Hier soir j'ai regardé sur ARTE le film "Portier de nuit"avec Dirck Bogarde (dont je me souviens l'excellente prestation dans le film de Joseph Losey "The servant") et Charlotte Rampling que tout le monde connait. Ce film m'avait marqué lorsque je l'avais vu une première fois à sa sortie en 1974.
Douze ans après la fin de la
guerre, une ancienne déportée et son tortionnaire nazi reprennent leur liaison
sadomasochiste. Un mythique duo d'acteurs (Bogarde/Rampling) pour un film très
controversé sur la mémoire et la fascination du mal.
1957. Portier de nuit dans un
grand hôtel de Vienne, Max se retrouve un jour face à la belle Lucia, épouse
d'un chef d'orchestre. Une présence qui ressuscite les fantômes du passé. Car
Max, ex-officier SS, a entretenu pendant la guerre une passion sadomasochiste
dans un camp de concentration avec celle qui fut l'une de ses détenues. Fascinés
l'un par l'autre, ils reprennent leur liaison. Mais les anciens compagnons nazis
de Max, qui organisent des simulacres de procès, sortes de thérapies collectives
pour se laver de toute culpabilité, entreprennent d'éliminer tous les témoins de
l'époque. Les amants damnés se retranchent alors dans l'appartement de Max,
avant d'être assiégés.
Romantisme
vénéneux
Interdit de diffusion en Italie à
sa sortie, Portier de nuit n'a cessé depuis de susciter la controverse, entre
fascination et répulsion. Dans la lignée des Damnés de Visconti, Liliana Cavani
bouscule les frontières morales en cultivant l'ambiguïté sur un thème hautement
sensible. Car l'oeuvre, empreinte d'un romantisme vénéneux, pose en filigrane la
question de l'innocence des victimes, au risque d'être suspectée de relents
négationnistes. D'autant que son extrême esthétisme, la mise en scène onirique
de la décadence, contribuent à semer le trouble. Inoubliables amants maudits,
Dirk Bogarde et Charlotte Rampling, parfois affublée d'une panoplie fétichiste,
irriguent le film d'une noire sensualité. Pourtant, c'est bien la mémoire et la
capacité d'amnésie des bourreaux que la cinéaste interroge à travers les "procès
thérapies" auxquels se livrent les anciens compagnons de Max. Une manière aussi,
peut-être, de confronter l'Italie des années de plomb - le film sort en 1974 - à
ses tentations de résurgence fasciste.
Quelques captures d'écran :