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Jours tranquilles à Paris
japon
8 janvier 2019

Carlos Ghosn, en audience publique pour la première fois, se dit « faussement accusé »

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Le PDG de Renault, arrêté pour des malversations financières présumées mi-novembre 2018, a comparu mardi, à sa demande, devant un juge de Tokyo.

L’ancien président du constructeur automobile japonais Nissan – et toujours PDG de Renault – Carlos Ghosn, a comparu, mardi 8 janvier, devant un tribunal de Tokyo, prêt à livrer sa version des faits sur les accusations de malversations financières dont il fait l’objet.

Le magnat de l’automobile de 64 ans, qui connaît une chute brutale après être devenu un personnage tout-puissant, s’est défendu d’une voie claire et forte, sans montrer d’émotion, au cours d’une audience qui a attiré les médias du monde entier et de nombreux curieux.

Vêtu d’un costume sombre, l’homme d’affaires a semblé amaigri. Il est arrivé menotté avec une corde nouée autour de la taille. L’audience, convoquée à la demande du prévenu, a débuté à 10 h 30 locales (2 h 30, heure de Paris). Elle a duré quasiment deux heures.

La procédure est rare, seuls 0,6 % des détenus ont fait une telle requête en 2017. Elle n’avait quasiment aucune chance de changer le cours des choses, mais la portée symbolique est forte pour M. Ghosn, qui avait là une occasion de rompre le silence médiatique dans lequel il est muré depuis plusieurs semaines.

Risques de fuite à l’étranger

« J’ai été faussement accusé et placé en détention sur la base d’accusations sans fondement », a-t-il déclaré lors de l’audience, selon une allocution préparée à l’avance que l’agence Reuters a pu consulter.

S’exprimant en anglais, M. Ghosn a rappelé avoir dédié « deux décennies de sa vie à relever Nissan et bâtir l’alliance », une entreprise qu’il dit aimer. Le dirigeant franco-libano-brésilien affirme « avoir agi avec honneur, légalement et avec la connaissance et l’approbation des dirigeants de la compagnie ».

Il a assuré n’avoir nullement fait couvrir des pertes personnelles à Nissan et a détaillé les transactions pour lesquelles il est accusé d’abus de confiance, assurant que les sommes versées par une filiale du groupe automobile à un homme d’affaires saoudien l’ont été en rétribution de services rendus pour aider le groupe dans la région du Golfe.

Le juge a justifié de son côté son maintien en détention par un risque de fuite à l’étranger « où il a des bases » et d’altération de preuves. « Il y a suffisamment d’éléments pour estimer que le suspect pourrait inciter des personnes concernées à dissimuler des infractions », a argué le magistrat Yuichi Tada.

Première apparition publique

Dès les premières heures de la matinée, une longue queue s’était formée devant le tribunal. Plus d’un millier de personnes ont patienté dans le froid pour tenter de décrocher une des rares places : seulement quatorze tickets ont été alloués par tirage au sort à des membres du public, pour assister à la comparution du célèbre accusé.

L’ambassadeur de France au Japon, Laurent Pic, était présent « dans le cadre de la protection consulaire », selon un porte-parole de l’ambassade. Tout comme celui du Liban et le consul du Brésil, d’après la chaîne de télévision publique NHK.

Carlos Ghosn, qui est toujours PDG de Renault et de l’alliance Renault-Nissan, effectuait sa première apparition publique depuis son incarcération, le 19 novembre 2018, pour des accusations de malversations financières chez Nissan.

Le tribunal du district de Tokyo avait décidé, le 31 décembre, de prolonger de dix jours la détention de l’homme d’affaires, également accusé d’abus de confiance aggravé. Après des espoirs déçus de libération en décembre, M. Ghosn arrive vendredi au bout de sa troisième garde à vue, mais il peut rester en prison dans l’attente de son procès ou même être arrêté sur de nouvelles charges.

Son équipe d’avocats, menée par un ancien procureur, Motonari Otsuru a prévu de tenir une conférence de presse mardi après-midi. Ils sont arrivés un peu plus d’une heure avant le début de l’audience, en taxi.

De son côté, Nissan a déclaré, mardi, qu’une enquête interne avait permis de mettre au jour des preuves substantielles et convaincantes de fautes commises par son ancien président. Le constructeur automobile japonais a fait cette annonce dans la foulée de la première apparition publique de M. Ghosn.

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31 décembre 2018

Le parquet de Tokyo maintient Carlos Ghosn en garde à vue jusqu’au 11 janvier

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Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

L’ex-président du constructeur japonais Nissan reste au centre de détention de Kosuge et va continuer d’être interrogé sur les accusations d’abus de confiance aggravé.

Carlos Ghosn reste en garde à vue. Le tribunal de Tokyo a accepté lundi 31 décembre une demande du parquet de prolonger de dix jours la détention de l’ex-président du constructeur japonais Nissan. M. Ghosn va rester au centre de détention de Kosuge, dans le nord-est de Tokyo, jusqu’au 11 janvier.

