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Jours tranquilles à Paris
carlos ghosn
2 décembre 2018

Le redoutable bureau d’enquêtes spéciales aux trousses de Carlos Ghosn

carlos

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Ce service du ministère japonais de la justice lutte contre la délinquance en col blanc. A son actif, des scandales retentissants dont l’arrestation du patron de Renault-Nissan.

C’est le héros malgré lui de l’affaire Carlos Ghosn. Le bureau d’enquêtes spéciales du parquet de Tokyo est à l’origine de l’arrestation, le 19 novembre à sa descente d’avion, et sous l’œil des caméras opportunément présentes de la chaîne de télévision Asahi, du président déchu de Nissan et Mitsubishi.

Un dirigeant piqué au vif, qui a répliqué en choisissant un certain Motonari Otsuru pour assurer sa défense. L’avocat est un ancien responsable du fameux bureau d’enquêtes spéciales. Il a notamment mené les opérations ayant provoqué la chute, au mitan des années 2000, de Takafumi Horie, flamboyant et ambitieux patron du portail Internet Livedoor, accusé d’infractions aux règles des marchés financiers.

« QUAND LE HUITIÈME ÉTAGE BOUGE, UN FRISSON PARCOURT NAGATACHO », DIT-ON DANS LE QUARTIER.

« Quand le huitième étage bouge, un frisson parcourt Nagatacho », dit-on dans les rues de ce quartier où bat le cœur de la politique japonaise. Le bureau d’enquêtes spéciales est installé au niveau huit du ministère de la justice et, depuis cette position hautement stratégique, le service lutte contre la délinquance en col blanc : corruption, évasion fiscale, atteintes aux règles commerciales ou à celles sur les monopoles privés. Fort de près de cent cinquante personnes, dont une quarantaine de procureurs sélectionnés parmi les meilleurs, qui fouillent les poubelles politico-financières du pays depuis sa création, en 1947.

A l’origine, ce département avait été établi pour enquêter sur les détournements de matériel et d’actifs par l’armée impériale japonaise. Il travaillait alors au service de l’occupant américain. Les biens récupérés, dont des diamants, servaient à payer les dédommagements aux pays ayant subi l’occupation nippone.

Des dirigeants de partis politiques ou d’entreprises visés

Son champ d’action s’est par la suite élargi et son histoire est jalonnée d’une impressionnante série de scandales retentissants, dont les mésaventures de Carlos Ghosn ne sont que le dernier épisode. Début 2018, il s’est aussi penché sur les soupçons d’entente illégale autour du mégachantier du train à sustentation magnétique (Maglev).

Au milieu des années 1970, il a révélé ce qui allait devenir le scandale Lockheed. Dans

ce dossier, l’industriel américain Lockheed Aircraft Corporation avait été accusé d’avoir versé des millions de dollars à des représentants du gouvernement japonais par l’intermédiaire d’une maison de commerce nippone, Marubeni Corporation, pour faciliter la vente d’avions à la compagnie aérienne All Nippon Airways (ANA). Ces révélations avaient valu son poste au premier ministre, Kakuei Tanaka, condamné ensuite à quatre ans de prison.

A la fin des années 1980, le bureau a mis en évidence l’affaire Recruit, sur des faits de corruption et de délit d’initiés à l’origine de la démission du premier ministre Noboru Takeshita. Le scandale impliquait nombre de dirigeants de partis politiques ou d’entreprises, comme le patron du groupe de presse Yomiuri ou celui du géant de la téléphonie NTT.

La part d’ombre et l’influence des Etats-Unis

La liste des accusés parmi les personnalités politiques est longue. S’y ajoutent notamment l’ancien ministre et député Muneo Suzuki qui a fini derrière les barreaux pour une histoire de financement politique en 2002.

Quelques années plus tard, ce fut au tour d’Ichiro Ozawa d’être contraint de renoncer à son ambition de devenir chef du gouvernement pour des raisons similaires.

Pour inquiétant qu’il soit, ce service a également sa part d’ombre. Héritier d’une structure ayant travaillé pour l’administration américaine d’occupation, il est parfois soupçonné d’être toujours sous l’influence des Etats-Unis. Dans l’affaire Ichiro Ozawa, certains se sont étonnés que les attaques fusent à quelques mois d’importantes élections.

En 2011, l’un des procureurs de la branche d’Osaka du bureau d’enquêtes spéciales avait présenté ses excuses à Atsuko Muraki, une haute fonctionnaire du ministère du travail injustement mise en cause qui avait dû passer près de cinq mois en détention. Elle a tiré de cette expérience un livre au titre ravageur : La maladie des organisations japonaises (Nihongata soshiki no yamai wo kangaeru, Kadokawa, 2018). En illustrant son propos avec le fonctionnement du parquet.

