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Jours tranquilles à Paris
5 janvier 2019

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3 janvier 2019

Jean-François Kahn : « Sur le traitement des “gilets jaunes”, une autocritique des médias s’impose »

Par Jean-François Kahn, essayiste, ancien directeur de L'Evénement du jeudi et de Marianne

L’essayiste et ex-journaliste Jean-François Kahn estime, dans une tribune au « Monde », que le temps est venu pour chaque grand média de « mettre ses erreurs sur la table » à propos du traitement d’un mouvement qui « charriait le pire à côté du meilleur ».

Pas de faux procès : non, Le Monde, au-delà des ambiguïtés esthétiques, n’a jamais voulu comparer Macron à Hitler. Pas de faux-semblant non plus : non, concernant le phénomène « gilets jaunes », il n’y a pas eu dérive de dernière minute.

Depuis le début, pour qui l’a observé de près de rond-point en rond-point, le mouvement des « gilets jaunes », en partie, mais en partie seulement, spontané, non pas apolitique (ce qui ne veut rien dire), mais expression des colères et aspirations ambivalentes du pays profond, amplifié d’abord par les extrêmes droites puis, rapidement, grossi par l’extrême gauche, portait à la fois le pire et le meilleur, le rouge et le noir, une générosité ouverte et des rancœurs fermées, un lumineux besoin de communion et la haine assassine du hors-communion, le « sublime et l’abject » comme l’a fort bien exprimé Christiane Taubira, ou plutôt le poignant et le poisseux, le vécu et le fantasmé. (Macron, rageusement exécré, étant trop fréquemment rhabillé, non seulement en agent des riches, mais aussi en homosexuel, en juif et en franc-maçon !)

Depuis le début… Simplement il y eut, pendant quatre semaines, une obligation, que certains médias, de tous bords, se firent à eux-mêmes, d’occulter la part du réel qui les dérangeait. Le Monde ne nous offrit-il pas une description idyllique de la belle « fusion », sur certains ronds-points, de militants lepénistes et mélenchonistes ?

Un mouvement effectivement et réellement populiste émerge

On aimerait, en conséquence, qu’on nous explique. Hier – et ce fut une grave faute que l’on paye très cher – on qualifiait de « populiste » tout ce qui dérangeait, tout ce qui n’était pas conforme à la conception que les « qualifiants » avaient de l’ordre établi. De leur ordre établi. Concept-valise, paresseux, dans lequel on pouvait enfourner n’importe quoi, n’importe qui, et qui donnait à croire que c’est la racine « peuple » qui rendait le qualificatif diabolisant. Le lepénisme en fit ses choux gras.

Or, voilà que, soudain, un mouvement effectivement et réellement populiste émerge. Et – ô surprise ! – ceux-là mêmes qui usaient et abusaient de cet étiquetage infamant (Le Monde ne fut pas le seul à en être) applaudirent, au moins dans un premier temps, à tout rompre. Le « peuple », comme le proclamait également l’hebdomadaire Marianne, s’ébrouait, et ne pas jouer du violon sous son balcon, ou plutôt sur ses ronds-points, faisait de vous un ennemi du peuple. On sait comment on traite, généralement, les « ennemis du peuple ».

J’ai marqué, à ce sujet, mon désaccord avec et dans un journal qui m’est cher. On me permettra de le réitérer avec et dans un journal qui me fut si longtemps très cher.

Depuis des décennies, à gauche, dans les médias de gauche, on traquait tout ce qui pouvait apparaître comme une simple ambiguïté à l’égard de l’extrême droite : abordait-on la question de la sécurité, se refusait-on à tout déni du réel à propos des réactions suscitées par l’ampleur des flux migratoires… on était illico lepénisé. Ce dont le Rassemblement national (ex-Front national), à qui on livrait ainsi tout cru des électeurs, ne pouvait que se réjouir.

Une vague en partie initiée par les différentes extrêmes droites

Or, le pays a été secoué par une vague protestataire en partie initiée par les différentes extrêmes droites, dont seules, tout naturellement, ces extrêmes droites raflent les dividendes (la droite, l’extrême gauche et la gauche perdant, elles, toutes leurs mises) et – stupéfaction ! –, ceux-là mêmes qui dressaient des listes d’intellectuels suspects d’être récupérables par le Rassemblement national firent assaut d’enthousiasme laudateur.