Il va continuer d’être interrogé sur les accusations d’abus de confiance aggravé. Le parquet lui reproche d’avoir transféré à Nissan « des pertes sur des investissements personnels », en l’occurrence sur des dérivés de devises au moment de la crise financière de l’automne 2008, pour un montant à 1,85 milliard de yens (14,6 millions d’euros).

Pour se sortir de ses difficultés et notamment répondre aux exigences de garantie de la banque Shinsei qui gérait ses affaires, Carlos Ghosn avait obtenu l’aide financière d’un ami et homme d’affaires saoudien, Khaled Al Juffali, entre autres vice-président du puissant groupe E.A. Juffali & Brothers et président de Nissan Gulf, une co-entreprise établie en octobre 2008 par Nissan pour soutenir ses activités de ventes et de marketing en Arabie saoudite, à Abou Dhabi, au Koweït et à Barheïn.

Par la suite, entre 2009 et 2012, 14,7 millions de dollars (12,8 milliards d’euros) prélevés sur une « réserve du PDG » établie par Nissan, ont été transférés en trois fois sur un compte bancaire de Nissan Gulf. Les procureurs de Tokyo soupçonnent ces versements d’avoir été une forme de remerciement pour M. Al Juffali.

Tenter d’arracher des aveux

Selon les avocats de M. Ghosn, l’ex-président nie. D’après lui, il « s’agissait du paiement du travail effectué pour le compte de Nissan », notamment une action de lobbying auprès des autorités et de la famille royale saoudiennes.

La prolongation de la détention doit permettre aux procureurs de tenter d’arracher des aveux à M. Ghosn car étayer une accusation d’abus de confiance reste difficile. Il faut qu’elle réponde à trois critères, le non-respect par le PDG de ses obligations officielles, un enrichissement personnel ou au profit d’un tiers et un comportement portant préjudice à l’entreprise. Dans l’affaire Ghosn, l’enquête s’annonce complexe car elle suppose des investigations en Arabie saoudite et sur des faits vieux d’une dizaine d’années.

Carlos Ghosn est derrière les barreaux depuis le 19 novembre. Il avait été arrêté une première fois pour avoir minoré les montants de ses revenus dans les déclarations aux autorités boursières nippones entre 2010 et 2015. Il était pour cela resté en garde à vue pendant vingt-deux jours.

A l’issue, il avait été mis en examen puis arrêté de nouveau, pour des faits similaires mais entre 2016 et 2018. Cette fois la garde à vue n’avait duré que dix jours, les juges ayant estimé le 20 décembre qu’il était inutile de prolonger les interrogatoires sur une affaire semblable à la précédente.

Une libération le 11 janvier incertaine

Mais M. Ghosn n’avait pas eu le temps de déposer une demande de libération sous caution. Le bureau d’enquête spéciale du parquet de Tokyo, en charge de son dossier, avait alors invoqué d’autres charges pour l’arrêter à nouveau.

Sa libération le 11 janvier n’est pas certaine. Le parquet peut l’arrêter de nouveau. S’il ne l’arrête pas, comme il est mis en examen, il peut être maintenu en prison en attendant la première audience de son procès, une pratique courante dans l’Archipel. Il pourrait également bénéficier d’une libération sous caution. Une telle décision revient au tribunal.

Son conseiller et ex-directeur délégué de Nissan, l’Américain Greg Kelly, en a bénéficié le 25 décembre. Arrêté en même temps que M. Ghosn et également mis en examen dans l’affaire des revenus non déclarés, il a pu sortir de prison contre le versement d’une caution de 70 millions de yens et avec notamment interdiction de quitter le Japon.

28 décembre 2018

JAPON - la chasse à la baleine reprend...

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Largement soutenu par la frange nationaliste, le gouvernement japonais a annoncé le vendredi 26 décembre son intention de reprendre la pêche commerciale de la baleine. Une décision qui fait grincer des dents, notamment chez les militants écologistes.

UNE DÉCISION RADICALE QUI S’INSCRIT DANS UN CONTEXTE POLITIQUE TENDU

Après plus de trente ans de respect apparent du moratoire sur la chasse à la baleine mis en place par le CBI (commission baleinière internationale), le Japon reprendra bel et bien la pêche à la baleine « d’ici à la fin de l’année » a annoncé Tokyo vendredi dernier. Une décision qui se fait au grand dam de la communauté internationale, mais qui prend racine dans les nombreux conflits qui ont opposé les membres de la CBI au Japon ces derniers temps.

En septembre dernier, l’archipel avait en effet proposé aux 89 pays membres un texte intitulé « Le chemin à suivre », et prévoyait de faire cohabiter le chasse à la baleine et la préservation de l’espèce, en proposant des quotas de pêche pour les espèces en nombre suffisant, pour une pêche à la baleine dite « plus responsable ».