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1 décembre 2018

L’affaire Carlos Ghosn vire aux bisbilles diplomatiques en marge du G20

Par Éric Béziat

Emmanuel Macron a rencontré le premier ministre japonais vendredi, en Argentine. Les dirigeants ont évoqué l’avenir de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Une nouvelle phase est en train de s’ouvrir dans l’affaire Carlos Ghosn. Alors que la garde à vue de l’ancien président de Nissan a été prolongée de dix jours supplémentaires, vendredi 30 novembre, sur décision d’un juge du tribunal de Tokyo, les gouvernements français et japonais sont en train de s’emparer du sujet.

Le puissant patron, qui a été révoqué de Nissan et de Mitsubishi Motors, mais reste PDG de Renault, est en détention provisoire depuis le 19 novembre, visé par une enquête sur des dissimulations de revenus.

Le président français Emmanuel Macron a demandé une entrevue au premier ministre japonais Shinzo Abe, en marge du G20 à Buenos Aires, en Argentine, afin d’évoquer la situation de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, dans la tourmente depuis l’arrestation de son fondateur.

« L’échange sur Renault a été succinct, avec simplement le rappel que la procédure judiciaire devait suivre son cours », a fait savoir l’Elysée à l’issue du tête-à-tête. « Le président a pour sa part rappelé son attachement à ce que l’Alliance soit préservée de même que la stabilité du groupe. » De son côté, Shinzo Abe a souhaité « le maintien d’une relation stable » entre les entreprises des deux pays, qualifiant l’Alliance de « symbole de la coopération industrielle entre le Japon et la France », a déclaré à l’agence de presse Kyodo une source au sein des services du premier ministre.

« La priorité c’est de gérer les projets en cours »

Selon le quotidien japonais Mainichi Shinbun, des divergences sérieuses sont apparues plus tôt entre Bruno Le Maire, ministre français de l’économie et son homologue japonais Hiroshige Seko, à propos de la gouvernance de l’Alliance.

Ce dernier aurait envoyé une lettre de protestation à Paris après les déclarations de Bruno Le Maire sur LCI, mardi 27 novembre, expliquant que « le directeur général de Renault doit rester le président de l’Alliance », et que M. Seko et lui-même étaient convenus qu’il était préférable de maintenir la structure capitalistique actuelle. Or, la partie japonaise a nié avoir donné un tel accord. Contacté, le ministère français de l’économie n’a pas souhaité commenter.

Dans ce contexte tourmenté, les trois entreprises ont malgré tout dû continuer à faire avancer leurs nombreux « business » communs. Une réunion de l’Alliance s’est tenue, le 22 novembre, à Amsterdam (Pays-Bas), siège de la coentreprise Renault-Nissan BV, sous l’œil des patrons de Nissan, Hiroto Saikawa, de Mitsubishi, Osamu Masuko, et de Thierry Bolloré, directeur général délégué de Renault exerçant la direction exécutive intérimaire du constructeur français en l’absence de Carlos Ghosn.

La réunion de moins d’une heure et à laquelle les trois hauts dirigeants assistaient par vidéoconférence a surtout constitué à faire passer le message d’une coopération qui va de l’avant malgré les circonstances. Renault et Nissan ont « réitéré avec force » leur engagement l’un envers l’autre, a indiqué lors d’un point de presse à Tokyo M. Masuko à l’issue de la réunion. « Les discussions ont essentiellement porté sur les questions opérationnelles, confirme-t-on chez Renault. La priorité c’est de gérer les projets en cours et de s’assurer que les lancements prévus se font normalement. »

Gouvernance conjointe

Les sujets qui pourraient fâcher concernant la gouvernance commune ont été soigneusement évités. Il a été en particulier décidé de ne pas désigner de numéro un, Carlos Ghosn restant toujours formellement le PDG de l’Alliance.

Un processus de décision collégial a été déterminé. Il consistera en une gouvernance conjointe sous la houlette des directeurs généraux des trois constructeurs automobiles qui sont convenus de se rencontrer plus souvent, par exemple en marge des salons automobiles internationaux.

« Nous avons confirmé que nous dirigerions l’Alliance à trois », a déclaré M. Saikawa aux journalistes japonais. Depuis l’arrestation de son ancien mentor, le nouvel homme fort de Nissan a dénoncé la concentration des pouvoirs entre les mains de M. Ghosn. Son homologue de Mitsubishi a tenu le même discours : « Jusqu’à présent, une seule personne était aux commandes. Maintenant, nous sommes trois à travailler ensemble. C’est une grosse différence. »

C’est sur ce point – qui a le pouvoir dans l’Alliance – que réside au fond la divergence entre Tokyo et Paris. Les Japonais veulent absolument un rééquilibrage en soulignant le poids économique de la partie japonaise (Nissan + Mitsubishi) dans le partenariat. Les Français ne voient pas pourquoi il faudrait toucher au statu-quo, rappelant au passage qu’ils sont les actionnaires majoritaires de Nissan et à ce titre les décideurs ultimes.

carlos201

Ci-dessus : Carlos Ghosn

30 novembre 2018

Carlos Ghosn en attente d’une décision sur le prolongement de sa garde à vue

carlos201

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

La presse nippone évoque de nouvelles charges contre l’ex-président de Nissan.

