomadaire n’est plus obligatoire mais des rencontres avec de « grands témoins chrétiens », des cours d’histoire de la religion et des actions sociales sont proposés à tous.

Il y a deux mois, les terminales ont fait une retraite spirituelle de quelques jours dans une abbaye de la région. « Ce n’est pas la présence physique des jésuites qui fait que l’établissement est jésuite, explique le directeur de l’école primaire. C’est d’abord un projet. Former des élèves conscients du monde dans lequel ils vivent, conscients de leur intériorité. Des élèves compatissants. Qui ont toujours le souci du plus petit. »

De grands principes séculaires guident l’éducation ignacienne, qui paraissent proches de ceux défendus aujourd’hui par les nouvelles pédagogies alternatives. D’abord, la relecture, ce temps que consacrent élèves et enseignants à faire l’examen de leur journée – qu’est-ce que j’ai ressenti ? Qu’est-ce qui m’a réjoui ? Qu’est-ce que j’ai appris ?

Le magis ignacien ensuite, ce concept qui fonde l’excellence comme aspiration perpétuelle. « Il ne s’agit pas d’excellence académique mais de conduire le plus loin possible les élèves, le plus loin qu’ils puissent réaliser individuellement, éclaire Emmanuelle Branquart, enseignante de sciences économiques et sociales. Je ne pense pas que les élèves perçoivent forcément cet esprit, mais c’est quelque chose qui domine notre pratique. »

Enfin, la formule « Mens sana in corpore sano » est ici prise au sérieux : une piscine a été bâtie dès 1950 près de la grande salle de théâtre de 600 places. Ce programme vise une fin : « Préparer des hommes pour demain, c’est préparer des hommes pour les autres. » Une devise que de grandes lettres colorées proclament dans un couloir du lycée.

« La réalisation de son talent, quel qu’il soit »

Et puis il y a le théâtre, bien sûr. Qui dans l’éducation jésuite ne relève pas de l’accessoire. « On est au cœur de la pédagogie ignacienne », expose Mme Evrard, enseignante de lettres et de théâtre, même blondeur et mêmes yeux bleus que Brigitte Macron qu’elle a remplacée après son départ, en juin 2007. « Il s’agit de former les élèves à l’art de la rhétorique. Mais c’est aussi l’occasion de les découvrir, de les voir autrement. »

« C’EST DANS CES ANNÉES QUE S’EST FORGÉE CHEZ MOI CETTE CONVICTION QUE RIEN N’EST PLUS PRÉCIEUX QUE LA LIBRE DISPOSITION DE SOI-MÊME, LA POURSUITE DU PROJET QUE L’ON SE FIXE, LA RÉALISATION DE SON TALENT, QUEL QU’IL SOIT. » EMMANUEL MACRON

Bien avant cette scène désormais éternelle de l’épouvantail (tirée de La Comédie du langage, de Jean Tardieu) jouée par le jeune Emmanuel devant Brigitte, le lycée a connu des représentations retentissantes. Dans les années 1950, quand il était professeur d’anglais à la Pro, l’écrivain franco-russe Vladimir Volkoff a animé l’atelier. On parle encore de son Marchand de Venise comme d’un éblouissement.

Cette pédagogie, Emmanuel Macron la revendique comme un héritage précieux, structurant. Dans son livre, Révolution, il écrit : « C’est dans ces années d’apprentissage que s’est forgée chez moi cette conviction que rien n’est plus précieux que la libre disposition de soi-même, la poursuite du projet que l’on se fixe, la réalisation de son talent, quel qu’il soit. » Il y rend hommage à ses professeurs, et à ce qui fonde l’éducation jésuite : « Ces enseignants dont c’était l’honneur de suppléer à toutes les carences pour les élèves vers le meilleur. »

Emmanuel Macron joue dans une saynète tirée de La Comédie du langage de Jean Tardieu

Il dit avoir été pénétré alors par cette discipline de l’esprit, cette volonté d’ouverture au monde et cette bienveillance. C’est très jésuite, la bienveillance, approuve Bondois : « Le présupposé de sympathie vis-à-vis de l’autre, même quand il s’agit d’un adversaire, c’est à cela qu’on a été formés. Convaincre plutôt que s’opposer frontalement. On retrouve cela chez Emmanuel. »

« Demandez au Seigneur un cœur libre »

Une fin de matinée du mois de mai, vingt-cinq ans après le départ d’Emmanuel Macron de la Pro. Les terminales ES ont cours d’éco. Riad est invité à aller chercher un mot d’excuse pour son absence. Emmanuelle Branquart, avant de reprendre la leçon de la veille, rappelle à ses élèves que c’est l’avant-dernier cours de l’année. « Ooooh », font-ils mine de découvrir. Mais elle promet d’être présente pendant la période de révision du bac. Elle transmettra ses horaires à la déléguée qui tiendra ses camarades au courant sur la page Facebook de la classe.