Un texte qui avait connu une vive opposition, notamment de la part de l’Australie, de l’Union Européenne et des Etats Unis, et qui avait récolté 41 voix contre, 27 voix pour et deux abstentions.

Un résultat estimé décevant pour le Japon, qui avait alors menacé de se retirer de la commission baleinière internationale si aucune solution à long terme n’était trouvée. Le pays deviendra alors le troisième du monde à autoriser la pêche du mammifère, avec l’Islande et la Norvège.

UNE DÉCISION VUE COMME RÉTROGRADE À L’INTERNATIONAL

Au niveau international, l’incompréhension demeure: pourquoi vouloir à tout pris rétablir la chasse à la baleine, alors que la consommation en 2015  de cette viande avoisine dans les faits les 4 à 5 000 tonnes par an, soit un peu moins de 40 grammes par japonais et par an ?

Les réactions des associations face à cette décision ne se sont pas faites attendre, et Greenpeace a notamment déclaré :

«  Il est clair que le gouvernement tente de faire passer cette annonce en douce à la fin de l’année, loin des projecteurs des médias internationaux, mais le monde n’est pas dupe. La décision du Japon est en décalage complet avec la communauté internationale, et fait fi de la nécessité de protéger nos océans et ces créatures majestueuses. »

Une décision malheureuse, mais qui devrait lever le voile sur l’hypocrisie liée sur la chasse à la baleine au Japon : dans les faits, l’interdiction de la chasse à la baleine n’a été que peu appliquée au Japon, qui profitait d’un flou juridique autorisant la pêche à la baleine « à des fins scientifiques ».

De plus, le Japon a fait part de sa décision de limiter la pêche à la baleine « aux eaux territoriales et à la zone économique exclusive japonaise ». Une mesure qui devrait limiter le champ d’action des Japonais en les privant de pêche en Antarctique, lieu favorisé aujourd’hui par les pêcheurs japonais en raison de leur grande concentration de baleines.

Si le gouvernement souhaite autant inscrire la chasse à la baleine dans son patrimoine historique, c’est pour une raison simple : il s’agit pour beaucoup de japonais d’une tradition ancestrale et d’une fierté nationale, et la présence d’un diktat étranger semble à nombre d’entre eux déplacé.

Il faut cependant rappeler que la consommation de viande de baleine s’est popularisée au Japon à la suite de la Seconde Guerre mondiale, par nécessité car la viande se faisait rare : on estime que 45% de la viande consommée entre 1947 et 1949 était de la viande de baleine.

Mais aujourd’hui, l’archipel n’est plus vraiment friand de cette viande et 88,8 % des japonais affirmaient en 2012 n’avoir pas consommé de viande de baleine ou très peu.

Un constat qui questionne la réelle motivation de cette pêche et qui interroge sur la position  du Japon face à la nécessité de protection d’une biodiversité qui se fragilise de jour en jour…

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26 décembre 2018

Japon, ou la mort par surmenage - Gagner sa vie - ARTE

21 décembre 2018

Carlos Ghosn fait l’objet d’un nouveau mandat d’arrêt

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Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Le tribunal de district de Tokyo avait annoncé jeudi qu’il refusait de prolonger sa détention, un coup de théâtre qui laissait envisager que le PDG de l’alliance Renault-Nissan pourrait être libéré sous caution.

La rocambolesque affaire Carlos Ghosn a connu un nouveau rebondissement, vendredi 21 décembre. Le parquet de Tokyo a encore une fois placé en garde à vue l’ex-président de Nissan (et toujours PDG de Renault), l’accusant d’abus de confiance aggravé. Il pourrait être maintenu en détention pendant une nouvelle période de dix jours, indiquait, vendredi, la presse japonaise.

Cette nouvelle arrestation est liée aux pertes subies au moment de la crise des subprimes de 2007-2008 par la société gérant la fortune de M. Ghosn. Ces pertes, d’un montant de 1,85 milliard de yens (14,5 millions d’euros), auraient été imputées en octobre 2008 à la comptabilité de Nissan. Elles seraient liées à des transactions effectuées sur des dérivés de devises. La hausse du yen pendant la crise en serait la cause. Entre 2009 et 2014, une filiale de Nissan aurait par ailleurs versé 14,7 millions de dollars (12,8 millions d’euros) à ce gestionnaire de fortune.

Plus d’un mois de détention

La loi japonaise sur les entreprises fixe une prescription de sept ans. Mais les procureurs soutiennent qu’elle ne s’applique pas à M. Ghosn en raison du temps qu’il a passé à l’étranger ces dix dernières années.

L’annonce de la nouvelle détention de M. Ghosn survient alors que sa libération sous caution était envisagée. Après plus d’un mois en détention, le tribunal de Tokyo avait rejeté, jeudi, une requête du parquet de prolonger de dix jours sa garde à vue, ouvrant la voie à une libération sous caution. Le parquet avait fait appel, en vain.