Carlos Ghosn va-t-il passer dix jours de plus en garde à vue ? Dépendant du parquet de Tokyo, la décision est attendue vendredi 30 novembre. Arrêté le 19, le désormais ex-président du constructeur japonais Nissan est soupçonné d’avoir validé des rapports annuels remis aux autorités financières entre 2011 et 2015, sachant qu’ils comportaient des informations minorées de 8 milliards de yens (62 millions d’euros) sur ses revenus.

Selon la loi nippone, la garde à vue initiale de soixante-douze heures peut être prolongée de dix jours à deux reprises. Le suspect peut donc rester vingt-trois jours en détention. Traditionnellement, le parquet maintient en prison les étrangers pour éviter qu’ils ne quittent le Japon ou ne contactent d’éventuels complices.

Carlos Ghosn n’a toujours pas été mis en examen, de quoi suggérer un manque d’éléments probants pour l’accusation. L’ex-dirigeant de Nissan a nié les accusations portées contre lui, expliquant avoir voulu reporter le paiement de la moitié de sa rémunération au moment de son départ à la retraite, vraisemblablement selon le système du taishokukin, l’enveloppe versée par l’entreprise au nouveau retraité.

Un système fondé sur la présomption de culpabilité

Greg Kelly, son conseiller lui aussi arrêté le 19 novembre et soumis au même régime que M. Ghosn, aurait de son côté insisté sur la légalité des opérations évoquées par l’accusation.

Dans le même temps, le flot d’informations et de rumeurs continue de s’écouler dans la presse japonaise. Le 28 novembre, elle évoquait un montant des rémunérations des dirigeants de Nissan, y compris Carlos Ghosn, supérieur en 2017 à la limite fixée par les actionnaires. M. Ghosn aurait également obtenu en 2008 le remboursement par Nissan d’une perte de 1,7 milliard de yens, réalisée au travers de ses placements personnels, une accusation démentie par son avocat.

LE SUSPECT PEUT RESTER VINGT-TROIS JOURS EN DÉTENTION, MAIS LA GARDE À VUE PEUT ÊTRE PROLONGÉE POUR LA MÊME DURÉE SI LE PARQUET AJOUTE DE NOUVELLES CHARGES AU DOSSIER, EN L’OCCURRENCE CELLES D’ABUS DE BIENS SOCIAUX OU DE DÉTOURNEMENT DE FONDS.

A l’inverse, rapporte l’agence Reuters, le cabinet d’audit du constructeur, Ernst & Young ShinNihon, aurait interrogé Nissan, en 2013 notamment, sur l’achat par l’intermédiaire de Zi-A Capital, une société créée à Amsterdam, de résidences de luxe à l’étranger utilisées par M. Ghosn. Nissan aurait à l’époque répondu que tout était légal.

Dans ce contexte, le parquet n’exclurait pas d’ajouter de nouvelles charges au dossier de M. Ghosn, en l’occurrence celles d’abus de biens sociaux ou de détournement de fonds. L’accusé pourrait devoir subir vingt-trois jours de détention supplémentaires, selon le controversé système baptisé « justice de l’otage », qui permet aux procureurs de maintenir un suspect sans jugement en prison pendant des mois. Pour le célèbre avocat pénaliste Makoto Endo, ce système s’appuie sur la présomption de « culpabilité jusqu’à la preuve de culpabilité ».

M. Ghosn risque donc de rester détenu dans le massif centre de détention de Kosuge, bâti dans les années 1990 dans l’arrondissement de Katsushika, dans le nord-est de Tokyo. Cette prison comptait au 1er juin 3 000 détenus, dont 223 étrangers de trente nationalités. Elle abrite l’une des sept salles d’exécution capitale du Japon. C’est là que fut pendu, en juillet, Shoko Asahara, le gourou de la secte Aum Shinrikyo ayant mené l’attaque au gaz sarin de 1995.

La cellule aux murs beiges de M. Ghosn fait trois tatamis, soit environ 5 m². Elle est équipée d’un lavabo et de toilettes. La porte est ajourée avec des panneaux de verre renforcé. Trois repas sont servis quotidiennement. Le détenu a le droit de faire de l’exercice au maximum trente minutes par jour dans un espace de 10 m² et peut prendre un bain deux fois par semaine. Il doit assurer l’entretien de sa cellule.

Les contacts avec la famille seraient interdits

Pour l’instant, l’ex-patron franco-libano-brésilien serait en forme. Telle est l’impression laissée à Nidal Yahia, l’ambassadeur du Liban au Japon, qui lui a rendu visite le 28 novembre au titre de la protection consulaire et affirme même qu’« il est totalement innocent ». L’ambassadeur de France, Laurent Pic, et le consul général du Brésil dans l’Archipel, Joao de Mendonca Lima Neto, ont aussi fait le déplacement. Les contacts de M. Ghosn avec sa famille seraient interdits pour éviter des fuites.

Menés en anglais à la prison par deux procureurs, les interrogatoires de M. Ghosn durent huit heures et, d’après la chaîne NHK, sont enregistrés. Les avocats n’y assistent pas car cette phase de la procédure n’est pas considérée comme faisant partie du débat contradictoire. Elle est également essentielle au système japonais, fondé sur l’aveu.

