In memorem : Antoinette Fouque la grande voix du MLF
La militante, co-fondatrice du Mouvement de libération des femmes en 1968, est décédée cette semaine.
Nécrologie
Mai 1968. Antoinette Fouque a 32 ans. Maman d’une petite fille, elle savoure la soudaine « libération joyeuse » du pays. Mais le « virilisme du mouvement étudiant » l’agace. Avec Monique Wittig et Josiane Chanel, elle fonde le Mouvement de libération des femmes (MLF). Tacle historique au machisme ambiant. Il coule dans les veines d’Antoinette Fouque la fougue militante de son père, syndicaliste et communiste corse, et l’ardeur d’une mère italienne exilée en France pour fuir la misère. Jeune mariée, Antoinette n’entend pas se contenter de la vie rangée d’une mère au foyer. À Paris, elle s’engage dans des études supérieures en lettres et en sciences politiques. Souvent décriée, la jeune femme est sur tous les fronts : enseignante, critique littéraire, puis animatrice au sein du MLF de l’un des courants majeurs du féminisme : le groupe « Psychanalyse et politique ». La politique s’impose comme la suite logique de son engagement. Chargée de mission auprès de Michèle André, secrétaire d’État aux Droits des femmes (1990), elle fonde le club Parité 2000. Puis est élue députée européenne radicale sur la liste de Bernard Tapie, de 1994 à 1999. Vice-présidente de la commission des Droits de la femme, à Strasbourg, Antoinette Fouque est nommée déléguée de l’UE à la Conférence mondiale des femmes, à Pékin, en 1995. « Notre révolution était démocratique, pacifique, anthropologique, la plus longue des révolutions, puisqu’elle est toujours en cours », écrivait récemment l’éternelle militante, décédée cette semaine à l’âge de 77 ans. Ses idées sont plus actuelles que jamais, souligne la ministre Cécile Duflot :« Elle a si bien et si joliment lié féminisme et maternité ». Pour Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement,« Antoinette Fouque continuera d’inspirer longtemps celles et ceux qui s’engagent pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. »
Germaine Tillion
"Germaine Tillion, c'est l'égalité" #MontValérien pic.twitter.com/OlcYSpJCTs
— Élysée (@Elysee) 21 Février 2014
Germaine Tillion, la Résistante, entre au Panthéon
L’annonce officielle en sera faite ce vendredi matin à l’occasion d’un hommage rendu par le chef de l’Etat aux héros de la Résistance au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine). « Elle a tellement fait pour la justice, pour la vérité. Elle nous porte encore. » Marie-Christine Bougant, présidente de l’association Maison Germaine Tillion, était émue par la joie et l’émotion quand elle a appris, hier, que Germaine Tillion ferait son entrée au Panthéon. Le choix sera rendu officiel, ce vendredi, par le Président de la République lors d’une cérémonie d’hommage à la Résistance, au Mont-Valérien.« J’espère ainsi qu’elle sera davantage connue par le grand public » , souhaite Marie-Christine Bougant.
La maison de Kerouzine
Germaine Tillion est décédée à 101 ans, en 2008. Elle fut de toutes les résistances. Ethnologue, historienne, elle va sur le terrain étudier la société berbère au début des années 1930. En 1940, elle s’engage dans la Résistance. Elle est arrêtée deux ans plus tard et déportée à Ravensbrück. Elle y écrit une opérette, en cachette, sur les conditions de vie des déportées (lire l’article ci-dessous). Germaine Tillion dénonce également la torture pendant la guerre d’Algérie. Elle mènera ce combat avec Jacques Pâris de Bollardière, le général emprisonné pour avoir dit non à la torture. L’officier, après avoir quitté l’uniforme, s’est installé à Guidel. Il rendait visite à Germaine Tillion dans sa maison de Kerouzine, qu’elle avait fait construire dans les années 1970.« Il lui avait offert un hortensia, qui est toujours là » , confie le maire de Plouhinec, Adrien Le Formal. Germaine Tillion s’est d’abord installée au Guledro Marec, près de Mané Véchen. Puis elle déniche son havre de paix, aux marais du Dreff.« Elle travaillait elle-même son jardin » , se souvient Adrien Le Formal. Heureux, fier même, que Plouhinec ait croisé la route de la grande dame. Elle y passait tous ses étés. Elle y a accueilli Jean Lacouture, Jean Daniel, Simone Veil…« Et Geneviève de Gaulle-Antonioz, qui elle aussi va faire son entrée au Panthéon vendredi » , indique le maire.
Le sens de l’engagement
« C’était une dame très simple, humble, qui aimait venir au bourg » ,reprend Adrien Le Formal. L’élu retient« ses valeurs humanistes, son sens de l’engagement » . Et sa fibre sociale.« Elle a été à l’origine de la création des animateurs sociaux. Pour elle, c’est par l’éducation que les personnes se réalisent » , résume Adrien Le Formal. La maison de Germaine Tillion a été rachetée par le Conservatoire du littoral. Elle a besoin d’être rénovée. C’est le but de l’association de MarieChristine Bougant. Elle est soutenue par une autre association, à Paris, qui, elle, travaille à la préservation de l’œuvre de Germaine Tillion.« La maison serait un lieu de mémoire, pas un musée , explique Marie-Christine Bougant.On pourrait y accueillir des artistes en résidence et aménager une partie en gîte pour les randonneurs. » La mairie de Plouhinec est également investie dans le projet. Article de Charles JOSSE (Ouest France).
