PARIS (AP) - En 480 avant
Jésus-Christ eut lieu la bataille des Thermopyles qui opposa en Grèce le roi
Léonidas et 300 soldats spartiates à Xerxès et l'immense armée perse. Grâce aux
effets spéciaux et à la technologie du XXIe siècle, "300" nous relate, en prenant ses distances avec la
vérité historique, cet affrontement musclé. Du grand spectacle particulièrement
impressionnant.
Adaptation du roman graphique de
Frank Miller, le film américain de Zack Snyder nous replonge dans la culture
spartiate, où seuls les enfants les plus robustes survivaient. Elevé à la dure,
le puissant roi Léonidas (Gerard Butler) est soudain confronté à un choix
délicat: se soumettre ou se confronter à l'armée perse qui lui a lancé un
ultimatum. Il ne parvient pas à convaincre le Conseil de Sparte d'envoyer son
armée pour combattre l'ennemi. Alors, il va affronter l'adversaire avec sa
garde personnelle, constituée de 300 de ses plus valeureux guerriers, sachant
qu'il ne reverra sans doute jamais sa femme, la ravissante reine Gorgo (Lena
Headey).
Son plan consiste à contraindre
les Perses à affronter ses hommes dans le défilé des Thermopyles, sachant que
face à une armée constituée de plusieurs milliers d'hommes, leur combat de
trois jours se terminera sans doute par un sacrifice. Une résistance héroïque
qui pourrait toutefois servir d'exemple à tous les Grecs et leur donner une
nouvelle détermination pour lutter contre les Perses et leur terrifiant chef,
Xerxès (Rodrigo Santoro).
Zack Snyder, qui a déjà réalisé
"L'armée des morts", s'inspire cette fois de la BD de Frank Miller,
également auteur de "Sin City" (adaptée en 2005 par Robert
Rodriguez). Il s'appuie sur quelque 1.300 effets visuels et sur une technique
baptisée "Crush", consistant à "écraser" les noirs pour
valoriser et renforcer l'éclat des couleurs. Le résultat, très original, est
une réussite sur le plan visuel et emmène le spectateur dans une autre
dimension, lui réservant moult surprises.
Si le film plaira à beaucoup
d'amateurs de grand spectacle non allergiques à une avalanche d'effets
spéciaux, il a en revanche déjà provoqué quelques mouvements d'indignation.
Ainsi, certains Iraniens affirment qu'il constitue une insulte à leur culture
et risque même de provoquer une réaction d'animosité à l'égard de l'Iran, tant
il donne une mauvaise image des Perses par rapport aux vaillants guerriers
grecs (qui sont toutefois décrits comme tout aussi sanguinaires, mais le
résistant a le beau rôle par rapport à l'assaillant).
"Hollywood déclare la guerre
aux Iraniens", titrait ainsi mardi dernier le journal iranien
"Ayende-No". Javad Shamghadri, conseiller culturel du président
iranien Mahmoud Ahmadinejad, est même allé jusqu'à dire que les Etats-Unis
essayent d'"humilier" l'Iran avec ce long métrage. Ce film ne devrait
toutefois jamais sortir dans les salles iraniennes, étant donné les
restrictions du gouvernement iranien sur les films occidentaux.
La bataille antique des
Thermopyles a en tous cas réalisé le premier véritable carton de l'année dans
les salles nord-américaines, amassant 70 millions de dollars (53,21 millions
d'euros) de recettes lors de son premier week-end, selon les estimations des
studios. Il s'agit du meilleur chiffre pour une sortie en mars de tous les
temps si la tendance se confirme.
Au final, "300",
produit par la Warner, offre une nouvelle version grandiose du péplum. Les
scènes de violence, qui constituent une grande partie du film, sont bien sûr à
prendre au second degré. L'esthétique y prime sur le réalisme, les combats
étant chorégraphiés comme une sorte de danse macabre où l'hémoglobine coule à
flots. Certains monstres sont "magnifiques" de monstruosité, tel le
colosse géant qui affronte le roi Léonidas en combat singulier.
Concernant les valeurs plus
positives, le film met en avant le courage et la détermination d'une poignée
d'hommes qui, malgré leur petit nombre, sont capables de faire vaciller une
armée beaucoup plus puissante grâce à leur entraînement et leur cohésion inébranlable.
AP