Pour sa défense, M. Ghosn a fait appel aux services du cabinet américain Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison LLP, qui représente des grandes entreprises aux Etats-Unis. Il a également sollicité le Japonais Motonari Otsuru, aujourd’hui avocat et qui dirigeait autrefois le bureau d’enquêtes spéciales du parquet de Tokyo, service en charge de l’enquête le concernant.

26 novembre 2018

Carlos Ghosn conteste les accusations de fraude fiscale qui le visent

carlos200

En France, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé dimanche que « la nouvelle gouvernance de Renault a lancé un audit » sur l’affaire. Il prendra « plusieurs jours ».

Carlos Ghosn s’est dit innocent face à la justice japonaise. L’ex-patron du groupe Renault-Nissan a contesté les faits de fraude fiscale dont il est accusé, a affirmé dimanche la chaîne de télévision publique japonaise NHK. Le Franco-Libano-Brésilien, qui est resté formellement PDG de Renault, ne s’était pas exprimé depuis son arrestation lundi à Tokyo.

Interrogé par la justice, Carlos Ghosn n’a pas fait usage de son droit à garder le silence et a indiqué n’avoir jamais eu l’intention de dissimuler des revenus, selon des sources non identifiées citées par NHK. L’ancien dirigeant de Renault-Nissan, toujours en garde à vue au Japon, a été arrêté lundi 19 novembre, en même temps que son bras droit, l’Américain Greg Kelly.

L’ancien patron est soupçonné d’avoir dissimulé ses revenus de président du conseil d’administration (CA) de Nissan à hauteur de 5 milliards de yens (39 millions d’euros) entre juin 2011 et juin 2015. Il lui est reproché d’avoir fait la même chose pour les trois exercices comptables suivants, ont indiqué vendredi 23 novembre les quotidiens nippons Asahi Shimbun et Nikkei, soit un total de 8 milliards de yens, l’équivalent de plus de 62 millions d’euros de revenus dissimulés aux autorités financières japonaises.

Une équipe « secrète » montée en interne pour enquêter

Carlos Ghosn, qui a été révoqué jeudi 22 novembre de la présidence du CA de Nissan, est également suspecté de ne pas avoir déclaré un bonus de plus de 30 millions d’euros lié à des plus-values dégagées sur les actions, selon Nikkei.

Greg Kelly a lui aussi nié les allégations dont Carlos Ghosn fait l’objet, indiquant que les salaires de ce dernier avaient été versés comme il se devait, selon des informations de médias japonais publiées dimanche.

L’agence de presse Kyodo News a par ailleurs affirmé que Nissan avait payé la sœur de Carlos Ghosn 100 000 dollars (88 185 euros) par an depuis 2002 pour une mission de conseil fictive. Nissan avait mis en place une équipe « secrète », incluant des membres du conseil d’administration, pour enquêter en interne cette année sur des soupçons de destruction de preuves par M. Ghosn, selon des sources citées par l’agence de presse.

Un audit interne lancé chez Renault

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé dimanche sur BFMTV que « la nouvelle gouvernance de Renault a lancé un audit » sur l’affaire, « à la fois sur les questions de rémunération et les questions d’abus de bien social, pour vérifier qu’il n’y a rien eu de difficile, de délicat que nous puissions trouver ». Cet audit a été lancé avec le « plein accord du gouvernement » et prendra « plusieurs jours », a-t-il ajouté.

M. Le Maire a par ailleurs indiqué que ni le gouvernement ni Renault n’ont obtenu d’informations officielles sur les charges pesant au Japon à l’encontre du bâtisseur de l’alliance Renault-Nissan. Il a demandé à ce que le Japon ou Nissan fassent parvenir « rapidement » ces informations.

Une gouvernance a été mise en place chez Renault pour pallier la mise en détention au Japon de son dirigeant, mais celui-ci reste toujours PDG en titre de Renault. « Tant qu’il n’y a pas de charges tangibles », Carlos Ghosn ne sera pas démis, a répété le ministre de l’économie.

Selon Bruno Le Maire, la présidence de l’alliance Renault-Nissan restera à un Français malgré la crise. « Nous sommes convenus avec mon homologue japonais [venu à Paris, cette semaine] que les règles de gouvernance ne changent pas, a-t-il souligné. Je ne crois pas à la théorie du complot », selon laquelle cette crise serait la marque d’une défiance des Japonais vis-à-vis des Français au sein de l’Alliance, a-t-il dit.

Hiroto Saikawa, l’actuel patron exécutif de Nissan, a adressé lundi matin un message aux salariés au cours d’une réunion au siège à Yokohama, en banlieue de Tokyo, et retransmise sur les autres sites du groupe.

Dans une lettre consultée par l’AFP, M. Saikawa a réaffirmé son attachement à l’Alliance, qui se réunit cette semaine aux Pays-Bas. « En ces temps difficiles pour nous, nous devons collaborer de façon plus étroite, plus que jamais », a-t-il insisté.

carlos316

23 novembre 2018

Nissan démet Carlos Ghosn de ses fonctions de président

carlos nissan

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Le conseil d’administration a sanctionné le dirigeant de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, soupçonné de malversations financières.