Analyser la radicale singularité d’un mouvement qui, hors de tout cadre institutionnel, fût-il syndical ou associatif, exprimait des rages et souffrances qui remontaient des tréfonds, s’imposait et on ne fut, à cet égard, privé d’aucun commentaire de philosophes ou, surtout, de sociologues, de préférence d’extrême gauche, tirant à eux tous les fils des chasubles couleur colza. Mais, une radicale singularité, il y en avait une autre, qui eut mérité, elle aussi, qu’on lui consacrât des articles analytiques, c’est que, pour la première fois depuis la Libération, la gauche radicale, entraînant la gauche pépère dans son sillage, s’est ralliée à une entreprise d’abord relayée et boostée par l’extrême droite, allant ici et là (et pas seulement sur les ronds-points) jusqu’à fusionner avec elle. Au point que, sur les réseaux sociaux, on ne sait plus qui est qui.

C’est précisément une telle convergence qu’assuma le Parti communiste stalinien allemand, au début des années 1930, dont le chef Ernst Thälmann écrivait « la social-démocratie, en évoquant le spectre du fascisme, tente de détourner les masses d’une action vigoureuse contre la dictature du capital ». Cela n’eût-il pas mérité une prise de position ? L’affichage d’une opinion ? Doit-on se résoudre à l’émergence, demain – pourquoi pas ? -, d’un fascisto-néobolchevisme comme certains propos entendus y renvoient ? Se résoudre à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite (toutes les enquêtes d’opinion la rendent possible) en s’imaginant, vieille illusion, que cela permettrait à la gauche de se refaire ? Après avoir excommunié, à tort, le concept même d’identité, devait-on manifester à côté des identitaires ?

Ces toasts de haine beurrés de haine

Dès lors, que reste-t-il des appels à élever, face aux menaces extrêmes droitières, des barrages de type « front républicain » ? Plus rien ! Que reste-t-il de la dénonciation des complaisances supposées de la droite avec l’extrême droite ? Plus rien ! Effondrement rhétorique et tactique qui risque de déboucher sur une catastrophe stratégique. Cela ne méritait pas d’être pointé ?

Fallait-il, comme grisés par des relents de romantisme révolutionnaire post-adolescent, attendre si longtemps avant de prendre la mesure de ce que ce mouvement charriait de pire à côté du meilleur, du plus navrant à côté du plus enthousiasmant ? Le meilleur a tellement, et si bien, été souligné, avec raison, dans vos colonnes, que je n’y reviens pas. Le pire, minimisé en revanche, outre certains « dérapages », comme on dit, antisémites ou homophobes : l’intolérance à tout avis divergent ; ces toasts de haine beurrés de haine chaque matin en attendant la soupe de haine le soir ; l’ultraviolence verbale ouvrant le champ des intimidations et des exactions physiques (conséquence d’une convergence entre zadistes de gauche et zadistes de droite) ; rejet de la démocratie représentative ; hallucinations complotistes ; attaques réitérées contre les symboles du secteur public. Pour être représentant des « gilets jaunes » il fallait ne pas être syndiqué et n’avoir pas milité dans un parti. Ça n’interpellait pas ?

Cautionner la « manoeuvre »

Au demeurant, le meilleur aussi eût justifié certaines interrogations. En parcourant la France des « gilets jaunes » qu’entendait-on évoquer obsessionnellement ? Le « déni de démocratie » qui consista à faire passer, sans retour devant les électeurs, un traité constitutionnel qui avait été refusé par référendum. Or, tous les grands médias, dont Le Monde, cautionnèrent cette « manœuvre » en s’abstenant de la critiquer. Et ils incendièrent le premier ministre grec qui avait osé demander l’avis de son peuple.

Quel autre argument tournent-ils en boucle dans le milieu « gilets jaunes » ? La référence à ce crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et à ce « pacte de compétitivité » qui firent remise aux entreprises de 43 milliards d’euros sans aucun ciblage (les grandes surfaces en furent les grandes bénéficiaires) et, surtout, sans exigence de la moindre contrepartie en matière de création d’emplois.