Carlos Ghosn avait été mis en examen le 10 décembre. Le parquet de Tokyo l’avait inculpé au terme d’une première garde à vue de vingt-deux jours pour avoir minoré les déclarations de revenus remises aux autorités financières de l’Archipel entre les exercices 2010 et 2014. Il l’avait immédiatement replacé en garde à vue pour des faits similaires, mais pour les exercices allant de début 2015 à mars 2018. M. Ghosn a nié toute malversation, expliquant que les montants en question devaient être versés après son départ à la retraite.

Une histoire d’honneur ?

L’avocat de Carlos Ghosn, Motonari Otsuru, n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle arrestation. Dans la matinée de vendredi, la chaîne publique NHK, citant le conseil de M. Ghosn, rapportait que le PDG de Renault avait juré de rétablir son honneur en justice et de s’adresser à la presse dès sa sortie. Excluant de fuir – l’une des raisons du maintien en détention d’étrangers au Japon serait que les procureurs craignent de les voir quitter le pays –, il aurait également demandé de pouvoir quitter le Japon.

Arrêté en même temps que Carlos Ghosn le 19 novembre, son proche et ex-directeur délégué de Nissan, Greg Kelly, n’a pas été arrêté vendredi. L’un de ses avocats s’est rendu en fin de matinée au tribunal pour déposer une demande de libération sous caution.

La société Nissan, également mise en examen dans cette affaire, a refusé de commenter les derniers développements ; le ministre de la justice, Takashi Yamashita, également. Au sujet des critiques émises à l’international contre le fonctionnement de la justice japonaise, il a expliqué que les procédures « se font dans le respect des textes » et que, de ce fait, « il n’y a pas lieu de critiquer ».

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30 novembre 2018

Carlos Ghosn en attente d’une décision sur le prolongement de sa garde à vue

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Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

La presse nippone évoque de nouvelles charges contre l’ex-président de Nissan.

Carlos Ghosn va-t-il passer dix jours de plus en garde à vue ? Dépendant du parquet de Tokyo, la décision est attendue vendredi 30 novembre. Arrêté le 19, le désormais ex-président du constructeur japonais Nissan est soupçonné d’avoir validé des rapports annuels remis aux autorités financières entre 2011 et 2015, sachant qu’ils comportaient des informations minorées de 8 milliards de yens (62 millions d’euros) sur ses revenus.

Selon la loi nippone, la garde à vue initiale de soixante-douze heures peut être prolongée de dix jours à deux reprises. Le suspect peut donc rester vingt-trois jours en détention. Traditionnellement, le parquet maintient en prison les étrangers pour éviter qu’ils ne quittent le Japon ou ne contactent d’éventuels complices.

Carlos Ghosn n’a toujours pas été mis en examen, de quoi suggérer un manque d’éléments probants pour l’accusation. L’ex-dirigeant de Nissan a nié les accusations portées contre lui, expliquant avoir voulu reporter le paiement de la moitié de sa rémunération au moment de son départ à la retraite, vraisemblablement selon le système du taishokukin, l’enveloppe versée par l’entreprise au nouveau retraité.

Un système fondé sur la présomption de culpabilité

Greg Kelly, son conseiller lui aussi arrêté le 19 novembre et soumis au même régime que M. Ghosn, aurait de son côté insisté sur la légalité des opérations évoquées par l’accusation.

Dans le même temps, le flot d’informations et de rumeurs continue de s’écouler dans la presse japonaise. Le 28 novembre, elle évoquait un montant des rémunérations des dirigeants de Nissan, y compris Carlos Ghosn, supérieur en 2017 à la limite fixée par les actionnaires. M. Ghosn aurait également obtenu en 2008 le remboursement par Nissan d’une perte de 1,7 milliard de yens, réalisée au travers de ses placements personnels, une accusation démentie par son avocat.

LE SUSPECT PEUT RESTER VINGT-TROIS JOURS EN DÉTENTION, MAIS LA GARDE À VUE PEUT ÊTRE PROLONGÉE POUR LA MÊME DURÉE SI LE PARQUET AJOUTE DE NOUVELLES CHARGES AU DOSSIER, EN L’OCCURRENCE CELLES D’ABUS DE BIENS SOCIAUX OU DE DÉTOURNEMENT DE FONDS.

A l’inverse, rapporte l’agence Reuters, le cabinet d’audit du constructeur, Ernst & Young ShinNihon, aurait interrogé Nissan, en 2013 notamment, sur l’achat par l’intermédiaire de Zi-A Capital, une société créée à Amsterdam, de résidences de luxe à l’étranger utilisées par M. Ghosn. Nissan aurait à l’époque répondu que tout était légal.