Carlos Ghosn n’est plus président de Nissan. Convoqué, jeudi 22 novembre, pour une séance extraordinaire, le conseil d’administration du constructeur japonais a approuvé la proposition du directeur général, Hiroto Saikawa, de le démettre de ses fonctions de président non exécutif du constructeur japonais.

Le conseil s’est prononcé à l’unanimité pour sanctionner le dirigeant de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, arrêté lundi 19 novembre pour malversations financières. Mitsubishi, également présidé par M. Ghosn, devrait prendre une décision similaire lors d’une réunion de son conseil d’administration, prévue pour la semaine prochaine. « M. Ghosn, temporairement empêché, demeure président-directeur général », a déclaré le conseil d’administration de Renault.

Au moment même où se réunissait le conseil d’administration de Nissan, une conférence de presse était organisée par le parquet de Tokyo, qui a entendu, depuis lundi, une dizaine de cadres de Nissan, dont M. Saikawa et Toshiyuki Shiga, membre du conseil d’administration. Elle n’a guère apporté d’éclairages supplémentaires. Si le procureur adjoint, Shin Kukimoto, a bien confirmé que la garde à vue de M. Ghosn avait été prolongée de dix jours (soit jusqu’au 30 novembre), il a en revanche refusé de dire si le patron de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi avait reconnu les faits de fraude financière qui lui sont reprochés.

De son côté, la presse nippone est plus bavarde et a continué de distiller des révélations sur les malversations supposées de l’ex-patron de Nissan. Le journal The Asahi Shimbun rapporte, jeudi 22 novembre, que Carlos Ghosn a demandé par courriel à Greg Kelly de falsifier ses déclarations de revenus. Le parquet de Tokyo a probablement saisi ses e-mails et pourrait les utiliser comme preuves, ajoute le journal, qui cite des sources anonymes.

Les méthodes Nissan en question

Selon le Yomiuri, plus gros tirage de la presse japonaise, qui cite également des sources anonymes, l’enquête interne menée par Nissan a révélé que Carlos Ghosn avait demandé, depuis 2002, qu’une somme d’environ 100 000 dollars soit versée chaque année à sa sœur aînée, en rémunération d’une « activité de conseil » fictive.

La liste des griefs faits à M. Ghosn, accusé officiellement d’avoir minoré ses déclarations de revenus d’environ 5 milliards de yens (38,8 millions d’euros), s’allonge. Il aurait utilisé les avoirs de l’entreprise à des fins privées et détourné des investissements du groupe, afin d’acquérir des logements au Brésil, aux Pays-Bas, en France et au Liban. Selon le quotidien The Mainichi, Carlos Ghosn aurait également détourné à son profit une partie des rémunérations destinées aux membres du conseil d’administration. Soit un milliard de yens sur trois (7,5 millions d’euros sur 23).

Mais les critiques pleuvent aussi sur Nissan et ses méthodes. D’après la chaîne de télévision TBS, le constructeur n’avait pas de structure chargée de discuter des salaires des dirigeants. Carlos Ghosn fixait semble-t-il sa rémunération lui-même. Ces révélations questionnent sur l’« aveuglement » de Nissan et sur le rôle du cabinet d’audit Ernst & Young ShinNihon, déjà critiqué pour ne pas avoir vu les manipulations comptables chez Olympus et Toshiba, deux entreprises nippones également au cœur de scandales retentissants ces dernières années.

Lors de la conférence de presse donnée après l’arrestation de Carlos Ghosn, M. Saikawa avait prôné une refonte de la gouvernance de l’entreprise. Il avait notamment déploré « le pouvoir hyperconcentré dans les mains d’une seule personne ». C’est lui qui était pressenti pour prendre la présidence par intérim du conseil d’administration, mais finalement aucun remplaçant n’a été nommé. Il sera désigné ultérieurement par un comité incluant notamment les trois administrateurs externes.

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20 novembre 2018

Carlos Ghosn arrêté, un choc et des questions pour Renault-Nissan

carlos

Par Éric Béziat, Philippe Jacqué - Le Monde

L’arrestation du créateur de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi plonge le groupe dans une zone de turbulences.

Ce n’est rien de moins qu’un « tremblement de terre », pour nombre d’observateurs et d’acteurs de l’industrie automobile. Carlos Ghosn, PDG de Renault et président non exécutif de Nissan et Mitsubishi, a été arrêté, lundi 19 novembre, par la justice japonaise en raison de soupçons de malversations. Le parquet de Tokyo a confirmé mardi qu’il a été placé en garde à vue pour des soupçons de dissimulation de revenus. Nissan a annoncé la tenue d’un conseil d’administration dès jeudi pour démettre M. Ghosn de ses fonctions. Dans la foulée, Mitsubishi Motors a fait état d’une décision similaire, sans préciser de date pour la tenue du conseil.