Or, là encore, tous les grands médias, dont Le Monde, saluèrent ce tournant, qui signifiait approbation de l’idée que l’offre constituait le seul véritable moteur de la relance et que le quasi unique facteur de notre perte de compétitivité était le « coût du travail ». (Le travail qui cessa, dès lors, d’être considéré comme une nécessité sociale pour être réduit à un coût !) A quoi on ajoutera qu’on déclara incontournables les impératifs de Maastricht en matière de déficit budgétaire. On avait peut-être raison. (Personnellement, j’avais voté oui et j’estime peu responsable, critères de Maastricht ou pas, de dépasser, de façon répétitive, 3 % de déficit budgétaire.) Mais on ne peut sanctifier un mouvement qui rejette et même diabolise tout ce qu’on avait précédemment sanctifié. Ou bien on s’est trompé hier ou bien on se trompe aujourd’hui.

Tout le monde a commis et commet des bourdes. J’ai, entre autres, à propos de l’affaire DSK, proféré naguère une condamnable incongruité que Le Monde eut parfaitement raison de mettre en relief. J’ai aussitôt reconnu la lourde faute. Pourquoi, à l’occasion de cette crise, qui nous interpelle tous, chacun, grands médias compris, ne mettrait pas ses erreurs sur la table (le soutien à cette catastrophe que fut l’intervention en Libye par exemple ou la défense d’un scrutin électoral qui veut que 24 % des suffrages valent 70 % des députés) ?

Cette autocritique s’impose. Déjà les interpellations se font plus cinglantes et sont prétexte à de honteuses remises en question de la liberté de la presse et de la fonction médiatique. Si, une fois de plus, on s’en exonère, cela risque, cette fois, de faire des ravages.

Jean-François Kahn est un journaliste et écrivain, ancien directeur de « L’Evénement du jeudi » et de « Marianne », il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « M, La Maudite », (éd. Tallandier, 678 pages, 24,50 euros)

2 janvier 2019

Presse politique

benalla33

voeux du pdt

30 décembre 2018

"Le Monde" s'est-il inspiré de l'"iconographie nazie" pour sa une sur Macron ? On vous explique la polémique - France Info

monde14

Le directeur des rédactions du journal a présenté des excuses, après avoir essuyé de vives critiques, notamment de la majorité.

Un portrait d'Emmanuel Macron au visage fermé et au regard sombre, sur fond rouge et blanc, sous le "M" noir gothique (et historique) du magazine. La couverture de l'hebdomadaire M le magazine du Monde, paru vendredi 28 décembre, s'est attiré les foudres des critiques, dont plusieurs membres de la majorité. Tous accusent le journal d'avoir repris "les codes de l'iconographie nazie".

La polémique a poussé le directeur des rédactions du journal, Luc Bronner, à présenter des excuses "à ceux qui ont été choqués par des intentions graphiques qui ne correspondent évidemment en rien aux reproches qui nous sont adressés". Dans ce court texte, le journaliste explique que la couverture signée par le directeur artistique Jean-Baptiste Talbourdet, fait référence "au graphisme des constructivistes russes au début du XXe siècle", mais emprunte aussi aux travaux de l'artiste canadien Lincoln Agnew.

Voici quelques éléments pour comprendre cette couverture et la polémique qu'elle suscite.

Pourquoi peut-on y voir une référence au nazisme ?

Le fond beige évoque un papier vieilli comme celui d'une affiche ancienne. Celle-ci est barrée de rouge, couleur souvent associée aux extrêmes en politique (du rouge du drapeau nazi au rouge soviétique). Le contraste du portrait en noir et blanc a été accentué, assombrissant le regard bleu clair du président de la République. Et en haut à gauche, trône le "M" du nom du magazine, dans la police de caractères historique du journal Le Monde, une typographie de style gothique, apparue en Allemagne au XVIe siècle. N'oublions pas, incrustée dans le costume d'Emmanuel Macron, une photographie prise sur les Champs-Elysées (le sujet de l'article mis en avant sur cette couverture), qui montre la foule célébrant la victoire de l'équipe de France à la Coupe du monde, un cliché datant du 16 juillet 2018.

