Festival Européen de la Photo de Nu
Arles : la photo de nu à corps perdu
La 14e édition du festival européen de la photo de nu rend un hommage, hélas posthume, à Jean-François Bauret à travers deux expositions phares
L'adolescent se porte à merveille. Pour ses 14 ans, le Festival européen de la photo de nu affiche en effet une belle santé avec cette année encore deux grands sites d'exposition.
Aux Baux-de-Provence bien sûr. Avec un hommage à Jean-François Bauret. L'oeuvre de cet artiste, hélas disparu en début d'année, est en effet indissociable de la photo de nu. Même s'il a touché à bien d'autres facettes de cet art, toujours dans la veine poétique du noir et blanc. "On avait préparé cette exposition en octobre, et ensemble réalisé la sélection des oeuvres qui sont exposées" confie le président-fondateur du festival Bruno Redarès. Voila qui apporte une touche émotionnelle supplémentaire à cette double exposition. À la salle de la Citerne, on retrouve une multitude de nus. La série balaye plusieurs décennies de travail. Si la technique est toujours impeccablement la même, on voit l'oeil du photographe évoluer peu à peu. Autre lieu, autre style, Bouret, l'espace Post Tenebras Lux, où les murs de pierres sont habillés de portraits. De Gainsbourg à Jean-Paul Gaultier, en passant par ses "copains" photographes Salgado ou Willy Ronis, l'artiste donne toute sa capacité à saisir l'âme de ses modèles. Et ici, la visite est gratuite.
Hommage donc à ce photographe qui avait lancé un workshop en 2008, toujours aux Baux. "Nous étions partis du principe que si les gens ne venaient pas à la photo, cette dernière devait aller vers eux. Et ce fut un formidable succès" ajoute Bruno Redarès.
Les workshops qui contribuent au succès du festival, il en est question à deux pas de là avec l'exposition de Jean Turco. À l'image de tous les maîtres du noir et blanc, ce photographe maîtrise cette lumière qui révèle les formes et les âmes. Sa série de portraits sur le thème du pied — au sens très large — est à la fois humoristique, décalée, poétique et terriblement esthétique. C'est à voir dans cet autre lieu magique des Baux, la cour des Porcelets.
Les Baux c'est beau bien sûr. Alors le festival a cette année encore investi l'hôtel de ville, pardon l'hôtel de Manville. Ici, on découvre avec une saine curiosité des oeuvres tirées du fonds de la Maison de la photographie de Marrakech. Le thème commun est bien sûr le corps, rarement dénudé, mais toujours exalté de ce que l'on appelait au temps (peu glorieux certes) des colonies : des indigènes. Des documents anthropologiques avec des oeuvres tirées de plaques de verre numérisées datant pour certaines du tout début de la photo, vers 1880. Le Festival c'est aussi ça, un lien entre un passé déjà riche et la richesse de nouveaux talents.
Des photos de Claude François à l'Archevêché
C'est un peu la surprise de ce festival européen de la photo de nu. La révélation pour beaucoup en tout cas. Claude François, le chanteur populaire par excellence, était aussi un photographe. Bien sûr, on pourra toujours arguer que ses clichés touchant parfois au porno-chic datent un peu. Et ils datent d'ailleurs, des années soixante-dix pour être précis. À cette époque, Claude François s'était mis en retrait de la scène pour se consacrer à un magazine disons de charme, baptisé Absolu. L'occasion pour le chanteur aux 67 millions de disques vendus de part le monde à ce jour, de troquer le costume à paillettes pour l'Ektachrome. N'hésitant pas à prendre conseils auprès des meilleurs photographes du moment. Une aventure qui s'arrêtera assez rapidement, le style Absolu ne plaisant pas vraiment aux autorités du moment.
Une trentaine de ces photos seront ainsi exposées au palais de l'Archevêché. Des tirages, réalisés pour l'occasion, et donc uniques, qui seront mis en vente : 300 euros pièce pour un exemplaire 24x36, 450 euros pour le format 40x60. Le prix, somme toute raisonnable, du souvenir.
La soirée du festival, samedi 17 mai, à 19 heures aux Carrières de lumières aux Baux avec projection d'images des artistes du festival.
Horaires et tarifs. Expos Les Baux-de-Provence : 5 euros. Pass expos Arles et Les Baux-de-Provence : 10 euros (permet un parking extérieur gratuit aux Baux). Pass expos et soirée festival : 15 euros. Toutes les photos exposées sont en vente. Article de Jean-Luc Parpaleix
Photos de Jean François Bauret