Dans ce contexte, le parquet n’exclurait pas d’ajouter de nouvelles charges au dossier de M. Ghosn, en l’occurrence celles d’abus de biens sociaux ou de détournement de fonds. L’accusé pourrait devoir subir vingt-trois jours de détention supplémentaires, selon le controversé système baptisé « justice de l’otage », qui permet aux procureurs de maintenir un suspect sans jugement en prison pendant des mois. Pour le célèbre avocat pénaliste Makoto Endo, ce système s’appuie sur la présomption de « culpabilité jusqu’à la preuve de culpabilité ».

M. Ghosn risque donc de rester détenu dans le massif centre de détention de Kosuge, bâti dans les années 1990 dans l’arrondissement de Katsushika, dans le nord-est de Tokyo. Cette prison comptait au 1er juin 3 000 détenus, dont 223 étrangers de trente nationalités. Elle abrite l’une des sept salles d’exécution capitale du Japon. C’est là que fut pendu, en juillet, Shoko Asahara, le gourou de la secte Aum Shinrikyo ayant mené l’attaque au gaz sarin de 1995.

La cellule aux murs beiges de M. Ghosn fait trois tatamis, soit environ 5 m². Elle est équipée d’un lavabo et de toilettes. La porte est ajourée avec des panneaux de verre renforcé. Trois repas sont servis quotidiennement. Le détenu a le droit de faire de l’exercice au maximum trente minutes par jour dans un espace de 10 m² et peut prendre un bain deux fois par semaine. Il doit assurer l’entretien de sa cellule.

Les contacts avec la famille seraient interdits

Pour l’instant, l’ex-patron franco-libano-brésilien serait en forme. Telle est l’impression laissée à Nidal Yahia, l’ambassadeur du Liban au Japon, qui lui a rendu visite le 28 novembre au titre de la protection consulaire et affirme même qu’« il est totalement innocent ». L’ambassadeur de France, Laurent Pic, et le consul général du Brésil dans l’Archipel, Joao de Mendonca Lima Neto, ont aussi fait le déplacement. Les contacts de M. Ghosn avec sa famille seraient interdits pour éviter des fuites.

Menés en anglais à la prison par deux procureurs, les interrogatoires de M. Ghosn durent huit heures et, d’après la chaîne NHK, sont enregistrés. Les avocats n’y assistent pas car cette phase de la procédure n’est pas considérée comme faisant partie du débat contradictoire. Elle est également essentielle au système japonais, fondé sur l’aveu.

Pour sa défense, M. Ghosn a fait appel aux services du cabinet américain Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison LLP, qui représente des grandes entreprises aux Etats-Unis. Il a également sollicité le Japonais Motonari Otsuru, aujourd’hui avocat et qui dirigeait autrefois le bureau d’enquêtes spéciales du parquet de Tokyo, service en charge de l’enquête le concernant.

14 octobre 2018

L’hommage aux « femmes de réconfort » hérisse les nationalistes japonais

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Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance

L’installation à San Francisco, en 2017, d’une statue représentant les esclaves sexuelles de l’armée nipponne pendant la seconde guerre mondiale a entraîné la fin du jumelage de la ville californienne avec Osaka.

Le jumelage entre Osaka et San Francisco, c’est fini. Par une simple lettre adressée le 2 octobre à son homologue américaine London Breed, le maire de la ville de l’ouest du Japon, le très nationaliste Hirofumi Yoshimura, a mis fin au lien qui unissait les deux municipalités depuis 1957.

L’édile n’a pas goûté l’érection, en septembre 2017, dans la ville américaine d’une statue en l’honneur des Coréennes, Chinoises ou encore Philippines et Néerlandaises appelées « femmes de réconfort » par les Japonais, et contraintes à l’esclavage sexuel pour l’armée impériale japonaise du début des années 1930 à la fin de la seconde guerre mondiale.

Ce drame vécu par des dizaines de milliers de femmes à travers l’Asie – soit 200 000 selon des études coréennes, chiffre contesté par Tokyo – empoisonne les relations de l’Archipel avec ses voisins qui, eux, entretiennent le souvenir de cette tragédie, en dressant notamment des statues, dans différents pays. Les premières le furent en Corée du Sud. Il y en aurait aujourd’hui une quarantaine dans le monde, en Allemagne, en Chine, au Canada…

CE N’EST PAS LA PREMIÈRE FOIS QUE LE JAPON VOIT SES DÉMARCHES CONTRARIÉES. EN JANVIER 2017, IL A RAPPELÉ TEMPORAIREMENT SON AMBASSADEUR EN CORÉE DU SUD POUR UNE STATUE INSTALLÉE PRÈS DE SON CONSULAT À BUSAN.
La statue de San Francisco est une initiative des communautés coréenne, chinoise et philippine. En novembre 2017, le maire de l’époque, Ed Lee, en a fait un monument officiel de la Ville. Hirofumi Yoshimura l’avait déploré. « La relation de confiance a été complètement détruite. » Le premier ministre nippon, Shinzo Abe, connu pour ses positions révisionnistes, avait aussi réagi, qualifiant la décision de San Francisco de « profondément regrettable et opposée aux vues du gouvernement japonais ».