Les élèves planchent sur la discrimination positive à l’école. L’enseignante passe à travers les rangs. L’ambiance est studieuse entre les murs crème de cette salle de classe. Près du tableau noir, on a punaisé un petit calendrier qui affiche la bobine souriante du pape François, premier pape jésuite, et cette exhortation à la jeunesse : « Demandez au Seigneur un cœur libre pour ne pas être esclaves de tous les pièges du monde. »

« CERTAINS LE REGRETTENT SANS DOUTE, MAIS IL S’AGIT DE NOTRE MISSION : ACCUEILLIR TOUT LE MONDE. » JEAN-MICHEL HÉNIQUEZ, CHEF D’ÉTABLISSEMENT

Riad, qui est revenu avec son mot d’excuse, passe au tableau. Il expose ce qu’il a compris des inégalités en Inde, la reproduction des privilèges et des inégalités. C’est à cela précisément que ses parents ont voulu l’arracher en l’inscrivant à la Pro. Ils se sont dit que leurs enfants méritaient mieux que le lycée public du coin, Delambre à Amiens-Nord, celui par lequel est passée Najat Belkacem. « Mes sœurs ont fait la Providence. L’une est à Science Po, l’autre est juriste. Alors mes parents m’ont inscrit ici. C’est plus strict, ça permet de nous donner de bonnes bases, de faire de bonnes études. De mettre toutes les chances de notre côté. »

Plus seulement « une machine à reproduire les élites »

Contrairement aux lycées jésuites Saint-Louis de Gonzague à Paris – où enseignait encore Brigitte Macron jusqu’en 2015 – ou Saint-Joseph à Reims, la Providence d’Amiens n’est plus seulement une machine à reproduire les élites. S’il est toujours de bon ton pour la bourgeoisie locale d’y inscrire ses enfants, l’école s’est ouverte dès les années 1970 aux classes moyennes, notamment avec l’ouverture des sections techniques.

« Certains le regrettent sans doute, observe Jean-Michel Héniquez, le chef d’établissement. Mais il s’agit de notre mission : accueillir tout le monde. » Au lycée, les parents d’élèves doivent s’acquitter de 520 euros à 980 euros par an, selon leurs revenus (à titre de comparaison, l’année scolaire coûte 2 760 euros à Saint-Louis de Gonzague).

La direction admet que les parents ne placent plus leurs enfants à la Pro pour la pédagogie ignacienne, sauf peut-être les anciens élèves. On vient d’abord pour la promesse de réussite scolaire. Ici, on a son bac. 100 % en L. 97 % en ES. 96 % en S.

Jean-Michel Héniquez assure inscrire les élèves par ordre chronologique d’arrivée des demandes. Sans aucun critère de sélection. « Comment expliquer que nos résultats se maintiennent ? Les parents qui inscrivent tôt leurs enfants sont des parents attentifs. C’est la seule réponse profonde que j’ai trouvée. »

« Peut-être que les profs ici sont juste humains… »

L’internat de 430 places (3 280 euros à 5 690 euros par an) attire des élèves venus de loin. Damien a quitté Saint-Leu-la-Forêt dans le 95, des histoires de cités sur lesquelles il ne veut pas s’étendre. Il lui fallait partir. Un copain lui a parlé de la Providence. Il n’était pas vraiment bon élève, plutôt moyen même, mais il n’y a pas eu de problème. On l’a pris.

À l’internat, il a découvert les messes du matin à la chapelle, mais il ne sait pas grand-chose des jésuites. « On en a parlé en français. Ça n’a pas un rapport avec Port-Royal ? » L’adolescent aime bien l’ambiance. Ça n’est pas si strict, finalement. La « Pro » s’adapte à son temps. Par exemple, l’année dernière, il n’aurait pas eu le droit de « descendre comme ça », vêtu de ce grand sarouel noir. « On n’avait pas le droit au jogging ni au jean troué. Cette année, c’est plus cool. »

Kevin, 18 ans, qui triple sa terminale S, semble lui aussi s’épanouir. Comme il avait échoué une première fois dans son lycée public de Wimereux, il s’est inscrit à la Pro « parce que c’est très réputé ».

À la fin de l’année dernière, il a eu le rattrapage. « Quand je suis arrivé ici, je me suis dit : “Je vais pas m’adapter…” J’ai de gros problèmes d’apprentissage, mais ça va de mieux en mieux. Les profs nous encadrent bien. Dans mon lycée public, les profs n’essayaient pas de nous aider, ils nous laissaient couler. Ici, ils sont derrière nous. Peut-être qu’ils ont la pression de la direction ou peut-être qu’ils sont juste humains. »

La cloche retentit. Dans les couloirs où a pu régner autrefois une atmosphère austère, se presse ce mardi de mai une foule d’adolescents bruyants, qui s’embrassent ou jouent au ballon derrière leurs casiers aux couleurs éclatantes. Une curiosité : aucun smartphone. Ils sont strictement interdits dans l’ensemble de l’établissement et, ça relève du miracle, les élèves s’y tiennent. Pendant sa campagne, Emmanuel Macron l’a promis, lui président, les téléphones portables seraient proscrits dans les écoles.

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