Passage en revue des principales interrogations que soulèvent l’arrestation et l’éviction du tout-puissant patron.

L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi peut-elle résister au départ de son fondateur ?

C’est la grande inconnue de l’éviction de Carlos Ghosn, véritable clé de voûte de cette alliance industrielle atypique puisque l’homme est encore président non exécutif de Nissan et de Mitsubishi, PDG du groupe Renault et président de Renault-Nissan BV, la coentreprise de droit néerlandais en charge notamment des achats communs. L’actuel directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, a annoncé qu’il proposerait jeudi au conseil d’administration du constructeur japonais la mise à l’écart de son président. Mitsubishi a également annoncé lundi vouloir démettre M. Ghosn de la présidence du conseil d’administration.

En France, c’est la sidération qui prédomine tant chez les administrateurs que chez les syndicats et les personnels. Le syndicat CFE-CGC du groupe Renault s’est ainsi dit « inquiet » pour l’avenir du constructeur automobile après l’arrestation au Japon de son patron. La CFE-CGC « demande officiellement que toutes les mesures soient prises au sein du groupe pour préserver les intérêts du groupe Renault et de l’alliance », a ainsi déclaré Bruno Azière, délégué de ce syndicat de l’encadrement.

Mariette Rih, déléguée syndicale centrale de FO au sein du groupe au losange, parle d’un « traumatisme » pour l’entreprise et souhaite que tout soit mis en œuvre pour minimiser l’impact sur Renault et sur les projets communs issus de l’alliance industrielle entre Français et Japonais. Pour ne parler que de la France, la Nissan Micra est depuis 2016 fabriquée à l’usine Renault de Flins (Yvelines) et des projets de production de véhicules utilitaires sur les sites Renault de Sandouville (Seine-Maritime) et Maubeuge (Nord) ont été lancés il y a quelques jours. « C’est un modèle de développement industriel que nous ne souhaitons pas voir menacé », conclut Mme Rih.

Selon Hiroto Saikawa, il n’y a pas de risque. « L’alliance entre les trois entités ne sera pas affectée par cet événement », a-t-il promis dans sa conférence de presse au siège du groupe à Yokohama, en banlieue de Tokyo, même si l’impact sur Renault sera, lui, « significatif ». Un bon connaisseur du groupe pense, lui :

« Ni Renault, ni Nissan, ni Mitsubishi n’ont intérêt à interrompre cette alliance. Il y a beaucoup trop à perdre. En revanche, il peut y avoir la tentation d’un rééquilibrage au profit de Nissan et au détriment de Renault. »

Alors que Renault détient 43 % de Nissan, ce dernier ne détient que 15 %, sans droit de vote, du français. Un vrai traumatisme pour le constructeur japonais, qui est pourtant plus puissant. En 2017, son chiffre d’affaires était de 92 milliards d’euros, près de 33 milliards d’euros de plus que Renault...

L’an dernier, les trois constructeurs ont dégagé 5,7 milliards d’euros d’économies liées aux synergies industrielles, une somme assez importante pour réduire de manière très importante leurs coûts et rester compétitifs. D’ici 2022, M. Ghosn avait fixé un objectif de 10 milliards d’euros de synergies, en particulier grâce aux effets concrets de l’intégration de Mitsubishi. Ensemble, les trois constructeurs revendiquent le rang de premier constructeur mondial, avec 10,6 millions de véhicules vendus l’an dernier, juste devant le groupe Volkswagen.

Qui est Hiroto Saikawa, le nouvel homme fort du constructeur nippon qui cherche à pousser Carlos Ghosn hors du groupe ?

Il n’y est pas allé de main morte. Hiroto Saikawa, 65 ans, directeur général de Nissan depuis le 1er avril 2017, a décidé de pousser Carlos Ghosn, président non exécutif du constructeur, dehors… M. Saikawa a eu des mots très durs contre l’ex-PDG :

« C’est un problème que tant d’autorité ait été accordée à une seule personne (…) Je dois dire que c’est un côté obscur de l’ère Ghosn. »

Des malversations financières expliquent ce renvoi prévu jeudi 22 novembre, lors d’un conseil d’administration du constructeur nippon. « Si les faits sont avérés, cette mise à l’écart est logique, mais le coup paraît trop bien monté, relève un observateur. Vu le déroulement des faits, la direction Nissan semblait bien au courant et disposait d’un communiqué déjà prêt. »

Chez Nissan depuis 1977, Hiroto Saikawa a monté tous les échelons de la société jusqu’à prendre la succession de Carlos Ghosn, son mentor, au poste exécutif du groupe japonais. Après son coup de force, M. Saikawa a justifié cette mise à l’écart. « Le long règne de Carlos Ghosn a affecté les activités de Nissan », a-t-il ainsi déclaré. Après dix-neuf ans d’un pouvoir sans partage, Hiroto Saikawa a tué le père.

Est-ce l’heure de Thierry Bolloré pour succéder à Carlos Ghosn à la direction de Renault ?