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Une opérette écrite dans les jours sombres de Ravensbrück
À la demande de l’association Maison Germaine Tillion, Jean-Michel Fournereau, artiste alréen, à la fois chanteur et comédien, a mis en scène l’opérette Le Verfügbar aux enfers , de Germaine Tillion, au Grand théâtre de Lorient en 2010. Une représentation unique avec une quarantaine d’artistes mobilisés par le directeur de l’École de musique de Lorient et chef d’orchestre Jacky Lhiver.« Cette opérette, elle l’a écrite dans le camp de Ravenbrûck en 1945. Elle se faisait cacher dans des caisses par ses camarades, explique le metteur en scène.Elles arrivaient à voler du papier pour qu’elle ait de quoi écrire un texte à la fois drôle et très intelligent. » Cachée, Germaine écrivait. Le soir, une fois que les gardes avaient cessé leurs rondes, les femmes « s’amusaient » à se dire ces textes à la fois très humoristiques, mais d’un humour très noir sur leurs conditions de vie. Comment avoir une telle imagination dans un camp de déportation ?« Elle était très mélomane, connaissait très bien la musique et avait une excellente mémoire des mélodies d’Offenbach et de grands compositeurs, notamment SaintSaëns et sa Danse macabre .re conte Jacky Lhiver. Elle écrivait ses textes sur les mélodies qu’elle connaissait. Dans son opérette, il y a aussi des chansons de l’époque, des publicités comme dans Rutabaga , sur un jingle de radio ». Son but était de redonner le moral à ses camarades de déportation, d’arriver à rire de leurs conditions terribles, la torture, la faim, les viols. Elle voulait une chose comique car elle pensait que le rire, même dans des conditions de vie tragiques, est un élément revivifiant, qui peut redonner le courage et l’énergie. Cette opérette hors du commun avait été jouée au théâtre du Châtelet à Paris pour la première fois en 2007, puis au camp même de Ravensbrück lors du 65e anniversaire de sa libération. Enfin à Lorient en 2010. Ce bijou d’humanité mériterait de ressortir du silence. Article de Gildas JAFFRÉ (Ouest France).
Il y a cent ans, la naissance de Pierre-Jakez Hélias
Le 17 février 1914 naissait, à Pouldreuzic, l’auteur du Cheval d’orgueil. Une association veut faire vivre l’œuvre du grand écrivain bigouden. Pour découvrir ou redécouvrir sa modernité.
« Quand on est pauvre, il faut avoir de l’honneur. Les riches n’en ont pas besoin …» disait Alain Le Goff, le grand-père maternel de PierreJakez Hélias. L’enfant de Pouldreuzic grandira dans cette conviction profonde :« L ’honneur consiste à tenir et à faire respecter son rang, si humble soit-il. » C’est qu’Hélias veut transmettre, en publiant, en 1975, ses mémoires d’un Breton du pays bigouden, Le Cheval d’orgueil, chronique de la vie quotidienne du monde paysan dans la première moitié du XXe siècle, celle du grand basculement culturel d’une Bretagne qui reste cependant attachée à ses valeurs, y compris linguistiques.
« Le passé n’alourdit pas »
Le Cheval d’orgueil, traduit en dixhuit langues, se vendra à plus de 500 000 exemplaires et sera adapté à l’écran, en 1980, par Claude Chabrol. Un énorme succès qui n’épargnera pas au best-seller les critiques, notamment celles de Xavier Grall, dans Le Cheval couché. Pierre-Jakez Hélias a-t-il véritablement cultivé une vision passéiste de la Bretagne ? Le reproche fait bondir ceux qui l’ont bien connu, dont Jakez Bernard, producteur et président de Produit en Bretagne, rappelant que dès les années 1960 déjà, Hélias écrivait :« Le nivellement des sociétés humaines écrase et inquiète l’individu promis à la condition de robot ». Et clamait« qu’il n’est pas nécessaire de brûler ses vaisseaux pour aller de l’avant. Le passé n’alourdit pas, il excite ! » Jakez Bernard, avec quelques amis de Pierre-Jakès Hélias, dont le journaliste et écrivain Daniel Yonnet, et avec l’accord des enfants de Pierre-Jakez Hélias, viennent de fonder l’association Biskoaz kemendall ! (Jamais autant). Une reprise de la formule fétiche qui ponctuait toutes les émissions humoristiques de Jakez Krohen (Hélias) et son compère Gwilou (Pierre Trépos) sur les ondes de Radio-Quimerc’h. Pour marquer le centième anniversaire de la naissance du grand écrivain bigouden et, l’an prochain, le vingtième anniversaire de sa disparition, l’association Biskoaz kemend-all va mener à bien un projet resté dans les cartons depuis quelques années : la création de deux plaques commémoratives. L’une d’entre elles pourrait trouver place sur la maison natale d’Hélias à Pouldreuzic, l’autre à Quimper, rappelant que Pierre-Jakez Hélias fut aussi, en 1947, à l’origine de la relance de la Fête des reines, devenue Festival de Cornouaille. Reprenant un profil en relief dessiné par le sculpteur et orfèvre Pierre Toulhoat, et édité par la Monnaie de Paris pour célébrer le succès du Cheval d’Orgueil, les plaques commémoratives en bronze (de 120 cm par 80) seront bientôt coulées par la célèbre fonderie de Villedieu-les-Poêles, dans la Manche. Le profil en relief de Per-Jakez Hélias se détache d’un arrière-plan constitué des titres marquants de son œuvre. Au-delà de ces commémorations, l’association entend aussi faire rejouer des compositions de PierreJakez Hélias, dont le magnifique Roi Kado (1960), une tragédie traduite en français du breton et dont la musique originale est signée Michel Magne, plus connu pour la musique du film Les Tontons flingueurs. Article de Jean-Laurent BRAS.