Pour certains, tout cela correspond sans hésitation aux "codes de l'iconographie nazie". Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand ne l'écrit pas exactement comme ça, mais juxtapose cette une à une photo d'Adolf Hitler, assurant qu'il "ne peut s'agir d'un hasard".

Richard Ferrand

@RichardFerrand

 Hâte de comprendre ce qui fonde les références graphiques et iconographiques du @lemonde_M. S’il ne peut s’agir de hasard, de quoi s’agit-il alors ? À la recherche du sens perdu...

Mais pourquoi ? Le journaliste Julien Joly tente, sur Twitter, une explication par l'effet Koulechov. "En gros, montrez au spectateur la tête d'un type (air neutre). Puis l'image d'un plat. Le spectateur se dira que le type en question a l'air affamé. Ou triste si l'image suivante est celle d'un cercueil", résume-t-il. Cet effet tient au besoin qu'à le cerveau de trouver un sens, une cohérence, aux images que les yeux lui envoient. "C'est comme la bande dessinée : votre cerveau fait le lien entre les cases pour créer une histoire cohérente", reprend-il.

Julien Joly

@Julien_J0ly

Pour faire les choses bien, l'histoire que brode le cerveau correspond à votre culture, préjugés... Ex : si vous pensez que la presse est pro-gilets jaunes (ça va paraître bizarre à certains, mais l'idée effleure une partie de la Macronie), prompte à dépeindre E.M en tyran, etc.

Julien Joly

@Julien_J0ly

En cinéma, on parle d'effet Koulechov. En gros, montrez au spectateur la tête d'un type (air neutre). Puis l'image d'un plat. Le spectateur se dira que le type en question a l'air affamé. Ou triste si l'image suivante est celle d'un cercueil. Lubrique si c'est l'image d'une femme

André Gunthert, historien des cultures visuelles, analyse le photomontage dans un billet de blog publié dimanche, comme une "caricature photographique". Pour lui, les couleurs et le style de la couverture de M "suffisent à aiguiller nombre de lecteurs vers une interprétation de l’image comme une critique sévère et une allusion à peine voilée à la référence nazie", écrit-il, dans son texte qui retrace la polémique.  L'historien Michel Goya estime que Le Monde a commis "la grande erreur" de "ne pas avoir imaginé une seule seconde que beaucoup prendraient cela pour de l'esthétique nazie".

Michel Goya

@Michel_Goya

Dans ce cas, le vrai scandale est le plagiat éhonté de Lincoln Agnew et la grande erreur est de ne pas avoir imaginé une seule seconde que beaucoup prendraient cela pour de l'esthétique nazie. Ce qui est cru n'est pas toujours ce qui est vrai mais c'est aussi important.

 

Y a-t-il vraiment une référence au nazisme ?

Seule l'équipe qui a participé à l'élaboration de cette couverture peut répondre à cette question et le directeur des rédactions du Monde s'en défend dans son texte d'excuses. Sur son blog hébergé par Mediapart, Olivier Beuvelet, chargé de cours en histoire de la photographie, en esthétique de l’image et en cinéma à l'université Paris 3, y voit au moins une "référence à l'iconographie totalitaire des années 1930". Et sur Twitter, un graphiste confirme que "tous les codes des affiches de propagande de dictatures" sont là, mais pas seulement Adolf Hitler. Il cite "Mao, Lénine, Hitler… tous !"

Petit Fayot

@Petit_Fayot

 Vous voulez l'avis d'un graphiste concernant la couverture de M le Monde ? OUI IL Y A TOUS LES CODES DES AFFICHES DE PROPAGANDE DE DICTATURES : Mao, Lénine, Hitler... tous !

Et oui c'est fait exprès.

Pour ce graphiste, "c'est fait exprès", mais il ne faut pas pour autant en déduire que Le Monde considère Emmanuel Macron comme un dictateur. Alors que la mobilisation des "gilets jaunes" dure depuis un mois et demi, et que les Champs-Elysées ont été le théâtre de violents affrontements, il estime que le journal "peut aussi vouloir illustrer le sentiment d'une partie du peuple". Pour lui, ce visuel, où la foule tourne le dos au chef de l'Etat qui regarde dans une autre direction, signifie surtout que "la foule ici descend dans la rue contre lui, pas pour l'aduler".