C’est peut-être enfin son moment. Thierry Bolloré, promu en février 2018 directeur général adjoint, peut être rapidement promu au poste de directeur général de plein exercice en lieu et place de Carlos Ghosn. Pour le moment, ce dernier, reconduit PDG de Renault depuis 2006, a refusé ce titre à tous ses DG adjoints, de Patrick Pélata à Carlos Tavares. « Pour l’instant, il n’a aucun intérêt à s’agiter. Il attend tout simplement son heure. Aujourd’hui, il tient tous les leviers de l’entreprise », pense un ancien de la maison.

Cet ancien de Michelin, comme Carlos Ghosn, connaît le groupe comme sa poche. Recruté en 2012 pour s’occuper des approvisionnements, il est rapidement devenu directeur délégué à la compétitivité, poste qu’il a conservé jusqu’en début d’année avant sa promotion. Les mésaventures japonaises de son patron lui ouvrent de nouvelles perspectives. En revanche, pas sûr qu’il puisse revendiquer le poste de PDG, l’Etat, qui détient 15 % de Renault, étant désormais un adepte d’une gouvernance dissociée président et directeur général.

Que peut faire l’Etat actionnaire ?

Au sommet de la République française, c’est le branle-bas de combat. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a affirmé aussitôt la nouvelle apprise alors qu’il était à Bruxelles, que « la première préoccupation » de la France après l’arrestation de Carlos Ghosn à Tokyo était « la stabilité » de Renault et « la consolidation de l’alliance » entre le constructeur automobile français Renault et son partenaire Nissan.

M. Le Maire a déjà pris contact avec Luc Chatel, président de la filière automobile française, ainsi qu’avec Philippe Lagayette, administrateur référent de Renault. Le conseil d’administration s’est fendu d’un court communiqué indiquant que « dans l’attente d’informations précises émanant de Carlos Ghosn (…) les administrateurs consultés expriment leur attachement à la défense de l’intérêt du groupe Renault dans l’Alliance. » Le conseil d’administration est censé se réunir « au plus vite », conclut le communiqué.

A Bercy, on se dit abasourdi par un coup que « personne n’avait vu venir, conséquence d’une dénonciation interne ». Bruno Le Maire rencontrera mardi les principaux administrateurs de Renault avec Martin Vial, membre du conseil de Renault, qui préside l’Agence des participations de l’Etat. Vendredi, M. Vial a rappelé devant la presse la volonté des pouvoirs publics de renforcer l’intégration de Renault et Nissan tout en préservant l’ancrage français de l’ex-régie – ce qui inclut le siège et les centres de R&D – dans l’Hexagone.

19 novembre 2018

La lettre politique de Laurent Joffrin - Ghosn : case trésor, case prison

Voilà qui va contribuer à redorer le blason du capitalisme international… Tous les contempteurs de la mondialisation libérale, syndicalistes rouges, militants verts ou «gilets jaunes», fustigent une «oligarchie», qui vit «dans un autre monde», assise sur un pouvoir démesuré et un tas d’or vertigineux. Carlos Ghosn vient de leur apporter un argument du même métal.

C’est Nissan, l’entreprise du patron le plus médiatique du monde automobile qui a elle-même sonné l’hallali. Elle s’apprête à remercier sans cérémonie celui qui la dirige depuis quelque vingt ans, sous l’accusation de malversations et de fraude fiscale. Une paille…

Si tout cela se confirme – on imagine mal Nissan se fonder sur un dossier fragile ou incomplet – ce patron déjà payé un bras, environ 15 millions d’euros par an, aurait gratté quelques centaines de milliers d’euros supplémentaires sur sa feuille d’impôts et fait payer par son entreprise un certain nombre de dépenses personnelles. A croire qu’il avait du mal à joindre les deux bouts…

Jupiter, encore lui, rend fou ceux qu’il veut perdre. Carlos Ghosn, déjà atteint par un melon taille SUV, dirigeant autoritaire cumulant les fonctions éminentes et passant outre régulièrement les remarques que pouvaient lui faire ses actionnaires sur son avidité sans frein ni ralentisseur, aurait poussé l’hubris jusqu’à s’affranchir aussi des règles fiscales. Il survolait le marché automobile, il s’est mis à planer au-dessus des lois. Ses collègues se contentent en général d’exploiter la législation à leur profit en devenant des champions de l’évasion fiscale. Ce qui les met à l’abri des poursuites judiciaires. Ghosn aurait donc franchi cette ligne rouge, sans doute pris du vertige de l’impunité.

Etrange aveuglement : il avait redressé Nissan contre toute attente, réussi une alliance difficile entre Renault et ses partenaires, porté son groupe au premier rang des constructeurs automobiles dans le monde. Ses émoluments solides le mettaient à la tête d’une coquette fortune ; ses états de service comme industriel en faisaient une légende du monde automobile, lui qui avait commencé comme simple cadre chez Michelin. Un tel pedigree aurait pu lui suffire. Il faut croire que la morale du capital n’est pas celle du commun des mortels. Celui qui gagne des millions trouve toujours qu’il lui manque 100 000 euros. Sur ce point au moins, le vieux Marx avait vu juste : accumulez, accumulez ! C’est la loi et les prophètes.