« Horreurs de l’esclavage et du trafic sexuels »

Le décès le mois suivant d’Ed Lee avait calmé la polémique. Mais le maire d’Osaka a relancé l’affaire cet été auprès de sa nouvelle collègue de San Francisco, London Breed, avant de décider de mettre fin au jumelage. Car la ville californienne a de son côté réagi en soulignant l’importance de la statue, la décrivant comme « un symbole de la lutte à laquelle font face toutes les femmes qui ont été et sont contraintes de supporter les horreurs de l’esclavage et du trafic sexuels ».

Ce n’est pas la première fois que le Japon voit ses démarches contrariées sur cette question. En janvier 2017, il avait rappelé temporairement son ambassadeur en Corée du Sud pour une statue installée près de son consulat à Busan, dans le sud du pays, en vain. Idem, quand il a protesté auprès de Séoul après que le Parlement sud-coréen eut fait du 14 août le Jour mémorial des victimes dites « femmes de réconfort ».

C’est à la fin des années 1980 que la question, longtemps tue, a été évoquée publiquement par d’anciennes victimes. En 1993, le gouvernement nippon avait reconnu l’existence de maisons closes militaires exploitant des femmes. Des excuses avaient été formulées. Shinzo Abe, qui était alors dans l’opposition, ne l’a jamais accepté. Son cabinet suit un positionnement plus dur. Le Japon, explique le ministère des affaires étrangères, conteste l’affirmation selon laquelle ces femmes furent contraintes. Ce fait n’aurait été confirmé par « aucun des documents identifiés par le gouvernement du Japon sur cette question ».

En 2015, le cabinet Abe avait conclu un accord avec l’administration conservatrice sud-coréenne de la présidente Park Geun-hye (2013-2017), qui devait résoudre le différend « de manière irrémédiable et définitive ». Dès l’annonce de sa signature, il avait soulevé une vague d’indignation en Corée. Des victimes et leurs proches déploraient, et regrettent encore, que le Japon n’assumât pas sa responsabilité juridique dans ce dossier. Le président progressiste sud-coréen, Moon Jae-in, élu en mai 2017, a promis lors de sa campagne de revoir cet accord que la « majorité de Coréens du Sud n’approuve pas de cœur ».

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14 septembre 2018

Iron Lady : Japanese colors

3 septembre 2018

Le passé trouble des liens entre scientifiques et militaires japonais ressurgit

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Un chercheur diplômé en 1945 a-t-il utilisé des cobayes humains pour ses travaux ? La question réveille une histoire longtemps taboue.

LETTRE DE TOKYO

L’université japonaise de Kyoto va devoir répondre en septembre à une question délicate. Outre qu’elle ravive un douloureux passé, elle touche au sujet toujours sensible des relations entre science et défense. Le 31 janvier 1945, quand elle était encore l’université impériale de Tokyo, l’institution a accordé un doctorat à un chercheur pour une thèse titrée Sur la capacité de la puce du chien à agir comme vecteur de la peste.

Or le chercheur en question était un médecin militaire appartenant à l’unité 731, de sinistre mémoire pour avoir mené dans les années 1930 et 1940 des expériences létales sur des milliers de civils – dont des femmes et des enfants – chinois, coréens ou encore mongols ainsi que sur des prisonniers de guerre, avec pour but de développer des armes chimiques et bactériologiques.

Cobayes humains

La question est de savoir si l’auteur de la thèse a utilisé des cobayes humains dans ses travaux. Pour Katsuo Nishiyama, professeur émérite de médecine préventive à l’Université de Shiga (Ouest), auteur de Senso to Igaku (Guerre et médecine, Bunrikaku, non traduit, 2014) et créateur en janvier de l’association ayant déposé la demande de révision, c’est une évidence.

La thèse signale que, dans une expérience, des singes « ayant développé des symptômes se plaignent de maux de tête, de forte fièvre et d’une perte d’appétit 6 à 8 jours après la mise en place » de puces infectées. Le texte ajoute qu’un singe « présentait plus de 39 degrés de fièvre pendant cinq jours consécutifs. Il est mort six jours après l’apparition de la maladie ».

Pour M. Nishiyama et son association, outre que les singes se plaignent rarement de maux de tête, il est avéré que, dans leurs publications scientifiques, les chercheurs de l’unité 731 dissimulaient le recours à des cobayes humains en parlant de « singes de Mandchourie ».

L’unité, officiellement nommé le « Département de prévention des épidémies et de purification de l’eau de l’armée de Kwantung » a été créé en 1936 à Harbin en Mandchourie (Chine) par décret de l’empereur Hirohito (1901-1989), sur l’initiative du médecin militaire Shiro Ishii (1892-1959), lui-même diplômé de l’université impériale de Kyoto.