In memorem : Aslan, le roi de la pin-up, est mort
Le dessinateur Aslan, de son vrai nom Alain Gourdon, célèbre pour ses pin-up aux courbes sensuelles et généreuses, publiées notamment par le magazine Lui, est décédé à l’âge de 83 ans d’un arrêt cardiaque, mardi soir au Canada où il résidait depuis une vingtaine d’années, a annoncé son agent François Meyniel.
Aslan était aussi sculpteur : en 1968 et 1978, il avait réalisé les bustes de Brigitte Bardot et Mireille Mathieu en Marianne pour l’Association des Maires de France et diffusées à 20 000 exemplaires dans les hôtels de ville et salles de mariage. Dix ans plus tard, il a signé deux statues de Dalida pour la tombe de la chanteuse et une place qui porte son nom à Montmartre. Aslan a également réalisé de nombreuses publicités et affiches de spectacles pour les Folies Bergère, le Crazy Horse et le Casino de Paris.
«Je peins et sculpte la femme, le plus beau sujet donné aux artistes, car il est inépuisable et éternel. Pour me situer, je me définirais comme peintre et sculpteur intimiste hyperfiguratif. Je suis amoureux de la nature et de ses lois», disait l’artiste.
«L’apologie de la beauté des femmes»
Né à Bordeaux en 1930, Aslan a été l’un des plus jeunes élèves de l’école régionale des beaux-arts, qu’il a intégrée dès ses 14 ans. Protégé du peintre Jean-Gabriel Domergue et ami du sculpteur César, Aslan entame une carrière de sculpteur à coup de multiples commandes officielles. A 22 ans, il obtient le titre de peintre et sculpteur officiel de l’armée dès 1952 après avoir réalisé le buste du maréchal de Lattre de Tassigny. Dès 1953, il commence à dessiner des créatures de rêve, déjà en vogue aux Etats-Unis, pour des publicités. Le magazine Lui adopte à partir de 1969 ses pin-up à la gouache, au style reconnaissable entre tous.
Très recherchées aujourd’hui dans les salles de ventes, les pin-up d’Aslan ont langoureusement étalé leurs courbes dans les pages de Lui jusqu’en 1981, tout en décorant des salles de garde, des cabines de chauffeur-routier ou plus discrètement des tiroirs bourgeois.
Ayant su alterner glamour et sculpture représentative, voire officielle, Aslan est considéré comme un dessinateur au trait acéré et audacieux, mais délicat.
Pour le commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr, l’un des spécialistes de son œuvre, «Aslan était un immense artiste qui a fait l’apologie de la beauté des femmes».«Aslan a créé un langage pictural et ses œuvres sont dans l’inconscient planétaire», a ajouté Cornette de Saint Cyr. «Quand on pense pin-up, on pense Aslan, un peintre d’une qualité extraordinaire qui peut être comparé aux plus grands maîtres.» AFP
D-Day : 300 anciens combattants américains attendus
Près de 300 anciens combattants américains, ayant pris part au Débarquement du 6 juin 1944, sont attendus en Normandie pour participer aux commémorations du 70e anniversaire, aux côtés de Barack Obama. L’invitation française vise à saluer « ce qui a été l’engagement de ces soldats américains, venus mourir sur les plages de France au nom de la liberté », selon le ministre français délégué aux Anciens combattants, Kader Arif.
In memorem : Larry Barrows (photographe de guerre) - ses photos me rappellent ma jeunesse
Métro Charonne - in memorem
La station de Mo Charonne s'appelle désormais Charonne - 8 fév 1962 en mémoire des 9 morts du massacre de Charonne. pic.twitter.com/8wiyy2slIc
— Ian Brossat (@IanBrossat) 8 Février 2014