Pour Julien Joly, utiliser le rouge, le blanc et le noir est simplement "efficace visuellement". Ces couleurs et cette mise en page existent partout. "Je suis à peu près certain que Le Monde n'a jamais voulu assimiler Macron à Godzilla, et pourtant...", cite-t-il en exemple, affiche du monstre de cinéma à l'appui.

godzilla

Julien Joly

@Julien_J0ly

La preuve ? Essayons de montrer cette couv' à côté d'une autre image un peu similaire graphiquement mais au contexte très éloigné. Et pourtant... magie ! Votre cerveau tourne comme un petit fou pour essayer de fabriquer du sens entre les deux.

Julien Joly

@Julien_J0ly

Nous vivons dans un monde d'images, de références graphiques, de symboles que nous comprenons tous à notre sauce. Et le rouge, blanc et noir, c'est très efficace visuellement. Je suis à peu près certain que @lemondefr n'a jamais voulu assimiler Macron à Godzilla, et pourtant...

 

Qu'est-ce que le constructivisme russe ?

Dans sa note d'excuses, Le Monde évoque une référence aux "constructivistes russes". Et d'autres défenseurs du journal ont avancé cette explication. Le constructivisme mentionné ici est un courant artistique et architectural qui se veut fonctionnel. Ce terme a d'abord été employé par le peintre suprématiste Kasimir Malevitch pour tourner en dérision un concurrent. Mais des artistes russes se sont appropriés le mot, dans les années 1920, pour nommer leur style avant-gardiste, avec ses formes géométriques (le cercle, la ligne droite, le triangle) et ses superpositions et collages de photos. L'œuvre constructiviste la plus célèbre reste Battez les blancs avec le coin rouge (1919), affiche de propagande communiste signée El Lissitzky.

Ce style inspire, au XXe siècle, aussi bien les architectes et les designers, que les publicitaires et les propagandistes. Il est ainsi devenu l'art "officiel" de la révolution russe, avant d'être remplacé par le "réalisme socialiste" dans les années 1930.

Valentin Socha

@valentinsocha

 D'aucuns voient dans la couverture du dernier numéro de @lemonde_M une référence à la propagande nazie. Pourtant, il me semble qu'elle emprunte moins aux affiches du IIIè Reich qu'aux affiches typiques du constructivisme russe

 

Qui est Lincoln Agnew ?

Le nom du graphiste Lincoln Agnew, cité par le directeur des rédactions du Monde, ne vous dit peut-être rien. C'est un artiste canadien, qui s'est justement beaucoup inspiré des constructivistes russes, mais aussi de l'esthétique punk des années 1970 et 1980. Un rapide coup d'œil à son œuvre permet de constater qu'il utilise lui-même beaucoup de rouge, de noir et de blanc, ainsi que de photos découpées et collées. C'est probablement ce qui l'a rendu "très populaire auprès des directeurs de magazine", souligne le site spécialisé Create (en anglais), parmi lesquels M le magazine du Monde, pour lequel il a par exemple réalisé un portrait de John F. Kennedy, entre autres.

Les détracteurs de la dernière couverture de l'hebdo n'ont pas manqué de remarquer, dans son portfolio, un portrait d'Adolf Hitler

hitler

à la construction similaire à la une du magazine, avec une différence notable : la foule y salue le Führer, alors qu'elle tourne le dos à Emmanuel Macron. Ce portrait du leader nazi avait été publié dans le Harper's Magazine en 2017. Le même style se retrouve aussi dans un portrait du conservateur américain Mitt Romney ou encore une illustration pour l'œuvre du cinéaste David Lynch ou encore un portrait du joueur de base-ball des Boston Red Sox Grady Sizemore.

Valentin Socha

@valentinsocha

Aussi, beaucoup relaient ce visuel sans le remettre dans son contexte. Il s'agit d'une illustration de Lincoln Agnew pour cet article qui fait allusion à Hitler, en aucun cas il ne s'agit d'une affiche de propagande

Pour André Gunthert, la couverture de M "semble bien être une imitation servile". "Il est vraisemblable que le graphiste du Monde avait pensé son emprunt suffisamment camouflé pour rester dans un registre d’évocation floue", analyse-t-il encore, sur son blog. Source : France Info.