L’essentiel des chercheurs et médecins y ayant exercé, à commencer par Shiro Ishii, ne furent jamais poursuivis après la guerre. Les autorités américaines leur ont secrètement accordé l’immunité en échange de l’accès à leurs travaux. Plusieurs anciens responsables de l’Unité 731 ont mené de brillantes carrières dans la médecine, à l’université ou dans le monde des affaires.

Appui de la police secrète

L’histoire de l’unité fut longtemps tue au Japon. Son existence n’a été officiellement reconnue qu’en 1998 à la faveur d’un procès sur le contenu des manuels d’histoire. Encore aujourd’hui, les cercles nationalistes discutent les exactions qui lui sont attribuées. En mai 2013, le premier ministre Shinzo Abe, connu pour ses prises de position révisionnistes, avait posé dans un avion des forces d’autodéfense portant le numéro 731, suscitant de vives réactions en Chine et en Corée.

Et il reste encore beaucoup à découvrir sur les recherches menées par les scientifiques nippons à l’époque. Pour le professuer Nishiyama, qui s’attelle à cette tâche et a obtenu en avril la liste quasi exhaustive de 3 607 membres de l’unité 731, cette structure « n’était que la partie émergée de l’iceberg ». « Toute la communauté médicale japonaise a participé aux efforts de guerre », déclarait-il fin août au quotidien Asahi.

L’unité 731 disposait de plusieurs laboratoires en Chine et bénéficiait d’importants moyens et de l’appui de la Kempeitai, la police secrète qui fournissait une partie des cobayes. Mais d’autres expérimentations auraient été menées sur des humains, notamment à Mindanao, aux Philippines, comme l’a révélé en 2006 Akira Makino, ancien médecin.

Créé en 1937 à Tokyo, le laboratoire Noborito réunissait de son côté un millier de chercheurs sur un site secret de 350 000 m² qui travaillaient sur des substances toxiques destinées à décimer les récoltes et le bétail. Expérimentées à Tokyo sur des animaux, elles le furent aussi sur des êtres humains par l’Unité 731. Au lendemain de la défaite de 1945, les documents et installations du laboratoire Noborito furent détruits. Ceux qui y travaillaient ont « disparu ».

Boycotter la recherche militaire

Outre l’ambition d’éclairer quelque peu cette page sombre de l’histoire du Japon, l’initiative du professeur Nishiyama intervient au moment où le gouvernement japonais, qui souhaite développer une industrie militaire, pousse la communauté scientifique à engager des recherches ayant des applications à la fois civiles et militaires. Le budget alloué augmente chaque année. Il est passé de 300 millions de yens (2,3 millions d’euros) en 2015 à 11 milliards de yens (84 millions d’euros) en 2017. Certaines universités, confrontées à des baisses de dotations publiques, accepteraient de tels financements.

Elles le feraient malgré la décision prise par le Conseil japonais pour la science (CJS), organisation indépendante quoique sous la juridiction du premier ministre et représentant quelque 850 000 chercheurs. En mars 2017, le conseil a appelé les scientifiques à boycotter la recherche militaire et le gouvernement à maintenir cette branche hors des campus. A sa création en 1949, le CJS s’était donné pour mission de tirer les leçons de la guerre et s’était engagé à « ne jamais accepter des recherches scientifiques pour faire la guerre ».

27 juillet 2018

Exécution des six derniers membres de la secte Aum condamnés à mort au Japon

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

L’exécution de treize personnes en moins de trois semaines laisse l’Archipel sans réponses face aux questions soulevées par l’attentat au gaz sarin de 1995.

Soucieuses de clore l’un des épisodes les plus traumatisants de l’histoire récente du Japon, les autorités nippones ont exécuté en moins de trois semaines les treize membres de la secte Aum Shinrikyo, qui avaient été condamnés à mort. Sept avaient été pendus le 6 juillet, dont le fondateur, en 1984, du mouvement, Chizuo Matsumoto (alias Shoko Asahara). Les six autres ont subi le même sort jeudi 26 juillet.

Tous avaient été reconnus coupables de crimes multiples. Il y eut l’assassinat, en 1989, de l’avocat Tsutsumi Sakamoto, de sa femme et de leur bébé ; la mort, en 1994, par intoxication au gaz sarin produit dans un laboratoire de la secte, de huit personnes à Matsumoto, dans le département de Nagano (centre) ; il y eut, enfin et surtout, l’attentat du 20 mars 1995 dans le métro de Tokyo, encore au gaz sarin, qui fit treize morts et intoxiqua plus de 6 200 personnes, dont beaucoup sont restées handicapées à vie.

« La souffrance et le chagrin »

Comme à chaque fois au Japon, l’information sur les exécutions n’a filtré que tardivement. En conférence de presse, après leur confirmation, la ministre de la justice, Yoko Kamikawa, a parlé de l’attentat de 1995 comme d’une attaque terroriste ayant répandu la peur, même à l’étranger.

