Kimiko Yoshida à la M.E.P.
L'exposition présente une rétrospective des autoportraits de
Kimiko Yoshida, des premières "Mariées" aux derniers travaux, inédits
en France, intitulés "Peintures".
Karl Lagerfeld expose à la M.E.P. (vu ce soir)
Jusqu’au 31 octobre 2010 à la Maison Européenne de la Photographie
L'exposition regroupe, pour la première fois, un ensemble important de photographies de Karl Lagerfeld.
Photographie de la Nouvelle Russie 1990 - 2010 à la Maison Européenne de la Photographie (M.E.P.)
De la photographie russe, on connaît essentiellement les
prodigieux travaux avant-gardistes menés par Alexander Rodtchenko, El
Lissitzky, Gustav Kloutsis et la revue Lef, sous la forme de photomontages à la
gloire du bolchevisme, et de photographies relevant de la Nouvelle Vision,
plongées, contre-plongées, plans rapprochés, obliques, fragmentations, etc.
Mais aussi, hélas, les produits formatés du réalisme socialiste, lorsque
Staline prit le pouvoir et liquida toutes les avant-gardes au profit d'un art et
d'une photographie dont la seule fonction était de glorifier le régime et le
Petit Père des Peuples.
Pendant des décennies, ce fut le silence, l'oppression, la
chape de plomb, même si on peut imaginer que certains eurent le courage, au
risque de leur vie, de résister. Ce n'est qu'avec la Perestroïka, à la fin des
années quatre-vingt, qu'apparut enfin au grand jour un art non-officiel,
émanant de la culture underground. L'individu l'emporta peu à peu sur le
collectif, tandis que tout était à réinventer : nouvelles formes, nouvelles
thématiques, nouveaux modes d'expositions, dans les journaux, les galeries, les
Biennales, à l'étranger enfin. Il devenait urgent de se défaire des vieux
oripeaux idéologiques, d'affronter le vrai visage de la Russie, loin des
mirages du communisme dur, loin des discours officiels formatés, et d'en rendre
compte par l'image.
Le documentaire - parce qu'il se veut une lecture fidèle de
la réalité - fut incontestablement l'une des formes visuelles privilégiées,
ainsi que la Street Photography, qui rendait compte, dans une sorte de vivante
immédiateté, du flux énergique des villes russes. Citons Alexander Abasa,
Yevgeny Kondatov, Yuri Kozyrev, Vladimir Mishukov, Georgy Pervov, Valeri
Schchekoldin, Vladimir Siomin, Aleksander Sliusarev, Vladimir Viatkin, Mikhail
Yevstafiev, et peut-être surtout Igor Mukhin, qui se montre particulièrement
attentif à la dialectique complexe entre les vestiges d'un communisme défunt et
l'émergence agressive d'un capitalisme libéral très offensif, de même qu'aux
paysages urbains, aux gens, aux visages et aux plus jeunes... Tous s'attachent
à décrire et à analyser un pays en proie à des mutations souvent
contradictoires.
Mais si la forme documentaire est très puissante dans la
photographie russe contemporaine, elle n'exclut pas ce que l'on a pu appeler la
"photographie plasticienne", une photographie qui revendique son
appartenance à l'histoire de l'art et refuse les cloisonnements académiques.
Ainsi en va-t-il de ces artistes qui utilisent le medium photographique bien
plus qu'ils ne se disent photographes, tels que Serguei Bratkov, Olga
Chernijshova, le groupe Fenso, Vladimir Kuprianov, Vladislav Mamyshev-Monro,
Ilia Piganov, Arsen Savadov, et surtout Oleg Kulik ainsi que le groupe AES+F.
Oleg Kulik, "l'homme-chien" qui pratique des
performances, nu, aboyant, mordant les passants voyageurs, fait éclater la dichotomie
humaniste de l'homme et de la bête, pointant avec une agressivité déclarée la
sauvagerie naturelle que dissimule notre vernis culturel.
Quant au groupe AES+F, il interroge violemment les
représentations naïves de l'enfance, s'insurgeant contre l'innocence présumée
des enfants, les renvoyant à la brutalité des jeux vidéos, des guerres et des
massacres, dans des photographies et des vidéos à l'esthétique lisse et glacée
mais gangrenées par la terreur et l'effroi, les enfants aux visages si purs et aux
corps si parfaits s'apprêtant hypnotiquement à s'entretuer comme les pires
guerriers de nos guerres futures...
Ainsi le corps, banni par le stalinisme comme toujours
susceptible de verser dans la pornographie, fait-il retour dans l'image. Il le
fait aussi sous la forme plus "glamour" de la photographie de mode,
qui se déploie depuis les années quatre-vingt-dix autour de Vladimir Fridkes,
Vladimir Glynin, Mikhail Koroliov, Yevfrosina Lavrukhina, Vlad Loktev, etc.
Si l'exhaustivité ne saurait être le propos de cette exposition présentée à la MEP, il n'en demeure pas moins que se donnent ici à voir la polyphonie et l'extraordinaire vitalité de la photographie russe contemporaine.
Jusqu'au 29 août 2010 à la M.E.P.
Exposition : « Outing » de Michael von Graffenried
L'idée d'"outing" sous-tend l'ensemble de l'œuvre
de Michael von Graffenried : donner à voir ce que l'on ne voit pas. Parce que la
situation est difficile d'accès, que l'on oublie de la voir ou que, tout
simplement, on refuse de la regarder.
Michael von Graffenried ouvre des sociétés fermées et pose
sur les gens et les lieux un regard à la fois brut et provocateur.
Plusieurs séries sont exposées : "Nu au Paradis"
(1988-1997), "Soudan" (1995), "Guerre sans Images" (Algérie
1991-2002), "CocaineLove" (2003-2005), "Our Town - an Inside
look at the United States today" (2006), "Inside Cairo" (2007),
"London Calling" (2010).
Une grande partie de son travail est réalisée avec un vieil appareil japonais, en format panoramique, format qu'il a adopté dès 1991. Ces grands tirages visent à objectiver le monde, sans aucune recherche de dramatisation. Ils plongent le spectateur au cœur de l'événement. A la MEP jusqu’au 13 juin 2010.
Philippe Perrin : « Haut et court » 1986 - 2010
Subversive, provocante, l'œuvre de Philippe Perrin remet en question notre rapport à l'art. François Villon, le Caravage, Louis Mandrin, Arthur Cravan, Mesrine composent un panthéon sulfureux qui nourrit son inspiration. S'inventant une légende noire et dorée, Philippe Perrin est la figure virevoltante d'un monde où se mêlent fiction et réalité. Flingues, lames de rasoir, menottes, couteaux géants, couronnes d'épines sont autant de sculptures irradiant la galaxie Perrin. La photographie y est traitée sur le même plan que la sculpture, le dessin, la vidéo ou l'installation. Elle est le miroir décalé qui dresse l'autoportrait d'un artiste tour à tour voyou, brigand, boxeur, victime. L'exposition retrace l'itinéraire d'un artiste hors normes qui sait danser avec allégresse et humour au-dessus des abîmes et pour lequel "chaque exposition est une petite mort, et chaque œuvre une nouvelle naissance".
Jusqu'au 13 juin à la MEP