30 décembre 2018

La lettre politique de Laurent Joffrin : «Journalistes collabos»

Il faut rester philosophe. Le «media-bashing» est né avec les médias. Tous les pouvoirs, toutes les oppositions, en ont usé au fil de l’histoire politique, tant il est simple d’imputer ses déconvenues au messager, par définition subjectif et manipulateur, plus qu’aux faits qu’il rapporte. Au demeurant, les médias commettent suffisamment d’erreurs, font parfois preuve d’assez de parti pris, pour mériter la critique.

Mouvement très traditionnel dans cet exercice, des gilets jaunes ont manifesté samedi devant les sièges de plusieurs organes d’information, BFM et Libération, France Télévisions… Ils avaient bloqué en partie la diffusion de Ouest-France quelques jours plus tôt, ou bien molesté certains journalistes qui couvraient leur manifestation. La direction de la Dépêche a même demandé à ses reporters de ne plus porter le brassard «presse» censé les protéger parce qu’il les désignait au contraire comme une cible pour les protestataires. Rien de bien grave – peu de violence, des agressions principalement verbales – sinon une attaque désormais banalisée contre la liberté de la presse, qui s’en remettra sans peine. Dans d’autres pays plus francs et expéditifs, on tire sur les journalistes ou bien on les e mprisonne. Nous n’en sommes pas là.

Remarquons tout de même que la subtilité et la pertinence ne sont pas la marque principale de ces invectives. «Journalistes, collabos» : tel était le mot d’ordre qui présidait aux sympathiques admonestations de samedi, référence directe à la collaboration avec les nazis qui a sévi en France pendant l’Occupation. On comprend le raisonnement, puissamment élaboré : Emmanuel Macron et Adolf Hitler, même combat ; directeurs d’infos et rédacteurs en chef, même veulerie, même trahison que celles de Pétain ou Laval. Impressionnante culture historique…

Qui proteste contre cet amalgame, un peu fort de café, tout de même ? Personne ou presque. Pas étonnant. Jean-Luc Mélenchon n’avait-il pas professé sa «haine» envers les médias qui lui donnent sans cesse la parole ; François Fillon imputé au Canard enchaîné, manipulateur et partisan, sa défaite à la présidentielle, alors que l’enquête judiciaire vient de confirmer au moins l’une des accusations portées contre lui ; Marine Le Pen dénoncé sans cesse les médias tenus par la «bien-pensance», comme le théorisent régulièrement Onfray ou Finkielkraut, tout en passant une grande partie de leur vie sur les plateaux.

Chacun aura compris le vrai reproche adressé à des médias qui ont couvert le mouvement des gilets jaunes comme on n’a jamais consacré autant de place (les chaînes d’info au premier chef) à un quelconque mouvement social, permettant à leurs porte-parole de camper littéralement dans les studios depuis un mois et traitant leurs revendications sociales avec une rare bienveillance : celui ne pas reproduire servilement leurs mots d’ordre, de poser parfois des questions sur les dérapages verbaux ou les violences dont ils se rendent coupables, de s’interroger de temps en temps sur les options de certains d’entre eux qui se présentent comme «apolitiques» mais ont derrière eux une carrière de militant de tel ou tel parti extrême. On le sait bien : tout protestataire, désormais, qualifie d’impartial un média qui dit la même chose que lui et de vendu – ou collabo – celui qui dit autre chose. Certains commentateurs, certains responsables, voient dans les gilets jaunes les prophètes d’une avancée démocratique, un ferment de renouveau pour la République. Vraiment ? Laurent Joffrin - Libération

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30 décembre 2018

Journalisme

29 décembre 2018

A propos de la une du magazine M Le Monde.....

29 décembre 2018

M Le Monde

29 décembre 2018

A propos de la couverture de M Le Monde

Oui, effectivement,  vous vous êtes sacrément inspiré de Lincoln Agnew.

https://create.adobe.com/2016/3/7/illustrator_lincoln_agnew_.html 

Connaissez vous bien toutes ses oeuvres ?

En particulier, celle ci ?

hitler

29 décembre 2018

M Le Monde

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