« Beaucoup de vies précieuses ont été perdues, de nombreuses personnes souffrent d’un handicap, d’autres connaissent des difficultés. La peur, la souffrance et le chagrin que ressentent les victimes et les familles endeuillées sont inimaginables. La question de l’exécution a été soigneusement pesée avant d’être tranchée », a déclaré celle qui a, à ce jour, signé les ordres d’exécution de dix-sept condamnés à mort depuis son entrée en fonction en août 2017.

« Les exécutions ne sont pas une fin en soi pour les survivants et les familles des victimes », a réagi, également devant la presse, Shizue Takahashi, épouse d’un employé du métro mort dans l’attentat de 1995 et dirigeante d’un groupe de victimes. Mme Takahashi a promis de « continuer d’agir pour que ce crime ne soit pas oublié ».

Jusqu’à 10 000 fidèles

En tout, 189 membres d’Aum ont été jugés. La dernière procédure s’est terminée avec la confirmation, en janvier, de la condamnation à perpétuité d’un membre arrêté en 2012.

Depuis, le gouvernement réfléchissait au calendrier des exécutions, avec, semble-t-il, la volonté de les appliquer avant la fin de l’ère Heisei – commencée en 1989 et qui coïncide avec le règne de l’empereur Akihito, devant abdiquer en 2019 –, dont l’attentat au gaz sarin reste l’événement le plus meurtrier.

Par ailleurs, les autorités redoutaient une réaction des anciens fidèles du culte toujours en liberté. Après sa dissolution, Aum, qui a compté jusqu’à 10 000 fidèles au Japon, a été divisé en deux mouvements, Aleph et Hikari no wa (« L’harmonie de la lumière »). Toujours sous surveillance des autorités, les deux structures réuniraient 1 650 membres. Les fidèles d’Aleph maintiendraient même leur fidélité au fondateur, Shoko Asahara, au point d’avoir organisé des pèlerinages à la prison où il attendait dans le couloir de la mort. Le mouvement aurait aussi des fidèles en Russie, malgré son interdiction en 2016.

Le mois de juillet aurait été retenu car les pendaisons ne devaient pas non plus interférer avec l’élection de septembre à la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir). Le premier ministre Shinzo Abe est candidat et compte l’emporter pour conserver la tête du gouvernement. Il semble avoir voulu éviter les critiques de l’opposition, même s’il y avait peu de risque que la peine capitale fasse l’objet de débats. Les pendaisons du 6 juillet avaient été vite « oubliées ».

Procès déroutants

Et ce, malgré les condamnations internationales, notamment de la France qui, par la voie de son ambassadeur, Laurent Pic, a dit partager « la douleur des victimes, de leur famille et du peuple japonais », tout en ajoutant : « Comme ses partenaires de l’Union européenne, [la France] n’en est pas moins opposée à la peine de mort et elle appelle à son abolition partout dans le monde. »

Outre les questions sur le maintien de la peine capitale, l’exécution des treize membres du culte alimente un sentiment d’inachevé dans la réflexion autour de l’attentat le plus meurtrier commis au Japon depuis la guerre, à l’origine d’un énorme traumatisme dans l’Archipel. Les procès des membres de la secte furent parfois déroutants. Après avoir, dans un premier temps, reporté la responsabilité des crimes sur ses fidèles, le gourou Asahara s’est enfermé dans un mutisme ponctué de déclarations incohérentes.

« Beaucoup de questions fondamentales sur les crimes d’Aum restent sans réponse. Pourquoi le groupe a-t-il manifesté une telle hostilité envers la société et a-t-il été jusqu’à commettre l’attaque au sarin dans le métro ? Y avait-il une possibilité d’empêcher ses crimes ? », s’interrogeait dans un éditorial le quotidien de centre gauche Asahi, au lendemain des exécutions du 6 juillet.

« Frénésie d’exécution sans précédent »

Le Mainichi, également de centre gauche, se posait les mêmes questions, et citait le romancier Haruki Murakami, qui a consacré un ouvrage d’entretiens, Underground (Belfond, 2013) à l’attentat au gaz sarin.

Dans ce livre, M. Murakami dénonce l’attitude des autorités et des Japonais qui tendent à considérer le crime comme un acte « extrême et exceptionnel » commis par un groupe isolé, et à éviter de s’interroger sur une réalité plus sombre de la société japonaise qui a poussé des personnes éduquées, des scientifiques ou encore des médecins à suivre aveuglément le gourou Asahara.

L’organisation Amnesty International a d’ailleurs dénoncé une « frénésie d’exécution sans précédent », qui « ne laisse pas la société japonaise plus en sécurité » : « Les pendaisons ne parviennent pas à expliquer pourquoi les gens ont été attirés par un gourou charismatique avec des idées dangereuses », a réagi Hiroka Shoji, chercheur de l’organisation.

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