LAURENT JOFFRIN

19 novembre 2018

URGENT-Ghosn-Nissan: C.Ghosn a utilisé de l’argent de la société à des fins personnelles

carlos

Le constructeur automobile japonais Nissan indique dans un communiqué que le président de son conseil d’administation, Carlos Ghosn, « a utilisé de l’argent de la société à des fins personnelles ».
Nissan confirme aussi que Carlos Ghosn « a déclaré au fisc japonais des revenus inférieurs aux revenus réels ». « De nombreuses autres fautes graves ont été découvertes », dit encore le communiqué.
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Renault-Nissan : Carlos Ghosn arrêté au Japon après des soupçons de fraude fiscale

Le président de l’alliance Renault-Nissan est soupçonné d’avoir dissimulé une partie de sa rémunération au fisc japonais. Nissan va proposer son départ.

Son salaire a toujours fait jaser. Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a été arrêté, lundi 19 novembre à Tokyo, dans le cadre d’une enquête portant sur des soupçons de fraude fiscale et d’abus de biens sociaux.

Le groupe Nissan a confirmé lundi matin que Carlos Ghosn, président non exécutif du groupe, a « pendant de nombreuses années déclaré des revenus inférieurs au montant réel ». Le groupe a en outre fait savoir que « de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l’utilisation de biens de l’entreprise à des fins personnelles ». En conséquence, son conseil d’administration, qui se réunira jeudi, proposera que M. Ghosn quitte rapidement son poste de président.

Ces annonces viennent confirmer des informations du quotidien japonais Asahi Shimbun, qui précisait plus tôt dans la matinée que le PDG de Renault était interrogé lundi matin par le parquet de Tokyo pour violation présumée de la réglementation japonaise sur les instruments financiers et les changes. Carlos Ghosn a été placé en détention à l’issue de cet interrogatoire.

Plusieurs centaines de millions de yens

Selon le quotidien nippon, le patron de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est soupçonné d’avoir minoré une partie de sa rémunération, issue de l’achat et de la vente d’actions. La somme pourrait concerner plusieurs centaines de millions de yens (centaines de milliers d’euros). Le chef d’entreprise a accepté de collaborer avec la justice, assure l’Asahi Shimbun.

Emmanuel Macron a assuré lundi que l’Etat français, actionnaire de Renault, serait « extrêmement vigilant » à « la stabilité » du constructeur automobile et à l’avenir de son alliance avec Nissan. Il a précisé que l’Etat apporterait « tout son soutien » à « l’ensemble des salariés » de cette entreprise.

Dans la matinée, les investisseurs avaient en effet vivement réagi à cette annonce. En Allemagne, le titre Nissan a dévissé de 11,3 % dans les minutes qui ont suivi les premières informations, encore parcellaires. A la Bourse de Paris, l’action Renault a, elle, chuté de 12 %. La valeur boursière du constructeur français a perdu plus de 1 milliard d’euros, pour revenir à 17,9 milliards d’euros, son plus bas niveau depuis janvier 2005. En six mois, la capitalisation du groupe tricolore a diminué d’un tiers.

Un des patrons les mieux payés de l’Archipel

Au Japon depuis 1999, Carlos Ghosn a été le principal artisan du sauvetage du constructeur japonais, au bord de la faillite. Entouré d’une petite équipe de cadres venus de Renault, il a restructuré la société et l’a progressivement rapprochée opérationnellement de la marque au losange au sein d’une alliance industrielle globale. Après ce sauvetage, M. Ghosn est devenu une véritable idole au Japon, au point de devenir un personnage de manga.

Longtemps, il a été l’un des patrons les mieux payés de l’Archipel, avec une rémunération – incorporant un salaire fixe, variable et des stock-options – supérieure à 9 millions d’euros par an. En 2017, cependant, sa rémunération a baissé, quand il a abandonné sa fonction de directeur général chez Nissan. Il a touché l’équivalent de 5,6 millions d’euros pour son travail chez le constructeur japonais, selon le cabinet Proxinvest. Chez Renault, le patron de l’alliance Renault-Nissan obtient en revanche, pour l’exercice 2017, 7,4 millions d’euros.

Depuis plusieurs années, la rémunération du patron suscite de nombreuses polémiques en France, l’Etat – qui détient toujours 15 % de Renault – refusant systématiquement de voter en faveur de la rémunération de M. Ghosn lors des assemblées générales. En 2016, les actionnaires avaient même voté contre lors de l’AG, un vote que le conseil d’administration n’avait pas suivi.

La nouvelle pourrait-elle accélérer la succession de M. Ghosn à la tête de Renault ? Depuis février, le groupe français était entré dans une période de transition. Un numéro deux chez Renault avait été désigné pour la première fois depuis 2013, en la personne de Thierry Bolloré, nommé directeur général adjoint.

Contactés par Le Monde, les services du ministère de l’économie, qui gèrent la participation de l’Etat dans Renault, n’ont pas souhaité faire de commentaires. Tout comme Renault, Nissan France et Nissan Europe.

Service économie

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