Syrie : la Turquie rechigne à prêter ses bases
Les États-Unis voudraient faire décoller leurs chasseurs-bombardiers du sud de la Turquie, au voisinage immédiat des régions conquises par les djihadistes de l’État islamique.
Une course de vitesse est engagée entre Washington et les djihadistes du groupe État islamique (EI). Le théâtre ? Kobané (180 000 habitants), une agglomération kurde de l’extrême nord de la Syrie. Les islamistes la bombardent depuis trente jours. Ils en contrôlent 40 %, mais se heurtent aux miliciens kurdes. Moins nombreux, mal armés, ceux-ci retardent l’échéance grâce à l’appui de l’aviation américaine. Problème : les appareils de l’ US Air force décollent du lointain golfe Persique. Dimanche soir, la conseillère d’Obama pour la sécurité nationale, Susan Rice, annonçait sur NBC un arbitrage favorable d’Ankara. La Turquie acceptait de prêter ses bases : en clair, les jets américains allaient pouvoir multiplier leurs raids ; des drones et des hélicoptères pourraient peut-être entrer en action.« Il n’y a aucun accord. Les négociations se poursuivent », a cinglé, hier, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. À ce stade, les États-Unis ne peuvent utiliser que leur base d’Incirlik, uniquement à des fins humanitaires et logistiques. Ankara exclut toujours d’envoyer ses chars défendre Kobané, et refuse même d’ouvrir la frontière pour que des Kurdes de Turquie puissent se joindre à la défense de la ville. Ankara exige, en préalable, que ses exigences soient satisfaites : la création d’une zone tampon dans le nord de la Syrie, protégée par une zone d’interdiction aérienne. Celle-ci abriterait le million de Syriens réfugiés en Turquie, et servirait de base arrière aux rebelles syriens modérés. Car le président turc Erdogan veut à tout prix voir tomber le régime de Bachar al-Assad. Pour l’heure, le seul consensus entre Washington et Ankara, porte sur l’entraînement des rebelles modérés. Selon CNN Türk , l’armée turque va former et équiper 4 000 combattants de l’Armée libre syrienne, concurrente de l’EI, mais surtout déterminée à renverser Assad.